En terre russe

russie

 

Il y a quelques mois je ne pensais pas aller en Russie, j’avais l’intention de rejoindre Helsinki puis de prendre un Ferry jusqu’à Tallinn en Estonie. Pourquoi ? Parce que à force d’entendre des avertissements, des mises en garde contre la dangerosité du pays, tout cela basé sur de stupides stéréotypes de ce genre de personnes se faisant des avis par la simple écoute d’informations télévisés ou dires sur internet, j’en était arrivé à craindre de me rendre dans ce pays à pied…

Mais à quoi sert l’aventure si la peur ne se cache pas derrière ?  Cette peur se cache derrière chaque virage, au centre de chaque forêts, au moment où le doute m’envahit, elle est mon moteur, mon essence, ma muse, ma raison de marcher. Ce côté exaltant de l’inconnu de ne jamais savoir là où le destin va me mener oblige l’esprit à mettre de côté toute type de préoccupation, advienne bien ce qui doit arriver ! Comme le dit si bien un certain marcheur-penseur aimant faire l’ermite en Sibérie (pour ne pas citer Sylvain Tesson), cela constitue à s’abandonner à vivre, à se remettre totalement dans les bras de quelque chose de trop puissant et beau pour avoir à lutter contre, ce quelque chose c’est le pouvoir de la vie, celle que l’on goutte à même le culot de la bouteille, celle que l’on accepte en souriant, celle avec qui chaque événements bons ou mauvais constitue des chemins bordés de signes où le choix de les suivre nous est offert.

Derrière chaque sentiment de peur se cache un désir profond.

Fuck donc à toute ces conneries d’a priori et précautions et laissons donc entrer le doute et l’incertitude ! J’avais récupéré mon visa qui me donnait trente jours pour rejoindre l’Estonie depuis la Finlande.

C’est donc après être revenus de mes « vacances » en Slovénie par un avion que j’ai failli louper à une minute près, une nuit clodo à l’aéroport et une journée de stop sous le cagnard, que je repris la marche où je l’avais arrêté à Imatra, ville finlandaise situé à moins de quinze kilomètres de la Russie.

Le 7 août, date du début de mon visa, je partis sur les chemins tout motivé par ce nouveau chapitre ; Trois heures plus tard la frontière se présenta à moi.

« Mais monsieur il est interdit de traverser l’espace entre les deux frontières à pied, vous devez impérativement vous y rendre en voiture »

Explication de mon projet, supplications, énervement, grognements et quelques insultes en Français n’ont pas été suffisant à briser ce genre de stupides lois…

Pour expliquer un peu mieux deux frontières étaient présentes (finlandaise et russe) et l’espace entre les deux c’est-à-dire moins de 500 mètres ne devait être traversé que par moyen motorisé.

Pendant donc 1h 30 je demandais à chacune des personnes se rendant en Russie si elles pouvaient me prendre avec eux. Bien entendu je ne tarda pas à me rendre compte que une énorme majorité des russes ne parlait pas un traitre mot d’anglais !

Enfin une bande de jeune accepta de me prendre dans leur fourgon. Deuxième frontière : 10 minutes de paperasse, questions de la part du douanier en russe, sourire à la con de ma part puis enfin je passa hors de l’Europe.

Le village frontalier russe était Svetlogorsk et pour un choc culturel s’en fut un ! Des belles routes et jolies maisons et villes de Scandinavie s’en trouvaient remplacés par les pistes défoncées ainsi que par des bâtiments d’une saleté et laideur assez surprenante ; Même les voitures semblaient à peine pouvoir rouler ! Les rues étaient un ensemble de grand n’importe quoi : quelques chiens errants, des détritus un peu n’importe où, des marchands à la sauvette vendant légumes, champignons et baies, puis une chaleur tout à fait impossible. Bref je m’en voyais bien désarçonner… Un policier m’accosta dès la première demi-heure et contrôla mes papiers.

Bon ce qu’il me fallait en premier lieu c’était retirer quelques milliers de roubles (l’argent local) puis me trouver une carte de la Russie. Je trouvais donc une petite banque (la seule d’ailleurs) ou plutôt une Банк, et oui car en Russie il n’ont pas les même lettres que nous et l’alphabet cyrillique peut être bien déroutant lorsque on arrive sans y être préparé.  Proche de l’alphabet grec il reste quand même bien trompeur ; Le Y se lit «ou», le P est en fait un R ou le c se prononce «S», et bien sur tout un autre nombre de symboles assez inconnus. En russe chacune des lettres d’un mot se prononce, enfin presque toute !

Après donc une heure d’attente avant que le guichet ouvre je retiras environ 7000 roubles (Un euros vaut 48 roubles). Je trouvais ensuite une carte touristique dans un petit kiosque, sorte de petite cabane vendant du simple champoing, en passant par des journaux ou encore un paquet de pates ! J’avais prévus sur les grandes lignes de me rendre à Saint Petersburg  puis ensuite à Narva en Estonie. Environ 600 kilomètres de marche c’est-à-dire. Ne sachant pas trop quelle itinéraire prendre je choisis de partir sur des petites routes un peu perdus et de voir après ce qui se présentera à moi. Mais avant toute chose j’étais curieux de rentrer dans un supermarché pour voir un peu les nouveautés ; Bon le seul magasin de ce genre ressemblait plus à un magasin de bricolage mais la boustifaille s’y trouvait ! Je pris un peu de tout ce que je ne connaissais pas trop, à savoir une sorte de saucisse de fromage fumé (je l’ai bien regretté !), du pain russe, des petits poissons séchés, des biscuits ayant l’air délicieux, du cervelas et quelques autres trouvailles. Je quittais ensuite la ville en suivant des petites routes et chemins parallèles. Les détritus étaient partout y compris dans les rivières et le code de la route semblait être optionnelle…

Cette nouvelle atmosphère était vraiment troublante… Je me rendais compte que ayant traversé depuis plus de un an les pays les plus riches et développé d’Europe, cela m’avait en quelques sorte enveloppé dans un cocon de sécurité où je m’étais un peu trop étendus dedans.

Après donc deux heures à marcher à travers de petite banlieues de campagne je trouvais un coin pas trop mal près d’un lac. En regardant de plus près la couleur de celui-là je me dis que trouver de l’eau potable tous les jours ne va pas être facile. En effet en Russie l’eau du robinet ne se boit pas et la qualité des lacs et rivières est assez pollués. Je disposais de pastilles purifiantes de chlore mais je me contentais plutôt de faire bouillir l’eau avant de la boire.

Tandis que je m’afférais à mon diner, il vint se baigner quelques gros russes à l’allure bien sympathiques. J’échangea avec un d’eux quelques mots d’anglais qu’ils semblaient comprendre et ils s’en allèrent. Andrei, celui avec qui j’avais parlé revint une heure après avec un gros bidon de 5 litres (d’eau), quelque cornichons et des oignons frais. Tout content il s’en alla pour revenir encore une heure après.

« Dis-moi ça te dirait de venir dormir chez moi, je dois aller faire quelques courses maintenant mais je peux passer te prendre dans une heure et te ramener demain à cet endroit, j’habite à moins de dix kilomètres »

Malgré la fatigue de la journée j’accepta avec plaisir.

Et dernière question de la part d’Andrei « Tu bois ? »

Je plia ma tente, fis mon sac et mon nouvel ami arriva comme promis.

Andrei habitait dans un quartier composé de dizaine d’immeubles à moitié en ruine.

« Tu vois Jérôme à l’époque des années 1950-1960 afin de parer à la crise du logement Khroutchev a mis en place ces « Khroutchevka », c’est des immeubles de cinq étages assemblés à la va vite et aux fondations très minces, mais on a pas trop le choix et les loyers sont déjà assez chère »

Un peu surpris au début par la crasse monumentales des parties communes telles les escaliers ou le hall, je n’en fut pas moins encore par les intérieurs : Insonorisation réduite à néant, infiltration d’air, tapisseries, mur et agencement en état critique. Mais je me dis que c’était la Russie et que cela ne semblait déranger personne.

« Si tu veux prendre une douche fais gaffe y’a pas d’eau chaude en ce moment »

???

« En fait en été pendant environ deux semaines le pays nettoie les canalisations et tout le monde est privé d’eau chaude, c’est devenu normale au bout de toute ces années et on s’y fait ! »

Sans se faire attendre Andrei posa une vodka sur la table, un saucisson, du pain, des concombres puis nous enchainons les toasts ;

We drink for what ? ( Pour quoi bois t’on ?)

Il faut savoir que en Russie il ne faut surtout pas boire sans qu’un toast ai été prononcée. Les traditions sont ce qu’elles sont et ce n’était pas aujourd’hui que j’allais les enfreindre.

« A notre rencontre !! »  « A nous !! » «  A la France !! » « A l’amour qui arrivera !! », « A  la Russie !! », « A Boulour 1er !! », « A nos familles !! »

Au dixième toasts je commençais à vaciller et au bout du quinzième nous étions dans la rue, Andrei en train de chanter et moi l’accompagnant à l’harmonica !

Le lendemain après un réveil difficile et un thé réparateur, Andrei me ramena à l’endroit d’hier et je repartis sur la route. La Russie commençais bien !

Après avoir dépassé un village tout pleins de charme je suivis la piste qui s’enfonçais dans la forêt pour devenir ensuite un chemin de terre. La chaleur était effroyable et les taons arrivèrent par centaines, attaquant par surprise, s’infiltrant de partout, me mordant là où c’était possible ! Bref je finis la journée ivre de chaleur et d’énervement, ma grand moustiquaire sur moi et m’écroula de fatigue près d’une rivière. J’ai croisé deux personnes aujourd’hui… La chaleur ne faiblissait que la nuit tombé c’est-à-dire vers minuit pour reprendre vers quatre heure du matin. Je fus un peu perdu le jour suivant dans ce dédale de chemins qui se divisaient tous les cinq kilomètres et ma carte pas très détaillé ne m’était pas trop utile ; Je finis par tomber sur une route qui menait à un village.

A vrai dire je n’étais pas venus en Russie pour marcher dans les forêts, je décidais de plutôt suivre les routes qui me feraient passer par des endroits où les rencontres auraient plus de chance de se produire.

Je traversais encore plusieurs villages, sales, poussiéreux, déserts, et marchais toujours sous cette écrasante chaleur. Le soir je plantais ma tente sous un raz de marée de moustiques et taons…

Plusieurs jours passèrent ainsi et je dois vous avouer que j’étais en plein blaze… Le choc culturel immense par rapport à la Finlande, le fait d’avoir passé quinze jours avec mes amis de France, le fait d’être de nouveau seul, cette chaleur et ces insectes, l’impossibilité de pouvoir communiquer avec les russes, tout cela arrivait d’un coup et j’en arrivait à ne plus avoir goût à rien, à ne plus trouver aucun sens dans mon voyage à pied… Mais je connaissais bien cette sensation je l’avais déjà vaincu plusieurs fois et je savais très bien que ce n’était qu’une question de temps avant que cela ne passe. Donc pas d’inquiétude !

Au fil des jours comme je l’avais pensé, le moral remonta et comme un encouragement à continuer la chaleur et les insectes baissèrent en intensité. Les campagnes se faisaient de plus en plus belles et je pu admirer la beauté de ces petites Datchas, sortes de maisons de campagne semblant être construite sur un patchwork de matériaux récupérés et assemblés un peu n’importe comment. Un potager où pousse quelques patates et tomates, pas de reliment à l’eau courante, un jardin fleuri, ces Datchas sont pour souvent l’échappatoire du week end où les russes se hâtent de quitter leurs immeubles des périphéries urbaines pour rejoindre ce petit havre de paix auquel les seuls projets de ces deux jours de détente seront de s’occuper du potager et coucher quelques bouteilles avec les voisins.

Un phénomène que je n’avais plus observé depuis l’Irlande et l’Ecosse était le nombre incessant de voitures s’arrêtant à mon niveau afin de me demander si je voulais être conduit quelques part. Au moins trois à quatre demandes par jour en moyenne !

Enfin un supermarché se présenta sur ma route mais je me rendis compte que cela tenait plus de l’épicerie à la demande. Un tout petit magasin, des étagères sur les quatre murs auxquels se trouvent entassées par centaines des produits de toutes sortes sur au moins deux mètres cinquante, et la gérante faisant le service. A vrai dire les supermarchés ne se rencontraient que dans les villages importants où les villes… C’est donc avec mon bâton, que je désignais les produits dont j’avais besoins sous les regards très curieux des grand mères faisant leurs courses.

Les kilomètres défilèrent, j’en parcourais en moyenne 20-25, un peu plus lorsque j’étais motivé un peu moins lorsque je l’étais moins. Je dormais près des lacs, dans des forêts, dans des champs, et il était assez difficile de trouver chaque jours un endroit où les détritus ne faisait pas partie de l’environnement !

La saisons des myrtilles, champignons et autres baies étaient là et c’était impressionnant de voir de partout des personnes les vendant sur le bord de la route ; Un caisse en bois, un siège, une bouteille d’eau et un parapluie ! Pas besoin de plus pour un russe !

Au fil de la route de nombreuses églises orthodoxe se présentèrent.

En dépassant un village je loupa la petite route que je voulais prendre et je me retrouvais six kilomètres plus loin sans d’autre choix que de suivre une sorte de grosse autoroute… Ne voulant pas faire demi-tour je m’engageais puis vécu les dix kilomètres les plus dangereux de ma vie : Des conducteurs fonçant à 150 km/h, des poids lourd  roulant sur la bande d’arrêt d’urgence et m’évitant à la dernière seconde, et de merveilleux coups de flippe ! Dix kilomètres passèrent ainsi lorsque tout d’un coup à moins de 400 mètres je vis deux silhouettes de randonneurs traversant furtivement la voie pour ensuite s’enfoncer brutalement dans la forêt ! Tout cela se passa si vite que je crus même avoir rêvé !

Le destin prend différentes formes : Des signes, des erreurs, une rencontre, aujourd’hui c’était sous la forme de ces deux silhouettes ! Je devais les rattraper, je ne sais pas pourquoi mais je le devais ! Je m’enfonçais moi-même dans la forêt puis marcha plusieurs minutes sans rencontrer la moindre ombre. Mais alors que j’allais retourner sur mes pas, j’aperçut un petit chemin à peine visible. Je le suivis et comme par magie je retrouvais ces deux randonneurs qui c’étaient arrêté pour faire une pause.

Je les aborda et par chance ils parlaient tous les deux un tout petit peu d’anglais.

Gennady et Lena étaient deux jeunes de 28 et 20 ans qui venait de marcher quelques jours dans les forêts. Un sac énorme, des chaussures de ville et une guitare porté à la main ils se rendaient maintenant au « Double lake » où plusieurs amis à eux s’y rendaient pour faire la fête sur plusieurs jours.

Je me joignis à eux et marchons une bonne heure avant d’arriver à un coin splendide où un lac gigantesque s’y trouvait, dénué de toutes saleté ! Sur une petite presque île paradisiaque se trouvait déjà plusieurs de leur amis. On me présenta puis après une proposition de rester pour la soirée je plantais ma tente parmi les leurs.

Un métaleux fin comme une aiguille, un rambo, armé de plusieurs couteaux de chasse en ceinture et ayant un camel bak remplis de trois litres de vodka, une punk au yeux envoutant, un rastaman délirant, une chanteuse guitariste faisant sortir nos larmes sans que l’on puisse résister, un beau gosse rouquin du surnom de Komandor, un bourrin ne tenant pas à l’alcool et ayant apporté trois épées et le doyen de cette joyeuse bande qui ne voyait sa vie que parmi la nature et ces amis.

Les toasts s’enchainèrent, les yeux se dilatèrent, le feu dansait, la bière coulait, les chansons résonnèrent et les rires fusèrent.

Au matin encore dans les vapes, je sentis comme une vague odeur pas très agréable : « Tiens c’est quoi cette substance sur mon duvet »  Je me retourne et m’aperçoit avec effroi que ma tente n’est plus qu’une grande piscine de vomi où absolument toutes mes affaires sont devenu iceberg… Il y a des jours où il ne vaut mieux pas se réveiller…

Je passais deux heures sur le bord du lac à récurer, laver et encore relaver dans l’espoir que l’odeur partira ! Je restais encore quelques heures avec le groupe où plusieurs autres personnes étaient arrivés pendant la nuit.

Je partis en fin de journée et m’aventura dans les forêt en suivant un azimut. Deux heures plus tard je déboucha dans un petit village bien sympas. En demandant mon chemin à une personne je fis la rencontre de Igor, un russe de 25 ans qui rendait visite à sa mère. Il me fis rentrer chez lui et me présentais à sa mère Tania la « babouchka » typique : Un visage des plus doux, des formes assez imposantes et un cœur encore plus gros.

« Maman c’est un Français, il vient de France à pied ! Tu es bien allé à Paris il y a quelques années ! » Et Tania de lever les mains au ciel et de s’empresser de me dresser un lunch tout en essayant furtivement de ranger la maison au mieux. Igor me parla de sa vie, de sa femme et ces enfants et de son émerveillement vis-à-vis de mon voyage.. Ma tasse de thé se vidait et le temps que je me retourne et cette dernière se remplissait de nouveau ; «  Met plus de beurre sur ta tartine il te faut de l’énergie ! » Aaaa Tania quelle amour de grand-mère !

En les quittant elle me glissa dans la main un mini poney en porcelaine ; Igor me fit la traduction : « Lorsque tu n’auras plus de force pour continuer, lorsque le doute t’envahiras, tu n’auras qu’à monter sur ce petit poney afin qu’il te porte ».

Je partis du village les larmes aux yeux, émus de telles rencontres… Je repensais à la route que j’avais loupé la veille et me dis que je n’aurais rien vécu de tous cela si je l’avais trouvé… Tout arrive pour une raison.

Je campais dix kilomètres plus loin et dormi d’une traite. Il plut toute la nuit et cela dura jusqu’au début d’après-midi.

Chaque journée je me suis pris au jeu de chercher comme je l’appelle mon « Apparition russe » :  Une mémé de 80 ans faisant du stop, un grand père au yeux psychopathe faisant de la balançoire, un gamin de dix ans conduisant avec son père à côté, un bourré zigzaguant sur une nationale, une tombe sur le bord de la route avec le volant et les roues de la voiture en mémoire, des vendeurs de routes avec simplement 3-4 légumes à vendre, un colosse russe s’entrainant à boxer sur une pile de vieux pneus suspendus avec les bras et les pieds attaché par derrière par de puissants élastiques ou encore quelques kilomètres de convois de chars d’assaut… Tous ces spectacles insolites me montre jours près jours à quel point ce pays est en rupture totale avec son temps.

J’arrivais à un village assez important et découvris enfin un vrai supermarché ! Après donc une petite pause sur une place bien animé je repartis à travers un véritable labyrinthe de lotissements de petites datchas. On m’indiquait un chemin et cent mètres après une autre personne m’indiquais la direction inverse !  Deux heures plus tard j’arrivais enfin sur la route et la douce senteur de la mer se faisait sentir.

Un petit sentier et je débouchais enfin devant la mer baltique ! Plage de sable fin, rochers polis, pécheurs sur de grosse barques et malheureusement sans oublier la touche russe : pneus dans l’eau, bouteilles plastique vide, canettes de bière…

La route côtière était magnifique, avec même une belle piste cyclable parallèle à celle-ci. Cinq kilomètres plus loin, épuisé par cette grosse journée de marche je sonna à une maison pour demander de l’eau.

Un homme me les remplis puis me fit cadeau d’une montagne de légumes. Comme il parlait un peu d’anglais je discuta avec lui quelques temps. Il me dit habiter dans cette grande maison avec sa femme ainsi que son fils sa femme et ces deux enfants.

La famille en Russie à quelques chose de sacré et il n’est pas rare que plusieurs générations vivent sous le même toit.

« Attend je vais appeler mon fils ils doit être au sauna »

Alexey arriva puis après une présentation de toute la famille quelques mots de sa part me fit trembler de joie : « ça te dirait un sauna ? » Depuis la Finlande je suis totalement tombé addictif de cette activité !

Durant ces quelques minutes à suffoquer lentement il me raconta une aventure trépidant qu’il lui était arrivé lorsqu’il était jeune : Il était partis avec un groupe d’amis pendant plusieurs jours en montagne et le responsable du sac de nourriture l’avait fait tombé au fond d’un ravin ! Ce groupe de dix personnes avait réussi à atteindre un village perdu où il avait réussi à obtenir de la part des habitants 15 kilos de pommes de terres et du pain, ce qui leur avait permis de tenir jusqu’au retour à la civilisation.

Ces yeux semblaient briller de nostalgie et je me dis que un jour je serais à sa place racontant mes aventures à de jeunes fous tel que je l’était !

Après le sauna suivis le thé puis un lunch et enfin un diner que Anna, son adorable épouse, m’avait préparé à mon intention.

On partis ensuite faire une balade avec toute la famille en parcourant les plages une glace à la main.

De retour je passais le reste de la soirée à regarder de fabuleuses photos de pêche au saumon car Alexey était un mordu de cette discipline.

Les russes ont ce pouvoir de faire apparaitre des situations en simplement quelques instants : Alors que j’étais en train d’observer le diaporama, Anna s’étaient faufilé derrière moi et avait dressé une table entière de biscuits, thé, café.  En Russie lorsque un étranger est convié chez un hôte, ce dernier est responsable de son bonheur.

Je partis me coucher sous ma tente que j’avais planter dans le jardin et un formidable orage se déchaina pendant quelques heures. Je ne crois pas avoir jamais ressentis de plus belle sensation que d’être pelotonné dans son duvet sous une toile de tente alors que la tempête se déchaine à l’extérieur…

Je longeais la route côtière le lendemain, l’endroit étant assez touristique il y était très agréable d’y marcher et de nombreuses cathédrales, monuments et plages accueillantes se trouvaient sur le chemin.

A chaque pause depuis déjà plusieurs jours je m’entraine à une nouvelle trouvaille (merci Camille !) : La balle de contact : Relaxant, physique, cela permet de se concentrer tout en ne pensant plus à rien et je dois dire que j’y prend très vite gout !

Le soir, m’étant éloigné de la route afin de suivre un petit chemin incertain je tombais, au grand bonheur de mes deux yeux, sur une plage de naturistes où de belles déesses russe s’y trouvaient lovées telle de fières sirènes attendant de pauvres matelots égarés. Malheureusement le randonneur transpireux que j’étais se sembla pas leur inspirer confiance ! L’endroit étant sympas pour camper je m’arrêta sous quelques pins à 50 mètres de la mer. Des campeurs se trouvaient pas loin et ceux-ci vinrent à mois afin de m’inviter à passer la soirée avec eux. Personne ne parlait un mot d’anglais et mon petit niveau de russe leur fit bien rire. La nuit tomba et d’autre personnes arrivèrent de nulle part, dont certaines heureusement qui parlais l’anglais. Je compris que c’était en fait des sortes de marginaux qui vivaient ici depuis déjà quelques semaines ! On me fit gouter le Kvas, la boisson nationale de la Russie composé de pains rassis, de levure et de sucre ; A mi- gout entre le vin rouge et coca cola, c’est surprenant la première fois et absolument délicieux les prochaines.

La vodka arriva mais je resta très modéré cette fois ci (pas plus de 6 toasts), le souvenir de ma tente baignant dans le vomi étant encore très présente.

La soirée se termina très tard et après quelques heures de sommeil je reparti en longeant la côte puis retrouva la seule et grosse route menant à Saint Petersburg. La pluie arriva et dura une bonne partie de la journée ; Dans ces moment-là où seul l’abatage de kilomètres importe, la musique rejoint mes oreilles et je fonce tête baissé calé à cinq kilomètres/heure. C’est en quelques sorte le mode « pilotage automatique ».

L’approche de la ville se fit sentir de plus en plus et j’eu de la chance de trouver un coin tranquille au bord de la plage pour le soir. Et comme chaque soirée sous la tente : Petit feu, soupe de nouilles, lecture, balle de contact et musique.

La journée du lendemain fut intense : Partis de bonne heure j’entrais progressivement dans l’immense ville de Saint Petersburg. Comme je n’avais aucune carte je demandais mon chemin tous les deux-trois kilomètres puis après avoir déambulé pendant plus de trois heures à travers des banlieues assez moches, j’arrivais au centre-ville.

Un peu de partout s’élevait des cathédrales, des monuments gigantesques, des statues commémoratrices… La ville, ayant été édifié sur un gigantesque marécage, elle s’organise autour d’une multitude de canaux et les différents quartiers de la ville sont même carrément des îles reliées par des ponts dont certains s’ouvre à heure fixe (et il est alors facile de se retrouver bloquer avec l’impossibilité de revenir chez soir !).

J’avais prévus de rester environ une semaine et je pu alors tester pour la première fois le couchsurfing. Ce dernier est un système d’hébergement gratuit qui se passe sur internet. Deux options : Etre hébergeur et donc recevoir des voyageurs chez soi ou être « surfeur » c’est-à-dire que après s’être créer un profil on indique la ville auquel on aimerais se rendre et apparait alors une liste de personne proposant des hébergements. Il suffit ensuite de leur envoyer des messages en se présentant et en indiquant la date d’arrivée et la durée du séjour. Libre après à l’hébergeur d’accepter ou pas. Mais attention se système n’est pas du tout un hôtel ou une auberge de jeunesse, il ne s’agit pas en effet de croire que l’on vous accueille juste pour vous voir vaquer à vos occupations sans une parole de votre part. Tout ce base sur un système de confiance, de rencontres et d’échanges et cela inclue de vivre quelque chose avec les personnes vous accueillant.

J’avais donc le contact de Sveta qui s’était proposé de m’accueillir. Je l’attendis donc devant un des plus grands et complet musée du monde : Le fameux palais de l’Ermitage. Je retrouvais donc Sveta qui était accompagné d’une de ces amies du nom de Tania. On se rendis dans l’appart de Sveta situé à quelques kilomètres. En fait ce n’en est était pas un à proprement parler : Connu en Russie sous le nom de kommounalka, ce sont en fait des anciens appartements bourgeois où plusieurs foyers y cohabitent ensemble ; Les parties telles que le hall, la cuisine, la salle de bain et les WC sont communs et chaque pièce deviens la chambre d’un locataire ou d’une famille. Dans le cas du kommunalka de Sveta il était partagé avec trois familles, un jeune puis elle et son copain Evgenii. Artiste tous les deux en différents domaines, leur grande pièce où ils vivait avait était décoré de façon unique et magnifique. Je rencontrais les deux précédents couchsurfeurs qui partait pour Moscou dès ce soir : Un joli couple de Français partant faire leur lune de miel dans un voyage de 8 mois à travers l’Europe et l’Asie en se déplaçant en train, bus stop.. Ils avait l’intention de traverser la Russie à travers le très célèbre transsibérien, en s’arrêtant quelques jours à chaque ville rencontré sur leur chemin.

A 22 h je partis avec Lena pour une visite nocturne de la ville à travers ces endroits secrets. Nous finissons la soirée sur les bords de la Neva devant un immense pont, des bouteilles de cidre se vidant sous des aires d’harmonica.

Dès le réveil je partis à la rencontre de cette ville mythique à l’histoire chargé. A vrai dire Saint Petersburg m’a totalement conquis : En plus des fabuleux bâtiments et musées témoignant parfaitement du « gigantisme russe », je retrouvais dans l’ambiance de certaines rues un calme de vie sans stress, où les gens semblaient prendre le temps de vivre sans se presser. Bon et bien entendus les touristes et les nouveaux riches affluaient par milliers et de partout surgissait des limousines flambant neuve, des voitures de luxe coûtant à elles seul plusieurs siècle de mon mode de vie, des hôtel luxueux, des mariages bourgeois dans les parcs…

Partis tout seul visiter en avançant sans vraiment de but précis, je ne resta pas longtemps seul : Une Italienne bien sympas se joignis à moi quelques heures, je fis la rencontre d’un passionnant voyageur et tomba même sur Marat, une des personnes que j’avais rencontré sur la plage quelques jours avant ; Il travaillait sur un bateau-touriste et il a tenu absolument à vouloir m’offrir un tour d’une heure sur la Neva.

Mais je passais aussi pas mal de temps avec mes gentils couchsurfeurs et ces amies ; Ils ne parlaient que très peu l’anglais mais les façons de communiquer manquaient rarement ! Cuisine, jeux de société, musique, tous les moyens étaient bons.

Le quatrième jour, alors que j’attendais avant de traverser un passage piéton sur la perspective Nevski, l’artère du centre-ville, je sentis une main plonger subitement dans ma poche et en ressortir aussitôt ; Le temps que je me retourne et le voleur s’était volatilisé ! Cela se passa si vite que j’eu à peine le temps de m’en rendre compte. Et bien évidement tous mon argent russe, ma carte bleue, ma carte d’assurance européenne, vitale et d’identité s’y trouvaient ! D’habitude j’ai plusieurs caches dans mon sac à dos où je divisent tout au cas où mais il se trouve que j’avais tous rassemblé la veille et il fallait que je me fasse voler ce jour ci ! Les conséquences arrivèrent à mon esprit subitement : Plus d’argent et plus de moyens de retirer…

Je fis opposition, me rendis à l’ambassade pour signaler le vol, et à vrai dire c’est tout ce que je pouvais faire… J’essayais au mieux de relativiser, me dire que il y aura forcément quelque chose de bien qui se découlera de cela mais rien n’y faisait… La nuit porta conseil et le lendemain je sortis dans la rue déterminé : Bien sur je pouvais me faire envoyer de l’argent par ma famille par western union mais sa aurait été prendre la solution la plus facile… J’avais été assez stupide pour mettre tous mes valeurs dans ma poche et me les faire voler, et j’allais me débrouiller moi-même le temps que ma nouvelle carte se fasse envoyer en Estonie par la poste restante.

Il me restait une solution : Aller mendier de l’argent. Le principe ne me plaisait vraiment pas mais je n’avais pas trop le choix… Je commença donc en abordant les gens dans la rue :

« Bonjour, voilà je suis un voyageur Français et hier en me baladant dans la rue je me suis fait volé mon portefeuille, j’avais à l’intérieur tout mon argent et ma carte de crédit et je vais devoir survivre encore quinze jours sans.  Je suis vraiment désolé de vous demander cela mais pourriez-vous m’aider en me donnant un peu d’argent… »

Je vous assure que demander cela a été une des pires choses qui m’a jamais été permis d’endurer de toute ma vie. A ma grande surprise environ une personne sur trois me donnais environ l’équivalent de deux euros. Mais le prix à payer pour les obtenir était énorme : Dès qu’ils comprenait que j’allais leur demander de l’argent, leurs yeux me lancèrent des regards de jugement, de mépris, de méfiance, de haine, de pitié… Lorsque qu’ils refusaient de m’aider, un coup de hache s’abattait violement en moi, lorsqu’il acceptait c’était un coup de poignard… Dans tous les cas j’étais perdant… Je ne pouvais même pas enchainer deux demandes à la suite et il me fallait quelques minutes pour récupérer.

Certaines réponses de personnes m’ont marqué :

« Ce n’est pas un mensonge j’espère ? De toute façon cela ne tiens qu’à toi.. »  (100 roubles)

« Désolé on ne te croit pas » ( 0 roubles et beaucoup de mépris)

« Cela arrive parfois » (500 roubles)

Au bout de trois heures j’avais récolté 1500 roubles (30 euros) et je ne pouvais plus continuer tant cela me vidait de toute mon énergie. Je me rappelle lorsque avec mon compagnon de marche François nous demandions l’hospitalité en toquant chez les habitants, nous arrivions certes, démunis de tout biens, fatigué et affamé, mais en plus de venir de si loin à pied, de leur expliquer notre projet ayant un sens important pour nous, il n’était jamais question d’argent, d’ailleurs nous avons toujours refusé lorsqu’on nous en proposais… Cette fois ci j’arrivais impunément devant eux, leur expliquait une histoire que rien ne prouvait qu’elle soit vrai et leur demandait sans autre forme de procès de me donner de l’argent. Tout était moche dans cette démarche..

Il y a une phrase qui est facile à comprendre et très dure à appliquer : « Dans ce monde ne prend que ce que tu as besoin »

J’avais obtenus assez pour pouvoir vivre plus de quinze jours et bien que je pense qu’il aurait été possible de récolter plus de 150 euros en une journée, d’une part je n’en pouvais plus et d’autre part je n’en avait pas besoin.

Au final je pense que c’était une expérience qu’il me fallait vivre un jour ou l’autre et n’ai aucun regret là-dessus.

Je passa les trois derniers jours chez Maria, une amie de Sveta car cette dernière partait de la ville quelques jours. Cette fille était vraiment géniale, bordé d’intéressement, de culture, et de petites attentions. Ayant finis ces études d’art (équivalence beaux art ), elle était partagé entre le désir de voyager en croquant à pleine dents l’inconnus et l’envie de commencer un métier qui lui plairait ; Elle dessinait et peignais beaucoup et publiait même de très belles cartes postale. De plus elle était une véritable mine d’informations concernant l’histoire de la ville et de la Russie ; A vrai dire ce qui m’a vraiment impressionné chez chaque personne rencontré jusqu’à maintenant c’est cette connaissance inouï de leur passé.

En me réveillant le matin de mon départ, la main entourant encore délicatement le sein tout juste tiède de cette jolie russe, je me fis la réflexion que bien que aucun murs, aucune frontières, aucune montagnes, aucun océans ne peut arrêter un marcheur déterminé, les yeux envoutant et le sourire étincelant d’une femme le pourrais surement un jour…

Quitter la ville ne fut pas chose aisé ! Sous la pluie et à travers un labyrinthe de banlieues et quartiers mal réputé, je me perdis de nombreuses fois et finis par camper à 22 h dans un parc publique où les chiens errants ont hurlés une bonne partie de la nuit. Enfin je rejoignis les côtes de la mer baltique et suivis cette dernière qui allait me mener tout droit en Estonie. Sur la route était construits plusieurs églises, cathédrales et j’eu même la chance de pouvoir visiter une partie du l’imposant palais de Peter 1er (la partie gratuite !).

Les jours passèrent tranquillement et alors que je marchais tranquillement le long de la route côtière, un barrage de police m’obligea à sortir mon passeport.

« Désolé monsieur mais votre passeport français ne vous donne pas la droit de continuer sur cette route ; C’est une zone militaire et seul les personnes ayant la nationalité russe peuvent y circuler librement »

Allez leur expliquer que j’allais devoir faire demi-tour à pied sur 8 kilomètres pour prendre une route contournant leur p….. de military zone !

Furieux je m’acquittais de cette pénible tâche qui a été de marcher presque deux heures sur le chemin que je venais de faire. En attendant que un train passe sur un passage à niveau je discuta avec une personne dans la file de voiture. On se quitta deux minutes après et une heure de marche plus loin une voiture s’arrêta à mon niveau et s’exprima dans un anglais assez pauvre : « Salut, je suis un ami de la personne que tu as rencontré sur la voie ferré, il m’a appelé en me disant que il fallait absolument que je te rencontre, ça te dirait de venir dans mon « summer cottage » pour cette nuit ? »

En ne s’attendant à rien on arrive à tout…

J’acceptais et comme il n’était situé pas loin je me fis indiquer l’endroit et je m’y rendis. Dima, la trentaine, habitait à Saint Petersburg et travaillait en tant que tailleur de pierre mais dans le domaine des arts moderne. A vrai dire j’avais bien du mal à l’imaginer là dedans car son look tenait plus du rasta-fêtard-bourrin !

En été et printemps il venait passer chaque week end dans sa propriété où deux petits chalets étaient construits. Son frère Serge arriva peut après et l’on fit connaissance autour d’énormes tacos et une bouteille de rhum.

Ces deux frères passaient presque chacun de leur temps libre ensemble, c’était en quelques sorte deux meilleurs amis inséparables. Passionnés de nature et de sport extrême ils semblaient vivre sans jamais vouloir se préoccuper de la prochaine minute.

On se rendis ensuite à une soirée chez l’un de leur ami et ils m’apprirent que chaque personne de ce petit village se connaissait depuis l’enfance et des grosses fêtes et activités étaient organisés un peu chaque semaine.

Comme je leur fis savoir que je pensais repartir demain matin, on m’interrompis d’un coup :

« A non il faut absolument que tu restes encore deux jours, car demain soir on organise la plus grosse soirée de l’année ! Ça va être fantastique !! »

Bon ok…

Le lendemain j’aidais les deux frères à construire un chemin en terrasse ; La construction pour un russe semble être dicté par une seule règle : Tant que cela passe l’hiver ça peut aller.

Deux de leurs amies arrivèrent. J’arriverais jamais à m’y faire à ces beautés slaves que peut produire ce pays…

« Bon aller tout le monde dans le camion, on part à la chasse aux champignons ! » ; Bien entendu ce n’était pas du tout le genre de chasse aux champignons du dimanche aprem en famille dans une belle forêt ensoleillé ! On est Russie ne l’oublions pas !

Le camion consistait en une sorte de gros monstre mi camionnette mi 4X4 et semblait dater de l’avant-guerre soviétique. Tous les cinq à bord et nous voilà partis pour une heure à emprunter les pires chemins de terre du pays, à traverser des mares de boue, à sauter d’énormes nids de poule, à coucher les arbustes sur notre chemin. Nous partons ensuite à pied à travers une épaisse forêt où la visibilité n’était plus possible à partir de 20 mètres. En tombant sur trois vipères enroulés sur elle-même à quelques mètres de nous, Dima m’informa avec un gros sourire « Si elles te mordent tu vas à l’hôpital ! ». Très vite je compris que ces deux frères était en fait des génies de l’orientation, des pisteurs nés, des fous de la nature et n’ayant peur de rien du tout.

On tomba un peu plus loin sur une grosse merde encore fraiche : Inspection de la part de Dima et verdict : « C’est un ours, moins d’une journée ! » Les deux grosses empreintes tracées dans la boue me firent dresser les poils de partout. Une étrange sensation de devenir la proie m’envahissait ! Pendant plus de trois heures nous crapahutons à travers cette jungle, faisons des trouvailles plus ou moins déconcertante telle un ancien bivouaque de l’armée puis cueillons deux seaux remplis de bons champignons. De retour au camion, on se rendis compte que la batterie était à plat… Une faible pente sur quelques mètres était présente et on pouvait arriver à pousser le camion afin qu’il puisse démarrer en deuxième. Une seule chance nous était offerte car on ne pourrait plus le remonter après. On poussa de toute nos forces, le camion pris un peu de vitesse pour finalement s’embourber trente mètres plus loin. Dima sortis du véhicule et nous regarda en rigolant « Désolé j’ai oublié de tourner la clef ! »

Et là devant cette situation où à la normal on aurait totalement lynché le coupable d’un tel oubli j’eu en voyant la réaction de tout le monde la définition d’un mot que Sylvain Tesson décrit avec merveille : Le Pofigisme ; C’est un terme russe n’ayant aucune traduction en français, il désigne une attitude face à l’absurdité du monde et à l’imprévisibilité des événements ; C’est une résignation joyeuse, un abandon totale au destin, une acceptation face à l’imprévus.

Lorsque Ksusha et Anya étendirent une nappe sur l’herbe, lorsque Serge alluma un feu, lorsque Dima proposa une partie de cartes, je me dis que j’avais encore beaucoup à apprendre…

Entre deux parties ils appelèrent un ami à eux afin qu’il vienne nous aider.

« Mais il arrive dans combien de temps ? » Et Serge de me répondre : « Aucune idée je lui est pas demandé »

Deux heures après un moteur se fit entendre et débarqua un 4X4 encore plus gros que le camion, conduit par un gringalet avec une armée de quatre russes occupant l’intérieur et le toit.

Après avoir amarré une grosse sangle au camion, le 4X4 s’élançât et le doux bruit du ronflement du moteur rugis dans la nuit. De retour au chalet, les deux filles préparèrent un bon repas avec les champignons puis nous partons à la soirée. Et comme toujours la touche russe était présente : Un orphelinat abandonné au milieu de la forêt, un immense feu, des enceintes faisant trembler les murs et les troncs, un groupe de hard rock, une musique électro et 150 jeunes de tous âges dansant, buvant et hurlant ! Je n’avais encore jamais vu une telle chose de ma vie ! La fête se prolongea jusqu’à l’aube et nous retournons tous au chalet pour nous écrouler dans les lits. Je partis en milieu d’aprem après de gros remerciements.

Les cinq jours suivant se passèrent sur des petites routes de campagnes, à traverser des petits villages bien jolis, à faire un bilan personnel sur ce mois passé en Russie.

Ce qu’il y a de marrant avec les stéréotypes c’est qu’il comporte souvent une belle part de vérité… Qu’est que l’on connais de ce pays : Que la vodka coule à flots, que les femmes sont belles, que la violence est partout, que les russes sont des gros bourrins, que tous peut arriver ; Et oui tout peut arriver et tout arrive heureusement !

Pouvoir vous dire que l’âme russe n’a plus de secrets pour moi serais un mensonge, il faudrait pour cela un an, dix ans, un siècle… Et cela ne suffirais toujours pas !

La Russie est un mystère entouré d’énigmes et ce n’est pas ces cathédrales orthodoxe, ces bâtiments fantastiques qui m’ont impressionnés, non ce qui m’a donné envie d’y revenir un jour ce sont les improbabilités de chaque choses qui me sont arrivés, c’est les rencontres bouleversantes, c’est le gros n’importe quoi de leurs modes de vie, c’est la générosité et l’hospitalité naturel que j’ai reçu de leur part… C’est la Russie !!

Le trentième jours, quelques heures avant l’expiration de mon visa, je passais la dernière ville et traversais la frontière pour gagner l’Estonie. Le douanier me demanda alors « Qu’elle est l’objet de votre voyage ? »

Je lui répondis avec un grand sourire : « Bah simplement vivre… »

 

Jérôme

 

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Attention contrôle !

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Et c’est partis !

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De belle églises le long des routes

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Datchas de campagne

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Exemple de voiture croisé quotidiennement

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Petits poissons séchés assez dure à avaler

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Rencontre de deux randonneurs qui me menèrent à un gros rassemblement de jeunes dans la forêt

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Marche dans les petites campagnes

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Arrivée devant la mer baltique

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« Lorsque tu n’auras plus de force pour continuer, lorsque le doute t’envahiras, tu n’auras qu’à monter sur ce petit poney afin qu’il te porte ».

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On the beach

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Eglise de Zelenogorsk

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Campement sur une plage de nudistes !

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Arrivée à Saint Petersburg

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Le fameux palais et musée de l’ermitage

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L’incroyable cathédrale Saint sauveur

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Croisière que Marat m’a offert sur la Neva

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La cathédrale Kazansky

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Des dizaines de mariages en ce samedi rien que dans ce petit parc près de la Neva

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La forteresse Pierre-et-Paul

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Place du palais

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Un sous marin amarré au centre de la ville

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Bourgeois en balade ^^

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Un restaurant hors de prix

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Soirée avec Tania le long des canaux de la ville

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Kommounalka d’artiste où Sveta et Evgenii m’ont hébergé pendant six jours

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Un peu perdu en quittant Saint Petersburg, et sous la pluie…

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aaaaaaa les merveilleux biscuits russe… Saveurs inoubliables !

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C’est pas toujours facile de s’orienter avec une grosse carte pas trop précise

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Nouveau passe temps : La balle de contact

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Récolte de champignons avec Dima, Serge, Ksusha et Anya

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Sans doute la plus belle église orthodoxe que j’ai vue en Russie !

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Principe de fixation des poteaux électrique

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Toujours ces belles petites datchas

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Vente de quelques légumes le long des maisons

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Campement à quelques centaines de mètres de la grosse route

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En guise de supermarché, plutôt des épiceries à la demande

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Encore une autre

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Estonie droit devant

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Ma carte du pays avec tous les emplacements de mes nuits

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A un de ces jours la Russie !

11 réflexions au sujet de « En terre russe »

  1. C’est vrai que les préjugés sur la Russie sont nombreux et coriaces… Et ce n’est pas le contexte politique qui arrange les choses… xD
    Tu me donnes envie d’y aller… D’autant plus que je suis enfermée dans un bureau alors que toi, tu es libre…
    De plus en plus de plaisir à te lire,
    Bonne route !
    Laura

    • Merci miss Laura ! A pas cool les bureaux… Jme rappelle quelques années avant lorsque je faisais mon stage de bts à rester des heures entière sur une chaise devant un ordi…Bon courage en tout cas et passe le bonjour à ta famille

  2. Franchement chapeau !! ton voyage et tout les evenements qui se sont passé me permette de dire que t’es un mec fort et plein de volonté !! courage a toi et j’espère a bientôt !!

  3. C’est un superb récit, un vrai plaisir de te lire Jérôme, sur beaucoup de choses ! Sur tes découverts, le coter culturel que tu apportes, sur tes réflexions philosophiques,tes photos,sur ton style d’écritures qui est à la fois spontané et profond et puis surtout ton histoire.
    Bravo à toi !

    Pigeon 2 ;-)

    • Merci le franswé mais fais attention faudrait pas que je prenne la grosse tête^^ lykkyä tykö pour ton apprentissage du finnois et j’attend avec impatience ton récit de ton entrée en Finlande !

  4. Nous venons de prendre connaissance de ton periple en russie , avons été subjugué par ta détermination et ta philosophie de vie . Les photos envoyées sont grandioses , et nous immaginons aisément la dureté mélangée au plaisir de ce voyage vers l’inconnu . Ce fut un pur plaisir pour nous de découvrir ce projet qui te tenait tant a coeur et que tu réussira à mener à bien jusqu’au bout … Nous en sommes sûr !!! Bravo et bonne continuation de la part de nous 4 .
    Famille Bondoux Bruno

  5. :) tu as croisé Clément et sa copine, je lui avais parlé de toi avant qu’ils partent tous les deux. Ilssont aussi de lyon

  6. je lis ton voyage depuis le début. En plus d’être un voyage extraordinaire, tu as un style d’écriture vraiment très intéressant. ça rend la simple lecture comme un voyage à part entière. tu as le don de faire ressortir précisément ce que tu vis, ce qui n’est pas donné à tous le monde. il m’arrive de continuer cette lecture au boulot, et j’essaie de ne pas éclater de rire ( faut rester discrète dans mon monde de non liberté ! ) car en plus tu as un humour frais et naturel. Je pense ultra sérieusement que tu devrais retranscrire tout ça dans un livre, tel quel. c’est vraiment le genre de livre que j’aurais du mal à laisser pour dormir quelques heures. Bonne route Jérôme, je continue de te suivre…

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