Partie 1 : Il était une fois dans l’est

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Mon père et mes deux sœurs disparaissent du hall de la gare. Un coup sourd dans la poitrine me fait réaliser que le coup de départ est lancé. Un départ ? Le troisième et le dernier de ce long voyage à pied autour de l’europe.

Mon car pour Prague démarre à l’heure. Je regarde les paysages défiler le long des routes. Mes pensées sont au passé de ce que mes larmes discrètes le sont au présent. Dire que j’avais vingt ans lorsque ce projet de marche vint à moi. J’en ai plus de vingt-six désormais… Une image de ce jeune aventurier que j’étais me revient en tête tout d’un coup : Tout impressionné, fier, déterminé, heureux de partir comme cela vers l’inconnu. J’essaie de me rappeler de quel était mon état d’esprit alors à cette époque : Partir en était déjà un en soi, le faire à pied était pour ce côté puriste que je jugeais alors d’une grande importance, l’europe parce que pour un premier voyage il importait de ne pas voir trop grand, commencer par son propre continent me semblait être l’idéal, et puis le faire en compagnie d’un ami car autant se l’avouer, partir seul m’apparaissait comme assez terrifiant, tant au niveau débrouillardise qu’au niveau moral.

L’année de marche s’acheva, pleine d’incroyables souvenirs et rencontres faites. Je décidais alors de revenir en France afin de me faire une longue pause de plusieurs mois.

Le deuxième départ arrivant, je décidais cette fois de repartir seul, dans le but de comprendre et d’affronter cette solitude qui me faisais si peur et paradoxalement m’attirait si fort. J’avais l’intention de ne pas revenir avant d’avoir terminé mon périple, je partais selon moi pour environ deux ans de marche. Mais les hasards et péripéties rencontrés m’ont donné tort et au bout de treize mois je me rendais compte qu’un retour en France pour une année me serait bénéfique pour beaucoup de choses.

Je passais cette année dans une bulle d’un bonheur encore inconnu : Celui de la vie en sédentaire partagé avec un mélange bien dosé de collocation et de communauté. Ma belle caravane était disposée dans le jardin d’une grande maison à la campagne. Je partageais alors ma vie avec une douzaine d’autre personnes, tous autant différent les uns des autres. Il y avait des chiens, des chats, un cheval, des oies, des poules, des canards, il y avait un musicien d’une autre planète, un chaudronnier rêveur, il y avait un coiffeur d’arbres aux belles racines, il y avait une jeune ébéniste amoureuse de celui-ci, il y avait un conducteur de travaux ayant décidé de construire sa vie plutôt que des bâtiments inertes, il y avait une chercheuse alternative en quête de savoir-faire oublié, il y avait un masseur affrontant son passé, vivant son présent tout en rêvant d’un futur, il y avait ce sourire si bien disposé autour de ces deux yeux pétillants, possédant une aura d’apaisement si particulier, il y avait une dresseuse de tigres galopant et vivant sur la selle de son amie de toujours, il y avait une conteuse-teufeuse rythmant sa vie au son des basses enivrantes, il y avait une future institutrice, originaire et gardienne des portes de ces lieux. Il y avait un jardin, un potager, un poulailler, il y avait une bibliothèque, une cheminée ouverte, un atelier immense, il y avait un four à pain, une piscine-étang, des canapés observant les alpes, il y avait un flot de passants, des fêtes hors du temps, des journées tous ensembles. Il y avait des rêves, des projets, des vies, des chagrins, des joies.

Il y avait…

Quitter ce lieu regroupant désormais une véritable famille ne fut pas facile. Mais mon année en France était arrivée à son terme et la dernière partie de mon voyage me lançait des appels qu’il devenait difficile d’ignorer. Mon expérience de mes deux années de marche était indispensable pour cette partie-là : Reprendre en Tchéquie, atteindre la chaines des Carpates, la suivre par les montagnes jusqu’en Roumanie, puis rejoindre la Grèce avant de remonter par les Balkans, les Dolomites, les Alpes, jusqu’à Lyon, en France. Il y aura des montagnes, de la solitude, et de la nature, il y aura des rencontres, des imprévus , des aventures, il y aura des moments horribles, d’autres sans prix, ou encore des bénins, il y aura des doutes, des pleurs et des peurs, il y aura des rires, de l’amour et de la beauté.

Quel va être l’état d’esprit de cette année ? Je n’en suis pas encore sûr mais après avoir découvert et apprivoisé ma solitude la suite logique est de la tester, me mettre à l’épreuve. Evoluer en moyenne et haute montagne, apprendre à reconnaître les plantes sauvage, traverser des pays moins sécuritaires, quelle meilleure école pourrais-je avoir ?

J’estime mon itinéraire à environ cinq mille kilomètres ; partons disons sur une base d’un an et demi. Les chiffres ont cessé depuis longtemps de m’impressionner. Après tout ce n’est qu’une question de temps et de de volonté. Rien de plus.

Je repense à tout cela tout en essayant tant bien que mal de dormir dans ces satanés sièges inconfortables.

J’arrive à Prague le lendemain après-midi. Le point où je m’étais arrêté l’année dernière est à plus de deux cent kilomètres de la ville à l’est. Décidé à ne pas m’attarder dans la capitale plus de trente minutes je prends le premier train pour Olomouc. J’arrive dans cette ville en début de soirée mais il ne me faut pas moins de deux heures d’auto-stop afin d’atteindre le petit village du nom de Dvorce.

J’ai le cœur battant en me dirigeant vers ce bar auquel j’avais confié mon grand bâton de marche. Je me rappelle encore la tête de la serveuse lorsque je lui avait demandé de le garder jusqu’à mon retour. J’entre à l’intérieur. Zut ce n’est plus la même.

-Hi… I came there one year ago and I left my walking stick for… je commence.

-(Hey, je suis venus ici il y a un an. J’ai laissé mon bâton de marche pour…)

Le visage de la fille s’illumine d’un coup :

– O yes it’s you! my friend told me that I could one day see a traveler asking for a wooden stick !

-(O oui c’est vous! Mon amie m’a dit que je pourrais un jour voir un voyageur demandant son bâton en bois !)

Et elle revient accompagnée de mon vieil ami ayant vécu tant d’aventures en ma compagnie. Je suis tellement heureux que je tiens une véritable conversation avec ce bout de bois pendant près de cinq minutes.

La nuit tombante, je m’éloigne du village puis m’installe dans un champ en hauteur pour mon premier bivouac.

En posant mon sac à dos à terre j’ai une pensée come quoi je pense avoir réussi cette année à atteindre l’équipement parfait. Beaucoup d’erreurs et d’observations, des heures de bricolage et de couture, et deux ans de voyage m’ont été nécessaires afin de me constituer cet attirail si parfaitement adapté à la marche-nomade.

J’ai passé énormément de temps ces dernières semaines afin de finaliser une foule de nouveautés notamment une grande sacoche sur mesure se clipsant sur le côté gauche de la ceinture ventrale du sac, cela permettant de disposer d’une grosse poche pouvant contenir les plantes sauvages ramassées dans la journée, des vêtements, de la nourriture…

Mon matériel est quasiment le même que l’année dernière ; Le changement est un nouveau sac de couchage dont le ratio poids- température de confort m’a séduit au plus haut point, des livres sur les plantes et les arbres, une montre altimètre, un trépied appareil-photo en carbone, ainsi qu’une tente en forme de tipi dont le grand avantage est de pouvoir économiser sur le poids du piquet central en utilisant tout simplement mon bâton de marche.

Une fois mon sac sur mon dos j’ai réfléchi et aménagé désormais une accessibilité directe à pratiquement tout ce dont je peux avoir besoin en journée. Cela m’évite ainsi de devoir sans arrêt poser mon fardeau de vingt-cinq kilos à terre pour le remettre sur le dos cinq minutes après. D’une part c’est fatiguant et d’autre cela l’use beaucoup plus.

Mais trêve de bavardages matérialistes et repassons au présent !

A nouvelle tente, dit nouvelle organisation à l’intérieur. Celle-ci  ne disposant pas d’abside d’entrée, il va me falloir quelques jours afin de m’y habituer.

J’écris la première page de mon cinquième carnet de route. Pour chaque nouveau jour j’y note la date, le nombre de journée de voyage depuis la dernière reprise, le kilométrage marché dans la journée ainsi que le total depuis le début, total qui en est exactement à dix-milles sept-cent quatre-vingt-dix-sept kilomètres.

Je me couche rapidement, ravis d’avoir pu arriver jusque-là en une journée. Avant de plonger dans un profond sommeil je me dis finalement que le plus dur et éprouvant dans ce voyage, ce n’est pas la marche ou les péripéties qui suivent, mais bien tout ce qui précède cela, à savoir la préparation, les adieux et les moyens motorisés pour reprendre les chemins.

Malgré le beau temps, l’ambiance est au triste le lendemain matin. Je pars avec une petite douleur au cœur semblant me dire « mais qu’est-ce tu fous là ? ». Règle numéro un : ne pas ignorer cette voix, en prendre conscience tout en la comprenant, mais ne jamais la laisser envahir ces émotions. J’estime à une quinzaine de jours la « remise en bain », cela tout autant au niveau physique que moral.

Je passe la journée à marcher sur des sentiers, des petites routes de campagnes, à me perdre dans des forêts, à traverser des champs pour éviter le bitume ennuyant. Plusieurs biches étant tranquillement couchées dans les hautes herbes, elles s’enfuient au dernier moment tout en me faisant sursauter. Je poursuis jusqu’à vingt heures et établis mon campement tout en étant bien épuisé. Trente kilomètres ont été suffisant pour me donner de grosses douleurs aux genoux, hanches et pieds. Je m’aperçoit que plus de la moitié des coutures d’attaches basses de ma tente sont en train de lâcher. Aiguille et fil à la main je répare cela en moins d’une heure tout en grommelant intérieur que « à cinq-cents euros la tente, ils pourraient au moins la renforcer à ces endroits ! ».

J’allume mon petit feu et prépare ma tambouille dans mon réchaud à bois artisanal en aluminium. Qu’est-ce que ces gestes m’avaient manqué en fait. Je me délecte de silence et de riz au curry-herbes de provence.

La chaleur me réveille très tôt. Je pars tout courbaturé pour m’arrêter douze kilomètres plus loin dans une forêt. Mon livre électronique dont j’ai pris un soin tout particulier à m’organiser une véritable bibliothèque à l’intérieur m’apprend les bases de la pression atmosphérique que j’aurais à savoir en montagne afin de me repérer grâce à ma montre altimètre. Pouvoir prévoir le temps avec le baromètre transforme ce petit objet en une véritable station météo portative ; A condition bien sûr de savoir interpréter les chiffres tout en tenant compte si l’on est en mouvement ou immobile.

Une pénible grimpette sur une route déserte m’emmène sur un plateau où je traverse un beau village bien du pays. Les habitants sont soit en train de bricoler autour de leurs maisons, soit à s’occuper de leur potager. Un couple de retraités m’invite à entrer chez eux, ils ne parlent pas anglais mais cela ne semble pas les décourager. On me sert une pinte de bière forte, un café immonde ainsi que des tartines de gras de viandes. Ils sont heureux et je le suis aussi. Les mîmes et l’harmonica remplacent alors toute les conversations. Je repart bien bourré avec un gros sandwich à emporter.

Une averse arrive alors que je redescends le plateau. Je vis alors ma première « crise de bonheur ». Ce genre de « crises » me sont aussi chère que le sont les paysages ou une nuit en forêt. Elles arrivent comme cela, incontrôlables et puissantes ; Mon bâton se met alors à tournoyer, ma bouche à hurler des chansons sans queue ni têtes, et mes pieds à danser au rythme de mes pas. Je rigole de ce bonheur retrouvé, je pleure un peu de ma liberté encore difficile à réapprivoiser.

Je dépasse de nombreux villages puis m’arrête pour la nuit au beau milieu d’un immense champs. Comme à chaque soir je me lave le corps à l’aide d’une petite éponge ronde. Un demi verre d’eau me suffit amplement à enlever le sel de la journée accumulé. Les montagnes des Carpates m’apparaissent tout au loin, de gros et hauts nuages les recouvrent ; De terribles orages ont lieu là-bas. Des dizaines d’éclairs façonnent à intervalles irréguliers le ciel sombres par de puissantes zébrures de lumières. Les nuages formant comme une sorte de barrières sont alors illuminés pour l’espace d’une seconde. Je suis hypnotisé de longues minutes par ce spectacle terrifiant.

Le soleil tape dur le lendemain et la lourdeur de l’air me fait avancer lentement. Je coupe à travers de nombreuses collines afin de rejoindre les villages. Les orties deviennent mes pires ennemis l’espace de quelques heures. Que mon sac est lourd mais qu’il est lourd… Vivement que mon corps en soit habitué.

Je campe dans la forêt, après avoir suivi une piste cyclable traversant des monts tout en forêt. Je fais trempette dans un petit ruisseau tout en lavant mon unique caleçon.

Je mange de nouveau la même composition de repas comme depuis trois jours. Et je l’apprécie toujours autant. La magie du nomadisme offre ce genre de « pouvoir de contentement » dont le sédentarisme ne peut en aucun cas rivaliser. Je retrouve mon cher Jack London ce soir, à travers « L’amour de la vie », cette fabuleuse nouvelle dont je découvre à chaque relecture une nouvelle chose.

Il pleut tout le matin. Cela me donne une bonne excuse pour rester dans mon sac de couchage jusqu’à midi.

Je parcours la piste cyclable sur plus de quinze kilomètres ; Je m’emmerde à mourir pendant trois heures. Que j’ai hâte d’entrer en montagne, que j’ai hâte de quitter ces campagnes. Il me faudra surement encore une dizaine de jours pour les atteindre. Cela sera le temps nécessaire afin de me remettre en forme.

Je dépense mes dernières couronne tchèque le lendemain. Je vais désormais jongler entre la Slovaquie et la Pologne. Je me vide de mon énergie à grimper cinq cent mètres positif d’une petite montagne. Mon sac est-il à ce point si lourd ou est-ce simplement moi qui soit si faible ? Ou les deux ?

Une rivière me donne l’occasion de faire une lessive. Afin de sécher les vêtements, pour le peu que j’en possède, je n’ai pas trouvé meilleure combine que de les remettre simplement sur mon corps. Cela rafraîchit et c’est sec en moins d’une heure.

Le sommet ne me laisse aucune possibilité d’apercevoir le paysage tant les arbres sont nombreux. Je redescend de l’autre côté, puis établis mon campement sur une hauteur, entre deux petites rivières. Une baignade, un feu, un bon repas, une sieste ainsi qu’un repérage de mon futur itinéraire sur mes cartes finissent cette journée.

Je suis encore réveillé par ces questions de doutes qui m’envahissent malgré moi. «Cette vie de solitaire n’est pas faites pour toi…», «Tu ne crois pas que tu perds ton temps à marcher…», «Tu pourrais être en train de vivre tellement autre chose…». Il m’en faut heureusement un peu plus pour me décourager.

Je grimpe d’autres montagnes voisines, les descends, en remonte d’autres. Un orage arrive en fin de journée. Un fermier me jette de sa propriété lorsque je lui demande de me remplir mes bouteilles d’eau, le suivant m’offre deux shooters de son eau de vie maison. Agen et fatigué, je repars en zigzaguant puis plante ma toile de tente à l’orée d’un bois. Je m’endors après mon repas pour me réveiller vers minuit. Impossible de me rendormir par la suite. Je sors observer le ciel étoilé puis lis le reste de la nuit.

Je marche désormais au niveau de la frontière Tchèque et Slovaque. Les sentiers sont magnifiques, les dénivelés sont moindres et il n’y a personne. Je découvre de formidables champignons amadouvier. Je les découpe au couteau puis prélève la partie qui m’intéresse. Une fois séchés ils se révélerons de parfaits amadous (d’où le nom) pour allumer des feux par friction.

Une grosse pluie me tombe dessus. Je patiente une heure sous les branches d’un arbre avant de comprendre que cela ne s’arrêtera pas. Ayant la flemme de mettre mes gore tex je me contente de ma cape de pluie. Je me retrouve deux heures plus tard à descendre la forêt sous des litres d’eau, mes pieds baignant dans de véritables piscines… Cela m’apprendra à ne pas m’équiper lorsqu’il le faut. Je n’ai plus rien à manger ce soir, mes affaires sont complètement trempées et un nerf du dos bloqué me fait souffrir le martyr lorsque je m’allonge.

J’atteins Mosty u Jablunkova le lendemain matin. J’achète quelques victuailles puis repars en forêt. La pluie n’a pas cessé depuis hier et je suis bien démoralisé. Ça monte pas mal, je transpire dans mes différentes couches imperméables. Deux kilomètres à traverser un champs d’herbes hautes entreprends de finir de tremper mes chaussures dont j’avais plus ou moins réussi à sécher le plus gros la veille. J’arrive à Cierne après une marche épuisante et pas du tout agréable. Je suis fatigué, trempé et vraiment gelé. L’entrée d’une église fermée m’offre deux heures de répit. Je me suis offert une grosse tablette de chocolat mais je n’ai même pas faim tant j’en est marre. Je quitte le village et continue la marche deux longues heures tout en montée. A seize heures je n’ai parcourus que vingt kilomètres mais je jette l’éponge et monte ma tente sur une colline. Je découvre une nouvelle technique pour me doucher à l’intérieur sans verser la moindre goutte sur le tapis de sol. En plus de mon mal de dos j’ai un furieux torticolis m’obligeant à devoir rester couché dans une seule position. Décidément cela n’arrange pas mon moral déjà bien entamé.

Mais après la pluie vient le beau temps ! Le soleil qui m’accueille au matin est suffisant pour commencer à sécher mes affaires détrempées. Je pars heureux comme un pape, la « boule au ventre matinal » comme je l’appelle désormais, est de moins en moins puissante. Le mode nomade est en réactivation lente.

Je dévore un morceau de saucisse et un bout de pain dans une prairie. Mes panneaux solaires se gorgent de photons tandis que je me délecte à la vue d’un troupeau de moutons dirigé avec fermeté par un magnifique border collie suivi de près par le berger.

Je me perds un peu en voulant couper à travers la forêt mais parviens à retrouver le chemin. Je tombe sur un véritable champs d’ail des ours alors que je traverse une grande hêtraie. Mes sens olfactifs sont en émois de ces senteurs. J’avais appris que l’on trouvait ces plantes regroupées de la sorte mais sur une telle surface j’en reste vraiment impressionné. Je monte jusqu’à mille deux cent mètres. Il y a un refuge construit mais je poursuis la marche encore un peu avant de tomber sur un coin paradisiaque. La tente est plantée, le feu est lancé et je reste devant à l’observer tout en profitant de la vue sur l’horizon. Je finis mon chocolat tout en lisant un livre. C’est malin maintenant je n’ai plus que du porridge… Je n’ai jamais été un as du rationnement. Manger avant et réfléchir ensuite…

Je suis la crête toute la journée du lendemain. Cela monte et descend sans arrêt, je suis épuisé par de tels efforts. Et comble de malchance, la forêt est toujours présente et n’offre aucune visibilité . C’en est frustrant de marcher autant pour ne rien voir.

Moi qui n’avais aperçu que deux personnes depuis la veille, voilà qu’une quarantaine de polonais arrivent alors que je fais la sieste sur le point culminant de la journée. Il sont en « sortie d’entreprise» me disent-ils dans un anglais très approximatif.

-You are french ?! Well done for the match !! dit l’un d’entre eux.

A oui la coupe d’europe… Je sens que je vais en entendre parler longtemps cette été.

J’ai à peine le temps de dire mon prénom que déjà une femme à sortit les shooters en verre ainsi que deux bouteilles de vodka à la cerise.

-Na zdrowie !

Le liquide me brûle le gosier mais réchauffe mon cœur. Ils s’en vont après m’avoir fait avaler deux autres tournées. La Pologne m’avait manqué en fin de compte.

C’est la troisième fois en moins de dix jours que je repars bourré en pleine journée. Je transpire comme un chacal dans une montée abrupte qui m’occupe presque trente minutes. Ça glisse, je me retrouve à terre de nombreuses fois.

Mon genoux droit est affreusement douloureux depuis hier. Je décide de redescendre dans la vallée plutôt que de continuer par les hauteurs. Je me console en me disant que tous les paysages seront restés cachés de toute manière. Une fois revenus en bas, je suis une vieille route me faisant traverser un beau petit village plein de vie. Je discute quelques temps avec une bande d’amis parlant un très bon anglais. Je marche deux heures de plus tout en suivant la route sinuant à travers de magnifiques collines. Je suis fasciné par la qualité de constructions des maisons en bois. Les assemblages, les idées, les techniques, tout semble avoir été fabriqué avec un grand savoir-faire.

J’arrive au village de Zakamene le lendemain matin. L’épicerie est fermé, A oui c’est vrai que c’est dimanche… Et bien ça risque d’être assez frugal jusqu’à demain !

Je marche depuis vingt kilomètres sur une grosse route au trafic incessant. C’est pénible et usant. Un orage arrive alors que j’arrive aux abords d’un lac cerné de toute part par des villas de riches, des hôtels luxueux et des campings. Une formidable pluie s’abat sur moi, je m’abrite sous un abri de pêcheur le temps de l’averse. Je passe là un bon moment, tout en écoutant de la musique sur mon mp3. Je quitte enfin cette satanée route pour couper à travers une colline. Le soleil est revenu et malgré ma fatigue, je suis heureux une fois en haut. J’aperçois un petit village près d’une large rivière en contrebas. Il me faut moins d’une heure pour l’atteindre et à peine dix minutes pour établir mon campement près du rivage. Je retrouve désormais les gestes d’automatisme propre à mon nomadisme. Monter la tente, sortir les affaires pour la nuit puis les installer à l’intérieur, partir chercher du bois, me laver à l’éponge, sécher les affaires humides, allumer le feu, faire le repas, manger lentement, refaire chauffer de l’eau pour un thé, lire un peu, écrire le récit de la journée sur le carnet de route, écouter une musique douce, puis plonger dans le sommeil. Qui a dit que la vie se devait d’être compliqué ?

Ça y est je ne ressens plus du tout la boule au ventre du matin. C’est une première étape de dépassée. Il ne reste plus que le physique à finir d’adapter, ce qui devrais arriver dans les prochains jours.

Je suis la rivière qui m’emmène au grand village de Tvrdosin. Je rencontre un groupe de français vadrouillant en camping-car. L’un d’eux prend mon contact pour d’éventuelles conférences à mon retour.

J’atteins la chaine des Carpates normalement demain. Je débute par son plus grand et majestueux massif : Les Tatras. Cela fait quinze jours que je ne fais que d’y penser, détaillant les cartes, me préparant un itinéraire. Je rentre là dans de la haute montagne, l’effort physique à fournir sera très important mais je reste très confiant au niveau de mes capacités. Je pars faire les courses pour cinq jours d’autonomie. Je me rappelle lorsque qu’en Scandinavie je portais presque trente kilogrammes sur le dos lorsque l’on partais pour une huitaine de jours. Je prenais trop, aussi bien dans les quantité que dans les variétés.

J’ai désormais une règle pour les rations d’autonomie. La règle du trois fois deux-cents grammes, soit du six-cent grammes par jour. Les deux premiers repas de la journée sont composés de muesli et de lait en poudre et le soir de semoule, purée, ou de pâtes. La semoule et la purée possédant l’avantage de pouvoir se préparer avec simplement de l’eau froide. Des épices, de l’ail, et éventuellement de l’huile d’olive peuvent venir compléter le repas du soir.

Je reste deux heures dans un bar afin d’utiliser internet. La météo pour les prochains jours semble être assez optimiste.

Je quitte la ville avec mon sac pesant près de vingt-six kilogrammes. Je m’enfonce de quatre kilomètres dans une montagne étrangement sauvage puis campe près d’un petit ruisseau. Que je suis heureux tout d’un coup, la nuit tombe lentement tandis que mon feu fini de cuire ma soupe de pâtes. J’hurle comme un loup pendant dix minutes. Ma voix grave résonne à travers la forêt tandis que je chante ensuite tout mon répertoire de chansons. Que c’est bon de se laisser aller à ces envies sans avoir à se soucier du moindre dérangement que cela pourrait causer.

Après les retrouvailles avec ma solitude, voici que je retrouve cet état d’esprit impossible à ressentir autrement que dans la marche nomade. La recette est en réalité assez simple, mais en même temps très difficile à obtenir : Une liberté extrême, pas de problème physique, un esprit libéré, un fil d’Ariane flexible mais incassable, de la nature et tout cela mixé dans un grand bol de simplicité.

Ce soir je regarde sur mon petit ordinateur l’épisode six de game of throne que j’ai réussi à télécharger dans le bar tout à l’heure. Décidément il existe des plaisirs dans cette vie dont je ne pourrais jamais me lasser.

Je pars de bonne heure ; Il n’y plus de sentiers, j’évolue à travers la végétation qui ne facilite pas mon avancée. Cela monte très abruptement, je transpire à grosses gouttes jusqu’à ce que je réussisse à atteindre la crête. Je cris de joie en apercevant les premières montagnes des Tatras qui se dessinent au nord-est. Qu’elles sont belles ! Qu’elles sont grandes !

Je me repère enfin sur la carte puis me rends au village de Zuberec en moins de deux heures. Celui-ci est assez grand pour avoir un office de tourisme ouvert ; Je m’y rend afin de me renseigner sur la météo. Il me faut me retenir ardemment afin de ne pas embrasser la femme lorsqu’elle m’informe que le parc national ne sera ouvert que dans quelques jours. La montagne sera pour moi durant tout ce temps !

Il est seize heure lorsque je me décide à partir à l’assaut de la première grimpette de neuf-cent mètres positif.

Le gros problème que je risque d’avoir pour la partie ouest du massif est l’eau. Les lacs et rivières ne sont pas nombreux du tout et je risque de devoir faire de grosses étapes si je ne veux pas en manquer.

Je traverse une grosse forêt puis m’élève progressivement à travers un petit chemin grimpant très abruptement. Deux bonnes heures me sont nécessaires avant d’arriver à mille-six-cent mètres. Je suis aux anges face à tant de beautés autour de moi. J’aperçois la rivière en bas repérée sur ma carte tout à l’heure. L’endroit est digne d’un paradis : Le cours d’eau traverse un regroupement de petits arbustes, une belle herbe recouvre le sol, c’est plat et plusieurs hauts sommets enneigés entoure ce merveilleux coin. Mon tipi érigé, je me lave à grande eau dans la rivière glacée tout en hurlant mon bonheur :

-EST-CE QU’IL Y A QUELQU’UN ??!!!!! PERSONNE M’ENTENDS ?! ET BIEN C’EST PARFAIT !!!!

Crier sa joie est tellement libérateur, il n’y pas de jugement de la part d’autrui, pas de gêne à se retrouver à poil dans la nature tout en gueulant comme un forcené à moitié immergé dans l’eau.

Je soleil décline lentement tandis que je profite de ces derniers rayons allongé dehors sur mon matelas. La sensation de bien-être que je ressens est puissante. Ma solitude se perçoit dans ce silence et résonne au fond de moi tel un gong aux multiples sonorités. L’unique est là, tout autour de moi, chargé de tout un incroyable panel d’énergies.

Je réussi à trouver assez de bois pour me faire cuire mes pâtes. Une phrase de William Blake lue la veille me revient tout d’un coup à l’esprit. Je la chuchote à voix basse alors que les teintes orangées prennent peu à peu possession des alentours :

« Voir un monde dans un grain de sable, un paradis dans une fleur sauvage, tenir l’infini dans la paume de sa main, et l’éternité en une heure »

Je m’endors bercé par le son de la rivière.

Je me fais la réflexion en me levant ce matin que mes douleurs aux genoux ont complètement disparus. A bien me rappeler j’avais eu exactement le même problème lors de mon deuxième départ, alors que je traversais les interminables pistes et routes de Finlande.

Je décolle en milieu de matinée, cela la faute à un certain Ken Grimwood et son formidable roman s’intitulant « replay ». Imaginez lorsqu’à chaque fois que vous atteignez les quarante-quatre ans vous mourez puis revenez à l’âge de votre jeunesse, cela à l’infini, sans aucun moyen d’en comprendre la signification à ce phénomène. C’est encore tout bouleversé par la fin que je gravis l’immense crête dégagée. L’horizon offre un panorama fantastique. Je m’arrête presque toute les dix minutes afin de sortir mon trépied et mon appareil photo.

Devant moi s’étale une véritable vue de carte postale. Je surplombe les montagnes aux pics rocheux qui semblent s’étirer sur un espace sans fin. Le silence qui règne à travers ce vide est presque oppressant tant je n’en suis pas habitué. Je me sens tellement petit.

Je poursuis mon avancée pendant près de trois heures avant de m’arrêter sur un sommet pour ma pause. Tout est extrêmement bien balisé et il faudrait vraiment être le derniers des aveugles pour réussir à se perdre. La marche se transforme par moment en de l’escalade. Tout n’est que roches et cailloux, il faut monter, descendre, essayer tant bien que mal de suivre la voie. Il est quinze heures passé lorsque je me rend compte qu’il me reste au bas mot six heures de marche si je veux atteindre le seul point d’eau présent. Ces six heures représente à peine trois kilomètres de crêtes sur la carte mais ce n’est que de la parois rocheuse. Je m’engage le cœur battant pour l’ascension. La première heure est éprouvante, les suivantes le sont au centuple. Je dirais que sans sac à dos et avec une bonne forme physique cela reste très difficile. Mon fardeau de vingt-cinq kilos et mon bâton que je dois tenir me mettent dans des situations très dangereuses. Les arêtes rocheuses ne disposent que de très peu de prises, il faut alors par moment oser se pendre et descendre en rappel sur de longue chaines disposés le long de certains passages ; Combien de fois ai-je sentis mon bâton me glisser des mains ou encore mon sac à dos me déséquilibrant en direction d’un vide de trois-cent mètres. J’ai très peur mais tâche de rester concentrer sur chaque geste et pas. Je n’imaginais pas du tout une telle difficulté. Les heures passent sans que je ne les voient défiler. A la moitié du chemin je souffle quelques minutes sur une névé. Je n’ai pas le droit à l’erreur pour les trois prochaines heures.

Je dépasse les deux-mille deux-cent mètres, ma lutte se poursuit jusqu’à la tombée de la nuit ; Se pendre aux chaines m’est devenu insupportable tant j’ai du mal à tenir le poids de mon sac tout en conservant mon bâton. Je tremble des bras et des jambes, je suis frigorifié et j’ai une faim de loup.

Tout autour les paysages sont proche de l’irréel. Tout épuisé et transpirant que je suis-je ne peux m’empêcher de m’arrêter par moment et de me perdre devant ce spectacle sauvage.

J’entame la dernière paroi, pourquoi est-ce qu’il faut que soit la dernière qui soit la plus dure ?

Les descentes le long des roches sont les plus délicates, je m’écorche les mains et les jambes à tenter de m’agripper lorsque je me sens partir.

Suspendu à une énième chaines, mes bras agités de gros tremblements, je me surprend à sourire du fait de cette situation.

-Allez Jérôme, avoue que t’adore cela !

La sensation d’« être » est présente. Le moment est vécu dans toute son intégralité. Je me sens tellement faible dans cette puissance immobile. Ce n’est pas de la joie ou du bonheur, non c’est un ressenti tellement fort qu’il n’existe pour moi aucun mot le définissant.

J’arrive à vingt heure trente à la fin de ce calvaire. Le vent me souffle un glacial réconfort tandis que je pousse un hurlement de victoire se répercutant en écho à travers chacune des parois escaladées.

-MAIS QUE C’EST BONNNNNNNNNN !!!!!!!

Ma récompense dépasse tout ce que j’ai pu vivre auparavant. Un soleil couchant d’une rare beauté enflammant le ciel et les nuages d’une myriades de couleurs ocres. Les différentes teintes se reflètent à travers chaque montagnes que j’aperçois. Je ne tiens à peine debout mais je ne peux m’empêcher de faire des remerciements pour cette journée si forte. Remercier qui ? J’ai toujours eu une forte répulsion pour tout type de religions existantes. L’humain est décidément le seul animal assez sot pour s’inventer des dieux invisibles lui permettant de combler la moindre de ces questions tout en lui permettant de garder un pied sur l’autoroute du dénis.

Il y a des choses tellement plus simples, plus puissantes, plus facile d’accès. C’est celles-ci que je remercie ce soir.

Après quelques minutes à faire de beaux clichés, je rejoins le lac convoitée. L’eau est étrangement tiède et je m’y baigne quelques minutes. Il fait très froid par contre une fois à l’air libre. Je n’ai pas le courage de manger tant je suis transcris de froid. Il me faut près d’une heure afin de me réchauffer dans mon sac de couchage. J’écoute de la musique dans un état proche de l’extase. Je suis vidé de toute mon énergie, je n’ai plus la force de faire le moindre mouvement. Et pourtant que je me sens tellement vivant et alerte.

Je me réveille le matin presque autant crevé que la veille. Mes jambes sont lourdes. Le ciel est menaçant et de grosses averses m’empêchent de partir avant douze heures trente. J’ai quelques hésitations au niveau de mon itinéraire de la journée ; Soit je passe par le fond de vallée, soit par les crêtes. Au niveau de la durée c’est du quitte ou double. Une éclaircie arrive, ce qui suffit à me décider à prendre par les hauteurs.

La marche est bien plus facile que celle d’hier, c’est un bonheur sans pareil que j’éprouve à suivre la voie. Les paysages tout autour sont sublimes : des lacs scintillants, des lignes de crêtes, des rivières coulant au loin, des névés sur le haut des plus grosses montagnes. Il y n’y a absolument personne aux alentours, j’ai l’impression d’être sur une autre planète.

En fait ce n’ai pas forcément la marche en elle-même que j’aime tant mais plutôt cette immersion dans celle-ci.

Quatre heures de marche plus tard je fais une pause sur un sommet à deux milles deux cents mètres, dans un épais brouillard. Je suis impressionné de la forme physique que je possède malgré l’épreuve d’hier. Les petits maux et crampes des deux premières semaines font partie désormais du passé. Enfin mon corps retrouve sa force réel.

Un abri de cailloux me permet au moins d’être à l’abri du vent. Le mauvais temps arrive peut après, l’orage est tout près et gronde de fureur à mon arrivée. J’ai à peine le temps d’enfiler mes gore-tex que la pluie s’abat sur moi avec violence. Je poursuis comme cela quelques temps puis entame une longue descente de près de neuf-cent mètres. La pluie ne s’arrête pas et je marche près de trois heures jusqu’à enfin trouver un endroit où planter la tente. J’ai les articulations des genoux en compote à force des dénivelés et mes jambes tremblent de nouveau tant je suis fatigué. Lessivé par cette journée je me contente de rester à somnoler sous ma tente en entendant la pluie se déverser tout autour de moi.

J’ai beaucoup de pensées pour mes amis et ma famille en France. C’est toujours difficile de repartir seul. Une chose des plus durs dans ce voyage entrecoupé de retours sédentaires est lorsqu’une fois de nouveau nomade il faut accepter de mettre en pause sa vie. Les projets et rêves doivent alors en quelques sortes hiberner.

Le soleil est là au matin et je pars tout faible.

Le fond de vallée que je traverse est une véritable autoroute de touristes. Moi qui n’est aperçu aucune silhouette depuis trois jours, voilà qu’une foule de personnes gambade tout autour de moi. C’est beaucoup d’un coup.

Des refuges sont pris d’assaut, des WC chimiques sont disposés tous les kilomètres, des calèches tirées par des chevaux sont proposées en taxi. Je reste un peu blasé de ce spectacle et fonce vers la sortie sans plus attendre.

Deux heures plus tard j’atteins la route goudronnée. De grands panneaux indiquant l’entrée dans le « Parc national des Tatras » sont placardés un peu partout. Il est « apparemment » interdit de quitter les sentiers, faire du feu et dormir sous la tente. Cerise sur le gâteau, l’entrée est payante ! Voilà donc pourquoi il y a autant foule, du moment que la chose est payante, cela doit forcément être fantastique, ils doivent se dirent… Doit-on leur préciser que quatre heures de marche sont nécessaires afin de commencer à apercevoir la vraie magie des montagnes…

Je marche sur la route en direction de la ville de Zakopane, qui est un peu le Chamonix des Alpes.

Le style architecturale est unique dans cette station de montagne. Je reconnais là une grande influence de l’art nouveau à travers des formes courbes et beaucoup de motifs floraux. Les maisons sont apparemment réputées dans toute la Pologne et valent de véritables fortunes.

Je trouve rapidement une auberge de jeunesse, prend le lit en dortoir le moins cher, reste une heure sous une douche brulante, puis m’endors quelques heures. Je ressent la fatigue de ces vingt premiers jours à travers tout mon corps. Je compte me reposer quelques jours avant de reprendre la partie est des Tatras ; La plus longue et la plus belle à en voir les cartes et en entendre les dires.

Je découvre la ville le lendemain à travers de belles rues animées et de beaux monuments. Le tourisme de masse est très présent, les marchands « d’artisanat locaux », vendent tous les mêmes babioles et autres « spécialités », dont un affreux fromage sec ultra-salé dont j’ai tôt eu fait de regretter cet achat.

J’ai la grande surprise d’apprendre que Agata, une adorable polonaise m’ayant accueillie l’année dernière en couchsurfing à Poznan, est actuellement à Zakopane pour le week-end, et de ce fait logeant à moins de cinq-cents mètres de mon auberge. Les retrouvailles sont vraiment géniales, cela fait si bizarre de la revoir après tous ce temps.

Nous décidons de partir camper le lendemain soir à l’entrée des montagnes.

La recette de la soirée est douce et simple : Un grand feu, des saucisses grillottant, des chants, de l’harmonica et de belles discutions au milieu de cette nature.

Agata parle un excellent Français, nous nous racontons chacun nos vécus de cette années, nos difficultés, nos réussites, nos joies, nos projets.

Elle s’en retourne chez elle le lendemain matin. Le monde est décidément tellement petit.

Je décide de partir dès le lendemain, la météo est apparemment catastrophique mais cela aura surement le temps de changer. Quelques heures de bricolage me sont nécessaire afin de renforcer certaines parties de mon équipement. J’adore ce genre de moment précédant de dures étapes.

Je pars cette fois pour au moins sept jours d’autonomie ; j’achète de la nourriture pour huit au cas où. L’eau ne posera plus problème cette fois, le plus dur restera dans l’ascension du mont Rysy, le point culminant de la Pologne. Je ne suis pas du tout équipé alpinisme, mais je n’ai pas trop le choix car c’est le seul passage afin de me rendre dans la partie Slovaque. Cela promet d’être grandiose.

Il y a foule dans mon dortoir : Un ronfleur professionnel passant ses journée à dormir, un couple de polonais pas très bavard, une bande d’italiens un peu péteux, un randonneur très sympas mais très vite repartit et une japonaise dont je n’ai à peine put voir les pupilles de ces yeux tant ces dernières ont été constamment fixés sur son smartphone.

Il me faut une heure trente de marche le lendemain afin de rejoindre les montagnes. Une petite décharge électrique me parcourt le corps au moment où je m’engage dans le sentier sinueux et montant. Cette décharge qui m’accompagne depuis tant longtemps déjà.

 

Jérôme

Programme des dernières semaines avant le nouveau départ : Rassemblement du matos et repérage sur les cartes

Programme des dernières semaines avant le nouveau départ : Rassemblement du matos et repérage sur les cartes

Le contenu de mon sac à dos

Le contenu de mon sac à dos

La quatrième paire de chaussure de ce voyage...

La quatrième paires de chaussures de ce voyage…

Ma grande caravane

Ma grande caravane

Rangement de ma caravane dans laquel j'ai vécu

Rangement

Mes colocataires de cette années en France

Mes colocataires de cette années en France

Et je retrouve mon bâton de marche !

Et je retrouve mon bâton de marche !

Premier bivouac dans ma ma nouvelle tente

Premier bivouac dans ma ma nouvelle tente

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De curieux champignons

De curieux champignons

Les montagnes restent assez basses

Les montagnes restent assez basses

Je retrouve mes gestes de nomades

Je retrouve mes gestes de nomades

Beaucoup de petites orvet le long des chemins

Beaucoup de petites orvets le long des chemins

Deux jours de pluie me ruinent le moral

Deux jours de pluie me ruinent le moral

Mais après la pluie vient le beau temps

Mais après la pluie vient le beau temps

De magnifiques amadouviers

De magnifiques amadouviers

Je découpe les parties utiles, à savoir l'amadou.

Je découpe les parties utiles, à savoir l’amadou.

L'ail des ours

L’ail des ours

Je me réadapte à la marche à travers de belles petites montagnes

Je me réadapte à la marche à travers de belles petites montagnes

Beaucoup de solitude et de nature ces premières semaines

Beaucoup de solitude et de nature ces premières semaines

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La Slovaquie possède un jolie charme

La Slovaquie possède un jolie charme

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Et le montagnes des Tatras m'appararaissent enfin !

Et les montagnes des Tatras m’apparaissent enfin !

Bonne nouvelle : Le parc est fermé pour encore quelques jours; J'aurais donc les montagnes pour moi tout seul !

Bonne nouvelle : Le parc est fermé pour encore quelques jours; J’aurais donc les montagnes pour moi tout seul !

La marche d'approche est sublime

La marche d’approche est sublime

Campement dans ce coin paradisiaque

Campement dans ce coin paradisiaque

Je découvre le lendemain l'étendue de ces montagnes

Je découvre le lendemain l’étendue de ces montagnes

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Les chemins sont très bien balisés donc aucun soucis au niveau de se perdre

Les chemins sont très bien balisés donc aucun soucis pour ce qui est de se perdre

La marche devient par moment de la véritable escalade

La marche devient par moment de la véritable escalade

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Je passe six heures vraiment éprouvantes à passer ces parois rocheuses

Je passe six heures vraiment éprouvantes à passer ces parois rocheuses

Les paysages pendant mon escalade me paraissent irréels

Les paysages pendant mon escalade me paraissent irréels

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Un magnifique couché de soleil en récompense de ces efforts

Un magnifique couché de soleil en récompense de ces efforts

Camper dans les Tatras est apparement interdit...

Camper dans les Tatras est apparement interdit…

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Je fais une pause à 2200m avant de redescendre dans la vallée

Je fais une pause à 2200m avant de redescendre dans la vallée

L'orage me surprend et il pleut durant toute la redescente. J'arrive exténué

L’orage me surprend et il pleut durant toute la redescente. J’arrive exténué

L'autoroute à touristes

L’autoroute à touristes

J'arrive à Zakopane, qui est un peu le Chamonix des Alpes

J’arrive à Zakopane, qui est un peu le Chamonix des Alpes

De très belles maisons sont construites dans ce grand village

De très belles maisons sont construites dans ce grand village

Le monde est petit : Agata, une polonaise m'ayant hébergé en couchsurfing à Poznan il y a de cela plus d'un an, se trouve pour le week en à Zakopane. Nous partons camper dans la montagne.

Le monde est petit : Agata, une polonaise m’ayant hébergé en couchsurfing à Poznan il y a de cela plus d’un an, se trouve pour le week en à Zakopane. Nous partons camper dans la montagne.

 

7 réflexions au sujet de « Partie 1 : Il était une fois dans l’est »

  1. Enfin ! Enfin je peux te lire ! Merci !
    Je ne sais pas si tu te souviens de moi, j’espère ! Tu as été mon chef scout un an ou deux et tu nous avais parlé un peu de ce projet, j’avais un peu oublié, mais l’année dernière je m’en suis souvenue et j’ai dévoré tous tes récits ! Depuis 15 jours je regarde tous les jours pour voir si tu as posté quelque chose ! Merci de partager ça avec nous, tu m’as appris de nombreuses choses et tu m’as rappelé l’immensité et la diversité de la vie, merci !
    Je suis contente que tu ai repris la marche, profite de cette dernière partie de ton superbe voyage !
    Corentine

    • Corentine ! Mais bien sûr que je me souviens de toi ! C’est une belle surprise en tout cas ton message, ça me ravive tout pleins de souvenirs de ce camp dans l’ouest lyonnais. Tu n’oublie pas qu’il y a toujours une capsule temporelle enterrée là-bas !

  2. Quel super parcours!
    Bonne continuation à toi.
    Juste une question:la tente tipi c’est « juste »pour le poids où il y a d’autres avantages?

  3. Hey Mickael ! Bonjour à l’équipe de Saga.
    Pour la tente tipi oui c’est tout d’abord une question de poids (je gagne presque un kilo comparé à l’ancienne). C’est aussi pour le confort car il y a un grand espace et la hauteur permet une grande liberté de mouvement à l’intérieur. Le seul inconvénient est qu’il n’y a pas d’abside d’entrée. Mais je m’y suis fais depuis. De plus le fait d’utiliser mon baton de marche en guise de mat centrale est assez sympas !

    • Salut Jerome!le bonjour des sagamen!
      Merci pour ta réponse!
      Oui c’est sur que 1kg en plus à porter tous les jours sur des dizaines de km c’est pas négligeable.
      Bonne route(ou chemin plutôt!) ,toujours un plaisir de lire tes « aventures »!

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