La Scandinavie, que ce soit de la Norvège, de la Suède ou encore de la Finlande, possède un environnement propice à toutes sortes d’activités en nature ; La faune et la flore y sont uniques et les montagnes qui les abritent sont tout simplement fantastiques. De nombreux parcs naturels y sont référencés et un nombre incalculable de voies pédestres ont été aménagés ; Cela va du simple balisage à la peinture à de magnifiques sentiers entrecoupés de refuges gardés ou non .
Depuis plusieurs semaines déjà nous marchions dans ces montagnes ; Nous venions de terminer un trek assez célèbre en Suède : La Kungsleden, une voie serpentant les montagnes de Laponie sur plus de 500 kilomètres.
La prochaine étapes était la Nordkalotleden, une autre voie d’une distance à peu près similaire à la précédente, où l’arrivée se situait au village de Kautokeino, dans la région du Finnmark en Norvège, la population de cette dernière étant plus importante en rennes que en humain !
C’est donc dans le petit village Suédois de Abisko où après être resté deux jours à se préparer en divers ravitaillements et renouvellement de matériel, que nous partons tranquillement au petit matin chargé de plusieurs jours de vivres . Comme Robert nous avait quitté dernièrement afin de rejoindre Abisko, nous nous retrouvions désormais tous les deux.
Le soir, après une journée bien éreintante, nous arrivons devant un joli refuge construit près d’un grand lac. Nous entrons à l’intérieur et découvrons avec surprises Koin, le jeune belge que nous avions rencontré à la station de montagne d’Abisko et qui nous avait gentiment laissé photographier ces cartes.
Nous décidons de rester pour cette nuit et alors que nous étions en pleine cuisine, survint un nouveau compère venant du sens opposé ; Quelques phrases échangé avec ce dernier en anglais ont tôt eu fait de nous faire comprendre par son accent à couper au couteaux que nous avions affaire à un bon compatriote Français !
Patrice était un prof de philo et de biologie qui aimait passer ces vacances à marcher en Scandinavie; D’une personnalité plus ou moins déconcertante sur la première impression, nous ne tardons pas à très vite sympathiser avec lui. Au fil de la soirée il se révéla être une mine d’informations sur les domaine de la pêche, la randonné et la nutrition. En apprenant notre voyage, Patrice nous informa à notre plus grand bonheur et je cite « Vu les efforts quotidiens que vous faites, je pense que vous pouvez vraiment manger ce que vous voulez sans aucune limite de quantité ».
Le refuge disposant de lits bien moelleux, nous passons une agréable nuit et prenons le petit déjeuner tous ensemble. Tandis que Patrice faisais une petite liste des choses qu’il allait manger une fois arrivé au village d’Abisko, Koin partis en premier en nous disant à tout à l’heure car nous allions surement le dépasser.
Enfin nous partons en fin de matinée après avoir fait nos adieux à Patrice ; Quelques kilomètres plus loin et la frontière Norvégienne apparut ; Adieux Suède, rebonjour la Norvège !
S’ensuit après de la bonne grosse montée nous emmenant progressivement sur les hauteurs de splendides montagnes. Au menus du midi, beurre de cacahuète, renne séché, confiture, miel, rochefort en tube, wasas et luxe indéniable : Des mars ! C’est toujours géniale lorsque l’on commence les premiers jours de vivre ; on a toujours tendances à manger le meilleur en bonne quantité pour ne laisser que le strict minimum les derniers jours !
Le reste de la journée fut fantastique, nous nous laissions bercé par les petits tas de pierre (Cairns) faisant office de balisage, et nous marchions dans un profond silence au milieu d’un immense plateau d’altitude… Nous retrouvons Koin qui venait d’établir son bivouac pour la nuit près d’une jolie rivière. Nous discutons un peu avec lui puis lui disons adieux pour de bon.
En chaque début de soirée un spectacle naturel s’opère : Le soleil prend alors une teinte indescriptible de beauté et illumine chaque parcelle de notre environnement de son coup de pinceau ; Au milieu de toutes ces couleurs et reflets, on réalise alors que l’on se sent plus vivant que n’importe où en pleine nature…
Nous dépassons un petit hameau puis plantons nos tentes pas loin d’un refuge qui était malheureusement occupé.
En atteignant un autre refuge le lendemain , nous rencontrons plusieurs marcheurs installé là-bas : Quelques Allemands effectuant quelques jours de randonnée dans le coin ainsi que un Norvégien du nom de Sondre qui était partis en février de la pointe la plus au sud de Norvège et qui se rendait au….Cap Nord !!! A se dire que la France ayant comme pèlerinage celui de Compostelle, la Norvège avait celui de traverser la pays d’un bout à l’autre !! La vingtaine, les cheveux et la barbe d’une bonne longueur, un accent horriblement dur à comprendre et un sac à dos de 125 L, Sondre avait vécu depuis son départ en Février, essentiellement en pleine montagne. Ce qui était impressionnant chez ce personnage, c’est que à juste 20 ans celui-ci n’avait pas hésité à s’aventurer seul en hiver à travers la neige et le froid.
Après un moment à parler avec lui nous décidons de continuer la marche à trois. Notre itinéraire jusqu’au Cap Nord étant le même pourquoi ne pas faire la route ensemble jusque-là bas si l’on s’entendais bien.
C’est donc de nouveau à trois que nous repartons tous plein d’enthousiasme pour ce nouveau tournant que prenait notre voyage.
Nous marchons très tard à travers d’immenses pierriers puis finissons pas planter les tentes à côté de plusieurs grands lacs. Sondre nous divulgua alors sa résidence principale ayant déjà endurer les pires tempêtes de neige durant l’hiver, à savoir sa tente de presque 6 kilos ! Son équipement était basé sur deux critères : Solidité et fiabilité ; Certes il portait presque 30 kilos tous les jours mais son bonheur de se retrouver le soir dans son gros duvet et son immense tente, à se faire chauffer un bon diner avec son réchaud à gaz, était sans égal.
Amateur de pêche je l’accompagna pour une petite partie dans les alentours. Comme à l’accoutumé nous revenons bredouille !
Chaque marcheur, chaque voyageur, vie avec un rythme quotidien différent ; Moi et François aimions bien marcher quelques heures le matin, faire une petite pause, reprendre pour quelques heures puis marcher encore un bout avant de s’arrêter pour le soir ; Celui de Sondre était bien différent : il appréciais particulièrement prendre son temps le matin puis marchait presque d’une traite ces kilomètres de la journée ; Il vivait au rythme de ces pas, sans vraiment se soucier de la distance parcourus ou de l’heure présente.
Le lendemain, nous suivons de longue gorges sur des hauteurs où il nous fallait par moments les traverser par des ponts de singes prévus à cet effet.
Le contact avec Sondre se passa de mieux en mieux et en fin de journée la graine de l’amitié semblait avoir germé entre lui et nous.
Les jours passèrent et de matins en matins nous nous réveillions avec de plus en plus le sentiment que l’on atteindra le Cap Nord à trois.
Les petits plaisirs que l’on rencontrait chaque journée était innombrable : Ramasser des baies jaunes ou des myrtilles, écouter du Ehnio Moricone en laissant évader notre regard sur le paysage, marcher sur des plateaux vertigineux en silence, planter les tentes le soir dans un coin fantastique, se parler entre nous pendant des heures et apprendre de mieux en mieux à se connaître, manger des crêpes en pleine montagne, marcher au milieu des rennes, faire du free style en dehors des sentiers battus, s’endormir le soir en entendant hurler le vent contre la tente…
Kautokeino étant situé à environ une quinzaine de jours de marche, un retour à la civilisation était prévus à la moitié du chemin ; Kilpijarvi, un village Finlandais où il nous sera possible de nous ravitailler.
La veille de l’arrivé dans ce village, nous campons en altitude juste en face d’un lac vraiment trop froid pour s’y laver dedans. L’avantage d’être sur les hauteurs est que les moustiques ne peuvent pas y vivre. Et je peux vous assurer que la vie se révèle fantastique sans ces maudites bestioles !
La journée du lendemain fut assez froide et pluvieuse et c’est avec bonheur que nous finissons nos réserves de nourriture quelques heures avant d’arriver au village ; Déjà nous rêvions de chocolat, de gâteaux, de pancakes et de confiseries !!
Un endroit unique en son genre de présenta à un moment : Le croisement des trois frontières. Comme son nom l’indique c’était le point précis où les frontières suédoise, norvégienne et finlandaise se rejoignait. Situé au milieu d’un lac, une grand passerelle avait été construite et une sorte d’autel était présent pour symboliser l’intersection de ces trois pays.
François souffrait depuis déjà quelques jours de douleurs à la jambe et l’arrivée au village où nous pourrions nous reposer quelques jours tombait plutôt bien.
La route nous apparut et quelques kilomètres plus loin nous entrions dans le village, crevé de ces 43 kilomètres que nous venions de marcher. Malheureusement nous avions oublié que la Finlande avançait d’une heure et le supermarché se révéla fermé… Nous qui avions salivé pendant des heures sur le méga casse-croute que nous allions enfin pouvoir nous faire, nous en étions contraint à attendre demain matin !
Nous trouvons un petit coin tranquille sur les hauteurs de la route puis établissons le campement.
Au matin, nous partons chacun pour le supermarché situé à moins de deux kilomètres. Mais alors que nous étions en train de rejoindre la route, deux énorme rennes comme je n’en avais encore jamais vu dont quelques-uns blancs comme neige, surgirent à côté de nous ! Cette soudaine apparition, quelque peu féerique, nous laissa immobile. Les rennes atteignirent la route puis la suivirent tout simplement. Nous marchions juste dernière eux jusqu’au village et une fois au centre, les habitants et les voitures présentes ne semblèrent à peine les remarquer ! A croire que cela arrivais quotidiennement !
Nous trouvons le supermarché et faisons les grosses courses pour les prochains jours. Nous poursuivons avec un gros décrassage dans une rivière ainsi qu’une bonne lessive. De retour au campement nous rangeons bien comme il faut toutes les victuailles puis nous nous mettons chacun en mode cuisine ; Pour ma part ce fut pancakes toute l’après-midi grâce à une merveilleuse invention qui est la pâte à crêpe en poudre !! Il suffit juste d’ajouter un peu d’eau à ce mélange pour pouvoir se faire de délicieuses crêpes.
Le reste de la journée fila vite, un peu de couture, de la lecture et une bonne sieste.
Le lendemain, tout bien reposé, nous quittons Kilpijarvi pour entamer nos dernier jours en pleine montagne… Et oui une fois arrivé à Kautokeino, il restera moins de dix jours pour atteindre le Cap Nord….
Jérôme