Partie 1 : De la pluie dans l’eau

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Quelle est la différence entre un mode de vie et des vacances ? C’est bête cette question  n’est-ce pas ? J’ai mis très longtemps à la comprendre et encore plus à trouver une réponse… Parfois des personnes que je rencontre ou avec qui je garde contact prennent cette marche comme de longues vacances ; Ce terme « vacance » ne m’a jamais plu, c’est une définition désespéré définissant nos vies comme pré établi, où un semblant de choix nous est laissé quelques semaines par an pour un trimage annuel ; Bien sur loin de moi l’idée d’une critique face à cela, je ne suis point un anarchiste des pays bas ou encore moins un hippy clamant peace and love à tout bout de champ, mais simplement un petit grain de sable cherchant une douce alternative au retournement perpétuel du sablier de la vie.

Une personne  en vacance ne peut supporter de « souffrir », tout est intelligemment calculé afin d’offrir le maximum de bonheur dans un minimum de laps de temps. Toute perte ou entrave de ce précieux temps entraine une déception ; C’est une course contre la montre, une brèche s’ouvrant sur la muraille de nos responsabilités, devoirs et obligations.

Le mode de vie sédentaire nous permet de presque tout contrôler, de pouvoir amasser une richesse matérielle, de nous autoriser à choisir un niveau de vie et une personnalité allant avec.

Le mode de vie nomade en constitue son opposé, rien ne se contrôle, tout se vie dans le ressenti et l’émotion ; L’organisation est relayé aux hasards, aux rencontres, à l’inattendu ; C’est une forme de yoyo constant entre les bons et les mauvais moments. Tout est accepté car il y a toujours un fil menant vers le haut… En fait en possédant le temps, en ne pouvant voir la fin tant celle-ci est loin, la déception ne peut exister car rien n’est mis en jeu ; C’est une simple formule d’algèbre : La mise étant infini, la perte de ce temps est nulle.

J’ai choisi ce mode de vie en m’abandonnant totalement à lui, c’est une façon que j’ai trouvé de me retirer de la course, c’est un gentil « non merci » à ceux qui me pressaient de vite rentrer dans un moule et d’y rester sans faire trop de bruit, c’est une douce rébellion de ma personne n’étant animé d’aucune haine ou revendications ; C’est un acte d’achat de ma liberté dont je m’en fais maître.

 

Ainaži, 8 octobre 2014, j’arrivais dans ce premier village letton un soir brumeux. Je n’avais pas de carte du pays, aucune idée de mon itinéraire mais on va dire que je commençais à m’y habituer. Je me rendis à la « Biblioteka », qui est sans doute l’endroit le plus confortable pour passer quelques heures au chaud en pouvant avoir internet. Première chose à faire comme toujours, noter et apprendre des phrases et formules de politesse dans la langue du pays. J’abordais quelques locaux qui me notèrent ceci sur mon carnet. La langue lettone est complétement différente de l’estonien, elle fait partie du groupe balte oriental et la prononciation de cette langue pour un Français telle que je suis se révélais être une véritable torture !

Je plantais la tente le soir dans une forêt aux abords du village et repartis le lendemain sous une bonne pluie. Une grosse route, des trombes d’eau et des camions qui en plus de me frôler à chacun de leurs passages m’envoyais des dizaines de litres sur moi. Frigorifié, énervé de ce trafic j’en avais vraiment gros sur la patate.

Douze kilomètres plus loin j’arrivais à Salacgrīva, qui constituais une ville en soit lorsque l’on prend en compte la petitesse du pays.

Un excellent moyen pour le voyageur cherchant une carte du pays est de se rendre dans les boutiques de station-service, elles ont généralement un grand choix à différentes échelles et pour un prix tout à fait abordable.

Je fis donc les courses pour quelques jours puis décidais de prendre à l’est en direction d’un parc national assez réputé. Une fois sur les petites routes les voitures ont subitement cessé de passer, la pluie se calma et la quiétude reprenait ses droits à travers de magnifiques campagnes. Pris par la nuit je dus planter la tente à côté d’un cimetière lugubre dont une chapelle en ruine apportait à cet ensemble une touche pas très rassurante. La pluie revint et dura jusqu’au matin. Je déteste partir un début de journée sans m’être pris le temps de me faire chauffer une boisson chaude.

Sur la route je rencontrais un chien errant qui m’accompagnais sur plusieurs kilomètres ; Pour moi qui n’avais pas rencontré de personnes depuis déjà quelques jours il fut d’une grande joie d’avoir pu parler à ce gentil compagnon. Il finit par se lasser de m’entendre lui parler français et me laissais seul sur mes routes de graviers détrempées.

Alors que le soleil se couchait je trouvais un grand hangar abandonnée qui m’aurais permis de passer une nuit au sec et d’y faire sécher mes affaires ; Mais c’est marrant la sensation que j’ai pu ressentir à ce moment-là : Tout me disais de continuer encore un peu, d’atteindre le prochain hameau situé à quelques kilomètres. Règle numéro un de ce mode de vie : Toujours faire confiance à son instinct. La nuit était tombé et j’arrivais donc à Arciems qui m’apparut comme un petit regroupements de fermes et quelques maisons de bois. A la sortie du village une lumière brillant d’une fenêtre attira mon attention ; Bon autant leur demander de l’eau et on verra bien ; Mes deux bouteilles en main j’allais toquer à la porte lorsque à la dernière seconde je les cachais, et alors que la porte s’ouvrit je prononçais ces mots que n’avait pas été prononcé depuis plus de un an de ma part:

«  Bonjour je m’appelle Jérôme je suis un voyageur français, je suis en train de faire le tour de l’Europe sur plusieurs années et je suis à la recherche d’un endroit où dormir pour cette nuit, un garage, une grange, juste une petite place afin de déplier mon sac de couchage »

Demander l’hospitalité ne m’a jamais vraiment plu et pour être honnête c’était plutôt mon ancien compagnon de marche qui tenait absolument à en faire chaque jour. Depuis mon nouveau départ il y a de cela six mois je m’étais en quelques sorte bloqué à cette hospitalité en préférant laisser l’inconnu me loger. Mais j’avais envie de réessayer de temps en temps, de mettre un terme à ce « blocage » que je m’étais mis en tête.

C’est donc un colossal fermier qui m’écouta, il parlait heureusement quelques mots d’anglais, puis d’un naturel qui me déconcerta, il me fis entrer et me présenta à sa petite famille ; Il y avait sa femme Ilze, ces trois enfants Martins, Laura et Viesturs et la grand-mère dont son nom m’a malheureusement échappé. On me mena dans une chambre d’amis et Andis me convia à leur table dont le souper avec eux fut très agréable malgré quelques problèmes de communication. Une douche me fit le plus grand bien car cela faisait bien dans les quatre semaines que je n’en avais pas pris une vrai ; Après cela j’eu la surprise que les trois enfants entrent dans « ma chambre » pour jouer et parler avec moi. Seulement l’ainée parlais l’anglais et elle me donna un parfait cours de Letton qui me sera bien utile pour la suite. Les deux autres enfants n’avaient pas besoin de parler pour que l’on communique : Ils m’offrirent des petits cadeaux, des dessins, essayèrent mon harmonica et me montrèrent leurs photos de famille.

Andis, le père, travaillait douze heures par jour dans sa ferme sans interruption, il ne gagnait que le minimum pour vivre mais avait un secret qui le maintenait dans une constante joie : Il aimait sa famille et ces enfants plus que tout, chaque soirée après le souper il réunissait ces trois bambins dans une petite salle de jeux où il leur apprenait et leur faisait répéter à tour de rôle un instrument de musique qui leur était propre. Ce moment c’était le rayon de soleil de sa journée c’était sa carotte qui le faisait avancer en souriant. J’eu la chance d’être le premier spectateur de ces belles leçons ; Certes les notes du fils étaient fausses mais l’amour du père était vrai.

Nous finissons la soirée devant un grand lunch de divers spécialités du pays notamment une espèces de fromage frais fourré avec des fruits de sorbiers confis.

Je partis le lendemain, le cœur rechargé de cette très belle rencontre.

Je marchais toujours dans de belles zones rurale, dépourvus de bitume ou de trafic routier et plantais ma tente près d’un lac le soir dont le soleil couchant embrasa sa surface durant de longues minutes.

A peine avais-je plier mon campement le matin qu’une grosse pluie s’abattait ;  Je revêtit donc ma tenue spécial pour cela ; Pantalon, veste et gants en gore tex, sur-sac imperméable pour mon gros sac à dos, cape de pluie et mon fidèle chapeau en cuir. Habillé de la sorte il pouvait bien pleuvoir pendant des jours d’affilés je resterais toujours sec ; Enfin mise à part les pieds dont la question existentielle de la journée fut d’arriver à comprendre pourquoi ma chaussure droite perçait au bout de deux heures alors que celle de gauche tenait plus de quatre heures !

J’arrivais bien fatigué en milieu de journée à un petit village et y fit ma ptite pause en grignotant des biscuits sur la place publique ; Une femme ne parlant pas un traître mot d’anglais m’aborda et elle semblait vouloir me dire une chose que je ne saisissais pas ; Elle m’emmena jusqu’à d’autres amis à elle dont un qui parlait le russe ; J’échangea quelques mots avec celui-ci et à partir de ce moment je n’ai absolument plus compris ce qu’il se passait : Un autres gars se mit à lui chercher des noises assez violement : Au début de simples insultes ils commencèrent à se battre puis une dizaines d’autres personnes trainant dans le parc vinrent le rejoindre et tous réunis ils se mirent à totalement lyncher à coup de pied mon pauvre ami; Je ne savais absolument pas quoi faire… L’aider ? Je me serais sans doute fais tabassé à mon tour et fais voler tous mon matos…. La bonne femme qui m’avait abordé au début me fit vite comprendre que je devais sans plus tarder quitter le village sinon « couic ». Je ne me fis pas prier et aperçu au loin la victime qui était arrivé à prendre refuge dans une maison dont cette dernière était maintenant prise d’assaut par ces enfoirés d’ivrognes. Quelques minutes plus tard une voiture de police gyrophares au maximum me doubla en sens inverse sur la route ; La cause de cette agression restera un mystère pour moi, j’espérais juste de tout cœur que je n’y étais pour rien dans cette histoire..

Je marchais jusqu’en fin de journée puis décidais de demander l’hospitalité à une maison près de la grande route que je venais d’atteindre. Ouf il parlait anglais ! Agris, conducteur –rénovateur-chômeur, vivait tranquillement sa vie avec sa gentille femme et m’invita à entrer ; A peine avais-je posé mon sac qu’il me fis mettre à table avant même toute chose ! Poulet fumé, galettes au miel, escalope panné, pain de seigle et café noir. On discuta ensemble mais il semblait s’en foutre gentiment que je venais de France à pied et il n’aimait pas forcément parler de lui. En fait j’avais l’impression qu’il voulait simplement que je ne manque de rien.

Il me mena ensuite à un immeuble à 500 mètres de sa maison et me fit visiter un appartement qu’il était en train de rénover.

« Bon c’est là que tu vas dormir, j’arriverais demain à 8 h du matin avec le café »

Et il partit en me souhaitant bonne nuit. L’appartement était au stade premier de ces travaux mais je m’aménageais un petit coin douillet et arrivais même à capter le wifi du voisin du dessus.

Agris revint comme promis le lendemain avec un thermos de café brulant. Je luis fis mes adieux et entrais dans la ville de Valmiera, ville qui fut notamment totalement dévasté pendant la guerre et dont de nombreux vestiges étaient gardés en commémoration. Elle était construite à côté du plus grand cours d’eau de la Lettonie : La rivière Gauja. Un grand parc national était présent tout autour et je partis à l’office de tourisme afin d’y glaner quelques informations. J’en ressortis avec une montagne de cartes gratuites. Mon prochain but étant de rejoindre la capitale Riga je décidais de suivre la Gauja qui allait m’y mener tout droit.

Je suivais donc des petits chemins, des routes de campagnes magnifiques et arrivais le soir sur une rive de la rivière où d’impressionnantes petites falaises naturels s’y trouvaient.

Depuis quelques jours j’ai un petit rituel au moment du souper : Je m’allume une bougie sous la tente et mange en silence, mon regard perdu dans le scintillement de la mèche et la fumée de mes pates ; Ce moment m’appartient, il est une de mes joies de mes journées.

Deux jours plus tard, après avoir marché au long de chemins sous une fine pluie j’arrivais à Cēsis, considéré comme le village le plus Letton du pays. Je parcourais les belles ruelles pavées où de typiques maisons en bois colorées se trouvaient alignées le long des rues. Je restais ensuite quelques heures à la bibliothèque afin de prévoir mon couchsurfing pour Riga où je comptais y rester à la base une petite semaine.

A partir d’ici je rentrais vraiment dans le parc national et bien que des petites routes existaient je décidais de suivre la rivière à travers la forêt. Je descendis donc une grande piste de ski (une des seule du pays) puis m’aventurais à travers d’anciens petits chemins à peine visible dont la nature avait décidé de reprendre le commandement. Il pleuvait, il ventait et pendant près de quatre heures je m’acharnais à parcourir une véritable jungle, à traverser des cours d’eau, à m’embourber, et à me perdre car croyez-le ou non mais suivre cette rivière était non sans peine, je devais par moment contourner des passages infranchissables, et rejoindre la rive après cela était parfois bien contraignant.

Finalement une autre rivière se jetant dans la Gauja m’empêcha de continuer plus loin et je rejoignis la route en coupant à travers la forêt mes yeux fixés sur la boussole. Je trouvais refuge le soir dans une grange que un couple de paysan m’avait indiqué. Leur gros chien n’a pas semblé m’aimer et au moindre bruit de ma part c’était partis pour un quart d’heure d’aboiements furieux. J’étais heureux ce soir, exténué, sur mon petit lit de paille, en train de manger pains, fromage et jambon et en utilisant le reste de ma batterie pour me regarder un bon pti film français. J’aime cette idée que la journée ce soit l’aventure et la soirée une luxure…

J’arrivais tout frais ginguant à Ligatne où après un petit ravitaillement et une visite du village je me rendis au petit office de tourisme qui me donnais une nouvelle fois au moins un kilos de plans et informations. Je découpais donc tous les petits plans et les scotchaient bout à bout pour en faire une carte géniale.

Deux heures plus tard j’arrivais devant un mix entre un zoo et Jurassik Park : En pleine forêt des infrastructures et de grands enclos avaient été aménagés et de nombreux animaux avaient été mis à l’intérieur en semi –liberté : L’entrée n’étant pas chère je m’y rendis à travers un circuit de 6 kms à pied. Ce fut vraiment sympas, je pu apercevoir d’assez près des ours, des énormes sangliers, des lynx d’une furtivité étonnante (j’ai dut mettre dix minutes à les repérer tellement ils se confondaient à l’environnement), des énormes élans ainsi que divers autres plus petits animaux tel que renards, blaireaux, chouettes…. Au final Je fus super content de cette petite excursion et repris ensuite le petit chemin le long de la Gauja. Je finis par trouver refuge dans une ferme abandonnée assez glauque situé au milieu de nulle part. La nuit a été tout bonnement glaciale mais au réveil c’était un beau ciel bleu qui me disait bonjour.

Alors que je me faisais une petite toilette matinale dans un cours d’eau, j’entendis comme un bruit étrange derrière un buisson, je me décide à aller voir et tombe à moins de dix mètres devant six gros sangliers étant tranquillement venus se désaltérer. Heureusement ils ont semblés avoir eu plus peur que moi et ont vite fais de déguerpir dans un baroufle d’enfer. Moi qui n’était pas trop réveillé ce matin….

Et c’était fou comme le beau temps transformait tout. Je longeais la Gauja étincelante, marchait à travers les forêts dont les couleurs d’automnales ajoutaient un charme dont seul la nature possédait le secret, je croisais des dizaines d’œuvres de castors qui invisible le jour me prouvait qu’ils ne devaient pas chômer la nuit, j’aperçus plusieurs troupeaux de moutons qui étaient laissés libre, les oiseaux chantaient et je les accompagnait ! Bref j’étais heureux !

J’arrivais près de Sigulda, un grand village constituant le centre de ce parc national. Grimpant sur une colline en voulant couper une route je me retrouvais dans l’enceinte d’un beau château dont l’entrée se fait normalement payé. Je le visitais quelques temps puis ressortais en adressant mon plus beau sourire à la caissière. Le village fut super sympas et je partis de ce dernier en empruntant des anciennes routes et chemins dans de fabuleuses campagnes.

Environ une fois tous les deux jours voir même une fois par semaine ou encore tous les jours, il m’arrive ce que j’aime à appeler, des crises de bonheur : Cela arrive sans prévenir, souvent aux dernières heures de marche de la journée ; C’est un moment fascinant, je chante, danse, marche le cœur en fusion avec l’environnement et moi-même. C’est en sondant mon esprit à la recherche de traquas, de problèmes ou de soucis que je m’aperçoit qu’il sont en fait tout à fait absent… Le marcheur marche dans une bulle, la lenteur désespéré de ces pas l’empêche de s’inquiéter de la suite car celle-là se trouve encore trop loin ; Le malheur et les inquiétudes sont souvent dut à cause de conflits autour de nous ainsi que de nos préoccupations matérielle et moral du passé et du futur… J’ai l’impression qu’il n’y a rien de tout cela dans ce mode de vie de nomade : Les conflits ne me touche pas car je suis seul et ne partage que de la joie avec les personnes rencontrées, Pour les préoccupations je vis le présent en souriant regarde le passé en étincelles et ne cherche pas à voir mon futur car une des sources de mon bonheur résulte là-dedans. En n’ayant plus l’esprit encombré de tous ces mauvais nuages l’esprit retrouve naturellement sa fonction première : La créativité.

Tellement de rêves sont nées de ces crises de bonheur, tellement de pensées, de réflexion, de projets fous, de larmes de joie… Elles sont devenus à la manière d’un rendez-vous auquel je ne sais jamais la date et l’heure, cela arrive simplement…

Le soleil se couchait, je demandais deux litres d’eau à une petite vieille, celle-ci m’offrais en complément trois bons kilos de pommes qu’elle réussit tant bien que mal à bourrer dans mon sac à dos.

Je finis par camper sur une hauteur d’une jolie colline et me fis une bonne compote en pensant à la petite mémé ; Au réveil ma tente était en partie gelé, cela m’a fait assez drôle tout d’un coup surtout qu’il m’a fallu pas moins de quatre kilomètres cette fois ci afin de ressentir mes doigts de pied.

Deux feux sont nécessaire maintenant pour les pauses : Un grand pour la chaleur et un deuxième pour me faire une boisson chaude sur mon réchaud à bois.

Je passais la journée sur une piste déserte dans une grande forêt où de partout des empreintes d’animaux se dessinaient dans la terre, je m’amusait à les reconnaître grâce un petit manuel que j’avais récupérer et qui les recensait tous. Sangliers, renards, lièvres, chiens (ou loup !) élans ou encore biches, je n’en loupait aucun et prenait un malin plaisir à les suivre par moment.

Je finis cette journée en traversant une sorte de zone militaire dont en guise de musique ou de chants d’oiseaux j’étais rythmé par des rafales de mitraillette.

J’arrivais à Adazi puis campais près d’un lac sous quelques pins. L’image d’une tente éclairé par une bougie de l’extérieur est phénoménale. J’écrivais tranquillement dans mes nombreux petits carnets : Un pour les récits de chaque journée, un pour les contacts, un pour n’importe quoi, un pour les apprentissage des langues, un pour les rêves, un pour les tablatures d’harmonica et le dernier, sans doute le bien le plus précieux que je transporte, mon carnet de pensées.

Les trésors de mon voyage ne sont en rien mes photos ou encore la connaissance des pays, non ils sont mes écrits, ces pensées qui ont su m’être offert au moment où j’avais été attentif à leur vue ; Je les ai découvert et je continus à le faire à la manière d’enfants partant à la chasse aux œufs de Pâques : Ces enfants savent que ces œufs sont présent autour d’eux, ils les trouvent mais le vrai plaisir n’est pas de les manger mais de la sensation et du chemin qui a été fait pour les tirer hors de leur cachette.

Je quittais les campagnes le lendemain et rejoignais la capitale Riga sous une pluie battante. Crevé je l’étais et surtout vraiment heureux de pouvoir enfin me poser tranquillement pour quelques jours. J’entrais progressivement en ville et atteignis le centre au soir. Ma couchsurfeuse, une française en Erasmus m’attendait et après avoir trouvé le chemin j’arrivais chez elle. Clémence étudiait la politique et était arrivé en Lettonie depuis deux mois. Elle me présentait à ces deux colloques Julia et Vanessa, une italienne et une allemande. Après une douche et quelques discutions avec elles je m’endormais ivre de fatigue sur le canapé que l’on m’avait attribué.

Visiter une ville est généralement une des choses que je fais en dernier, en fait faire le touriste m’ennuie un peu, les gens qui m’hébergent pense souvent à me conseiller sur les endroits à aller, les musées à visiter, les restaurant typiques… Et ils ont raison ! Mais ils comprennent rarement que ce que j’aime le plus c’est vivre avec eux, cuisiner des bon pti plats, faire des rencontres improbables de leur connaissances, rester tranquille devant un bon film ou à trier quelques photos, écrire… A  vrai dire si ce voyage s’apparenterais à de la simple visite de lieux je penserais haut et fort que je n’aime pas voyager ! Découvrir le monde d’une autre façon, à « l’envers du décors » est la façon qui me plait et me fait avancer.

Je m’aperçoit au fil des jours et des kilomètres que voir une chose ou vivre une expérience ne compte en rien si l’on ne peut l’avoir ressenti en soi et avoir appris d’elle. Sentir son cœur battre puis réaliser soudain que cette chose a réussi à composer avec nous est cent fois plus puissant que une prise de photo et une case coché sur la liste des monuments restant.

J’avais plusieurs choses à faire durant ces quelques jours notamment me trouver un nouveau sac de couchage pour l’hiver. Après presque dix kilomètres à marcher dans la ville et trois magasins de randonnée visités je ne trouvais toujours pas ce que je cherchais. Alors que un vendeur me répétait encore qu’il n’en avait aucun pour ce type de température je le priais d’aller fouiller un peu plus dans leur remise. A ma grande surprise il revint cinq minutes plus tard avec une véritable perle d’or dans les mains ; « Et bien on peut dire que vous êtes un chanceux vous, c’est le dernier qu’il nous reste et il est à moins 35 % de remise »

Synthétique, d’une température de confort de -15 degrés et d’un poids de 2,6 kilos je crois n’avoir jamais aussi rapidement fait un choix d’achat de ma vie. C’était certes lourd mais comme dirais Boris le hachoir dans Snatch : « Le poids est synonyme de fiabilité ».

Je fis notamment l’acquisition de nouvelles chaussettes, d’une cagoule et des gants en grosse polaire, d’un nouveau matelas en mousse plus isolante et d’un nouveau podomètre, l’ancien ayant décidé de partir en retraite après une durée de plus de 9000 kilomètres.

Je sortais du magasin comme un gosse à qui noël lui avait été avancé.

Je pense que seule les personnes ayant un jour connu l’appréhension d’une nuit glaciale pourraient comprendre ma joie qui était de posséder enfin un sac de couchage me permettant d’affronter pratiquement tout type de températures.

Je renvoyais ensuite en France un paquet de 3, 5 kilos de cartes, cadeaux, sac à viande, ancien duvet, petits carnets, moustiquaire… Passage en mode hiver activé.

Je passais les trois jours suivant à visiter la ville, à renforcer mes chaussures, à écrire, à me reposer. Pour être honnête je ne me plaisait vraiment pas dans ce couchsurfing : En plus d’une impression de me trouver dans un hôtel, ces trois filles passaient absolument tout leur temps enfermé dans leurs chambres ; J’eu bien quelques discussions avec ces dernières mais cela restait dans l’ennuyeux sujet des études et de la politique. J’ai même était vraiment consterné lorsque j’ai appris que après deux mois en Lettonie juste une des trois savait dire merci, bonjour et au revoir en Letton. Mais pas de jugements elles restaient gentilles avec moi et me procurait un toit et une douche.

Je me rendais un soir à un « couchsurfing meeting », constituant en fait en un rendez-vous dans un bar de plusieurs voyageurs ou locaux ne se connaissant pas forcément. La soirée fut sympas mais peut-on dire que j’ai adoré je dirais que non : Sur la vingtaine de personnes présente il y avait un peu tous les stéréotypes du groupe : Le papa leader en costume pingouin, le voyageur égocentrique surenchérant tous type de conversation, le couple parlant exclusivement que entre eux, la bimbo scotché sur son portable, le jeune ingénieur citant tous les pays qu’il a visité en train dans le cadre de son boulot, les étudiants erasmus prétendant connaître le pays sans jamais être sortis de la capitale… Je fus partis à minuit après avoir dépensé une semaine de marche de nourriture en bières sans avoir ressenti un centième de ce qu’elle avait le pouvoir de me procurer.

J’avais pratiquement rien écrit cette semaine, pas d’inspiration… Je voulais rester quelques jours de plus et fis plusieurs autres demandes de couchsurfing à la dernière minute. Je partais le lendemain matin en ayant aucun lieux où aller. Les adieux furent sans émotion, sans regrets. Un peu blasé je partis me caler dans un irish pub où je sirotait un thé en attendant un message d’un potentiel hôte.

« Escuse mii can I have zeee meniouu ? »

L’accent français est une chose reconnaissable entre mille !

C’est comme cela que je fis la fabuleuse rencontre de Mathias, un chti de 32 ans vivant à Bruxelles. Il était musicien professionnelle (orgue) et s’était rendus à Riga pour quelques jours pour jouer dans un concert.

Il était passionné de musique, aimant sa vie, son travail, sa copine musicienne… Il dégageait de sa personne un formidable équilibre de vie qui me bouleversa. C’était le genre de personne que l’on ne rencontre que très rarement, le genre de personne qui éveille en nous une inspiration nouvelle.

« Pour moi le bonheur c’est d’arriver à vivre ces propres choix ; Je suis pas riche, je vis loin de ma famille, j’ai une vie simple mais je suis heureux d’avoir fait chacun de mes choix sans regrets… »

Il fut très intéressé par mon mode de vie surtout le fait que je sois seul ; Ayant toujours été sédentaire il me dit une phrase que je n’oublierais jamais :

«  A mon âge, je découvre que avoir le projet de faire sa vie seul est vain ; Le faire avec une personne à ces côtés c’est tout bonnement un pari fou sur l’insensé, c’est une composition où l’on étale tout sur la table et on voit ensuite ce que l’on peut arriver à faire avec cela »

Nous parlant près de deux heures puis il me dis au revoir chaleureusement…

L’instant d’après je reçus un message de couchsurfing :

« Salut Jérôme ! Il n’y a aucun problème tu peux venir chez nous cette nuit, comme c’est mon anniversaire aujourd’hui j’organise une petite fête avec mes amis mais tu n’as qu’à te joindre à nous ! »

Par ce simple message allait se découler une foule d’évènements, par ce simple message j’allais vivre quinze jours hors de contrôle, remplis de surprise et d’imprévus.

 

Jérôme

 

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Un nouveau petit compagnon pour quelques kilomètres

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Casse croute au fromage y’a que sa de vrai !

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Campement dans une fantastique brume

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Marche dans les jolies campagnes sans trafic routier

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Un magnifique coucher de soleil sur un lac qui ma hypnotisé pendant de longues minutes

La rivière Gauja, la plus grande du pays

La rivière Gauja, la plus grande du pays

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Couper à travers champs

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Crapahutage à travers la forêt en suivant la rivière, la pluie et le vent m’ont bien ralentis.

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Nuit dans une grange que des fermiers m’ont ouvert

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Arrivée dans le village de Ligatne

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Deux gros sangliers

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La pluie se calme

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Bivouac glacial dans une ferme abandonnée

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Le soleil illumine le cœur et la nature

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Conversation avec quelques moutons

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La Gauja étincelante

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Ecriture quotidienne à la lueur d’une petite bougie

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Crise de bonheur de fin d’après midi

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Deux feux pour les pauses : Un pour le café et un pour la chaleur

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Quelques kilomètres de bitume

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Riga, le berceau de l’art nouveau

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Les fabuleux marchés de Riga

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Passage en mode hiver : Trouvaille du sac de couchage de mes rêves

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Rallongement de la durée de vie de mes chaussures

2 réflexions au sujet de « Partie 1 : De la pluie dans l’eau »

  1. Génial ! Refait pour ton sac de couchage !
    j’ai trouvé que c’etait recit interessant et paisible á lire qui se termine sur un bon rebondissement
    á la fin j’ai encore faim.
    Vivement la partie 2 mon p’tit gars ;)

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