Et voici le troisième et dernier récits de la traversée de la Finlande ainsi que de la Scandinavie… La suite à cela sera l’Europe de l’est mais avant tout, la Russie m’attendait de pied ferme ! J’avais prévus d’atteindre la frontière russe par Imatra, une ville finlandaise à l’est du pays. Mais plutôt que de m’y rendre directement je décidais de faire un petit détour pour rendre visite à une personne que vous connaissez surement déjà… Et oui cette personne c’était bien sur François, celui qui avait marché à mes côtés pendant plus de dix mois. Nous nous étions séparé au Cap nord où nous avions pris des chemins différents. Pour tout vous dire nous nous étions quitté avec en chacun de nous une sorte de haine contenu, cela dus à une trop longue période de vie en commun ; Nos formes de pensées et caractères bien divergents n’ayant pas forcément aidé à cela…
Durant les mois qui ont suivis après le cap nord nous n’avons eu que de très brefs échanges où nous nous abstenions à chaque fois de nous donner des nouvelles ; Ce ne fus que quelques semaines avant que je reparte en voyage que l’on repris contact ; Le temps semblait avait dissipé cette haine et nous nous reparlions comme de vieux amis… Il m’apprit que sa marche à travers la Finlande l’avait mené à la ville d’Jyväskylä où il s’était sédentarisé en vue d’apprendre la langue et trouver un travail. Etant donné que Jyväskylä se situait dans le sud du pays et que mon itinéraire ne s’en trouvait pas trop éloigné je lui proposa de lui rendre visite pour quelques jours. Et voici donc que deux mois plus tard je me mettais en route pour le rejoindre.
De Kuopio, après avoir revus Mikko et Erika et avoir envoyé en recommandé toute les pièces nécessaires pour mon visa Russe, je partis sur la route d’Jyväskylä qui se situait à une semaine de marche.
J’aime tellement cette façon de réfléchir chaque distance en jours de marche… En plus de ne plus se compliquer la vie à devoir regarder les trains, les bus ou les taxis, cela renvois un peu comme quelques siècles avant ou les seuls moyens de déplacement consistait soit par bateau soit par cheval ou soit par la marche à pied… En ce monde du 21 ème siècle où aller vite devient le maître mot de chaque action et projet on devrais apprendre à reconsidérer le mot lenteur afin d’arrêter de le voir sans cesse d’un point de vue péjoratif.
Comme il n’y avait pas forcément beaucoup de choix de routes je pris une sorte de grosse départementale où le trafic incessant de voitures et camions me faisaient regretter amèrement les montagnes majestueuses de Laponie… Mais bon comme c’était un peu dure de nourrir les yeux, autant rassasier le cerveau et l’imagination : Jack London… Un écrivain américain du 18 ème siècle dont les thèmes abordés sont principalement l’aventure et la survie dans la nature. Cet auteur à un style littéraire très puissant et crus qui ne font que renforcer l’immersion de ces récits ; Sont principal ouvrage, The call of the Wild ou encore l’appel du sauvage, est une histoire incroyable dont le personnage principal n’est autre qu’un chien ; Cela raconte la vie de ce dernier où arraché brutalement de l’état domestique et intégré à un attelage de chien de traineaux en pleine période de la ruée vers l’or du Klondike, il revient progressivement à ses instincts naturels une fois confronté aux pièges et à la rudesse de la nature froide et hostile. Cela montre un combat permanent contre la dure loi du plus fort ainsi que de la persévérance en toute circonstance. Cette romance n’est autre que la biographie de l’auteur dont le transfert de sa personne à travers un chien loup révèle à quel point sa vie a été difficile.
A la fin de semaine j’avais lu la majorité de ces œuvres ( le Kindle et la gratuité de certains livres sont une bénédiction pour les voyageurs !).
Les journées passèrent donc tranquillement et je fis même un petit détour afin de marcher sur de plus petites routes. Le 20 juin au soir ce fut Juhannus ou la fête du soleil annonçant la journée la plus longue de l’année. De partout en Scandinavie tout le monde se regroupe pour faire la fête autour d’un grand feu. Bon pour ma part je la passa dans une forêt en compagnie d’un écureuil grave cool qui faisait des aller-retour à côté de ma tente.
Il n’y avait pas trop de villages sur ma route et évidement je débarquais à Konnevesi un jour férié. Un bout de pain et un bout de fromage pour deux jours ça n’allait pas trop le faire… Heureusement la bonne vieille techniques des invendus des supermarchés marche encore (quoique en Finlande c’est quand même assez dure)! Je repartis du village une heure plus tard mon sac débordant de bons tacos –Kebab sous emballage.
Enfin j’arrivais à Jyväskylä où François m’avait donné rendez-vous au centre-ville au « compas ». La ville en elle-même était vraiment très jolie, situé vers la région des lacs elle est en sorte la capitale de la Finlande centrale.
Je l’attendis quelques instants puis sur un vélo sans frein mais avec un sourire sans fin il arriva du bout de la rue et fonça sur moi en une grosse accolade. Dans ce genre de moment on se rend compte que la distance et le temps ont un pouvoir de guérison vraiment phénoménale. La haine de la fin avait été poncé et seul subsistait une couche dure et épaisse d’amitié…Il habitait en collocation à trois kilomètres du centre et nous nous y rendons à pied. C’est fous comment j’étais heureux de le retrouver, nous avions tellement de choses à nous raconter et tellement d’autres à vivre.
Il me conta ce qui lui était arrivée depuis le cap nord, ces belles rencontres, ces erreurs, ces aventures et mésaventures et surtout toutes ces surprises et imprévus du voyage. Je fus vraiment impressionné de tout ce qu’il avait réussi à accomplir jusque-là par la seul force de sa persévérance… Je ne vous raconterais pas cela en détails car il prévoit bientôt d’écrire son histoire sur le site internet.
Il me présenta à ces colocataires vraiment très très discret mais bien sympas puis après un bon repas en plein air on se coucha pas trop tard car étant donné que François travaillais en tant que jardinier – paysagiste autour de la ville, il se levait à 5h 30 tous les jours.
Et les jours s’enchainèrent paisiblement, je décidais de rester finalement une semaine et lorsque François partais travailler j’en profiter pour écrire mes récits, cuisiner des bons plats de chez nous et visiter les alentours. Le week end arriva et je rencontrais plusieurs de ces amis habitant le coin principalement pour les études, Jyväskylä étant une ville très étudiante. C’était vraiment sympas de vivre quelques jours dans son pti monde… Ce fut à l’occasion d’une grosse soirée organisée dans un appartement que je me suis rendus compte de la manière qu’on les finlandais de décompresser de la semaine. L’alcool ! Bien sûr cela n’a rien de différent des autres pays mais là c’était vraiment boire pour boire pour vomir ! Et les femmes étaient encore pire que les mecs ! D’après François, les Finlandais, d’une nature habituelle très calme et réservé, étaient vraiment complétement différents lorsque ils commençaient à boire ; A tel point que l’on pouvait passer une soirée entière à parler avec une personne et avoir la surprise qu’elle ne nous reconnaissent à peine dans la rue le lendemain.
Les deux derniers jours, comme François déménageait dans une autre collocation située à quelques kilomètres, je l’aidais à faire ces cartons. C’était marrant à voir tous ce qu’il avait réussis à accumuler en quelques mois alors qu’il était seulement arrivée avec son sac à dos.
Et la dernière journée arriva, je quittais François le 1er juillet avec une belle émotion au cœur. Nous nous reverrons certainement pas avant plusieurs années mais nous nous séparions cette fois sans haine au fond de nous…
Désormais la direction sera la frontière russe !
Je marchais d’un bon pas motivée par tous les bons souvenirs de la semaine encore présents. Et encore et toujours cette formidable sensation de liberté qui enflammait de mille feux mon cœur ; Je n’ai jamais ressenti l’amour d’une fille en moi mais je me fis la réflexion que la sensation ne devais à peine ressembler de celle que je ressentais pour cette vie. Voyager simplement, c’est tombé amoureux chaque matin !
Je réussi à trouver un chemin de terre super sympas et m’y aventura.
Je planta ma tente dans un champs de vache et dégusta de bonne lentilles autour du feu… Il plut toute la nuit et cela ne s’arrêta pas avant le lendemain aprem. Je partis en sifflotant et arriva trois heures plus tard au abord du village de Toivakka. Mais alors que je marchais tranquillement sur le bord de la route, une voiture s’arrêta à mon niveau et Pietro, un gars vraiment cool engagea la conversation avec moi. Il m’avait déjà vu la veille et se demandait pourquoi est-ce que je marchais seul comme cela. L’on parla quelques minutes puis alors qu’il allait repartir il me dit que je devrais absolument rencontrer son beau-père au village.
“You should find him on the gas station, he has a black Volvo” (Tu devrais le trouver à la station-service, il a une Volvo noire)
Voici les informations que je disposais pour trouver « Martti ». Je me rappelais un article que François avait écrit racontant notre recherche de bateaux pour la Scandinavie ; Il parlait de la vie comme un jeux vidéo auquel les personnes que l’on rencontrais nous confiait des « quêtes » en nous donnant juste quelques informations… Cette comparaison est tellement belle ; Depuis plus de un an de marche je reçois ce genre de quêtes, les acceptes, les refuses, les provoques… Cette personne s’était tout simplement arrêté sur le bord de la route et m’avait donné la possibilité de m’écrire un nouveau chapitre de ma vie. Le principe du Yes man est simple : Dire oui à la vie et c’est exactement ce que je fis. Deux kilomètres plus loin je trouvais la station-service ainsi que la Volvo noire. Un grand gaillard d’une soixantaine d’année en sortis et je lui expliqua que je venais de la part de Pietro.
On peut tout voir dans les yeux d’une personne si on sait bien les regarder, et les yeux pétillants de cette armoire à glace au sourire bienveillant m’informèrent que le destin m’avait porté au bon endroit. Martti m’amena dans un café et 30 min plus tard sans que je m’en soit rendus compte je me retrouvais attablé devant un café fumant, un énorme sandwich entre les mains, tout en répondant aux questions d’un journaliste devant une dizaine de personnes que Martti avait rameuté. Après un shooting photo il me proposa de passer la nuit dans son cottage près d’un lac.
Martti, à la retraite depuis bien longtemps suite à une carrière militaire, semblait être possédé d’un constant besoin de s’investir, de construire et rencontrer du monde ; Il organisait très souvent des excursions touristiques de canoé, randonnée… Passionnée de vie dans la nature il avait même écrit plusieurs livres traitant de la survie. IL m’emmena donc à travers de petits pistes perdus jusqu’à son magnifique cottage qu’il avait acheté moins de un mois de cela. Ces deux fils ainsi que des amis de ces derniers était en train de rénover le toit. Il me présenta puis proposa à tout le monde de se rendre à une course de chevaux qui se déroulait à 60 kilomètres. Durant le trajet je fis un peu mieux connaissance avec ces deux fils Konsta et Llari de 23 et 21 ans. Ceux-ci, habitant à Helsinki et Lappeenranta, étaient venus pour la semaine afin d’aider leur père. La course de chevaux fut bien sympas et je ne vous dit même pas la pression que j’ai eu lorsque au moment des paris ils me demandèrent de leur sélectionner un cheval ! Bon Thunder joy n’a pas gagné mais la troisième position n’était pas si mal !
En rentrant le soir au cottage Martti me fit la proposition de rester les aider le temps que je voudrais. J’accepta avec plaisir. Le cottage en lui-même était très rustique : Pas d’internet, l’eau se puisait dans un vrai puit et les chiottes se situait dans une petite cabane en dehors de la maison. Le soir après le repas nous filons tous dans le sauna en sortant de temps en temps nager dans le grand lac.
Les jours suivants furent vraiment cool : Le beau temps arriva malgré encore quelques bonnes averses (finnish summer !) et je prit part dans l’équipe. La femme de Martti arriva accompagné de ces deux petits enfants voulant aider eux aussi et j’eu même la surprise de revoir Petri et sa femme.
Je me proposa pour la peinture et armé d’un pinceau et d’une échelle je m’attaqua aux façades. Les journées passèrent sans heures et sans aucun soucis en tête ; Nous faisions des pauses café chaque heure, des bonnes grosses bouffes, du sauna et de la baignade tous les jours ainsi que de la pêche nocturne… Cela me ramenait en plein dans mon enfance lorsque avec ma famille et mes amis nous avions passé trois semaines à rénover ma maison de campagne en Ardèche… Nostalgie quand tu nous tiens !
Ayant décidé de ne pas rester plus de cinq jours à cause de petites obligations au niveau des dates Martti me dit que je pourrais rester seul au cottage le dernier jour car il devait s’absenter. Llari et Konsta partirent le soir afin de rentrer chez eux puis je restais tranquille le lendemain. Je me fis presque une journée entière de pêche à taquiner le brochet à travers les roseaux et broussailles mais mise à part une belle accroche ayant failli me faire tomber à l’eau je revins bredouille comme à l’accoutumé !
Je fis mon sac le lendemain, puis Martti me conduisis au village en moto et je lui fis mes adieux avec une pointe d’émotion…
Pourquoi le marcheur se sent aussi libre lorsqu’il voyage ? Pourquoi il se sent tellement vivant à chaque instant ? Pourquoi le désir de l’inconnu lui devient de plus en plus fort chaque journée passé ? Je pense que la seule réponse à cela sont les sentiments ressentis. Le cœur d’un voyageurs est en perpétuel combat contre les émotions ; Se perdre dans la nature, subir un orage sans être préparé, accepter la solitude, faire des rencontres et subir les adieux, se sentir en osmose avec soi-même, vivre dans la nature et dans le risque permanent… Toutes ces actions amènent à des émotions très puissante. Débarrassé des soucis de propriété, d’ambition et du vouloir paraître, ce ressentiment de la vie devient exponentielle et semble alors couler librement à chaque seconde dans nos veines. Il n’est alors plus question de vivre sa vie mais simplement de la ressentir…
Reprendre la marche fut bien cool surtout que l’été semblait s’être définitivement installé. Entre 25 et 30 degrés je vous assurent que 5 litres d’eau par jours n’étaient même pas assez. La route était jolie et pour atteindre Mikkeli je décidais de prendre dans quelques jours une petite piste serpentant à travers la région des milles lacs.
La chaleur étant là et les moustiques étaient au rendez-vous avec quelques copains à eux n’étant autre que les taons : L’intelligence de 10 moustiques, la taille de 100 et un niveau d’esquive hors du commun ces maudites bêtes semblaient s’être passés le mot pour me pourrir la vie ! Heureusement ma moustiquaire fus bien utile !
Durant les jours de marche je m’intéressa particulièrement au bouleau (l’arbre) :
Tout d’abord son écorce qui est un matériaux exceptionnel , elle se détache en lanière blanche, satinée et lisse comme du papier ; Bien préparé, séché et tressé comme il faut, l’on peut fabriquer des sacs à dos, des guêtres, des gobelets, du parchemin, des paniers, des pots de fleur, des chaussures, des tuiles ou encore des chapeaux ! Aussi solide que du cuir et totalement imputrescible l’écorce de bouleau a été très utilisé en Scandinavie dans les temps anciens. Mais ce n’est pas tout ! Le goudron d’écorce peut servir de torche lumineuse et aussi de colle ; Avec la seconde écorce on fabrique une farine de survie qui mélangée à farine de blé a été très utile lors des périodes de disette. Les utilisation médicinales sont aussi très nombreuses notamment pour l’action cicatrisante des fleurs.
Au printemps, le tronc laisse écouler la sève qui est recueillie dans une bouteille suspendue à son extrémité (environ un litre par jour) ; La technique étant de percer un trou de un centimètre de diamètre sur quatre de profondeur à environ un mètre du sol ; Il suffit juste alors de placer un tube en plastique relié à une bouteille et d’attendre.
L’utilisation que tout le monde connait est aussi bien sur comme allume feu ; Un simple bout d’écorce suffit à faire démarrer n’importe quel feu !
Il existe des centaines d’autres utilisations mais bref vous aurez compris pourquoi on l’appelle communément l’arbre de survie.
J’arriva au village de Kangasniemi trois jours plus tard puis après quelques petites courses je campa auprès d’un magnifique lac bordé de plusieurs pontons. Je passa la soirée à me découper des bandes de bouleau en vue d’un futur essai de tressage. Le lendemain matin, chassé de ma tente par une chaleur harassante je fis des longueurs dans le lacs jusqu’en milieu de journée. Bien sûr je me remis à transpirer à pleine goutte cinq kilomètres plus tard ! La route devint piste et ma carte de Finlande n’étant vraiment pas précise je pris évidement le mauvais chemin et me retrouva à 21 h à la fin de la route! Et oui celle-ci s’arrêtait brutalement pour me laisser devant un lac. Autour de moi des dizaines de petites et grosses îles s’offraient à moi et bien que leur vues étaient vraiment spectaculaires cela ne réglait pas mon fâcheux problème !
Deux solutions s’offraient à moi : Faire demi-tour et perdre deux jours de marche ou faire du bateaux stop ! Un tout petit port était construit à côté et quelques barques et bateaux à moteur étaient garés. Décidé à ne pas revenir sur mes pas je patienta avant de voir un petit bateau arriver. Une famille était à l’intérieur et ils débarquèrent sur le ponton. J’engagea la conversation puis ils me montrèrent une carte très précise où je pus m’apercevoir que pour rejoindre la route que je voulais il faudrait que je traverse quatre kilomètres de lac à travers un véritable labyrinthe de petites îles. Cette famille fut vraiment gentille avec moi, ils me dirent même qu’il m’aurait bien aidé mais leur réservoir d’essence était à sec…
Au même moment une voiture arriva et en sortirent deux couples de jeunes. La famille que je venais de rencontrer ainsi que moi allons leur parler puis au fil de la discussions ils acceptèrent de me conduire à l’endroit que je voulais. Cette bande d’amis venait passer quatre jours dans leur cottage qui était situé sur une île de un kilomètre carré. Comme il était déjà assez tard ils me proposèrent de passer la nuit avec eux et de m’emmener le lendemain. Wahou ! j’en était fasciné de la tournure que prenaient les évènements…
Mon sac à dos, mon bâton ainsi que moi-même prenons donc place dans leur canot et filons environ deux kilomètres plus loin sur une toute petite île vraiment jolie ; Un cottage était construit sur le rivage et il émanait de cette endroit vraiment quelques chose de spéciale…
Pour faire les présentations il y avait tout d’abord la propriétaire des lieux, Anne, un sourire et une gentillesse sans pareille, son ami Ville ne parlant que de temps en temps mais à chaque fois pour dire des choses belles et pertinentes , Stian, une pile électrique de gaité et bonne humeur qui à lui seul parlait autant que le reste du groupe, et enfin Mia un concentré de bonne vivante toujours enclin à faire de bonnes blagues ! Nous allumons sans tarder le sauna puis pendant que les deux ladys s’y rendait, nous partons entre hommes faire le tour de l’île en barque pour essayer de choper quelques poissons. Le soleil couchant était resplendissant et la ballade fut fantastique… Au retour nous filons au sauna tout en faisant de grandes longueurs dans le gigantesque lac ; En plus de nager dans l’eau je l’étais dans le bonheur… On m’initia même au « Vista » un procédé consistant à se fouetter le corps avec de jeunes rameaux de bouleau, l’objectif étant de stimuler la circulation du sang.
Après un gros barbecue nous passons le reste de la soirée à parler sur de beaux sujets.
Le lendemain en milieu de journée je fis mes aux revoir à Anne et Mia et pris place dans le bateau avec Ville et Stian. J’ai vraiment adoré se moment ; A l’aide d’une carte nous nous dirigions à travers les myriades d’îles à la manière d’une orientation dans la montagne. Trois kilomètres plus loin et on me débarqua sur la terre promise ! Je les remercia chaleureusement pour tout ce qui avait fait pour moi et m’enfonça dans la forêt à la recherche d’une piste. Je la retrouvais quelques minutes plus tard et repris ma route le cœur encore tout léger de cette belle aventure que je venais de vivre…
J’arrivais deux jours plus tard à Mikkeli, une ville assez importante de Finlande. Checkage de mails, ravitaillement pour quelques jours puis un petit spectacle bien sympas au centre-ville.
What’s the plan now ? Avant d’entrer en Russie mes amis de France et moi avions prévus de tous se retrouver en Slovénie (près de l’Italie) pour y passer deux semaines ensemble. Pourquoi la Slovénie ? Une amie du nom de Camille y était pour un an pour son service volontaire européen et du coup on trouvait cela bien sympas de lui rendre visite et en profiter ainsi pour tous se voir. Bon bien sur j’irais en avion mais comme d’habitude je reviendrais exactement à l’endroit arrêté.
J’étais bien dans les temps et il ne me restait plus que quelques jours de marche avant d’atteindre Imatra. Je planta la tente à la sortie de la ville devant un grand lac puis partis nager 30 minutes. Moment totalement magique surtout après une bonne journée de marche sous le soleil. Dès lors il ne se passa pas une journée sans que je puisse me baigner au moins deux fois ! La région des milles lacs devenait un paradis et l’arrivée aux abord du lac Saimaa, le plus grand de Finlande, me fit oublier absolument toute fatigue ; La route zigzaguait d’îles en îles et les paysages étaient tout bonnement phénoménaux. Je pris l’habitude de partir en milieu de journée pour marcher souvent jusqu’à minuit… Il faisait plus frais, les voitures se faisaient plus rare et le coucher de soleil décuplait chaque sensation.
Le dimanche 13 juillet 2014 je passais mon 1000 ème kilomètres depuis mon nouveau départ il y trois mois de cela à Tornio. Depuis Lyon en France j’en étais à 7357 exactement (d’après Monsieur le podomètre). Cela correspond environ au tiers de la distance totale du tour de l’Europe… Mais que sont les distances et ce temps qui cours ! Mais rien absolument rien ! Je me rend compte au bout de tout ce temps que la vraie distance à prendre en compte est simplement celle parcouru en soi-même…
Après avoir dépassé Puumala et mettre pris une bonne averse entre temps je campais dans une forêt et vécu une nuit de fous. Réveillé vers 3-4 h du matin, je sortis de la tente en urgence à cause d’une fièvre assez intense. Et je ne vous dis pas le moment de bonheur que j’ai vécu lorsque culotte baissé tout en vomissant toute mes tripes je me fis prendre d’assaut par les moustiques ! Je me réveilla le lendemain matin tout faible et patraque avec plus aucun appétit… Ça c’était dut soit à l’eau trouble d’un lac que j’avais bu soit à un pti paquet de bonbons trouvé sur la route ! En temps normale je pense que j’aurais mis bien trois jours à m’en remettre mais une façon radicale d’accélérer le processus est tout simplement de faire fonctionner son corps à plein régime. Et c’est ce que je fis bon sang ! Cette journée fut une des pires que j’ai jamais vécu ! 25 kilomètres à marcher en plein cagnard sur une route sans fin à travers un désert de forêt, 25 kilomètres sans manger à divaguer sans cesse, 25 kilomètres qui m’en ont fait croire 100… Le soir, étalé dans ma tente, mon corps ne répondait plus de rien, j’avais consommé la totalité de mon énergie ! Malgré cela, une musique douce dans les oreilles, j’étais l’homme le plus heureux du monde ! Il y a un bonheur à se dépasser physiquement, à sentir chaque parcelle de son corps comme étant vide de tout…
Au petit matin la nuit m’avait réparé et je me réveilla en pleine forme avec un appétit d’ogre ! C’est quand même formidable la capacité de guérison d’un corps humain !
Trente kilomètres plus loin j’arrivais enfin à Imatra où je planta la tente dans un parc près d’un fleuve… A dix kilomètres à l’est se trouvait la frontière Russe… A dix kilomètres de là se terminait la Scandinavie… Comment exprimer tous ce que cette dernière ma fais vivre je ne le saurais à peine; J’y ai vus les plus beaux paysages de ma vie, vécu les choses les plus dures et plus belles, rencontrés des personnes sensationnelles, j’y ai quitté un compagnon puis je l’ai revus en ami, je me suis retrouvé seul et je me suis accepter, j’y ai appris à ressentir la vie…
Je ne peux que la remercier de s’être livré à moi et d’avoir su me monter un visage de pays accueillant, beaux et avec une mentalité vraiment touchante…
Je restais deux jours à Imatra puis je partis en stop jusqu’à Helsinki où deux jours d’avions me menèrent à Ljubljana, la capitale de la Slovénie. Je retrouva tous mes amis puis passons deux semaines inoubliables. En résumé, de belles retrouvailles, de bons trips, une randonnée de trois jours dans les campagnes, une brulure au deuxième degrés sur ma jambe gauche ( un litre d’eau bouillante sa fais mal ), le renouement avec les montagnes et collines (j’ai jamais rien vue d’aussi beau après trois mois de forêts et lacs !), des soirées autour du feu à chanter des chansons scouts, des bonnes bouffes, des grosses parties de citadelles, des soirées suivis de belles rencontres féminines, et pour finir un passage en Croatie afin de nous rendre sur notre ancien lieu de camps scout auquel nous avions vécu trois semaines à trente pionniers il y a de cela sept ans… Un autre groupe de scout était présent et nous avons eu la chance de vivre trois jours en leur compagnie. Les souvenirs de tous les moments magiques vécu il y a tant d’années furent vraiment intenses….Il me semblait encore me voir du haut de mes 17 ans déambulant de nos grandes tentes cherchant une ou deux conneries à faire…
J’écris ces lignes alors que Damien et Thomas sont repartis en France, mon avion part dans moins de dix heures et je sens progressivement l’appel de l’inconnu reprendre sa place en moi…
Jérôme