On nous a déjà fais la remarque que: « Traverser la France, cela ne doit pas être très intéressant à découvrir dans un tel voyage !?!». Et bien je pensais la même chose au début, mais après un peu plus d’un mois et demi de balade sur ses sentiers, je me suis rendu compte que je m’étais bien trompé, qu’il y avait encore des choses à découvrir et surtout à redécouvrir. Notamment une que j’aimerais vous faire part. Mais commençons par le début.
Thème 1 : Surprises au crépuscule.
Thème 2 : L’hospitalité Française
Thème 3 : Recevoir
Conclusion
Surprises au crépuscule
Lors de la préparation de notre voyage, nous imaginions que notre futur mode de vie se composerais de journées, matinées et d’après midi toutes différentes les unes des autres et que la plupart des soirs se résumeraient par une petit routine sous la tente.
Se petit train-train de se réfugier sous son « cocon de tissus », après une bonne journée de marche, peut paraître très agréable en été. Cela en est tous autre lorsque l’hiver approche : La condensation mouille les parois intérieur de la tente, et au réveil, on retrouve une fine pellicule d’eau sur nos duvets, se qui n’est pas agréable du tout. Cette humidité ne s’évapore pas entièrement si nous ne prenons pas le soin d’aérer notre équipement la journée. De plus le moment du pliage de la tente dans le froid est difficile, sans oublier que l’appréhension de cette étape nous fait tarder de sortir de nos duvets. Et cela nous amène à partir assez tard le matin. Apres avoir vécu cela, je peut vous assurer que l’on commençais notre marche avec la nostalgie de l’été.
Puis il fut un jour, le quatrième après notre départ, en fin d’après midi, dans les bois en Auvergne, que nous toquons à la porte d’une petite maison isolé, pour y demander de l’eau. La fenêtre au dessus de la porte d’entrée s’ouvrit et nous apercevons une Soeur au visage lumineux qui, après nous avoir sourit, descendis nous ouvrir la porte. Celle-ci vivait en ermitage dans ce lieu. Après nous avoir remplis nos bouteilles d’eau, elle nous invita à boire un thé, puis le repas après en sa compagnie et enfin à dormir dans son étable, faute de n’avoir d’autre pièce plus chaude. La soirée avait été très enrichissante par cette rencontre et la nuit fut réparatrice et conseillère.
Au lendemain matin, après un levée facile et un départ plus tôt que d’habitude, une idée germa et nous-nous sommes dit: « Quand nous arrêtons la marche de la journée, pourquoi ne pas d’abord demander aux habitants du coin un simple abri, plutôt que de planter la tente tout de suite et nous isoler ». Si l’on trouve des personnes acceptant de nous recevoir, se serait peut-être une manière par la suite de les rencontrer, et puis si elles ne veulent pas faire connaissance, on aura au moins la chance d’avoir une meilleur nuit et bien moins de difficultés à nous préparer le matin. C’est ainsi que l’aventure pris une nouvelle forme. Lorsque la nuit commençait à tomber, nous demandions aux maisons des alentours un endroit pour dormir.
Au début, on pensait que cette occasion se présenterait que de temps en temps ; Mais à notre grande surprise, nous trouvions quasiment des hôtes à chaque soirée.
Il y a généralement quelques refus aux premières demandes, mais bien moins que l’on ne pouvais l’imaginer. Et puis il est rare que lorsque une personne fait la démarche de nous laisser un abri chez elle, qu’elle n’entreprends pas par la suite de nous offrir plus que se qu’on lui demandais. Que se soit un thé ou un repas, celui-ci est souvent accompagné de quelques discussions et donc, d’un partage. C’est de cette manière que nous apprenons chaque soir à découvrir ses personnes à travers leurs situations, leurs vécus, leurs différents points de vue et façons d’interpréter les petites choses de la vie.
Et c’est ainsi que se que l’on croyait qui allais être le plus monotone, a représenté la partie la plus riche du voyage.
L’hospitalité Française
Ce qui m’a le plus bouleversé a été l’accueil des gens.
Avant de partir, je croyais bien connaître mon pays et ses habitants. Mais en fait c’était plutôt une impression que j’avais. Peut être à cause de la quantité d’informations que l’on peut écouter à travers les médias, ou bien que me sentant Français, j’en concluais que je connaissais mon pays et ses habitants. Quoi qu’il en soit j’avais trop généralisé avant même de découvrir les choses par moi-même.
Je croyais que mon pays était peuplé de gens individualiste, mais bien entendu je ne mettait pas tous le monde dans le même panier : Il y a avais bien quelques exceptions, c’est à dire des gens qui pensent aux autres autant qu’à eux même, mais pour moi, ceux-la étaient trop peut nombreux, et il me fallait donc composer avec la majorité, c’est à dire avec ceux qui pense avant toute chose à leur propre personne.
Pas très jolie cette vision de la vie quand nous l’interprétons comme cela ? Et bien, j’avais vraiment besoin de redécouvrir ça.
Au fur et à mesure que nous prenions l’habitude de demander un abri à un inconnu, les gens nous acceptaient et nous recevaient tellement facilement, que cela nous devenais naturel de le faire. On se rendait compte que l’on trouvait presque à chaque fois quelqu’un étant d’accord de « jouer le jeux », ou que l’on soit sur notre chemin.
Ce qui nous a aussi beaucoup frappé, c’est que nous avons été reçu par vraiment tout type de personnes, ainsi même celle à qui nous aurions put voir comme « perdue d’avance », car nous les avions rangées un peu dans « un concept ».
Que se soit : L’agriculteur n’ayant cessé de travailler durant toute sa vie, la personne vivant presque isolée des autres, les personnes passant beaucoup de leurs temps en présence de la télévision, les familles avec de jeunes enfants, les gens qui ne sont jamais sortis du pays, ceux qui pensent à bien fermer leurs portails chaque nuit, la dame âgée vivant toute seul chez elle, les jeunes couples, les gens recevant des invités se soir là, les personnes immigrées qui ce sentent mal acceptées dans le pays, les personnes devant partir en vacance le lendemain matin, les personnes paraissant aisé ou celle avec des difficultés financière; les femmes vivant seul ou encore ceux qui vivent dans un petit endroit.
Tous ses concepts de personnes n’ont pas fait l’exception de ne pas nous recevoir en France
Cette réalité que nous avons découverte par la marche a désapprouvé toutes nos théories.
Après avoir quitté Jérôme, de Loches jusqu’à Sainte Maire l’Eglise (dans la Manche), l’accueil des gens c’est intensifié d’avantage. Durant 22 jours d’affilés je n’ai pas eu besoin d’utiliser la tente, et il y a même eu 19 jours ou j’ai pu dormir à l’intérieur de la maison de l’habitant.
Je n’avais même plus besoin de trouver un moyen de me laver à l’extérieur car les gens me proposaient assez naturellement d’utiliser leur salle de bains.
C’est trop marrant de découvrir la façon que chacun m’a reçu : Certain m’incluais dans leur famille comme si il était prévus que j’y soit convié ou encore d’autre me recevais un peut comme « un invité surprise » ; A cette occasion, ils changeais quelque chose de ce qu’ils avaient prévus, telle que un repas mieux préparé. On m’a souvent servis l’apéro et il est même arrivé par certains hôtes d’ouvrir une bouteille de champagne. Une fois, il y a même eu une personne qui a entamé des pots de fois gras, de mousse de canard, de terrine et de confiture de figue.
Encore surprenant, pour le réveillon de Noël et le nouvel an, j’ai aussi trouvé des gens qui mon accueilli et convié à leur fête, même pour le grand repas d’après midi de Noël du 25 décembre.
Pour ce qui est des gens qui ne nous on pas accepté, je n’est jamais ressentie de refus par méchanceté ou pour le plaisir de nous voir dormir dehors .Au contraire, j’ai réellement eu l’impression que ces gens, en général aimerais nous aider mais peuvent être pris par le manque de temps ou le plus souvent, se retrouve face à leur crainte. Chose que l’on comprend parfaitement. D’ailleurs je tiens à dire que nous ne médisons jamais sur les personnes nous refusant. Car honnêtement, on se demande ce que l’on aurais fais si l’on aurais été à leur place.
Pour la plupart des hôtes qui mon reçus et à qui j’ai posé la question, c’était pour eux la première fois que quelqu’un sonnais à leur porte pour leur demander l’hospitalité. C’était donc inhabituel, mais il se sont dit : « Pourquoi pas ».
En tout cas, j’étais loin de me douter que derrière cette impression que le monde autour de nous a tendance à nous donner, existais en réalité une solidarité sous-jacente qui me permet de croire aujourd’hui que l’on peut trouver où que l’on soit sur notre chemin, des personnes prêtes à nous faire confiance et nous recevoir ; Des inconnues sur qui on peut compter.
Recevoir
Notre démarche nous révèle un autre coté de la vie, mais a soulevé en nous aussi d’autres problématiques que nous n’avions jamais imaginé au part avant, des questions auxquels on n’a pas encore trouvé de réponses précise et que l’on ne trouvera peut-être jamais face à la complexité qui fait l’unicité en chacun.
On s’est souvent demander pourquoi les gens nous recevais aussi bien et qu’est-ce que cela leurs apportaient. On a put supposer que l’on pouvais leur changer une soirée qui aurais pu être habituel, que nos histoires pouvais peut-être les intéresser ou bien simplement échanger des paroles quelques que soit les thèmes avec eux. Il m’est arrivé de questionner nos hôtes à ce sujet d’ailleurs, et on a put obtenir plusieurs réponses différentes, voir même originales :
Certains disent qu’ils le font parce qu’ils aurais aimé être accueilli comme cela, si jamais ils aurais été à notre place, d’autre nous expriment que c’est pour nous encourager, quelque un a même affirmé que j’aurais pu être son enfant, plusieurs nous ont expliqué qu’ils trouvaient un bonheur en faisant plaisir aux autres, on nous a aussi dit une fois que la présence de voyageurs pouvais faire voyager certaines personnes ou remémorer de bons souvenirs à se sujet, on ma exprimé que notre rencontre n’étais pas un hasard et il y a même eu des gens qui mon raconté qu’ils appréciaient l’émission : « J’irais dormir chez vous » et qu’ils avaient évoqué auparavant que si jamais un « Antoine de Maximie » sonnerait à leur porte, ils l’accueilleraient.
Mais souvent, à la fin d’une rencontre, on se sent redevable envers les personnes qui nous on accueillies, voir même gêné d’avoir autant reçue d’eux. On ne regrette pas non plus notre démarche, parce que « cela a marché » : on est allé a un endroit que l’on ne connaissais pas et un inconnu nous a ouvert sa porte. Cela nous rouvre les yeux et nous surprend agréablement à chaque fois et encore aujourd’hui.
Mais il arrive des moments où l’on perd le sens de cette démarche du fait que l’on reçois tellement que l’on arrive à se demander si l’on mérite tout cela, on se sens donc redevable bien que l’on ne trouve rien d’autre que de dire simplement « Merci ». On espère avoir fait autant plaisir à nos hotes que eux l’on fait à nous, mais on en est jamais assuré à coup sur.
Il nous arrive parfois d’atteindre un stade de recevoir tellement, que l’envie de le rendre semble parfois lourde sur nos épaules. Une solution que l’on a trouvé pour « s’affranchir de cette charge » (en étant honnête en vers soi-même) est tout simplement de se sentir reconnaissant envers la vie, de lui dire merci, et d’essayé de ne pas louper de répandre du bonheur à notre tour lorsque cela se présente sur notre chemin.
En communicant par Internet avec une de mes hote en France, celle-ci ma demandé « Vous devez avoir rencontré tellement de personnes que cela ne dois pas être facile pour vous de vous souvenir de chacun !!! ».
Pour le moment on se souvient de chacune, nous avons pourtant fais plus 200 rencontres aujourd’hui. Mais chacune d’elle ont eus un tel impact sur nos personnes qu’il serait difficile, à mon avis, de ne plus nous en rappeler. Je ne pense pas que je pourrais oublier cela comme si s’étaient de simples formules de chimie ou des mêmes personnes que je pouvais croiser tous les jours dans le bus journalier.
Pour ma part, je vis encore beaucoup avec la mémoire des gens que j’ai rencontré, ils font partis de notre voyage et c’est avec le souvenir de chaque moments partagés ensemble que je marche.
Inconsciemment on lute aussi contre l’oubli : En nourrissant avec Jérôme la nostalgie des moments passés, on parle aussi bien de nos rencontres que l’on peut parler de connaissances que l’on a fréquenté ensemble pendant longtemps ; Par moments on se dit : « Tiens, j’espère que son boulot lui plait encore », en parlant d’un de nos hote rencontré quelques semaines avant ; Ou encore des fois, on évoquent ensemble des similarités entre l’hote du soir par rapport à un des précédents. Puis pour finir, quand nous allons sur notre site, les principes des photos qui défilent nous fait un peu comme un petit questionnaire auquel nous répondons tous juste à chaque fois.
Si un jour ma mémoire face à tous ses visages sature, sans pour autant que je ne change pas par rapport à l’attention que je porte en chacun, cela ne serais jamais un oubli par indifférence.
Le temps nous le dira, mais aujourd’hui, j’ai choisi de ne pas croire que j’oublierai ces échanges, échanges qui m’ont été pour chacun essentiel dans mon épanouissement.
Les rencontres peuplent nos souvenirs et nous accompagnent tout au long de notre voyage.
Le mot de la fin
Avec un sac à dos, des bonnes chaussures, et rien de plus, j’ai redécouvert mon pays d’un regard bien plus beau et plus réel que celui que j’avais lorsque j’avais un travail, un logement et une voiture.
Je le quitte avec de si beaux souvenirs liés par cette expérience.
François
Salut, et merci de partager avec les autres un autre angle de vue, de vie.
Après tout, quitte à vouloir changer de point de vue, tu aurais pu cueillir le jour et recevoir la nature sans jamais en témoigner : ce partage est une joie considérable pour les indécis qui ont choisi de ne pas choisir, dont je fais partie
Je suis né en France aussi, j’y vis depuis, et du coup il est bon de te lire prendre le pouls de la fraternité dont nous sommes capables dans ce pays. En regardant le contexte social et le modèle de vie dont nos médias font la promotion (devenir entrepreneur, faire carrière et autre motivation pourvue que sa finalité soit égocentrée et matérielle), on a vite fait d’hypothéquer en bloc notre espèce en effet, et sans doute à tort.
Tu mets l’accent sur l’autre côté du miroir de la solidarité : la difficulté, la gêne que l’on a à recevoir. Et la solution que tu as trouvé, de considérer que ces cadeaux que tu reçois te chargent en joie, que tu peux à ton tour faire rebondir sur les autres – si j’ai bien compris – m’a beaucoup plu.
Après, pour être tout à fait honnête, bien que tu répondes à la nature qui s’offre quotidiennement à nous en t’offrant à ton tour à elle, là où en majorité nous l’ignorons ou prétendons la dominer, j’ai le sentiment que ta motivation profonde est égoïste :
– Lorsque tu te filmes pour faire le point sur tes deux premières années de crapahut, je ressens que ton « projet » et son évolution prennent largement le pas sur ce lien que tu as tissé au quotidien avec la nature. « La direction » prend le pas sur l’objet, sur « le chemin » si on peut dire : « la carrière » de marcheur se dessine. Tu y parles aussi des différences de caractères entre François et toi, et le bilan sonne comme une séparation, comme si le retour vers soi et pour soi valait davantage que ce que vous avez partagé ensemble. « Chacun récupère ses billes » pour dire ça autrement
– Tu sembles passer facilement sur les rencontres que tu fais chaque jour. Le remerciement semble aller de soi, comme politesse, comme norme sociale, mais en pratique, on a l’impression que tu te sépares assez facilement de tes hôtes. C’est encore plus apparent quand tu évoques l’interruption momentanée de ton périple suite au décès de ta maman, pour ensuite sembler reprendre comme si de rien n’était. Qu’est-ce qui explique cela ? De la pudeur pour te protéger affectivement j’imagine. Et puis je me fais l’avocat du diable ici dans le seul but de changer de perspective et de questionner les choses. Si les émotions tristes devaient t’envahir dès que tu quittes une scène, tu ne pourrais sans doute pas te projeter, te donner l’énergie et les moyens d’atteindre la suivante
– La formule « vous pouvez faire un bout de chemin avec nous », plutôt que « nous pouvons faire un bout de chemin ensemble ». Ce n’est sans doute pas un choix de mots anodin
Ce ne sont pas des reproches, des jugements ou encore des piques que je cherche à t’adresser, pour blesser ton moral ou apposer une quelconque valeur sur tes actes. Le mot « égoïste » est péjoratif et pose une malveillance que je ne te prête pas. Ton amour et ton humilité au contact de la nature sont à n’en pas douter véritables.
C’est uniquement une perception comme une autre, qu’on peut ne pas avoir, qu’on peut laisser passer comme le vent, qu’on peut vouloir comprendre aussi.
J’en viens à me dire que pour être libre, il faut avoir ou développer en soi un niveau d’individualisme minimal, un certain niveau d’autonomie on pourrait dire aussi. C’est peut-être ce que l’on appelle couramment la « confiance en soi », « l’estime de soi », « la fierté », « savoir ce que l’on veut ». Je n’arrive pas distinguer ces différentes formules, dont le sens semble lié.
Egalement, un peu en vrac, comme j’ai la chance d’avoir rencontré la montagne à l’occasion de vacances estivales organisées par mes parents quand j’étais bézo, quelques conseils pratique :
– Lorsque l’on est surpris par l’orage, il faut penser à redescendre en altitude, quelques dizaines de mètres suffisent, pour s’éloigner des points les plus hauts où la foudre est la plus susceptible de frapper
– Dans cette fuite, il ne faut pas courir : le sol est trempé, et la probabilité de se blesser physiquement (entorse, fracture) est bien plus grande que celle d’être foudroyé
– Si l’orage est vraiment très proche, en distance, et que la fuite n’est alors pas possible (air électrique, rochers qui « crépitent »), il serait salvateur de mettre à distance tout objets métalliques et électroniques (piles, montres, GPS, autre), en les isolant de l’air dans un pull-over ou autre couverture, et en les laissant à quelques dizaines de mètres de soi, le temps que l’orage passe.
Des guides de haute montagne avaient contraint notre groupe à cette précaution, pour terminer l’ascension du Mont Vignemale dans les Pyrénées, ce jour où l’orage était sur nous
Ce sont peut-être des banalités pour certains de ces conseils, de faux « bons conseils » pour d’autres, peut-être qu’ils sont bons et qu’ils te faciliteront certains moments
Je te questionne beaucoup ici, parce que je ne sais pas faire autrement qu’essayer de comprendre ce même grand tout dans lequel on évolue tous, avec autant de manière de le voir qu’il y a d’êtres vivants. Loin de moi l’idée de mettre ta valeur d’être humain à la pesée.
Pour contraste, dans ma caboche de jeune trentenaire, la vie est devenue plus plate, plus sûre matériellement et conséquemment moins goûtue qu’il y a à peine 10 années de cela
– La vie en société pose le fil directeur « éducation + boulot et famille + retraite », l’argent sert de mousqueton, et on a vite fait de se dire que l’on n’a pas le choix, de manière encore plus contraignante lorsque l’on ne vit plus uniquement qu’avec soi-même (compagne, enfants) j’imagine. C’est une peur comme une autre de dire que l’on « n’a pas le choix », mais elle est infondée. On a le choix de vivre autrement si on le désire, tu en as le courage, tu le fais et cerise sur le gâteau, tu en témoignes. Siroter la vie à la paille ou la croquer à pleines dents, propres de préférence, pourries pour les moins regardants
– Pour l’heure, ce « mode d’emploi de la vie » prévu pour le plus grand nombre, qui fait écran à une nature qui m’apaise et me satisfait plus que tout, je suis inscrit dedans. Il me déprime et déforme le lien social : je n’arrive plus à regarder les gens dans les yeux, à évoluer dans le temps à leur côté, je porte en permanence des lunettes de soleil pour m’isoler un peu plus et éviter le contact avec une espèce qui s’est trop éloigné de la nature à mon goût et.. * remplir avec tous les préjugés imaginables *, je mets du pognon de côté, bien plus que nécessaire, pour faire taire la peur de manquer matériellement. Quand vient le week-end, je vais me promener dans la nature environnante, m’assied, regarde le vent agiter les herbes, pour rentrer chez moi à la ville, plus triste que je n’étais parti, comme si j’étais parti me recueillir au cimetière sur la dépouille d’un être cher. L’araignée prise dans la toile
– Puisque aujourd’hui pas assez fort moralement ou courageux pour rejoindre la nature, je me dis aussi que la longévité d’une vie n’en fait aucunement la beauté, pour enfin considérer que je pourrais l’interrompre plus tôt que de nature, non sans regrets mais calmement. Mais même à examiner cette possibilité, ce sont les affects qui me rattrapent : mes deux parents sont en case « retraite » du jeu de petits chevaux, depuis quelque années, et comme ils semblent mieux jouir de la vie que je ne le fais, je ne veux pas altérer leur bonheur. Je suis donc resté enfant, ma vie leur appartient toujours et même si je suis indépendant physiquement, matériellement, je n’ai pas pris « mon autonomie » intérieurement, je suis toujours dans le nid. Et c’est avec la bienveillance d’une bougie éteinte que je le constate à chaque fois que je vais leur rendre visite. Résultat : c’est devenu une habitude, une règle sociale, et je n’ai plus de plaisir véritable à aller les voir, plus grand-chose à partager non plus puisque je laisse stagner « ma » vie
– Alors j’attends. Et quand on a un peu trop d’émotion, on tente de se désensibiliser pour moins en souffrir : boisson, jeux-vidéos, consommation effrénée et excessive de loisirs, cultiver son intellect, s’intéresser à des sujets qui mettent les méninges en marche. Le choix est large (j’vous l’avais dit )
Au risque de paraître pessimiste, et comme tu expliques apprécier la randonnée itinérante seul comme en binôme, j’aimerais te demander :
– As-tu vécu ou envisagé du danger au contact de nos semblables ? Je pense à de mauvaises rencontres parmi les hommes, quel qu’en soit le motif (argent, pulsions violentes, rejet / racisme). Une fois à l’écart des zones denses et peuplées, c’est une crainte que j’imagine éteinte, mais dès que tu te rapproches d’une ville, ça devient davantage réel, non ?
– Quand à ce même danger au contact d’autres espèces, sans doute ont-elles bien plus peur de nous que l’inverse (donc pas de risque) ? Sauf à surprendre les petits d’une mère, qui attaquerait pour les défendre, ou à s’approcher d’un mâle en chaleur, qui prendrait ça comme un défi « Ki K’a la plus grosse » ?
Voilà, c’est pas mal bordélique ce que je vous dépose ici : la grande question de « je » versus le « nous »
Comme un gamin qui voit un parent s’éloigner avant d’être lâché devant l’inconnu, un premier matin d’école, c’est un « Sniiiiif ! », et puis merde, un « Bonne route ! » que je t’adresse.
Sympathie, Sylvain