Choisir un mode vie n’est rien d’autre qu’une image de nos désirs et peurs cachées, dévoilées, compris ou encore dissimulées. Adopter un mode de vie c’est tout d’abord avoir entendu en premier lieu un écho lointain d’un équilibre nous apparaissant à ce moment-là comme adapté à notre personne.
Une vendeuse de glaces s’endormira le soir heureuse de cette distribution quotidienne de centaines de petites joies sous forme de cônes aux boules parfumées.
Un artiste peintre aimera côtoyer ces accès d’inspiration si profonds et soudain le transportant dans un monde où la définition de l’unique et de l’immobilité temporelle ne font plus qu’un.
Une chanteuse, elle goutera à la puissante jouissance d’une résonnance de sa voix à travers le cœur de ces auditeurs transportés.
Un père de famille au travail ennuyant et à la routine continuelle verra son énergie rayonner à travers le spectacle et la proximité de ces proches l’entourant.
Une chirurgienne réputée, donnera l’excuse de ce métier comme ce bonheur qui est de sauver des vies, alors que la raison plus simple mais moins glorieuse n’est que cette dose d’adrénaline lui parcourant le corps à chaque opération délicate qu’elle entreprend.
Un berger appréciera cette douce retraite en compagnie d’amis ne désirant rien de plus au monde que de brouter une herbe grasse sans aucune autre nuisance à perpétrer dans leurs vies.
Le mode de vie de nomade marcheur en est un comme tous les autres et dont j’ai appris à en découvrir ces secrets de bonheurs et joies du quotidien qu’il renferme. Mes souvenirs sur les attentes de ce mode de vie avant mon premier pas restent confus dans ma tête. Je crois me rappeler avoir été attiré en premier par cette vision si parfaite d’une forme de liberté possible. Le contact avec la nature et de nouvelles personnes venaient ensuite puis l’aventure et enfin cette absence de toute autre responsabilité si ce n’est celle de sa propre personne. Peu à peu, semaines après mois et après années je découvrais d’autre plaisirs et offrandes de cette vie, certain d’une intensité extrême ou d’autres simples et bénins mais non moins important.
Je pris plaisir à véhiculer l’image de ma personne et de mon pays à travers le cheminement de mes pas, à laisser cette « empreinte d’énergie » et qui un jour ressortira lors d’une discussion hasardeuse ou d’un moment de souvenir.
Je pris plaisir à être ce « rafleur » de connaissances aléatoires que l’inconnu offre, à me constituer une formidable bibliothèque de pensées, idées, récits, rêves, images, vécus que je découvre en quantité variable à chaque nouvelle journée qui se lève.
Je pris plaisir à observer cette avancée géographique qui vient en parfait complément de celle en soi-même.
Je pris plaisir à accepter de vivre les mauvais moments comme étant une partie nécessaire à traverser pour la compréhension de ceux plus beaux.
Je pris plaisir à disposer de temps pour penser à mes proches vivant leur vies au loin.
Je pris plaisir à partager le déroulé de mon voyage sous ces formes de récits détaillés s’apparentant par moment à une thérapie amusante et créative.
Je pris plaisir à voir cette bousculante constante de mes repères, cette reconstruction de nouveaux à chaque fois ainsi que la beauté dans l’abandon.
Je pris plaisir à entrer dans le monde de mes rencontres pour quelques heures, jours ou semaines.
Je pris plaisir à vivre la transparence des états de confort et d’inconfort à des degrés temporels variés et non prémédités.
Je pris plaisir à me sentir seul pour alors prendre le temps d’explorer chacune de mes émotions.
Je pris plaisir à avoir peur, à me voir petit et faible, grand et fort.
Je pris plaisir à offrir de l’inspiration, à raconter mon histoire brièvement à un homme sur le perron de sa maison, à la partager avec d’autres pour plus longtemps, ou encore par ma seule silhouette aperçus de loin par un observateur caché m’ayant posé un regard curieux et dont j’imagine parfois quelle question et quelle réponse mon apparition furtive a pu lui amener.
Je pris plaisir à voir défiler les saisons, les formes des montagnes et l’intensité des sourires, cela dans la lenteur du pas humain.
Je pris aussi plaisir à en découvrir d’autres minuscules : me sentir au chaud dans mon sac de couchage alors qu’un orage fait rage à l’extérieur, me faire réveiller par un rayon de soleil et un chant d’oiseau, boire un thé en contemplant un paysage, sentir de « l’amour » pour chaque partie de mon équipement tandis que je le répare continuellement à la manière d’un ami dont je prends soin, la sensation de la première gorgée d’eau fraiche après un moment sans, grignoter une tablette de chocolat devant un film dans l’obscurité d’un bivouac au milieu d’un massif de montagnes, voir mon départ de feu grandir dans une froide nuit d’hiver, voir arriver les derniers kilomètres d’une dure journée et commencer lentement à repérer le meilleur emplacement pour mon campement du soir, défaire et plier mon sac à dos chaque jour dans le même ordre, me balader dans un village désert et m’émerveiller des détails surprenants, me balader dans une ville touristique et en voir la laideur intérieur apparente de cette masse grouillante, observer et jouer avec un scarabée le temps d’une pause, faire avancer un escargot de vingt mètres en me sentant tout content de lui avoir fait gagner deux jours de glisse, me perdre puis retrouver mon chemin, lire un livre dans la journée et en commencer un deuxième avant minuit, cuisiner autour d’un feu avec une rencontre ou un ami, me sentir par moment heureux sans en savoir la vraie raison, pouvoir répondre aux écolos que ma consommation annuelle se résume à une cinquantaine de savons et de douches, deux paires de chaussures et de chaussettes, quelques watts d’électricité ainsi que moins de trois cent kilos de nourritures simples, veiller des heures entières devant des flammes dansantes, redescendre des montagnes chaque semaine pour aller regarder le dernier épisode de game of throne dans le wifi d’un bar, arriver à deviner pour chaque rencontre le déroulé chronologique de l’accueil qu’elle me fera et me tromper de temps en temps, la saveur qu’un plat de pâtes aux oignons peut prendre après une longue journée de marche, voir du haut d’un sommet l’itinéraire accompli au cours des derniers jours, marcher dans un brouillard neigeux et venteux tout en me réfugiant dans un coin chaud de mon esprit, sentir mon corps se réchauffer après être rentré dans mon sac de couchage, prendre ce temps de lessive-décrassage dans une rivière et en savourer pleinement les premières sensations de bien-être suivant ce rituel, me faire inviter par quelques gentils rustres et repartir un peu bourré sur les chemins (je n’aime pas l’alcool mais j’aime bien l’image), répondre avec un sourire que ça fait un an que j’ai le même caleçon que je lave et renfile mouillé directement sur moi, marcher au crépuscule du soir, ce sanctuaire d’un temps aux secondes plus légères, me sentir complétement vidé d’énergie, chanter dans les rues lors des arrivées dans les villes, sentir l’inattendu arriver d’un seul coup, arriver en haut d’une montagne et décider brutalement de dormir au sommet malgré la stupidité évidente de l’acte, faire un feu devant un panneau stipulant son interdiction formelle, voir les premières bulles d’écume se former au centre de ma casserole léchée par les flammes, entrer dans une maison après plusieurs semaines dans la nature puis sentir la forte odeur de fumée et de transpiration émanant de mon corps, laisser des larmes couler sans aucune honte afin d’exprimer une émotion soudaine, inviter des fantômes de mes proches à certains repas du soir et leur parler comme s’ils étaient présent.
Je me lève ce matin, heureux d’avoir passé ma première nuit en Croatie mais fatigué d’avoir autant forcé ces derniers jours. Il fait beau, chaud et le chemin de ma journée commence par vingt kilomètres sur une piste sèche, traçant droit à travers de gigantesques plaines couvertes de milliers d’arbustes de trois mètres. Quelques maisons de pierres habitées, vieilles et fatiguées, troublent parfois la monotonie de l’espace. Au sons des grillons j’arrive à Grab, beau village authentique aux grands-mères assises sur leurs bancs seigneuriales. Mes yeux fixent plus intensément la belle rivière traversant le patelin que les maisons en elles-mêmes. Cela fait six jours que je pus et rêve d’un moment privilégié dans un cours d’eau. Afin d’être plus tranquille je poursuis encore cinq kilomètres avant de trouver le « coin parfait », carré d’herbe ombreuse disposé le long d’un rivage accueillant. Batifolant comme un gamin dans l’eau fraiche en compagnie d’un savon et de quelques chansons je passe le reste de la journée à dormir et à prendre soin de mon corps un peu meurtri.
Au soir, deux croates passant dans le coin m’offrent une bière du pays qui accompagne avec merveille ma soupe aux orties.
Un joggeur s’arrête à mon niveau alors que je démarre la journée. Parlant français il tient absolument à m’inviter à boire un verre dans un bar de son village. Stipe est un homme simple ayant une vie simple. Il me conte quelques-unes des histoires de sa vie dont je fais de même. Ces questions sur mon voyage ne cessent de pleuvoir et il se met à rigoler lorsque je lui montre mon tee short tout troué au niveau des épaules. M’invitant chez lui, je le voit partir pour revenir en me tendant un beau tee short de sport. Aucun autre cadeau ne pouvait autant me faire plaisir.
Je marche tout heureux cette fois sur une longue route suivant la très célèbre rivière Cetina, une des fiertés de la région. Dans un champ un homme sur son tracteur m’interpelle et vient me parler. Ivan parle un bon anglais dont je le vois piocher les souvenirs dans sa mémoire.
Il me dit être passionné par l’aviation et le parapente mais qu’il a dut tout arrêter à l’arrivée de la guerre dans les balkans. M’étant moi-même bien essayé à ce dernier sport nous parlons sans interruption durant une heure.
Quelques minutes plus tard il m’emmène dans sa ferme où après un festin de cerises dans l’arbre de sa voisine, il me présente sa femme, son père ainsi que ces deux adorables filles. Ivan me fait visiter ces plantations de vergers, ces trois grands potagers, son four à pain, ces animaux. Je vois en cette personne quelqu’un ayant compris parfaitement ce que le mot éducation veut réellement dire.
– Tu vois il y a des parents qui mettent dans les mains de leurs enfants une tablette ou un smartphone alors qu’ils sont à peine âgés de cinq ans. Je me rappelle que lorsque mes filles avaient juste deux ans je les mettais assise sur une branche d’arbre, cela à deux mètres de hauteur ! Et bien figure toi qu’elles trouvaient vite leur équilibre et qu’elles pouvaient passer des heures à rester de la sorte tout en observant la vie en hauteur.
Une table est dressée à l’extérieur et les victuailles la remplisse : ragout d’herbes sauvages aux patates, porc salé, jambon cru, pain cuit au matin et fromage frais de la veille.
Je regarde les deux enfants alors qu’elles jouent sur une vieille balançoire, courant de partout et dévorant de temps en temps un morceau de « prosciutto », tandis que le grand père m’explique avec passion que même Bill Clinton ne pourrait pas résister au fumet de cette charcuterie.
C’est l’heure de la promenade familiale dans une antique vieille Lada bien russe. Le véhicule n’étant pas immatriculé, Ivan, en pilote né, grimpe les collines, traverse les champs, et s’amuse à faire peur à ces filles qui ne demandent que ça.
Je suis aussi triste que lui au moment des adieux. Il n’a pas internet, pas de téléphone, nous nous reverrons sans doute jamais. Mais il vient rejoindre sous forme d’une petite étincelle ma longue collection qui en regroupe des milliers d’autres, toutes uniques et ayant impacté mes façons de pensée plus ou moins intensément à travers ce voyage.
L’énergie de ces deux rencontres de la journée m’est directement transférée au travers mes capacités physiques. Je chante sans interruption sur de longs kilomètres que la route devenue piste me déroule.
Après des courses pour trois jours au dernier village que je croiserai durant ce temps je finis par camper dans une clairière. Il m’a presque fallu m’ordonner d’arrêter tellement le bonheur de marcher était puissant vers cette fin de journée. Mes pensées s’envolent loin ce soir, mes jambes ont hâte d’être le lendemain pour leur portion quotidienne de kilomètres. J’ai du mal à me rappeler à quel point je pouvais être fatigué il y a quelques jours.
Pas grand-chose à relater pour la journée du lendemain. Je continu la marche sur cette longue route déserte. Des lacs aux eaux limpides m’offrent des baignades, les montagnes devant moi s’occupent des paysages et la chaleur reste présente pour me rappeler que le paradis n’existe que lorsque celui-ci possède un chemin possible et rapide entre deux états de confort.
Un troupeau de moutons trouve malin d’encercler ma tente au matin dans un concert de bêlements rigolos. Je pars en direction du mont Dinara, le point culminant de la Croatie. La marche d’approche est longue. Je commence la montée sur un sentier rocailleux dévoilant une vue dégagée sur l’étendue de la vallée de ces derniers jours. Le calcaire présent n’offre aucune source d’eau possible mais je rencontre une bergerie abandonnée possédant encore son puit en parfait état.
J’atteins le sommet à mille-huit cent-trente et un mètres trois heures après. Une brise légère glisse le long des autres proéminences rocheuses regroupant de nombreuses branches sèches éparpillées et formant comme de vastes squelettes de créatures imaginaires.
J’ai envie de dormir dans les alentours mais il n’y a pas un seul espace plat et dépourvu de rochers. Descendant de cinq cent mètres je fini par jeter mon bivouac sur le haut d’une colline faisant face à tout le nord du massif. Les différentes formes et nuances de couleurs que prennent les montagnes sont belles et inspirantes. J’observe et continu de lire « La ligne verte » de Stephen King. Le sol herbeux absorbe mes quelques larmes discrètes au passage de scènes émouvantes.
Mes chaussures commencent à être bien usées. Le cuir intérieur est déchiré, les semelles presque inexistantes et le par pierre est en train de laisser apparaître de sacrés départs de trous. Dans moins d’une semaine on voit mes chaussettes.
La descente sur la vallée ne me prends que quatre heures, cela dans une ambiance d’un exercice militaire juste à côté et veillant à me faire sursauter toute les cinq minutes par de bruyantes explosions de mortiers dans leur zone d’essais.
Je retrouve le plat et l’atmosphère des villages à l’entrée de Knin. Deux vendeurs de fleurs installés près d’un cimetière m’invitent à partager des bières en leur compagnie. Ils sont marrants, pleins de tatouages de groupes de métal et d’histoires amusantes.
Je n’aime pas ce gros village. Le mètre carré comporte trop de smartphones et de leurs possesseurs hypnotisés. Je campe à la sortie, près d’une rivière entourée d’habitations. Des biscuits et du chocolat compose mon diner. Un stupide chien d’un des voisins me fait passer une nuit horrible.
Les routes de campagne à l’asphalte fatigué et craquelé sont mes guides sur treize kilomètres. La chaleur insupportable a tôt fait de me vider mes gourdes mais je ne peux m’empêcher de continuer à jouer des airs d’harmonica tout en continuant d’avancer. Le paysage est sec, aride, dessiné par l’empreinte de multiples collines et monts, tous recouverts de ces arbustes épineux que je déteste tant.
La route laisse place aux chemins, qui s’en trouvent raccourcis en sentiers aléatoires puis en plus rien du tout. Mon gps indique ce passage comme étant le seul afin de redescendre en direction d’une rivière en bas de vallée. Poursuivant à l’azimut il me faut moins de dix minutes afin de me retrouver dans une armée de broussailles et d’arbres griffant. Dans cette affreuse jungle je transpire à grosses gouttes tandis que je me frai un passage en hurlant à plein poumons tout en m’écorchant les jambes et les bras à chaque nouveau mètre progressé. Je parcours sept-cent mètres à vol d’oiseau, ce qui me prends une heure trente ainsi qu’une formidable énergie de mes réserves.
Une bordure de champ cultivé se présente enfin au bout de ce cauchemar. Mon fantasme de la journée aussi : belle rivière aux nombreux trous d’eau dont je me jette dedans en poussant des cris de joie démentiel. Décidément je vis pour ce genre de moment.
Je rejoins une piste de sable suivant ladite rivière. Tous les trois kilomètres, des hameaux de quelques maisons de pierres se trouvent construits, parfois de simples ruines figées dans leurs temps, habitées et empreints d’une ombre d’ennui planante au-dessus du moindre habitant assit sur son banc et observant la fuite interminable des secondes, lourds et pesants compagnons d’une fin de vie passée dans l’inertie et la peur du lendemain.
Un salut de main me vaut une invitation sur la terrasse de deux amis rentrant des champs. Autour d’un goulasch de foie de moutons je les abreuve d’histoires, tandis qu’ils me livrent un aperçu de leurs vies. L’un a sa famille et travaille en Allemagne, l’autre ayant été dans l’armée toute sa vie me confit que son but principal est désormais d’aider au maximum les personnes qu’il rencontre.
L’estomac et l’esprit remplis je poursuis encore huit kilomètres avant d’abdiquer de fatigue et ériger mon toit de nylon sur le bord d’un champ labouré.
La fatigue et la chaleur me surprennent au matin. Ivre de ces deux états je commence par deux heures de pénible montée à travers un sentier à moitié effacé et sinuant lentement mais moins surement. Enfin j’arrive à la route nationale traversant la région.
Il me faut deux jours afin d’atteindre le village d’Obrovac, deux jours à avancer en maugréant sur des lignes droites asphaltées sans aucun intérêt. Mais mes règles de mon jeu sont ancrées en moi et j’en ai bien compris leurs nécessités pour l’équilibre d’émotions que compose se voyage à pied.
Je suis désormais au pied du long massif des montagnes Velebit, célèbre parc national de Croatie dont la chaine de monts avance en parallèle à la mer adriatique, seulement distante de quelques kilomètres. Mais la sueur et les efforts serons pour dans deux semaines. Un de mes meilleurs amis, Damien, arrive de France dans huit jours afin de me rejoindre à la ville de bord de mer de Split. Ce rendez-vous, planifié depuis quelques temps déjà, est un moment que j’attends depuis longtemps. Les skypes et les mails sont une chose, mais rien ne vaut la venue en personne des proches.
Stoppant mon trajet à Obrovac, je tends le pouce afin de rejoindre Split, distante de deux cent kilomètres et n’étant pas du tout sur mon chemin.
Quelques belles rencontres et de longues attentes ponctuent ce jour et demi d’autostop qui me fait arriver à la ville en milieu de journée au lendemain. Je me rends à contrecœur dans une auberge de jeunesse, le tourisme de la ville ayant ruiné l’efficacité de mes demandes couchsurfing.
Je passe là quelques jours à reprendre des forces, à visiter cette magnifique ville s’étant développée autour de l’immense palais de l’empereur romain Dioclétien qu’une horde de touristes s’amuse à en prendre chaque pavé et pierre de mur en photo, arborant des mimiques et gestuelles loin d’être convaincantes. Dans mon auberge ce n’est pas mieux, je suis entouré de trente étudiantes canadiennes se baladant en petite tenues et jonglant leurs temps entre le sèche-cheveux, smartphone et rire de groupie. Décidément deux mois de montagne n’ont pas amélioré ma mauvaise langue.
La soudaine rencontre de Mara vient bouleverser mon petit cœur. Habitant à San Francisco lorsqu’elle ne voyage pas en solo, appréciant bousculer sa vie en partant plusieurs mois par an afin de vivre ses passions d’acro-yoga, vélo et voyages, il ne nous faut pas longtemps afin qu’une connexion se crée, qu’une ligne de bouée de mer vient sceller lors d’un entre deux vagues.
Nous passons l’entière semaine ensemble, à vivre des moments simples d’une belle complicité dont chaque nouveau matin n’en fait qu’en renforcer l’intensité de ces instants si précieux.
Damien arrive en bus un beau matin. Je ne l’ai pas vue depuis plus d’un an et nous avons de longues heures de commérages à soudain rattraper. Ayant loué un petit appartement avec Mara, nous restons deux jours en ville afin de profiter de son climat méditerranéen, nous noyant dans quelques litres de bières locales avant de nous préparer pour la traversée aride de la chaine des Velebit.
Les aux-revoir avec Mara en restent à leur définition par une promesse mutuelle de tous faire afin de permettre à cette relation qu’elle en poursuive sa marche.
Chargés de dix jours de nourriture, Damien et moi prenons le car en direction d’Obrovac, village dont j’avais interrompus ma marche il y a de cela dix jours. Nous arrivons en fin de journée, achetons deux gros pains puis prenons la vieille route s’échappant droit vers les hauteurs des terres que nous apercevons.
Le brouhaha de la ville laisse soudain place à des silences agréables. Nos pas nous portent sur une dizaine de kilomètres avant que la fatigue les gagnent. Une prairie venteuse, entourée d’arbres protecteurs, reçoit nos soupirs de contentement à la dépose de nos sacs sur le sol. C’est notre premier bivouac ensemble de cette année, un feu le commence et une soupe de pâtes le poursuit.
Une pluie fine et ennuyante nous surprend en début de matinée. Nous marchons toujours sur cette route en lacets déserte. Encore une fois je me rends compte à quel point moins deux semaines de pause a le pouvoir d’anéantir l’élan de ma force que je dispose lorsque je suis habitué à la marche quotidienne.
Portant trois litres d’eau chacun nous quittons le bitume pour les sentiers une fois arrivés sur les hauteurs. Les montagnes des Velebit sous de type karstique, ne dépassant pas les mille huit cent mètres et où l’eau est rare et l’air est chaud. Foulant l’herbe et les graviers de pistes nous marchons de longues heures dans un décor sec, empreint d’une belle énergie propre à ce genre de milieu. Les deux dernières heures épuisantes nous emmènent sur un col, là où les restes d’un refuge s’y trouve entassés. L’eau ne manquera pas heureusement, le bois pour le feu non plus.
Autour de celui-ci nous retrouvons encore une fois ce bonheur si simple de vivre la soirée autour de ce beau brasier. L’amitié, cette histoire de deux popotes de randonnée chauffant côte à côte dans les flammes dansantes d’un feu de vie.
Nous grimpons un mont voisin afin de prendre le petit déjeuner en son sommet. C’est ensuite une marche dans un paysage de montagnes dégagées et étendues sur un horizon de collines plus ou moins escarpées.
Je regarde de loin la silhouette de mon compagnon de marche. Il est dur de comprendre l’alchimie de ces quinze ans d’amitié que nous partageons à travers l’écoulement de nos vies. C’est à l’image d’un marquage de trait semaine après semaine, en compagnie d’un grand-père tout heureux et suivant la progression de la courbe de croissance sur un vieux et solide mur de plâtre. Ce n’est finalement que plus tard que l’on se rend compte de l’étendu du chemin parcouru, certain passage plus rapide et dure, d’autre plus long et profond, cela en essayant de se rappeler l’importance de chaque moment écoulé entre chaque marque de couleurs ornant ce tableau.
Les kilomètres défilent lentement et tranquillement. Nous atteignons le puit convoité inscrit sur ma carte. Il faut puiser par un système de seau simpliste dont l’eau fraiche ne tarde pas à laver les corps suants. Un refuge se trouve à un kilomètre. A l’intérieur de celui-ci se trouve déjà une dizaine de randonneurs revenant de leurs journées de marche. La vie dans les refuges de montagne est toujours intéressant à voir : il y a le jeune couple restant dans leur bulle, celui de retraités cherchant à en sortir, le groupe d’amis bruyants et enthousiasmes, les marcheurs solo aimant à parler à n’importe qui puis le fameux « spécialiste des lieux », celui qui connait parfaitement le coin pour s’y être rendu tout au long de sa vie et dont il en assimile l’endroit comme presque étant une propriété personnelle. C’est Mauricio qui en occupe ce rôle ce soir. Biologiste au chômage et photographe animalier il reste souvent plusieurs jours dans cette cabane, à chercher les occasions d’apercevoir les sangliers, ours, serpents et oiseaux.
Ayant pris soin d’apporter une petite réserve de farine, nous cuisons sur les braises de délicieux chaussons chappattis aux orties, ail oignons et fromage fondant.
Un sentier abrupte descend en direction de la vallée qui nous permettra d’accéder à la continuité de la chaine. Nous retrouvons de longues et plates pistes traversant des hameaux de maisons semblant à moitié habités. Nous croisons de temps à autre des véhicules tous terrains conduit par un guide et remplis par des familles ou groupe de touristes.
Les pauses sont de bons moments. Damien ayant apporté de France saucissons et bons fromages, nos repas sont loin d’en être frugaux.
Des forêts de hêtres nous procurent ombres et changements. Débouchant sur une vue dégagée c’est soudain une magnifique vue sur la mer adriatique que l’on suis, cela à moins de trois kilomètres. De longs piliers calcaires oblongs sont dressés et pointent vers le ciel.
Nous trouvons une fois de plus le refuge bondé, cette fois par des volontaires s’occupant du balisage des sentiers. Rien ne vaut pour nous une bonne nuit sous la tente à cent mètres de l’abri. Comble de luxure ce soir : fixer la tablette sur le bâton central de la tente et regarder un film installés confortablement dans nos sacs de couchage tout en entendant les douces rafales de vent à l’extérieur.
La journée est longue et difficile au lendemain : nous suivons des pistes et chemins traversant en montée et descente de grands pans de forêts chauffées par la chaleur de la journée. Sortant des bois, la grimpette du Veliki Stolac est amusante, à cause d’un vent furieux dont l’arrivée au sommet nous offre une vue splendide sur les nombreuses îles que composent la côte. Nous descendons la pente herbeuse secouée par les puissantes bourrasques.
Un puit se trouve construit à côté d’un refuge en reconstruction. N’ayant plus de ravitaillement d’eau avant le lendemain soir nous buvons tout notre soul avant de partir chargés au maximum. Une clairière reçoit notre tente une heure plus loin. Il est bon de se trouver dans cette forêt ce soir, sans aucune autre personne à côté. Autour d’un feu, la nuit devient le témoin de belles discutions et de rires bien gras.
Nous arpentons la forêt toute la sainte journée, cela à travers sentiers et passages sans cesse recouverts de rochers nous arrachant à chaque fois le double d’efforts à fournir. Nous ne croisons pas grand monde : un joli couple ainsi qu’un pauvre bougre tout seul charriant un sac à dos de vingt-huit kilos et dont nous retrouvons une de ces précieuses gourdes d’eau quelques kilomètres plus loin. Epuisés et tout suant nous atteignons un croisement d’une route traversant le massif. Aucune épicerie pour un peu de ravitaillement mais un restaurant fait notre bonheur. La fatigue, le kilo de viandes grillées et les bières avalées sont de parfaits ingrédients pour piquer du nez alors que la toile de tente vient juste d’être montée un peu plus loin. Phrase retenue de la soirée : « on est juste bien ».
L’environnement change au fur et à mesure que nous avançons dans la partie nord du parc national. Les forêts sont plus présentes, les sentiers mieux marqués et les randonneurs au rendez-vous. Les fraises des bois sont de partout, il nous faut un mental d’acier afin de ne pas poser les sacs à dos toute les cinq minutes. Nous dormons au soir à côté d’un refuge dont le gardien y vit pratiquement à l’année, rentrant une journée par mois seulement et passant le reste de son temps à surveiller et entretenir le refuge en compagnie de quelques gallons de bière et de raki. Très spécial comme mode de vie.
La marche sur des lignes de crêtes à mille trois cent mètres est agréable. Un orage rapide vient faire baisser la température de quelques degrés puis nous arrivons sur l’avant dernier refuge de cette traversée. Trop de monde et d’interdictions de camper nous font déserter pour une belle clairière où l’on décide de dormir à la belle étoile. Les moustiques s’en donnent à cœur joie à cette nouvelle.
Arrive le dernier jour de marche ce matin, comme toujours avant un départ d’un ami venant me rendre visite c’est un sentiment de « trac » qui survient, me rappelant que la solitude arrivera très bientôt et fera un peu mal au début.
Le chemin sinus à travers un paysage ruiniforme magnifique. Etant sur la partie la plus fréquentée des Velebit nous ne sommes bien entendu pas les seuls présent. Mais la journée a le mérite d’être courte et sans grands dénivelés. Le refuge Zavizan est notre point d’arrivée. Une bonne ambiance règne dans ce lieu attirant une grande partie des randonneurs croates. A notre déception le restaurant du refuge n’est plus ouvert, pour nous qui rêvions d’un gargantuesque repas final. Nous partons nous installer sur le sommet d’une montagne d’à côté. Cette dernière soirée est belle. Nous restons à observer l’horizon aux teintes déclinantes dans les eaux de l’adriatique au loin tout en faisant chauffer sur un feu nos soupes de pâtes au lard et oignons.
Pas besoin de tente lorsque les étoiles veillent sur nos corps endormis.
Nous expédions les aux-revoir rapidement au matin. Entre nous les grandes cérémonies n’existerons qu’au moment du cassage de pipe. Damien part à pied en direction de la route côtière à moins de deux heures de marche. D’ici là il rejoindra Rijeka en autostop afin de prendre un bus pour la France.
Me voilà de nouveau seul. Beaucoup de pensées et souvenirs arrivent d’un coup alors que j’observe la silhouette de mon ami disparaître progressivement. Je repense à Mara et la beauté de cette personne dont j’attends impatiemment de revoir, aux retrouvailles de Damien et à ces dix jours de marche ensemble passés dans ce genre de moment privilégié dont il me semble que l’on en connait tous les deux si bien la recette depuis tant d’années.
Mais l’effet de nostalgie est vite remplacé par celui d’avancer. L’ambiance « parc national » et « vacance » est soudain fini. Les sentiers sont pour la moitié effacés ou totalement absents. La végétation et la chaleur se serrent les coudes mutuellement afin de m’en faire voir de toutes les couleurs. Heureusement des champs entiers de fraises des bois sont là pour m’offrir leur merveilleuses saveurs sucrées.
Aux retrouvailles avec ma solitude c’est à chaque fois une intense joie que je redécouvre, joie équilibrée me permettant d’être vraiment celui que je suis. Vivre avec un ami ou des amis, une amie ou une famille, chacune des interactions prends toujours une minuscule énergie, puisant dans des réserves qu’il faut souvent penser à recharger.
J’arrive en fin de journée à un croisement de route. Je suis poisseux et fatigué et je ne rêve que de quelques litres d’eau fraiche sur mon corps. Je trouve ce bonheur en dégottant un puit construit au milieu d’une ferme abandonnée. Ma tente attire ce soir un van conduit par un anglais du nom de Jamie, Dj de passion, free-lance de métier et hippie de caractère. Assis sur une colline dans l’obscurité de la nuit, un feu en guise d’ami commun, nous nous laissons aller en nous racontant nos flots de péripéties et périodes de vies, cela en appréciant ce genre de rencontre sans « prise de contact » permettant une honnêteté directe sans crainte du moindre jugement.
Je traverse au matin dix kilomètres de pistes à l’ombre seulement troublées par le mouvement de gros rapaces ou de biches traversant sans prévenir. Un hameau de six maisons me retient dans l’une d’entre elles lors de la rencontre de Tatjana et de sa mère Marija. Ce n’est que deux heures à boire un café italien et un raki trop fort, à manger une part d’un gâteau au chocolat, à entendre raconter une énième et passionnante histoire sur l’ancienne Yougoslavie et à me faire offrir un pain croustillant. Mais c’est aussi de puissantes énergies qui me redonnent à chaque fois la vitalité d’esprit et de corps qui me manque parfois.
J’entre dans la région Lika (de « Likos » en grec : loup), une région peu habitée car extrêmement sauvage et dénuée de tous lacs ou rivières. Ce ne sont que des étendues de monts et collines de denses forêts, s’étalant entre la bordure de la mer et de la frontière slovène qui viendra marquer un changement progressif sur le climat.
Mes pas se fraient un passage dans le labyrinthe que constitue ces bois sans fin. Je monte et descend tout l’après-midi, en prenant à chaque fois des « raccourcis » à travers un amas dense et glissant de buissons et troncs d’arbres couchés. Le heures passent lentement tandis que mes litres d’eau s’épuisent rapidement. Enfin je trouve une piste censée me mener à une habitation sept kilomètres plus loin. Je marche la distance en priant intérieurement qu’un puit se trouve là-bas. C’est heureusement la cas alors que j’atteins cette sorte de refuge construit au milieu des bois mais laissant apparaitre cette merveilleuse image d’une dalle de béton et d’une ouverture d’acier où dors une eau agréable, présente grâce à un système de récupération par les gouttières du refuge.
Je prends mon temps ce soir, autour de mon feu, de ma popote et de mes quelques ingrédients qu’il me reste de ces onze jours de marche depuis Obrovac. Le décor de la cabane s’apparente à celui d’un vieux film d’horreur d’époque. Quelques bougies trouvées ramènent l’ambiance dans le positif. Ma dernière pensées avant de sombrer dans la fatigue est la perte de mon beau couteau Mora durant l’après-midi. J’aimais beaucoup ce couteau.
Trente-deux kilomètres sur une piste de sous-bois occupent ma journée. J’arrive heureux et épuisé à la vue du village de Mrkopalj au soir. C’est un village dont l’architecture rustique des maisons trahie la proximité avec la Slovénie, ce pays appelé la « petite suisse ». Je bois une bière bien méritée dans un bar occupé par plusieurs jeunes s’empressant d’ouvrir la conversation.
Je dors cette nuit dans un abri de béton, près d’un vestiaire d’un stade de football. Je passe la journée du lendemain dans le village, à me reposer et à prévoir mon arrivée à la capitale Ljubljana pour la semaine prochaine.
La traversée des alpes dinariques se termine en ces jours pour moi. Plus de mille deux cent kilomètres marchés depuis le nord de l’Albanie, cela en deux mois et demi. Il est temps dés lors d’abandonner le sud et ces montagnes karstiques si arides afin de remonter progressivement par la Slovénie, l’Italie, la Suisse puis enfin la France.
Je repars moins fatigué mais toujours aussi puant. Cela fait deux semaines que je rêve d’une rivière qui me permettra de laver ces chiffons crasseux que constitue mes vêtements désormais. J’atteins ce fantasme qu’au lendemain après-midi, après une journée de marche sur des routes de campagne ainsi qu’une moitié dans les chemins et pistes du parc national de Risjnak. Un gros orage vient interrompre ce moment de délice que mon esprit s’amusait à en imaginer chaque moment. J’arrive devant la rivière Kupa sous des trombes d’eau glacées. Il y a des moments à vivre dans une vie, ce genre de moments spéciaux et uniques formant une belle image de souvenir. J’en rajoute une ligne à ma collection alors que je me retrouve nu, au milieu de cette rivière, lavant mes vêtements à grands coups de savon sous un déluge de pluie et de tonnerre.
Propre comme un sou presque neuf, je marche une heure le long de ce cours d’eau, avant que le soleil revienne et me fasse rencontrer Josip, un croate de trente-quatre ans ayant construit sa maison au bord même de la Kupa, au centre de cette réserve naturelle immense. Parlant français pour y avoir habité quelques temps, il me fait visiter son paradis qu’il s’est aménagé durant ces dernières années. C’est simple un bonheur par moment : un bassin de béton faisant office de frigo à truites, une rivière pour la pêche à la mouche, des brebis et chèvres pour le fromage le lait et la viande, une carabine pour le gibier, une connaissance des plantes sauvages pour les recettes et baumes médicinales ainsi qu’un grand chalet se transformant mois après mois en une future auberge.
Josip me dit aimer entendre les hurlements des loups et le retentissement du brame des cerfs la nuit, apprécier cette vie en nature auprès de Ces montagnes qu’il connait comme sa poche, prendre son temps sans aucun stress et travailler pour son lieu de vie personnel. Pourtant il me confit que la vie en couple dans cet environnement est loin d’être pratique afin qu’une compagne accepte de venir s’y installer.
-A chaque fois c’est la même chose ! me raconte Josip en rigolant. Elles restent émerveillées du lieu, de la belle rivière, des brebis et leurs agréables bêlements, de la nourriture saine et du contact de la nature… Et bien après quelques semaines c’est plutôt : « Putain mais elles vont se taire ces stupides bêtes ! »
Nous restons encore à discuter de tous et de rien un moment avant que je reprenne mes chemins. J’emporte avec moi, en plus d’un gros sachet de thé sauvage, cette pensée qui revient de temps à autre, et qui me fait réaliser à quel point j’ai envie de me poser quelques temps après ce voyage.
Je rejoins la route longeant une seconde autre rivière qui se trouve être la ligne de frontière entre la Croatie et la Slovénie. J’aperçois les barbelés tous neuf ayant été installés l’année dernière en vue d’un « meilleur contrôle » des refugiés syriens se dirigeant vers l’Allemagne.
Je marche deux heures supplémentaire, à traverser une foule d’authentiques villages montagnards ne me laissant aucune minute de lassitude.
L’orage revient et dure tout la nuit tandis que je reste confortablement blottis sous ma tente et enfouis dans quelques imaginaires d’un livre.
Huit kilomètres m’emmènent au matin à Cabar, village de bucheron coincé et boudant dans le fond de la vallée. Un pêcheur sur la route me paie le schnaps puis me parle de la vie entre deux gorgées avalés. Cette dernière rencontre croate a le mérite d’être forte en degrés, courte en phrases et puissante en mots.
Je dépense mes derniers kunas dans une épicerie, casse la croute près d’une église puis passe la minuscule frontière où une vieille route en lacets débute et mène en terres slovène.
C’est soudain la fin d’une autre période de cette marche aussi bien que la rupture avec une Europe du Sud-Est, qui m’aura offert en plus d’une vue de son âme, une véritable beauté d’instants qui m’auront marqué un peu plus profondément par le fer rouge que le déroulé de mes pas ont le pouvoir de créer parfois.
Jérôme
Magnifique, incroyable, extraordinaire…