Partie 3 : J’ai fais le rêve d’un monde

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La Lituanie, bien que je l’avais quitté, n’avait décidément pas finit de m’apporter de belles aventures et joies.

J’avais gardé au fil des derniers mois un contact avec Aida, cette fille que j’avais rencontré à Vilnius ; Nous avions décidé de nous retrouver l’espace d’une dizaine de jours à Wroclaw.

J’avais beaucoup d’appréhensions à propos de ces retrouvailles : Tout d’abord pour être honnête il se trouve que au cours de ma vie je n’avais jamais passé plus de trois jours en compagnie d’une fille vingt-quatre heure sur vingt-quatre à mes côtés ; Autant il est facile de passer une semaine dans une ville en étant seul mais plus dur il est de le faire en compagnie d’une autre personne.

La cause à cela est encore et toujours la crainte d’un certain jugement de la part de l’autre : Le monde entier est régit suivant un mode de jugement et de contre-attaque. Nos parades, nos boucliers ne sont rien d’autre que nos personnalités dont depuis notre premier souffle ont reçu des enseignements visant à séduire et impressionner la terre entière. Paroles, propriétés, habits, fréquentations, travails, tout cela ne sont que subterfuges afin de tromper famille, ennemies, amis et inconnus.

Il en est ainsi, il n’est pas possible de qualifier ceci en bien ou en mal, appelons le simplement un instinct naturel.

Depuis que je marche seul je m’aperçoit que, l’esprit libre de tout jugements où de vouloir paraître je parviens à m’autosufire très librement. Rester deux heures devant un feu, lire un bouquin d’une traite lors d’une pause, marcher vingt-cinq kilomètres sans m’arrêter, rêvasser, me parler tout seul… La spéculation du bonheur est une affaire de groupe, l’homme seul, lui, prend ce que le moment présent lui offre et le compose à sa manière très propre.

Il en découle de cela des joies et passe-temps uniques, « made by himself » si je peux apporter une petite touche anglaise. La solitude offre une variété d’activités dont il en serait trop stupide d’oser les faire à plusieurs tant celle-ci sont simples et faciles.

Bien entendu je ne pense pas que cette formidable solitude dont je vous rabâche ces bienfaits depuis onze mois ne soit une solution de vie… Elle n’est qu’une amie dont on doit un jour se séparer pour mieux la retrouver. L’important est de l’avoir connu dans toute sa profondeur, de l’avoir exploré jusqu’à son bout et d’en être revenu pour en conclure qu’il y en avait pas.

Je me voyais désormais confronté à « devoir » passer dix jours avec cette fille, cela en touriste normal si j’ose dire…. Abattre soixante kilomètres en une journée me paraissait soudain plus facile que cela.

Que faire mise à part faire l’amour et parler ? Organiser ? Prendre le train, le bus ? Réserver des auberges ? Aller au restaurant ? Tout ce trop pleins de choix d’activités me donnait soudain la nausée.

Mais heureusement le bonheur ressenti en la voyant sortir de la station de la bus dissipa tout cela et je découvris que être en compagnie de cette fille était tout sauf ce que j’avais imaginé :

J’étais aux côtés d’un ange et je voyageais sur un nuage ; Les jours passèrent, nous occupions des auberges de jeunesse dont les fines épaisseurs des cloisons des chambres ne laissèrent pas beaucoup de temps de repos aux voisins, nous nous baladions dans les superbes rues de la ville sans but précis, nous passions des heures allongés dans des parcs au soleil, nous parlions beaucoup et pas beaucoup. C’était facile, beau, coulant de source.

Un ukrainien du nom de Michael, nouveau arrivé en Pologne autant que sur Couchsurfing, nous hébergea pour deux nuits. Soirée dans un bar avec d’autres, discutions, jeux de plateau, balades, il me donna aussi quelques conseils pour ma future traversée de son pays.

J’avais décidé d’emmener Aida en nature, à camper quelques jours dans une proche montagne.

Un bus nous y emmena et après une rude escalade d’un mont, nous plantons la tente pour trois jours.

Des nuits à un degré, un seul sac de couchage, de grands feux, des repas trappeurs digne des plus grands, des chansons, des siestes enlacés et une formidable dose de complicité acheva de construire ce moment de nature que l’on passa ensemble. Je découvrais là une femme pleine de surprises, belle comme jamais même après trois jours sans se laver, dotée d’un réel amour pour la vie simple sans planifications.

On revint en ville en stop puis restons encore trois jours à roucouler dans une dernière auberge.

Elle repartait le dimanche soir à Vilnius, les derniers moments passèrent à une vitesse folle malgré tous nos efforts pour les ralentir.

Nous n’avions aucune idée de la prochaine rencontre entre nous deux, elle avait ces projets, j’avais les miens.

Je l’accompagnais à la station de bus et là je pense que tout le monde connait la chanson, mais je vous offre quand même l’image : Un bus au départ, deux personnes s’enlaçant en essayant de voler éperdument quelques secondes de plus au temps, l’embarquement, un regard, une larme, deux larmes, une vision brouillé, une main lâchant une autre, un cœur qui hurle à la mort blessé par la séparation du deuxième qui s’éloigne et une sensation de vide fabuleux, restant, malgré la douleur qu’elle cause, d’une formidable beauté.

Je rentrais en courant et dormis sans trouver le sommeil dans cette petite chambre dont l’écho me renvoyait encore quelques paroles et rires de sa part.

Il y a eu la question de pourquoi tout cela ? Pourquoi s’être revu alors que aucun avenir au cours des prochaines années ne s’offrait pour nous deux ? Pourquoi s’être attaché l’un à l’autre encore plus que lors de notre dernière rencontre ?

Et pourquoi pas en fait ! C’est un bonheur d’une alchimie encore différente… Celui d’un amour de l’instant présent sans prévisions ni engagement. Et était-ce de l’amour ? Ce mot définit trop de choses et pas assez en même temps j’ai l’impression.

Mais stoppons cette romance à l’eau de rose pour faire place à celle de l’aventure, je doute fortement que vous lisez ces lignes pour le plaisir d’entendre des histoires de cœur d’un jeune français de vingt-cinq ans mettant par écrit le moindre faits et gestes de sa part.

Je restais en auberge deux jours de plus afin de finir d’écrire le deuxième chapitre de la Pologne. Ecrire me fit du bien et m’aida à me remettre les idées en tête.

J’étais prêt à repartir, Wroclaw était ma dernière ville avant les six prochains mois ; Cela tombait bien car j’avais atteint mes limites au niveau de cette vie dans ces foules de gens et cette trop grande absence de nature et de naturel autour de moi.

J’allais quitter la Pologne pour environ deux mois, ma prochaine destination était la république Tchèque, plus précisément à Jesenik, un village de montagnes situé à environ cent soixante kilomètres au sud.

Mon grand projet allait se dérouler là-bas, ce grand projet j’en ai trop parlé et trop rêvé ces dernières semaines pour ne pas enfin vous l’expliquer :

Depuis quelques temps déjà je ressentais un besoin de silence intérieur, un temps nécessaire afin de faire une sorte de « bilan » comme on le dit. Cela allait faire bientôt un an que j’étais repartis et marchais seul, et je voulais l’être lorsque cette date anniversaire arrivera. J’avais de plus besoin d’une sorte d’épreuve de solitude, une épreuve qui me ferais affronter peur et craintes.

Ce temps, je voulais le vivre en nature mais pas en mouvement.

La vie et la construction en forêt m’ont bercé depuis mon plus jeune âge et le simple mot cabane, qui à mon sens est sans aucun doute le plus beau mot du monde, me remplit de frisson de joie et de battements de cœur.

Deux types de personnes m’ont toujours intrigué et fasciné : Les robinsons et les hermites ; Un mixe des deux devrait me convenir.

Voici donc le cahier des charges : Quarante jours dans une forêt de montagnes sans autre contact que la nature, construire son abri, chasser à l’arc et aux pièges (ou du moins essayer), le tout vécu en autosuffisante complète en ayant bien sûr du matériel et de la nourriture de réserve.

Pourquoi quarante jours d’abord ?  la connotation biblique n’y est absolument pour rien je vous rassure, l’histoire est plutôt bête : il se trouve que je venais juste de finir de regarder le film « Quarante ans toujours puceau » lorsque je me posais des questions sur la durée.

D’autres raisons je n’en vois pas trop l’utilité de les énoncer : La pulsation électrique m’ayant traversé le corps lorsque ce rêve m’a pris il y a déjà quelques mois est déjà en soi une raison plus que favorable à foncer tête baissé.

Les choix face à de nouveaux projets ne m’ont jamais posé de difficultés ; Si le cœur accepte, j’accepte, c’est tout aussi simple.

Mais l’idée en tête il me fallait trouver un lieu convenable.

Toute la chaine des Carpates m’était donné en guise de terrains de jeux et une grande liste de possibilités s’offraient à moi. Tout ce que je désirais se résumaient en quatre mots : Tranquillité, forêts, montagnes et rivière.

Seule cette question de la tranquillité me posait problème car trouver une zone déserte de plusieurs dizaines de kilomètres était plutôt facile en Laponie, il en était un petit peu moins en pleine Europe centrale.

J’ai finalement choisi Jeseník grâce à Agata, cette gentille polonaise m’ayant héberger à Poznań. Elle était en train de me montrer quelques photos d’un week end passé dans ces environs lorsque j’ai été soudain pris d’un coup de cœur pour la région. Me rendre en république tchèque ne faisait pas forcément parti de mes plans mais cela n’en était que plus enrichissant. De plus cela consisterait un très bon point de commencement lorsque je débuterais la longue traversée de cette chaîne de montagne jusqu’en Roumanie, en passant par l’Ukraine.

J’avais le lieu, l’envie, la liberté, le printemps était là, c’était donc parti !

Comme toujours après chaque nouveau séjour en ville la sensation de reprendre la marche est fantastique. Celle de reprendre son identité, de redevenir pauvre et simple, de ressentir son corps transpirer puis de enfin retrouver une vrai utilité d’énergie pour chaque aliment avalé.

J’atteignis vite les campagnes et continua tranquillement sous un soleil resplendissant.

Mais quelque chose clochait : Mes nouvelles chaussures me faisaient un mal de chien et semblaient comprimer mes pieds aussi bien en longueur que en largeur. Je les avais pourtant choisi avec soin lorsque j’étais encore en France ; De plus, ayant déjà porté ce modèle (Himalaya-Meindl) sur trois mille cinq cent kilomètres deux ans auparavant, je n’avais aucun doute quant à sa qualité.

En demandant de l’eau en milieu de journée je fus invité pour un thé par un homme gardant son enfant, dix kilomètres plus loin ce fut par un père et un fils m’ayant aperçu traverser leur village.

Ce dernier, Pawel, habitait avec sa petite famille à vingt mètres de la maison de ces deux parents Emil et Grazyna ; On me fit rentrer dans celle de ces derniers, ceci après quelques photos prises devant l’entrée avec voisins et cousins tout enthousiasmés.

Pawel parlait un peu d’anglais heureusement, ce qui facilita bien les choses.

Une énorme plâtrée de bigosh me fut servi, puis comme si cela n’était qu’un simple apéro, la grand-mère remplit de nouveau mon assiette d’une ration de pommes de terre sautés qui acheva mon estomac déjà pleins.

On trinqua au bimber, une sorte d’eau de vie maison.

Pawel semblait tout content de me recevoir et il ramena sa femme ainsi que ces deux enfants afin que l’on passe la soirée tous ensemble.

J’avais pris ma douche entre temps, et l’état de mes pieds m’avait bien alarmé : Deux grosses ampoules de la taille d’une rondelle de saucisson (de Savoie) étaient apparus sous mes voutes plantaires ; Cinq autres plus petites mais tout aussi douloureuses étaient aussi présentes.

Je dut les crever et une fois fait c’était à peine si je pouvais mettre le pied à terre.

Je retournais avec tout le monde, j’avais toutes ces têtes souriantes qui me regardaient en me posant des questions.

– Tu comprends pour nous c’est incroyable ta rencontre, le fait que tu fasse le tour de l’Europe et que tu passes par notre village, à côté de notre maison…

J’étais depuis plusieurs semaines un peu en surdose de rencontres mais lorsque Pawel me dit cela je réalisais encore une fois que c’était un des prix de ce voyage, celui de donner tous ce que l’on pouvait lors de moments de rencontres ; Une des règles fondamentales est pour moi de ne jamais s’habituer, que ce soit au niveau des échanges, des paysages, des surprises…

Pour le voyageur, le caractère habituel de se faire convier par des gens le fait par moment oublier que pour ces personnes c’est sans doute la toute première et dernière fois qu’il recevront ce genre d’invité. Et cet invité à le pouvoir de leur offrir une soirée unique par sa simple histoire, rêves et culture.

Je leur déballais le grand jeu : Récits d’aventures, photos, itinéraire sur une carte, harmonica et flute, bredouillage de mon polonais, bonne humeur.

L’étincelle dans leur yeux lorsque ils me souhaitèrent bonne nuit me réconcilia avec moi-même.

Je m’endormais ce soir très fatigué mais heureux.

Le levé à cinq heure du matin fut dur, le grand père travaillant encore en tant que maçon. Je partis au soleil levant après un petit déjeuner à coup de quatre énormes saucisses que la grand-mère réussit à me faire avaler avant que j’abdique.

Avant de les quitter, Emil m’a tendu un billet de cinquante Zlotys (douze euros) ; Malgré tous mes efforts pour le lui refuser, il me le fourra dans la poche… C’était la toute première fois en deux ans que j’acceptais de l’argent… Je me promettais que cela sera la dernière.

Partir à l’aurore possède un grand charme ; Celui d’avoir devancé Dame nature en ayant l’honneur de souhaiter une bonne journée au soleil au lieu de l’habituel inverse.

Je pris des chemins à travers les champs, des rayons illuminant à l’horizon de belles formes de monts laissant présager la fin de ces immenses plaines sans aucun dénivelés.

Je dus m’arrêter au bout de onze kilomètres, la douleur de mes pieds étant devenu insupportable.

Je fis une sieste de plusieurs heures devant un petit lac scintillant ; Je commençais à être bien inquiet pour mes chaussures… J’avais beau me dire qu’elle finiront bien par prendre formes, que c’était normal, je ne me rappelais pas avoir vécu de telles difficultés au cours de mes quatre dernières paires, toute de même marque.

Je finis la journée rendus à moitié fou de douleur ; Traverser un dernier village, demander de l’eau et trouver un lieu où planter la tente fut un effort démesurée et je finis la soirée encore plus inquiet pour la suite.

J’essayais tant bien que mal de crever de nouvelles ampoules étant apparu sous les précédentes ; Je les fis sécher avec du « rouge » puis essayais de comprendre le pourquoi de ce problème.

Et soudain tout fut clair! Lorsque j’étais avec Aida et que nous étions partis en nature pour camper, nous avions pratiquement passé trois jours devant un grand feu. Mes chaussures avaient été très proches de la chaleur pendant tout ce temps et il se trouve que ces dernières comportent une sorte de matériaux réagissant dès les premiers moments avec la température (habituellement celle des pieds) afin d’en donner une forme « moulé ». Le feu avait probablement tout bousculé et avait en quelques sorte rétréci tout l’ensemble…

Il y avait une autre possibilité bien entendu : Peut-être m’étais-je, un an auparavant, simplement trompé de pointure.

La journée du lendemain fut encore plus difficile. Chaque pas m’arrachait un cri mais je tins bon et marchais mes vingt-cinq kilomètres journalier.

Au soleil couchant sur une route zigzaguant à travers plaines et champs, je croisa une bande d’une vingtaine de jeunes collégiens. J’étais soudain devenu l’attraction de la journée, des petites minettes me demandaient un autographe et le reste des photos ainsi que mon facebook…

Le phénomène des réseaux sociaux à décidément envahit la planète à la vitesse d’une épidémie grandissante, abrutissant chaque personne les utilisant avec excès, c’est-à-dire bien quatre-vingt-dix pour cent.

Je campais sur une colline et mon réchaud à bois m’offrit un bon plat de riz aux oignons.

Le lendemain matin j’avais pris ma décision : Je ne pouvais plus continuer avec ce problème de chaussures ; J’avais laissé mes anciennes paires chez Mietek et Beata, ce gentil couple m’ayant hébergé pendant cinq jours il y a deux semaines vers Wroclaw. Autant les récupérer et continuer avec celle-ci jusqu’à ce que je trouve une solution.

A ma grande surprise, Mietek me dit au téléphone qu’il viendrait jusqu’à moi en voiture.

Une heure plus tard, alors que je l’attendais devant un arrêt de bus, il arriva. C’était vraiment génial de le revoir.

En ouvrant le coffre quelque chose clochait : Mes anciennes chaussures ne s’y trouvaient pas.

Et Mietek de se taper la tête en me disant qu’il avait mal compris et qui croyait juste que j’avais besoin de rester chez eux quelques jours à cause de mes pieds.

– C’est pas grave, fourre ton sac dans le coffre et monte, on verra bien ! me dit-il finalement.

On revint chez lui après soixante kilomètres de route puis après une rapide douche et un café, on reprit la route pour le centre-ville de Wroclaw.

A vrai dire je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivais.

Il passa plusieurs coup de téléphone et finit par me dire que l’on pouvait se rendre dans une boutique de randonnée afin que je me procure de nouvelles chaussures.

C’était sans doute la meilleure des solutions et dix minutes plus tard on rentrait dans la boutique.

J’avais trouvé une bonne paire (Meindl Vaccum Gtx), et cela tombait bien car je les connaissais parfaitement pour les avoir porté sur plus de trois mille kilomètres dans les montagnes Scandinave.

Mais au moment de payer, Mietek fut plus rapide et me les offrit. C’était tellement inattendu, j’étais heureux d’un tel cadeau mais en même temps terriblement mal à l’aise… Cet homme avait déjà tellement fait pour moi.

On mangea une pizza puis il me lâcha à la gare afin que je revienne de là où je m’étais arrêté.

Tout cela avait été si rapide, si parfait. Mietek avait veillé à ce que mon problème soit réglé en moins d’une journée et il y était parvenu. Encore une fois que c’est dur de recevoir sans avoir cette impression de retour de notre part.

Une heure plus tard je débarquais à Ziebice, marcha une dizaine de kilomètres et établis mon bivouac derrière une colline. Les chaussures étaient bonnes, mes pieds me faisaient toujours souffrir mais cela n’allait désormais plus s’aggraver.

J’atteignais la frontière de la république Tchèque deux jours plus tard, dans un petit village entouré de grandes collines et forêts. Mes pieds cicatrisaient et le moral était revenu comme jamais.

Les montagnes étaient désormais de partout, encore petites certes, mais grandioses. Cela me faisais tellement bizarre de les revoir, de grimper des cols et d’apercevoir enfin un horizon de terrains escarpés.

Les températures négatives me firent geler ma bouteille cette nuit ; Cela faisait longtemps dis donc.

J’arrivais le lendemain à Jesenik, un grand village thermal situé dans une belle vallée. Tous allait se jouer ici même.

Je retirais quelques milliers de couronnes (un euros = 26 couronnes) puis partis à la recherche d’un logement pour environ une semaine, période dont j’avais besoin afin de m’organiser.

Pas d’auberge de jeunesse bien sûr et seulement deux choix s’offraient ; L’hôtel ou des pensions chez l’habitant. Je demandais à plusieurs personnes et maisons puis de fil en aiguille, on finit par m’indiquer l’adresse d’une femme susceptible de me loger à bas prix.

Un peu éloigné du village je trouvais l’endroit puis fus reçut par Eva, une mère adorable ne parlant que le tchèque, mais qui me compris tout de suite.

Au début un peu réticente car elle n’hébergeait pas en cette période, elle finit par me monter à l’étage de sa maison et fit venir une amie parlant anglais pour la traduction. Je lui réglais une semaine de nuits et partis deux heures plus tard pour un repérage du village.

J’avais une grosse liste de choses à faire ; Les trois plus importantes étaient les suivantes :

– Me procurer le matériel nécessaire

– Acheter quarante jours de vivres

– Trouver un endroit approprié

Je me rendais dès le lendemain à un petit magasin de bricolage dont je m’étais fait indiquer.

Une seule pièce débordant d’outils et de matériel et un comptoir, cela ressemblait fortement à ce genre de boutiques dans les westerns américain où l’on pouvait se procurer n’importe quoi.

Ne parlant que trois mots de tchèque, je mimais, montrais, et dessinais tout ce dont j’avais besoin. La besogne fut plutôt dure pour ma pauvre petite propriétaire, surtout lorsque je lui demanda deux fois cinquante mètres de différentes cordes qu’elle se devait de mesurer mètre après mètre. Mais tout ce passa bien et je ressortis deux heures plus tard avec une dizaine de kilos de hache, scie, pelle et autres ustensiles indispensable à la vie en forêt.

Je passais la soirée à tout aiguiser et à faire quelques modifications. J’étais aux anges.

J’avais décidé de partir en repérage pour le lieu le lendemain et je m’y rendis dès l’aurore en stop pour finir à pied. J’avais une bonne carte précise et avais repéré ces derniers jours un endroit assez sauvage, où montagnes et forêts y régnaient en maître. Pendant une bonne heure je suivis un chemin de vallée et la neige fit son apparition dès les huit cent mètres d’altitude.

Le problème majeur que j’avais était l’acheminement du matériel, dont le poids représentait au moins quatre vingt kilos. J’avais imaginé plusieurs possibilités notamment l’utilisation d’une luge, mais je décidais de plutôt faire trois aller-retour à pied.

Au fur et à mesure que je montais, la neige atteignait le mètre de profondeur et était tellement molle que je m’enfonçais à chaque pas. Cela ramenait mes souvenirs de la mésaventure que j’avais eu avec mon compagnon de marche en Norvège, dans ce plateau où nous nous étions perdus en pleine tempête dans les immensités de ces horribles neiges de mars-avril.

Des heures durant je bataillais, trébuchant, grimpant, suivant des cours d’eau. Je ne m’étais absolument pas attendus à autant de neige.

Je cherchais un coin rassemblant plusieurs facteurs que voici : Un certains éloignement vis-à-vis des possibilités de passages d’autres personnes, une orientation au sud ainsi qu’une belle vue, un espace pourvu de plusieurs types d’arbres en vue de la construction d’un abri et pour finir, une rivière à proximité.

Bien sûr j’avais pensé que cela ne poserait pas trop de problèmes, qu’il me suffirait d’une petite promenade de quelques heures afin de trouver le coin parfait ; Mais en fin de journée, les chaussures trempées et harassé comme jamais malgré mon sac vide, j’étais un peu désespéré. Je persévéra encore un peu et explora une montagne voisine.

Je finis par trouver un endroit plutôt agréable rassemblant à peu près les facteurs que je demandais. Le seul problème restait cependant une forte pente qui me demandera quelques travaux à la pelle. C’était loin d’être le coin que j’avais imaginé mais cela pouvait être envisageable.

Je rentrais ivre de fatigue mais plutôt content de cette journée.

Je fis les courses le lendemain : Je n’avais pas l’intention de me réduire au minimum et bien qu’une vingtaine de kilos de riz aurait pu suffire je me diversifiais dans mes choix et repartis avec un sac de plus de trente-cinq kilos débordant d’oignons, farine, chocolat, lentilles, thé….

Sur mon lit ce soir-là j’avais disposé bien méticuleusement toute la nourriture et le matériel. Quelle beauté, je ne me lassais pas de cette vue.

Je partis le jour d’après pour un deuxième repérage, cette fois situé un peu plus près de là où j’étais. Mais les nombreuses heures passées à crapahuter aussi bien dans les hauteurs enneigés que dans les fonds de vallées ne me firent pas encore trouver ce que je cherchais ; Soit l’endroit était trop inhospitalier soit la trop grande proximité avec les sentiers était présente.

Je revint sous une pluie battante puis rangea tout le matériel et la nourriture dans de grands sacs solides, le tout bien fermé hermétiquement. Cela prenait forme, cela me faisait peur en même temps.

Il est d’une chose d’imaginer ce projet des mois auparavant bien au chaud ou encore entouré d’une vie aux alentours ; Il en est d’une autre de s’en trouver vraiment confronter à son organisation et la pensée que cela débutera dans quelques jours.

Cette futur solitude me faisait trembler. Avoir fait ces repérages dans ces montagnes enneigés avait fait ressortir des peurs profondes que je croyais dissipés, surtout au niveau de la neige.

Je connaissais la solitude mais l’idée de rester toutes ces semaines dans la nature sans voir personne me paraissait désormais stupide, dangereuse même.

Que se passerait-il si je me blessais d’un coup de hache, si un animal m’attaquait, si je me faisais découvrir, si je réalisais au bout de quelques jours que cela ne me plaisait pas ?

Mais toutes ces questions et ces peurs font partie d’un processus normal, au fond de moi j’étais trop excité et heureux pour me l’avouer ; Les craintes et les appréhensions avaient pris possession de moi mais ce n’était que un peu de vents et de poussières qui allaient s’envoler bientôt.

L’avant dernier jour arriva, je me fabriqua un trépied pour un montage-documentaire dont j’avais l’intention de faire puis trouva par l’intermédiaire de Eva, une personne acceptant de m’emmener en voiture jusqu’au plus près du lieu.

J’avais eu l’intention de partir lundi matin mais il ne pouvait m’emmener que le dimanche après-midi soit dès le lendemain.

Tout s’accéléra et je me hâtais afin de vous livrer ces dernières lignes.

Il est treize heure trente, je pars dans trois heures et j’ai cette impression de trac survenant lors de moments clé de votre vie.

Faire de ces peurs des armes de vie.

J’ai peur. Je suis heureux.

 

Jérôme

 

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Couchsurfing avec Aida chez Michael

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Trois jours à camper avec Aida dans une proche montagne

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Cuisine forestière

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Retour en stop à Wroclaw

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La place du marché

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Depuis quatre ans la ville à fait construire une multitude de petits lutins en métal dispersés et cachés dans toute la ville. Véritable attraction touristique consistant à tous les retrouver certains commerçant payent de grosses sommes afinj de s’en faire installer prés de leur magasins

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Dernier jour avec Aida, Elle repart au Nord et moi au Sud

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Reprise de la marche sous un temps fantastique et de belles silhouettes de montagnes à l’horizon

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Nuit chez cette adorable famille

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Les nuits restent fraiches mais le printemps redonne chaud au coeur au niveau des longues journées

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Gros problèmes avec mes nouvelles chaussures : Elles ont tout bonnement rétréci, cela dut certainement à un feu un peu trop chaud

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Le cadeau de Mietek… Encore merci pour tout

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Les derniers jours de plat

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République tchèque droit devant, et Jesenik juste derrière la montagne

Bienvenue en République Tchèque ! Je reviendrais en Pologne dans environ deux mois à travers les Carpates

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Montagnes !!!!!!!

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L’arrivée à Jesenik

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Première étape : Achat du matériel nécessaire à la vie en forêt

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Deuxième étape : Repérage de différents lieux possibles

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Mais je n’avais pas prévu autant de neige (plus de un mètre); La Journée fut vraiment très éprouvante

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De retour du deuxième jours de repérage

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Troisième étape : Achat de 40 jours de nourriture

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Essai pour une lampe à huile; Très concluant !

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Tout est prêt. Au total, pratiquement 80 kilos de matériel et bouffe. A bientôt

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 réflexions au sujet de « Partie 3 : J’ai fais le rêve d’un monde »

  1. Ton récit m’a fait rêver… De belles surprises, des écrits supers profonds, un projet et des idées super-chouettes .
    C’est fou de voir que tant de petit pas peuvent faire de si grand pas en soie
    Bonne chances mon ami :)
    Francois

  2. Ton récit m’a fait rêver… De belles surprises, des écrits supers profonds, un projet et des idées super-chouettes .
    C’est fou de voir que tant de petit pas peuvent faire de si grand pas en soie
    Bonne chances mon ami :)
    Francois

  3. un bien joli récit, des photos superbes, de très belles rencontres….un projet de vie (40 jours) dans une forêt en ermite, tu sembles avoir trouver le bonheur et un équilibre, chose rare de nos jours malheureusement pour le commun des mortels. Vivre en ermite demande une discipline de tous les jours pour ne pas devenir fou ! (comme disait un écrivain célèbre parti pour 6 mois en ermite…), adopter un rythme de vie avec des occupations journalières immuables, et tu as des livres pour compagnons.
    En tous cas un beau projet, et la réalisation d’un rêve, c’est déjà énorme !
    prend soin de toi et au plaisir de lire ton récit d’ermite….
    Alain

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