Partie 2 : De la terre à la neige

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« Mais à quoi tu penses lorsque tu marches ? »

Cette phrase mais alors qu’est-ce que j’ai pu l’entendre au cours de ce voyage. J’en suis à chaque fois désorienté au moment il me faut répondre tellement la question est générale et pleine de réponses différentes. Si je devrais l’expliquer d’une façon simple je parlerais de chaque année de marche comme ayant été une avancée initiatique sur le fil tendu de mes pensées. Soyons honnête je partais la première année presque à poil de valeurs forgées, sortant tout juste d’un long jacuzzi trop chaud m’ayant endormi l’esprit depuis bien longtemps. On pourrait peut-être penser que s’échapper de la piscine collective pour s’aventurer en « terra incognita » amène à des changements presque immédiats, que la « sagesse de vie » se pointera devant nous tout en nous soufflant des réponses. J’y ai presque cru en tout cas. Mais on ne fait que tâtonner au début, étant pressé d’atteindre un niveau encore trop élevé pour nous. Malheureusement le passé et le manque de tout ce que l’on vient de quitter est encore trop présent pour nous permettre de nous concentrer sur ce moment de l’instant. La marche nomade offre un vécu du chemin incluant des moments durs, éprouvants, désagréables. Comme tout se passe à pied il n’est jamais possible de fuir ou encore d’écourter ce genre de moments. Il faut les affronter si l’on veut avancer. Pourrait -on parler d’aventure initiatique ? je crois que oui. Toujours est-il que c’est dans ces moments que la pensée a devant-elle ces plus grandes épreuves. Je réalise que ma première année de marche ne m’a au final apporté qu’un grand nettoyage, un formatage qui me laissait repartir seul pour une deuxième année, mais cela toujours avec cette naïveté du jeune adulte voulant grandir trop vite. Je découvrais pour la première fois de ma vie, après quelques mois de solitude et d’épreuves, la notion d’instant présent. Bien que toujours autant naïf et enfantin je trouvais l’énergie et les moyens de me construire mes propres valeurs et ma propre personnalité à l’aide de rencontres, expériences et surtout de cette absence quasi-total d’influences extérieurs sur un mode de pensée en boite de conserve. Mes pensées ont cessé alors de trop se tourner sur le manque de mes proches et sur le rabâchement du passé.

Mais ces deux années de marche n’ont été que les étapes préliminaires pour cette dernière année. Après avoir été pessimiste à me cogner la tête à force de trop regarder à terre, optimiste à perdre l’équilibre à force de trop regarder en l’air, me voilà je pense sur le chemin du réalisme, qui me fait avancer le regard braqué sur l’horizon tout en me permettant de corriger ma trajectoire au fur et à mesure. Mon fil des pensées n’est désormais plus consacré aux manques des proches ou au passé mais à cette avancée en soi-même dont je ne connaissais avant que la bonne direction sans en avoir vraiment découvert le chemin.

Les rencontres ont pris de plus une autre priorité. Après un certain temps je constate que l’on ne voyage plus forcément pour rencontrer mais alors pour se rencontrer. Est-ce une forme d’égoïsme ? Peut-être mais c’est nécessaire. Demander l’hospitalité, marcher dans un environnement facile et sans danger, faire des rencontres à la pelle, tout cela a été vécu mille fois et je m’en suis grandement lassé. J’ai choisi pour cette année la compagnie des montagnes et je ne regrette pas une seule seconde ce choix.

L’approche de la ligne d’arrivée devient de plus en plus proche. Dans moins de deux mois l’azimut de mes pas indiquera l’ouest. J’entamerai alors le long chemin du retour. Je me surprends de plus en plus souvent à réfléchir sur le futur de l’après voyage, aux nombreux autres projets et rêves qui tremblent par moment d’impatience à l’idée de prendre forme. Je suis triste par moment à cette idée qu’un long chapitre de ma vie arrive vers sa fin. Mais à trop nager dans le même élément on finit par être trop à l’aise à l’intérieur de celui-ci et vient alors le temps de basculer dans un autre complétement différent.

J’arrive à la ville de Brasov sans avoir vraiment réussi à éviter dix longs et bruyants kilomètres d’une nationale au trafic routier insupportable. L’entrée et la sortie des villes sont toujours des moments difficiles. Je connais déjà la ville pour y avoir séjourné plusieurs jours il y a six ans de cela dans le cadre d’un projet compagnon des scouts de france. En déambulant dans la belle rue centrale pleine de touristes j’ai quelques flashbacks des souvenirs vécus ici avec mes amis.

Je reste en auberge de jeunesse deux jours durant. J’en profite pour renforcer mon matériel, laver mon sac de couchage puant ainsi que de trier mes quelques 1500 photos du mois. J’ai beaucoup d’hésitations quant au fait de devoir changer mes chaussures de marche. Certes elles n’ont pratiquement plus de semelles, elles prennent l’eau en moins de dix minutes de pluie, on moins de deux milles kilomètres à leur actif mais elle peuvent encore m’accompagner quelques temps… Mais Il me reste au bas mot trois cent kilomètres à marcher dans les montagnes de roumanie et je ne tiens pas à devoir le vivre dans un mauvais confort plantaire. Des pieds secs ou mouillés ont toujours été pour moi la frontière entre une journée sous la pluie acceptable et une journée sous la pluie insupportable.

Je fais donc tous les magasins de randonnée de la ville et dégotte une paire de magnifique « Meindl Himalaya », la même que ma toute première paire utilisé, m’ayant accompagné plus de trois milles kilomètres à travers la france, l’irlande, l’écosse ainsi que la norvège. C’est donc ma cinquième paires de chaussures que j’entame. Je passe du temps le soir à la graisser tout en écoutant une musique douce.

Par le site d’hébergement gratuit couchsurfing je rencontre Szidonia, une hongroise de trente-quatre ans, artiste de peinture sur porcelaine. Logeant seule dans la maison de ces parents elle m’invite à y rester le temps que je veux. Au fil des jours et des conversations passées avec elle je sens naitre entre nous une belle amitié. Tous les matins nous prenons le petit déjeuner sur la terrasse, discutons jusqu’à midi puis vaquons à nos activités respectives, écriture pour moi et peinture pour elle. Elles me fait rencontrer un grand nombre de ces amis, me fait découvrir la ville à travers les grands marchés ouverts, des expositions, un concert.

La semaine passe très vite et je pars en ce dimanche dix-huit septembre. La suite des évènements comprend deux grandes joies qui m’ont tenu éveillé durant ces derniers jours : La première est la fameuse chaine des montagnes des Făgăraș que je m’apprête à traverser. Cette chaine est la plus longue et haute de toute la roumanie et promet d’être mémorable. La deuxième est que je ne serais pas seul dans ces montagnes car un ami de france arrive se soir même afin de m’accompagner durant six jours. On s’est donnés rendez-vous en fin d’après-midi au village de Bran, au pied du château réputé dans le pays entier pour être celui du comte Dracula.

Afin d’arriver à l’heure je marche trente-deux kilomètres sans m’arrêter sur une route principale. Je profite d’être encore en ville afin de faire les courses pour deux dans une grande surface. Une trentaine de soupe de nouilles, trois oignons, 3,5 kilogrammes de muesli, 300 grammes de lait en poudre, un kilogramme de biscuits, 800 grammes de cacahuètes et autant en chocolat. Nous ne mourrons pas de faim. Mes nouvelles chaussures ont besoin de quelques jours pour faire leurs formes et en arrivant au village de Bran, après avoir porté mon sac de trente kilogrammes toute la journée sur du bitume bouillant, c’est à peine si je peux poser le pied à terre. Ça sera passé demain ou après-demain.

A vingt-heure, une silhouette de randonneur en claquettes décathlon et au sourire éclatant pointe à l’horizon de la rue touristique. Florent arrive tout en charriant autour de sa personne son habituel océan d’énergie tellement propre à lui. Il n’est pas n’importe qui pour moi. Ayant suivi l’école de la vie par les scouts de france dès l’âge de mes huit ans Florent a été mon chef au cours des cinq dernières années. N’étant pas de que l’on appelle un scout parfait mais plutôt un grand adepte de démâtages de tentes en pleine nuit, de vols de nourriture ainsi que de tout un panels incroyable de conneries diverses et variées, j’ai eu comptabilisé au total de mon adolescence un nombre assez important de moments de punition sous le joug de cet ami qui est venu me rejoindre en roumanie. Mais courir en slip dans un champ en pleine obscurité, subir d’innombrable sermons, être privé de sorties et de desserts, tout cela finit un jour par se terminer.

Nous filons fêter nos retrouvailles dans un restaurant attrape nigauds, autour d’un vin rouge piquant, de plusieurs bières et de bonnes nourritures. Nous ne cessons de parler et de rire qu’une fois bien ivres et après avoir trouvé un endroit décent où dormir, c’est-à-dire sous des trampolines dans un parc publique. Après avoir acheté du pain frais pour la semaine nous quittons le village pour nous diriger vers le premier massif précédent de celui des Făgăraș. La marche d’approche dans de belles collines et petites montagnes est très belle. A la pause Florent me fait la surprise de sortir de son sac à dos quelques produits français à vous faire battre le cœur : Picodon, rochefort, comté, saucisson d’ardèche, bonbons et chocolat.

Une belle merde d’ours est sur le chemin, bien fraiche et pleine de noyaux de prunes. Nous découvrons des nombreuses empreintes très distinctes deux cents mètres plus loin.

Mais nous atteignons le hameau de Magura sans avoir aperçu le plantigrade, Florent est en émoi devant les bottes de foin coniques, à la vue d’une charrette ou encore les habitations atypiques. Nous commençons une grosse montée à travers une forêt qui nous amène après deux heures d’efforts à la « cabana Curmatura », un refuge de montagne gardé. Nous ne sommes pas seul à l’intérieur : Quelques roumains étant montés jusque-là tout à fait sobres puis entamant la longue descente sous la nuit bien bourrés, deux voyageuses d’Israël, deux allemandes que j’avais rencontré quelques jours avant à Brasov ainsi qu’un randonneur slovène. Autour d’une soupe d’haricots au porc fumé nous discutons avec tous ce petit monde avant d’aller planter la tente à l’extérieur.

Nous sommes au pied du massif des Piatra Craiului, en français littéralement « pierre du prince ». Il se compose d’une longue crête rocheuse culminant en moyenne à deux-milles mètres. Inquiet d’une météo assez fâcheuse qui semble arriver, nous partons à l’aube puis atteignons les hauteurs du massif vers dix-heures. La pluie arrive pile à ce moment-là et les roches calcaires deviennent trop glissantes pour que l’on puisse continuer sur la crête. Nous redescendons de l’autre côté par un long pierrier dans lequel on s’amuse à se laisser descendre à travers l’inertie des éboulis que l’on déclenche. La pluie se fait drue; revêtus de nos capes de pluie nous descendons durant plusieurs heures la forêt tout en chantant des chansons scout.

Mes nouvelles chaussures sont un vrai bonheur d’imperméabilité ; je m’y sens à l’intérieur presque autant confortable qu’une paire de charentaise.

Nous atteignons une piste avec quelques maisons et refuges. Le parfait coin de bivouac est dégotté dans une vallée près d’une rivière. L’averse se calme enfin et nous récoltons une grosse réserve de bois sec afin de s’allumer un gros feu. Nous passons le reste de la journée à déguster des soupes d’orties et de nouilles, à boire cafés, thés et chocolats chauds puis à discuter de belles choses autour des flammes dansantes.

Le réveil n’est qu’humidité et pluie et cela semble être bien parti pour la journée. Nous marchons en montée durant trois heures à travers une forêt détrempée et brumeuse. Le vent est glacial et la température ne doit pas excéder les un degré. Il n’y a pas pire comme conditions pour le randonneur. Abrités par un sapin nous grignotons frigorifiés du chocolat, du pain et du fromage. Nous sommes obligés de revêtir pull, gants et bonnet tellement l’humidité nous laisse crispés de froid.

La nuit n’est pas encore tombé lorsque nous arrivons devant une bergerie déserte. C’est complétement crade à l’intérieur mais la vue d’une belle réserve de bois sec nous décide à passer la nuit ici. Les litres de soupes chaudes et de boissons nous réchauffent aussi bien le corps que ce bon feu ne le fait pour nos cœurs. Le bonheur n’est décidément qu’une question de transition entre un état à un autre. Sur des banquettes de planches pourris, installés comme des rois, nous regardons un film sur mon ordinateur dans le froid de la nuit.

Le brouillard au matin nous ralentit beaucoup pour ce qui est de trouver notre chemin dans les pans de forêts dévastés. Surtout qu’il me manque une partie de la carte et que l’on peut se fier qu’à un balisage assez aléatoire. On arrive enfin au pied des montagnes des Făgăraș deux heures plus tard. On est bien rassurés de ne pas nous être perdu car Florent à un avion à prendre pour dans quatre jours et il n’y a pas beaucoup de possibilités de repli là où nous nous rendons. Il ne faudra quand même pas trainer.

Nous marchons nos premiers kilomètres sur une large crête montante. La neige vient se joindre au vent et au brouillard. A 2200 mètres tout est blanc et brumeux. Un abri de fortune composé de tôles rouillées et percées nous offre quelques instants de répit.

Nous longeons quelques falaises puis apercevons une curieuse forme se distinguant de la brume. C’est une sorte de demi dôme en plastique rouge et blanc nous faisans tout de suite penser à une habitation tout droit sortit de l’univers de Star Wars. Nous soulevons la lourde porte puis découvrons l’intérieur : Deux banquettes de plastique posées à même le sol de terre ainsi que quelques roches plates servant de table et chaises.

-Mais c’est juste fantastique ! Et t’a vu comme il fait chaud comparé à dehors !

A peine confortablement installés à l’intérieur que les rafales de vent et de neige s’intensifies grandement tandis qu’une profonde obscurité envahie la montagne solitaire. Sortir chier est une vraie épreuve qui me laisse grelotant dans mon sac de couchage de longues minutes. Notre soirée tient de l’irréel : Etant arrivés à faire un feu avec quelques bouts de bois trouvés tout en laissant la porte ouverte, on s’offre un repas chaud éclairé à la bougie, cela sous un fond sonore de Georges Brassen. Il a beau faire quatre degrés dans notre abri, il n’en reste pas moins que cela est de tout confort par rapport au déchainement des éléments de l’extérieur.

Florent à décidément du mal à avaler la mixture de lait en poudre de bébé et muesli. Bon c’est vrai que cela donne « quelques gaz » tout au long de la journée. Le temps au matin n’est pas mieux que la veille et nous marchons à l’aveuglette tout en suivant le balisage de peinture rouge. La brume se découvre de temps en temps et nous permet d’apercevoir les fabuleux paysages autour de nous. De par leur difficultés d’accès les Făgăraș sont isolées de tout et l’ambiance qui en résulte est vraiment immersive. Nous suivons de longues crêtes rocheuses aux formes impressionnantes. Certaines vues sont dignes de véritables peintures d’impressionnistes tellement les teintes de couleurs apparaissent nombreuses et fortes.

Florent ayant le vertige, je le vois par moment devenir blême à l’entrée de certains passages. Il est vrai que les rafales de vent particulièrement fortes à ces moment-là ne sont pas faites pour rassurer.

La fin de journée met longtemps à arriver car nous sommes décidés à atteindre le refuge du Moldoveanu, le sommet de la roumanie culminant à 2544 mètres. Le carré de béton et de tôles se distingue enfin. Surprise à l’intérieur c’est dix scouts polonais qui se sont apparemment installés depuis la veille au soir et attendent patiemment que le mauvais temps s’en aille pour grimper au sommet. Ils ne font pas la grande traversée et ont préféré démarrer à partir des nombreux refuges gardés se trouvant à des altitudes plus modestes. Dans cet abri qui doit faire à peine dix mètres carré une odeur de transpiration lourde flotte dans l’air; on se retrouve tous serrés sur les banquettes. On aura au moins chaud cette nuit.

On part tôt au matin, toujours dans ce petit déluge qui ne semble pas vouloir s’arrêter.

-Et dire que je prends mes vacances d’été pour me retrouver à marcher dans le brouillard et manger des nouilles ! rigole Florent.

On dépasse les 2500 mètres, le Moldoveanu n’est plus qu’à dix minutes de marche mais cela ne sert vraiment à rien de nous y rendre tant la visibilité est affreuse. Paradoxalement la marche dans de telles conditions possède un côté apaisant et relaxant. Nous rencontrons nos premiers randonneurs : un groupe de suédois et un autre d’hongrois, ceux-là étant équipés comme des commandos et semblant décidés à atteindre le Moldoveanu par tous les moyens possibles. Nous progressons à travers des passages de petits cols d’arêtes rocheuses de plus en plus abruptes où Florent ne fait pas le malin du tout. Une partie escalade équipée de lourdes chaines arrive comme une belle épreuve pour mon compagnon de marche.

Nous arrivons après bien des efforts devant le lac Capra, ce dernier presque gelé et entouré d’un amoncellement de montagnes d’un blanc laiteux me donnant cette impression de me retrouver dans un monde issu de l’imaginaire d’un créateur de jeux vidéo. A peine trente minutes plus tard et nous apercevons enfin la très célèbre route Transfăgăran, cette dernière coupant le massif à mi-parcours de sa traversée, cela à 2000 mètres d’altitude et que l’on peut apercevoir entrer et sortir de la montagne depuis son aplomb. Une petite station de montagne est construite à 2030 mètres près du lac Bâlea et semble attirer un grand nombre de touristes chaque année. Pour nous cette route signe notre séparation car Florent repars dès demain à Bucarest en auto-stop afin de prendre son avion pour Lyon. Nous descendons à la station tout heureux d’avoir réussi à atteindre cet endroit à temps, tout heureux d’avoir vécu cette jolie aventure à deux, tout heureux à l’annonce d’une douche chaude si l’on arrive à trouver une auberge. Un restaurant près du lac nous semble parfait pour fêter cette fin de « vacance ». Compte tenu de notre fatigue il ne nous en faut pas beaucoup afin de nous saouler bien comme il faut. Nous quittons les lieux bien rassasiés puis faisons raisonner de longs rires bien gras à travers le long tunnel traversant la montagne. Tout titubant on trouve la petite auberge que l’on nous avait conseillé. Il ne se découle pas trente minutes avant que le patron nous ordonne de déguerpir à cause de notre odeur jugé par ledit patron comme « vraiment insupportable ». J’arrive à plaider notre cause et nous sommes finalement consignés dans une pièce à l’écart des autres randonneurs, celle-ci aussi froide que l’ont eu été nos derniers abris. De vrais pestiférés !

C’est le grand soleil au lendemain matin, Florent semble dépité de partir alors que le beau temps parait revenir. Nous mangeons un bon petit déjeuner sous l’œil sévère de cet idiot de propriétaire.

Les aux-revoir sont expédiés rapidement et dans une triste joie. Une accolade, un «on se retrouve en france », puis je me retourne et entame la grimpette de la montagne. Quelques larmes arrivent sans que je n’y prennent garde. C’est parti pour un long hiver en solitaire désormais…

J’arrive sur la crête. Le soleil apporte aux paysages une touche vraiment saisissante de beauté. Le fait d’être en hauteur me fait heureusement moins éprouver la tristesse du départ de Florent et du retour à ma solitude. Les montagnes sont revêtues d’un faible tissu blanc qui disparaitra sans doute dans quelques jours. Je prends un plaisir immense à marcher, en ne rencontrant que très peu de randonneurs jusqu’au soir. J’arrive au refuge au pied de la montagne Negoiu, le deuxième plus grand sommet de roumanie. Le refuge est encore une fois remplit de scouts, ceux-là hongrois. Si les derniers d’y a deux jours avaient été bien sympas avec nous ceux-là se comportent d’une façon vraiment irrespectueuse pour les autres randonneurs présent dans le refuge. Ils prennent toute la place, parlent forts et rigolent jusqu’à minuit, déclenchent des véritables concerts de ronflements… Mais ce n’est pas grave car j’ai envie de jouer mon insociable durant quelques jours. J’écris sur mon carnet durant longtemps ce soir. Cette semaine avec cet ami a été vraiment poignante.

J’attends jusqu’à onze heure du matin afin que le brouillard se dissipe. Tout le reste du refuge à décampé afin de rejoindre la station Bâlea. Je découvre caché sous l’abri une chienne ayant mis bas ces six petits il y a surement moins d’une semaine. Comment a-t-elle finie par arriver ici je n’en ai pas la moindre idée. La pauvre mère a l’air épuisé et affamé. Je lui offre le reste de nourriture que les scouts d’hier ont laissé.

J’atteins le sommet du Negoiu en moins de deux heures. La vue est sur une large mer de nuages me laissant apercevoir quelques pans de montagnes environnantes.

La suite est une partie escalade sur un flanc nord à moitié enneigé ; une masse compacte de brouillard arrive très rapidement et se décide à stagner pile sur cette crête rocheuse que je m’apprête à grimper. Je n’ai pas trop envie de faire un détour afin de la contourner et m’engage donc tranquillement après avoir fixé mon bâton à mon sac à dos. La neige rend la progression glissante. Je passe d’un versant à l’autre en ayant à chaque fois le côté dégagée sans vent puis celui avec neige, ombre et rafales glaciales. Certains passages avec chaines sont vraiment éprouvants mais il me faut moins de deux heures afin d’atteindre le sentier de l’autre côté.

Du haut de la montagne j’aperçois en contrebas un refuge gardé situé à deux ou trois heures de marche. J’ai une grosse émotion lorsque ma carte me confirme que c’est bien ce refuge dans lequel moi et mes amis avions passé une nuit six ans auparavant. Nous avions manqué de temps afin d’atteindre la crête et à mon grand désarroi étions redescendu dans la vallée dès le lendemain matin. Je m’étais alors juré de me faire un jour la traversée entière de ces imposantes montagnes.

Je continu encore une heure trente sur un terrain plus facile et vraiment magnifique. Une masse sombre et menaçante s’avance de très loin dans la large vallée dégagée au nord. Elle sera sur moi dans moins de vingt minutes ; je me dépêche d’avancer et prie intérieurement que l’abri de secours indiqué sur ma carte ne soit pas détruit comme j’ai pu en voir à certains endroits ces derniers jours. Mais il est bien là, un bloc de tôles arrondies comportant même une douzaine de lits superposés en métal. J’ai à peine le temps d’arriver que le déluge de vent et de neige prend possession des alentours. Je galère pendant près de trente minutes dans la tempête afin de réussir à trouver une petite source d’eau en contrebas. Je peine à retrouver mon abri et arrive bien frigorifié. Le vent fait trembler le toit et je m’endors après avoir lu tout mon saoul. Le réveil est glacial mais au moins il fait grand beau. C’est ma dernière journée de marche dans les Făgăraș ; j’ai presque l’impression de devoir dire une seconde fois au revoir à un ami.

Après avoir atteint le lac Avrig je grimpe jusqu’à 2300 mètres puis descend lentement sur une large crête d’herbes et de petits rochers. Je rencontre deux randonneurs italien en sens inverse qui m’offrent un brin de conversation agréable.

Je ne veux pas atteindre ce soir les montagnes de forêts sur lesquelles je me dirige. Les ours sont apparemment bien présent dans cette partie-là. Je plante ma tente en hauteur près d’une petite source d’eau. Tout en jouant des mélodies d’harmonica je reste à observer l’horizon gagnant en obscurité.

En montagne, bien que ce soit à des altitudes assez modestes, j’ai à chaque fois ce ressenti d’ « être » réellement, d’exister pour ce que je suis et sans avoir à devoir le prouver en quoi que ce soit. Et cela en se contentant de marcher humblement et en toute simplicité. Je remercie la vie chaque jour de m’en offrir ce privilège.

La nuit étoilée a beau être de toute beauté, cela ne m’empêche pas de me réveiller au milieu de la nuit tout grelottant. Je prends mon petit déjeuner alors que les premiers rayons du soleil touche ma tente toute gelée puis la sèche en quelques minutes. Je commence la longue descente le long d’une crête secondaire où je retrouve avec une grande joie les chants d’oiseaux, la végétation abondante, les arbres, les insectes. Mon sac à dos, vide de nourriture et d’eau, est aussi léger qu’une grosse plume de vingt kilogrammes. J’ai presque l’impression de ne rien porter ; je m’arrête même à plusieurs reprises afin de vérifier que je n’ai rien oublié.

Le sol de terre fine est pourvu d’une multitude d’empreintes d’animaux. Je reconnais là celles de l’ours, du cerf, du renard et même peut être de ce qui pourrait être un lynx, à moins que ce soit un très gros chat.

Je descends plus de mille mètres et atteins enfin la piste du fond de vallée qui me mènera au premier village en moins de dix kilomètres. Je profite de la rivière et du soleil pour me décrasser moi et mes vêtements. Je repars sec et propre pour arriver à Câinenii Mici où à peine entré dans le village que deux roms m’abordent pour me demander de l’argent. Welcome back to romania !

Mon prochain massif est situé à plusieurs jours de marche sur des routes asphaltées. Je pourrais passer par des montagnes, mais ces dernières sont principalement constituées de forêts, et de plus je ne possède aucune carte détaillée.

Je marche deux heures sur un chemin parallèle d’une route nationale, cette dernière étant trop dangereuse pour le pauvre marcheur que je suis. Je campe près d’un large fleuve ce soir. Je me sens vraiment épuisé des jambes, surtout au niveau des genoux n’appréciant jamais trop les longues descentes.

La journée du lendemain n’est pas des plus faciles : La grosse route bondée devient la seule façon d’avancer et je ne trouve pas mieux à faire que de marcher sur la voie ferrée, cela en évitant les trains toute les trente minutes. Je suis courbaturé au bout de trois heures à force de marcher décalé sur les traverses de bois. Je quitte enfin cette satanée route puis m’engage dans une plus petite passant entre une longue vallée. En me posant dans un café du village de Brezoi, je sympathise avec la serveuse et son copain avec qui je passe un bon moment. De son look branché et connecté Dobre cache une passion secrète : Chaque week end il part dans des coins reculés en nature avec son matériel d’extraction d’or. Les environs sont apparemment assez abondant en cette matière.

-Mais ce n’est pas du tout aussi facile que l’on peut le croire ! Le plus dur est sans doute d’arriver à obtenir des informations sur les meilleurs endroits… Je passe mon temps à parler aux anciens qui ont en tête ce genres d’informations ! me dit-il tout en me montrant des photos de ces pépites découvertes la semaine dernière.

Je commence à ranger mes affaires pour partir mais Dobre me fait comprendre que je devrais mieux attendre une heure de plus.

-Tu vois les trois roms au fond, et bien il m’ont demandé tout à l’heure si ton gros sac à dos m’appartenait… Il y a tout un village de plus de deux-cents roms à cinq kilomètres du village et croit moi ils ne sont pas du tout aimés.

Les trois compères finissent par partir et moi de même. J’arrive une heure plus tard à Valea Lui Stan, la vallée que Dobre m’a parlé comme étant le village roms. Une quinzaine d’hommes et de femmes sont à l’entrée du chemin ; tout en me sentant observé de toute part je suis interpellé par quelques personnes. Je préfère rester bien neutre avec eux et continu mon chemin jusqu’à la tombée de la nuit. Ayant planter ma tente dans une prairie près de la rivière je suis réveillé en pleine nuit par des pleins phares éclairant ma toile. Gosse panique dans ma tête tout en commençant à m’imaginer le vol complet de mon matériel. Je sors en hâte mes objets de valeurs que je fourre dans le fond de mon sac de couchage. Mais la voiture s’en va après cinq longues et stressantes minutes. Impossible de fermer l’œil de la nuit après ça, je sursaute au moindre bruit dans la végétation.

Je marche deux jours durant sur une route passant par des villages sans grand intérêt. Je déteste me retrouver à avancer au milieu d’une étroite vallée. Je me sens alors compressé et ne prend que très rarement de plaisir. La seule véritable joie de ces deux jours est l’apparition d’une magnifique chouette hulotte que j’observe immobile durant près de vingt minutes, avant que celle-ci ne s’envole à l’approche d’une voiture. La route serpente sur près de dix kilomètres le lendemain. J’arrive bien fatigué au col à 1600 mètres où je campe en face du coucher de soleil.

Je descends l’autre versant de la vallée au matin ; la route est toute cabossée et ne laisse passer que des roumains en vacance partant faire la « Transalpina », un chemin pour les voitures passant par les hauteurs des montagnes sur près de quarante kilomètres. Les montagnes Parangs sont juste à ma gauche et semblent vraiment magnifiques. J’ai même la carte détaillé. Mais je ne me sens pas de devoir remonter 1500 mètres pour juste deux jours à travers celle-ci. Je n’ai en tête depuis deux jours qu’une chose : Les montagnes des Retezats. En plus d’être ma dernière partie pour ma traversée des carpates, ce parc national est apparemment un véritable trésor national. Nous sommes en octobre et j’espère secrètement être complétement seul là-bas.

J’arrive en fin de journée à la petite ville de Petrosani que je ne fais que traverser. Je campe au milieu d’un champ au milieu d’un regroupement de maisons et d’usines franchement moches. Le propriétaire m’ayant vu à cause de ma lampe torche, celui-ci vient une première fois voir de quoi il s’agit puis revient une heure plus tard tout souriant à l’entrée de ma tente tout en me tendant un plateau repas comprenant des œufs au plat, des poivrons, du fromage frais, du pain ainsi qu’un bocal en verre du lait de sa vache dormant à dix mètres de mon campement.

C’est la grosse pluie au matin. J’enfile mes habits moites de sueur et de crasse, fourre dans mon sac ma tente humide, marche cinq kilomètres bien blasé puis arrive à la ville de Vulcan. Les bâtiments sont vieux et délabrés, et moi qui avait espéré trouver une petite auberge afin de me reposer une journée j’avoue être bien déçu. Je ne me sens pas du tout de commencer la longue marche d’approche pour les Retezats aujourd’hui… Je craque et décide de rentrer en stop à Petrosani où je me prend une chambre dans une pension. Combien de temps je reste sous la douche brulante je ne saurais pas le dire. J’essore mes vêtements qui coulent noirs dans l’évier. C’est une joie sans pareille que de se retrouver seul dans une pièce propre, avec une salle de bain propre, des serviettes propres, un lit propre et une connexion internet rapide.

Je m’abrutis d’une série géniale tout en grignotant une énorme barre de chocolat. Que c’est bon par moment de ne rien faire d’autre que de se reposer et de se détendre l’esprit. Je fais les courses pour les prochains jours en achetant six jours de nourriture bien que quatre suffirait je pense. Mais la météo ne parait pas s’améliorer et je préfère prévoir un peu plus au cas où. Impossible de dormir de toute la nuit; ça m’arrive à chaque fois que je me pose dans un lit et une pièce chauffée pleine d’ondes internet. Rien de tel pour l’esprit que la dureté d’un sol, la chaleur dans du froid, le son de la nature ainsi que de la fatigue d’une longue journée d’efforts physiques et d’évasion psychique.

Je reviens à Vulcan en stop jusque-là où je m’étais arrêté hier. Je n’ai pas la carte pour les premières heures de marche. Il faut juste que j’arrive à atteindre le haut de la montagne en face de moi. Je contourne cette montagne en marchant huit kilomètres sur une piste pleine de petits villages et hameaux. Les maisons sont vraiment vétustes, délabrés et n’offrant aucun charme comme j’ai pu voir le contraire à certains endroits du nord de la roumanie.

Mais heureusement les habitants croisés me sont d’une grande aide et m’indiquent chacun à leur tour le meilleur moyen de me rendre sur la crête. Mais le chemin indiqué ne fait que de se diviser et après de gros efforts je finis par couper en hors-piste la montagne en suivant un azimut. J’arrive enfin sur les hauteurs complètement dégagés où un vent puissant fait rage. Encore tout tremblant des jambes après cette longue montée je laisse exprimer ma joie en hurlant mes remerciements.

Comme à chaque fois que je me retrouve en hauteur ma fatigue semble s’en aller d’un coup tout en laissant place à de puissantes vagues d’énergies éclatant en moi.

J’arrive une heure plus tard à l’endroit où commence ma carte au 1/50 000ème. La vue est vraiment géniale sur les deux pans de la vallée ; je marche deux longues heures dans un état où l’instant est au juste présent. La pluie et le brouillard font leurs entrées ; je revêt la tenue « cape de pluie et compagnie » puis suis un sentier venant de faire son apparition. Les crêtes ne font que de se séparer en plusieurs autres petites et sans un coup d’œil juste à temps à ma boussole je manque de justesse à continuer dans la mauvaise direction. Mon sens de l’orientation s’aiguise de jours en jours mais reste encore très loin du niveau que je vise.

Je poursuis jusqu’à dix-huit heures et plante ma tente sur un petit col. Le vent et la grêle rendent ma sensation de bien être encore plus intense lorsque bien au chaud dans mon sac de couchage, en train de manger des bonbons et des cacahuètes, je regarde la saison quatre de Kaamelot tout en m’esclaffant toute les cinq minutes.

Je me réveille sous zéro degré avec des conditions encore pires que la veille. Ma tente plongée dans la brume est secouée par de puissantes rafales de faible neige d’un froid vraiment intense. Cette journée s’apprête à être assez intense, sans sentier et surement par des terrains escarpés. Je me décide à rester et attendre jusqu’à demain. Impossible de sortir de ma toile de toute la journée, je dois même pisser dans ma casserole à l’intérieur puis balancer le tout dehors en tendant le bras à travers la petite ouverture de l’entrée. Après avoir fait un peu de couture, lut un livre entier, regardé un film, fais une sieste, j’en viens à me maudire d’avoir perdu mon petit lecteur mp3 il y quelques semaines.

Le vent se calme enfin en soirée et je savoure se calme qui m’envahit. Il fait moins cinq degrés cette nuit, je me réveille transcris de froid tout en me hâtant d’enfiler mon pull. La journée a au moins le mérite de commencer sous un beau ciel bleu.

C’est un vrai bonheur de pouvoir se dégourdir les jambes après ces trente-six heures passées dans mon trois mètres carrés. Mes pieds nécessitent trois kilomètres afin de se faire ressentir de nouveau. Je marche dans une grosse forêt pleine d’arbustes et de troncs en travers. Pas de sentier bien sûr, tout à la boussole et à la chance. La vue et la végétation se dégage à 1800 mètres ; je rencontre Patrick, un berger tout souriant qui m’offre deux bonbons à la menthe et un grand sourire. Il me fait comprendre que la suite va être bien dure et longue puis me conseille de plutôt redescendre dans la vallée. Il m’accompagne durant dix minutes puis me souhaite bonne chance. Il restera immobile à me regarder progresser durant près de trente minutes. C’est un vrai parcours du combattant dans lequel je dois avancer : La crête n’est qu’un immense pierrier recouvert d’une fine pellicule de neige à côté de lequel pousse des armés de petites pousses de pins silvestre formant des barrières pratiquement infranchissables à certains passages. Je peste et persévère durant deux longues et pénibles heures à travers ce labyrinthe de roches et d’arbustes. J’emploi une ardeur et une concentration extrême afin de ne pas glisser et me fouler une chevilles. J’atteins les 2200 mètres complétement exténué, affamé et glacé par le vent. Mais la suite est plus facile et je manque de pousser un cri de joie lorsque j’ai devant moi la première vue du massif des Retezats. A moitié enneigés ces montagnes semblent posséder cette aura de puissance me laissant aussi impatient qu’un gamin de cinq ans à qui l’on aurait promit un jouet qu’il ne recevra que le lendemain.

J’ai beaucoup d’hésitations pour ce qui est de continuer ou bivouaquer maintenant. J’ai bien peur de manquer d’eau et de ne pas avoir le temps de rejoindre le refuge de l’autre côté. Surtout que le passage sur les crêtes pourrait bien me prendre plusieurs heures supplémentaires et me faire arriver après la tombée de la nuit. Je repère de loin une petite cabane en bas d’un bras de vallée. Il me faut moins d’une heure de descente pour l’atteindre. La cabane consiste en une minuscule bergerie déserte construite en blocs de pierres empilés grossièrement et couvert d’un toit en tôle. L’intérieur possède une petite banquette, une table, une place pour le feu puis quelques réserves de bois coupé. Je ne me fais pas prier pour m’installer puis pars à la recherche d’une source d’eau un peu plus bas.

« J’aime la vue d’une cuillère de nouilles chaudes éclairée par les flammes d’un feu », je me dis après plusieurs heures à observer la danse crépitante de cet ami de toujours. Le chocolat chaud et le café coulent à flots et me réchauffent au fur et à mesure que la nuit et le froid s’installent. Cette soirée m’apparait tout d’un coup comme incroyable, surtout après ces deux nuits passées sous la tente à manger froid. Je lis et écris jusqu’à sentir la fatigue de la journée me fermer les paupières. Je me réveille à cinq heures grelottant tout en regardant mon thermomètre indiquer les moins sept degrés. Cela a au moins le mérite de me faire lever tôt puis de me faire assister au splendide levé de soleil par-dessus la mer de nuages. Un feu, un litre et demi de café, un mot de remerciement pour le berger et je remonte sur la crête d’hier. Le beau temps et la soirée de la veille agissent sur moi comme de vraies décharges d’énergies.

J’avance à travers de longs pierriers qui me valent quelques frayeurs à certaines glissades. Les heures passent et j’arrive progressivement au cœur du parc national des Retezats. Les montagnes des alentours sont justes superbes, dotées d’un faible enneigement leur conférant cette beauté d’un spécial si particulier et unique à mes yeux. Au sommet du mont Papusa à 2508 mètres, bien que le froid présent m’empêche de trop m’arrêter, je reste émerveillé à la vue de ce panorama si grandiose, plein de ces petits lacs contrastant si parfaitement avec la teinte de ces énormes blocs de roches et de terre.

Je poursuis quelques heures de plus à travers ce paradis sauvage, à descendre et à monter les nombreuses montagnes de la crête principale. Il n’y a personne à des kilomètres, je ne ressens aucune gêne à crier ma joie de toute la force de ma voix.

J’arrive au sommet culminant du massif : le mont Peleaga à 2509 mètres. La vue dépasse absolument tout de ce que j’ai pu voir de ces cinq derniers mois. J’ai l’impression d’être devant une peinture d’aquarelle tellement cela me parait surréaliste. L’immobilité de chaque pic, crête rocheuse ou lac, associé à se silence captivant et troublant, me laisse interdit un long instant.

Je commence la redescente alors que le mauvais temps arrive par derrière. Je passe devant le refuge de Bucura, construit devant un grand lac. Des salvamonts, les rangers des montagnes de roumanie, sont en train de faire des photos au trépied. L’intérieur du refuge est génial : En plus d’être gratuit et ouvert toute l’année, l’ensemble est vraiment confortable et les réserves de nourritures sont assez impressionnantes. Un écriteau est inscrit pour les randonneurs « Take what you need, leave what you can » (Prend ce que tu veux, laisse ce que tu peux).

Mais je décide de marcher encore une heure et d’atteindre le prochain refuge situé un peu plus bas. Je retrouve les forêts et les rivières puis arrive bien fatigué devant ce beau refuge construit en plein milieu de la forêt. J’ai marché pas moins de neuf heures aujourd’hui, avec simplement dix minutes de pause. Je m’installe dans la chambre munit de bons lits moelleux. C’est le vrai paradis même si il fait que quelques degrés à l’intérieur.

Les rangers salvamont me font une petite visite surprise vers vingt et une heure et m’offrent quelques victuailles rapportés des réserves du premier refuge.

Au matin c’est une vue sur une forêt toute blanche qui me tire de mon sommeil. Et en plus il brume. Après réflexions je décide de me reposer jusqu’au lendemain dans cet endroit vraiment sympa. Je reste à dormir et à lire dans un état de belle solitude jusqu’à la tombée de la nuit.

La neige à presque disparue au matin et je remonte sur le petit massif appelé littéralement « les petites Retezats ». Tandis que le brouillard se dissipe au fur et à mesure que je progresse sur la crête à moitié-enneigée, il laisse apparaitre des paysages de roches calcaires de toute beauté. J’ai le privilège d’apercevoir un groupe d’une quinzaine de chamois, grimpant un pan de roche escarpé avec cette habilité et précision qui le leur est propre.

J’aimerais encore continuer pendant deux jours sur la suite de ce massif mais je n’ai malheureusement pas la carte et presque plus assez de nourriture pour tenir jusque-là. Je suis émue au moment de la redescente à travers une longue crête apaisante. C’est en effet mes derniers instants dans les montagnes des carpates. Cette chaine fantastique, que je suis depuis cinq mois et presque deux-mille kilomètres, m’aura apporter bien plus que de simples vues de paysages… Je réalise encore la distance parcourue en moi-même en ce chapitre qui prend fin. Mais jusqu’où peut-on encore aller dans cette voie ? Parle-t-on alors d’avancement ou plutôt de guérison progressive d’une cécité de son soi ?

Je retrouve un semblant de route de terre bien défoncé. Un couple de rangers salvamont vivant dans une maison à côté m’autorisent à planter la tente dans leur terrain servant en été de camping privé. Ils m’offrent une douche chaude mais leur anglais étant assez pauvre, l’échange est limité.

Je repère sur ma carte globale de roumanie la suite de mon parcours jusqu’à l’arrivée en bulgarie : Une grosse semaine de marche à travers une région semblant vraiment plate et sans grand intérêt. Je n’ai tellement pas envie de retrouver la marche ennuyeuse sur l’asphalte… Mais c’est bien le plus dur et le plus beau de ce voyage : Chaque moment bon ou mauvais se doit d’être vécu et accepté.

Je rencontre au matin un adorable couple de retraités londoniens voyageant en voiture et tente, cela hors des sentiers battus et des facilités évidentes. Ils sont mon rayon de soleil de la journée.

La piste d’un fond de vallée sur laquelle je marche est complétement reculée du moindre village. Les couleurs d’automne que prennent les forêts me rappellent de bons souvenirs de la maison de campagne d’ardèche de ma famille. Tiens une petite nostalgie durant cette journée. Peut-être est-ce dut à ce jour comme étant celui de naissance de ma défunte mère. Je prend beaucoup de temps aujourd’hui à penser à elle.

Une rivière me permet un décrassage dans les règles. A chaque fois après ce moment j’ai cette impression de « je dispose de quatre ou cinq jours avant de sentir trop fort ».

Je me perds quelques kilomètres à travers plusieurs pistes qui se divisent, mais de braves roumains ramassant des champignons m’indiquent le prochain village comme étant à moins de vingt kilomètres. J’arrive fatigué et tout trempé par la pluie à Closani. La vue et l’atmosphère d’un village à la tombée de la nuit m’émerveille après cette semaine sans en croiser un seul. Des troupeaux de vaches suivent la route, des chiens aboient de tous les côtés, les gens me regardent avec une curiosité non dissimulés, les grands mères reviennent de leurs courses en trainant de vieux caddies rouillés, les charrettes tirées par des chevaux bien maigres passent et repassent dans leurs concerts habituels de sabots.

Je reste une petite heure dans un bar afin de capter internet et boire un bon chocolat chaud. Ma tente est plantée dans le terrain de foot boueux du village. Tant pis pour le manque de persévérance d’un bon lieu de bivouaque.

Je pars le lendemain d’un bon pas en étant motivé pour arriver en bulgarie le plus vite possible. Après plus de trois mois passé en roumanie je ressent comme toujours cette envie de passer à quelques chose de nouveau.

Les jours de marche passent lentement malheureusement. J’ai quitté la transylvanie pour me retrouver dans la partie ouest de la région de la valachie. Au fur et à mesure que j’avance vers le sud les villages prennent de plus en plus des allures de bidonvilles, moches et sans vie. Les routes se transforment en pistes délabrées, parfois en de simples traces de tracteurs coupant à travers d’immenses champs à perte de vue. Les détritus de toutes sortes sont partie intégrante des villages.

Des odeurs de béton, de purin, de déchets brulés me sautent aux narines à chaque entrée de village. A l’intérieur de ceux-là tout est sale et déprimant. Même les plumes des oiseaux paraissent avoir été imprégnés de cette saleté répugnante. L’eau courante consiste en de nombreux puits communaux dans lesquels les habitants partent remplir chaque jour les réserves pour la journée. Dans ces villages où tout semble respirer l’ennui et la vie misérable, le rêve et le projet ne peuvent prendre naissance. On part ou on meurt.

Les chiens errants rodent en bandes et me font vivre la misère chaque jour. J’acquiert au moins une bonne précision pour le maniement de mon bâton. Le mauvais temps de plus n’arrange pas mon moral qui en pâtis de jour en jour. Beaucoup de doutes m’envahissent, des peurs pour l’hiver arrivent, un manque de sens pour mon voyage apparait.

Les roms sont un peu de partout, logeant la plupart du temps dans des regroupement de maisons après les villages. Je coupe à travers les champs afin de les éviter, campe dans des endroits bien cachés, à certains moment dans des maisons en construction.

Je regrette de ne pas avoir mieux appris de vocabulaires roumains. Les gens n’hésitent pas à venir me parler mais il n’en découle jamais vraiment une réelle gentillesse. Les questions qu’ils me posent sont pratiquement toujours dans le même ordre : Ou vas-tu ? D’où est-ce que tu viens ? Tu manges quoi ? Et pour dormir ? Tu es seul ? Et comment fais-tu pour l’argent ?

Cette question de l’argent m’est posée vraiment à chaque fois, surtout par les enfants et adolescents semblant être vraiment obsédés par cela. Ce qui peut se comprendre bien malheureusement. Et à chaque fois ils ne comprennent pas que j’ai pu mettre assez de côté pour vivre cette vie de marcheur durant ces quelques années.

La frontière bulgare se rapproche enfin. Je ne me suis pas lavé depuis huit jours, faute de rencontres ou de rivières propres. Je me sens crade, moite de sueur et de saleté. Je ne me fais pas attendre afin de quitter le pays par le poste frontière de Calafat. En traversant par un long pont de métal le delta du Danube, en sentant ma fatigue morale et physique des dernières semaines, je ne peux m’empêcher d’être immensément heureux d’avoir traversé la roumanie à travers ces différentes régions. Même cette horrible semaine a été finalement intéressante et enrichissante.

Les jours sont de plus en plus court, les nuits de plus en plus fraiches… Voici bientôt le moment de basculer son esprit en mode hiver.

 

Jérôme

 

J'arrive à la ville de Brasov

J’arrive à la ville de Brasov

Je reste chez Szidonia durant une semaine

Je reste chez Szidonia durant une semaine

Mes chaussures prennent leur retraite et laisse place à la cinquième paires de ce voyage

Mes chaussures prennent leur retraite et laisse place à la cinquième paires de ce voyage

Je reprend la route

Je reprend la route

Le château de Dracula dans le village de Bran

Le château de Dracula dans le village de Bran

Je retrouve Florent, un ami de France qui vient marcher avec moi pour une semaine.

Je retrouve Florent, un ami de France qui vient marcher avec moi pour une semaine.

Du rochefort et du saucisson d'ardèche. Inutile de préciser le bonheur ressenti à la dégustation de ces mets divins

Du rochefort et du saucisson d’ardèche. Inutile de préciser le bonheur ressenti à la dégustation de ces mets divins

Après avoi croisé une belle merde d'ours bien fraiche nous trouvons les empreintes de se plantigrade deux cents mètres plus loin

Après avoi croisé une belle merde d’ours bien fraiche nous trouvons les empreintes de se plantigrade deux cents mètres plus loin

Un groupe de roumains bien bourré rencontré dans un refuge de montagne

Un groupe de roumains bien bourré rencontré dans un refuge de montagne

Le massif des Piatra Craiului où l'on se voit obligé de redescendre à cause du mauvais temps

Le massif des Piatra Craiului où l’on se voit obligé de redescendre à cause du mauvais temps

Après la pluie vient un peu de beau temps

Après la pluie vient un peu de beau temps

Une bonne soupe d'orties plein de bonne vitamine C

Une bonne soupe d’orties plein de bonne vitamine C

La pluie glacée revient dés le lendemain

La pluie glacée revient dés le lendemain

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Une longue marche d'approche dans des forêts trempées et désertes avant d'arriver au massif des Fagaras

Une longue marche d’approche dans des forêts trempées et désertes avant d’arriver au massif des Fagaras

Pluie et 0 degré. Juste la pire condition en randonnée

Pluie et 0 degré. Juste la pire condition en randonnée

Nous trouvons refuge en fin de journée dans une bergerie déserte

Nous trouvons refuge en fin de journée dans une bergerie déserte

Un bon feu et des litres de boissons chaudes

Un bon feu et des litres de boissons chaudes

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Nous arrivons le lendemain au gigantesque massif des montagnes Fagaras, le plus haut et long de toute la Roumanie

Nous arrivons le lendemain au gigantesque massif des montagnes Fagaras, le plus haut et long de toute la Roumanie

La neige et le brouillard sont de la partie. Nous trouvons un abri d'urgence pour la nuit. Nous le baptisons le dome "star wars"

La neige et le brouillard sont de la partie. Nous trouvons un abri d’urgence pour la nuit. Nous le baptisons le dome « star wars »

Soupe de nouilles, pain et fromage français et roumain. What else ?

Soupe de nouilles, pain et fromage français et roumain. What else ?

Nous entendons les rafales de vent et de neige toute la nuit. C'est tellement bon de se trouver à l'abri et au sec

Nous entendons les rafales de vent et de neige toute la nuit. C’est tellement bon de se trouver à l’abri et au sec

La beauté des Fagaras se révèle le lendemain lorsque le brouillard se décide à partir pour quelques temps

La beauté des Fagaras se révèle le lendemain lorsque le brouillard se décide à partir pour quelques temps

De curieux phénomènes d'une jolie beauté

De curieux phénomènes d’une jolie beauté

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C'est par moment de vraies peintures d'impressionnistes que nous avons devant nos yeux

C’est par moment de vraies peintures d’impressionnistes que nous avons devant nos yeux

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Nous dormons en compagnie de dix scouts polonais dans ce petit abri

Nous dormons en compagnie de dix scouts polonais dans ce petit abri

Le balisage est heureusement très bien

Le balisage est heureusement très bien

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Le pauvre Florent à le vertige et le passage avec les chaines n'est pas fait pour le rassurer

Le pauvre Florent à le vertige et le passage avec les chaines n’est pas fait pour le rassurer

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Les paysages semblent parfois être tirés directement de jeux vidéos

Les paysages semblent parfois être tirés directement de jeux vidéos

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Nous arrivons à la station de montagne des fagaras situé à 2000 mètres d'altitude. Une route très célèbre passe par dessus les montagnes : La transfagarasan. Florent repartira en stop par cette route afin de revenir en France

Nous arrivons à la station de montagne des fagaras situé à 2000 mètres d’altitude. Une route très célèbre passe par dessus les montagnes : La transfagarasan. Florent repartira en stop par cette route afin de revenir en France

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On se fait un bon restaurant, repartons bien bourrés et trouvons une auberge dans laquelle on se fait presque jeter à cause de notre odeur jugé trop "forte"

On se fait un bon restaurant, repartons bien bourrés et trouvons une auberge dans laquelle on se fait presque jeter à cause de notre odeur jugé trop « forte »

Cette semaine aura été forte en amitié et aventures

Cette semaine aura été forte en amitié et aventures

Les montagnes Fagaras n'en sont qu'a la moitié pour moi

Les montagnes Fagaras n’en sont qu’a la moitié pour moi

Le beau temps revient un peu et je marche dans des paysages glacés presque irréels

Le beau temps revient un peu et je marche dans des paysages glacés presque irréels

47

Un refuge tout neuf très confortable

Un refuge tout neuf très confortable

Sculpture de neige

Sculpture de neige

Le sommet du Negoiu à 2535 mètres

Le sommet du Negoiu à 2535 mètres

51

Une partie escalade pas des plus faciles

Une partie escalade pas des plus faciles

La neige s'en va et revient

La neige s’en va et revient

Je trouve refuge alors qu'un mauvais grain assey violent arive vers moi

Je trouve refuge alors qu’un mauvais grain assez violent arrive vers moi

Mais c'est le grand beau temps au lendemain

Mais c’est le grand beau temps au lendemain

56

Je redescend progressivement

Je redescend progressivement

Ma denière nuit dans les montagnes Fagaras. Tout est gelé au réveil

Ma denière nuit dans les montagnes Fagaras. Tout est gelé au réveil

Pas beaucoup de randonneurs rencontrés

Pas beaucoup de randonneurs rencontrés

Je retourne dans la vallée tout en me dirigeant vers le prochain massif

Je retourne dans la vallée tout en me dirigeant vers le prochain massif

Je marche durant deux jours sur une voie ferré afin d'éviter la route dangereuse.

Je marche durant une journée sur une voie ferrée afin d’éviter la route dangereuse.

Je rencontre Dobre et sa copine. Il a comme passion l'extraction d'or dans les rivières des alentours

Je rencontre Dobre et sa copine. Il a comme passion l’extraction d’or dans les rivières des alentours

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Quelques jours de pénible route

Quelques jours de pénible route

Une jolie chouette hulotte

Une jolie chouette hulotte

J'arrive vers la ville de Vulcan puis pars à travers de petits villages en cherchant un moyen d'atteindre les crêtes

J’arrive vers la ville de Vulcan puis pars à travers de petits villages en cherchant un moyen d’atteindre les crêtes

J'arrive en haut bien content. Je n'ai plus qu'à marcher durant deux jours avant d'atteindre les fameuses montagnes des Retezats

J’arrive en haut bien content. Je n’ai plus qu’à marcher durant deux jours avant d’atteindre les fameuses montagnes des Retezats

Je reste bloqué 36 heures sous ma tente à cause d'un vent tès violent ainsi qu'un brouillard épais.

Je reste bloqué 36 heures sous ma tente à cause d’un vent tès violent ainsi qu’un brouillard épais.

Presque une journée à travers un véritable parcours du combatant à me frayer un chemin dans les arbustes puis à progresser le long de pénibles pierriers

Presque une journée à travers un véritable parcours du combatant à me frayer un chemin dans les arbustes puis à progresser le long de pénibles pierriers

J'apperçois enfin les montagnes des Retezats

J’apperçois enfin les montagnes des Retezats

L'heure étant trop avancée pour la journée je descend un peu afin de me réfugier dans une bergerie déserte

L’heure étant trop avancée pour la journée je descend un peu afin de me réfugier dans une bergerie déserte

Un bon feu et une nuit glaciale à -7 degrés

Un bon feu et une nuit glaciale à -7 degrés

Je repars à l'assaut le lendemain

Je repars à l’assaut le lendemain

Il n'y a pas un chat dans ces fantastiques montagnes

Il n’y a pas un chat dans ces fantastiques montagnes

75 76 77 78 79

Le mont Peleaga est le point culminant du massif

Le mont Peleaga est le point culminant du massif

Sans doute le plus bel endroit de toute les carpates

Sans doute le plus bel endroit de toute les carpates

Je me repose dans un refuge vide durant deux nuits afin de laisser le mauvais temps passer

Je me repose dans un refuge vide durant deux nuits afin de laisser le mauvais temps passer

Un troupeau de chamoix

Un troupeau de chamoix

84

Et je termine ma traversée des Carpates par le massif des petites Retezats. Cette traversée m'aura occupé près de cinq mois et quelques deux-milles kilomètres

Et je termine ma traversée des Carpates par le massif des petites Retezats. Cette traversée m’aura occupé près de cinq mois et quelques deux-milles kilomètres

Je mache dans une vallée bien paumé durant quelques jours avant d'arriver à un village

Je mache dans une vallée bien paumé durant quelques jours avant d’arriver à un village

Fini les montagnes. Laissont place au plat

Fini les montagnes. Laissont place au plat

Le temps n'est pas du tout au soleil et je dors à plusieurs reprises dans des maisons en construction

Le temps n’est pas du tout au soleil et je dors à plusieurs reprises dans des maisons en construction

89

Quelques jeunes ayant passé la soirée en ma compagnie

Quelques jeunes ayant passé la soirée en ma compagnie

91

La Valachie est une région du sud ouest de la Roumanie extrèmement pauvre et pas du tout hospitalière

La Valachie est une région du sud ouest de la Roumanie extrèmement pauvre et pas du tout hospitalière

Les maisons des villages sont assez surprenantes parfois

Les maisons des villages sont assez surprenantes parfois

Pas d'eau courante mais des puits communaux

Pas d’eau courante mais des puits communaux

De longues pistes

De longues pistes

Les villages sont parfois de vraies bidonvilles

Les villages sont parfois de vraies bidonvilles

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Et bien sur des ordures absolument de partout

Et bien sur des ordures absolument de partout

Tout les jours je me fais attaquer par ces saletés de chiens errant. Seul il n'y a jamais top de problème mais dés qu'ils commencent à être plus de cinq ça commence vite à être bien d

Tout les jours je me fais attaquer par ces saletés de chiens errant. Seul il n’y a jamais top de problèmes mais dés qu’ils commencent à être plus de cinq ça commence vite à être bien dangereux

Il y a autant de charettes que de voitures par moment

Il y a autant de charettes que de voitures par moment

Et j'arrive enfin en Bulgarie après presque dix jours de marche dans cette région horrible. J'arrive à la ville de Vidin le moral dans les chaussettes. Mais cela c'est sans savoir se que la magie du voyage allait m'offrir deux heures après

Et j’arrive enfin en Bulgarie après presque dix jours de marche dans cette région horrible. J’arrive à la ville de Vidin le moral dans les chaussettes. Mais cela c’est sans savoir se que la magie du voyage allait m’offrir deux heures après

Le delta du Danube

Le delta du Danube

Une réflexion au sujet de « Partie 2 : De la terre à la neige »

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