La marche du retour

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Et voilà, tout le monde était partis…

Quelle sentiment étrange se fut n’empêche de ne sentir plus aucune présence autour de soi… C’était un peu comme se réveiller après un long rêve.

Juste après que François fut partis, je resta quelques minutes dehors puis rentra à l’intérieur. La sensation de solitude que je n’avais pas ressentie depuis très longtemps m’envahissait de partout. Pour m’occuper l’esprit je vaquas à quelques taches telle que se laver dans les chiottes, faire une bonne lessive, réparer deux trois trucs ; lire un bon Jules Verne… Mais le cœur n’y était pas et je restais blasé…

Inconnu : « Traveler ? »

Moi : « Yes, and you where do you come from ? »

Inconnu : « From Switzerland »

Moi : « O great, maybe you speak French ? »

Inconnu : «  A mais carrément ! »

Denis, un Suisse de 23 ans fut en quelques sorte le sauveur de ma soirée !

Menuisier- Ebéniste de métier, il s’était pris un long congé afin de réaliser son rêve : Faire le tour de l’Europe en mini Van ! Sa personnalité était vraiment géniale et nous parlons ensemble toute la soirée. Alors que j’allais me coucher je réalisais alors que le blues était passé !

La nuit fut très calme et avec tous le sommeil que j’avais en retard je dormis d’une traite jusqu’au lendemain.

Pendant que je prenais le pti déj à l’intérieur, Denis vint me rejoindre puis m’invita à venir prendre le café dans son Van. Ce dernier était vraiment sympas ; Entièrement aménagé par ces soins, c’était une sorte de petit cocon. Une cuisinière, un lit, des enceintes, un bon garde-manger, des placards, une pile de livre, Denis vivait depuis des mois en nomade, à rouler quelques heures par jour puis à prendre le temps de vivre…

En fin de journée je me décida à partir. J’étais bien à ce moment-là, le bad était passé et la solitude ne me dérangeait plus.

Je repris la même route jusqu’à Olderfjord et 5 jours plus tard j’y arrivais tout content. Je récupéra le paquet que j’avais caché sous un bosquet et pris direction Lakselv sous un beau coucher de soleil. Se produisit alors un étrange phénomène : Marcher ainsi sur une route inconnu me procura un intense bonheur vraiment différent des derniers jours. La route du Cap Nord en sens inverses avait été sympas mais je connaissais déjà le chemin… Cette fois ci c’était seul que je prenais une autre direction ! Je me mis à rigoler, à me parler à voix haute, à chanter, à hurler ma joie !! Un œil extérieur aurait vu cela de déjanté mais j’étais tout simplement heureux et il fallait que je l’exprime.

Les jours suivants furent très agréables, j’avais décidé de prendre ce mois de marche afin de me retrouver avec moi-même et pour cela je n’avais pas forcément envie de faire énormément de rencontres. Beaucoup de lecture, de l’écriture, de la musique, de la marche tranquille, des moments simples, voilà tout ce dont j’avais envie.

Je pensais beaucoup au retour aussi… Ma famille et mes amis me manquaient vraiment et la chose qui m’occupait le plus l’esprit était la simple pensée de tous les revoir.

J’atteignis Lakselv deux jours plus tard et alors je me faisais un «Bonheur instantané » (maxi gouter après une bonne journée + un bon livre), un Français m’aborda et nous faisons connaissance : Anthony avait quitté la France alors qu’il n’avait que 17 ans et depuis 5 ans il voyageait à travers le monde en stop. C’était une personne dont son état d’esprit était de vivre sans jamais se préoccuper du lendemain et il semblait y arriver d’une manière vraiment troublante… Il semblait avoir tout fait, tout visité mais j’ai eu l’impression qu’il lui manquait quelque chose d’important… Peut-être un équilibre de vie…

Anthony m’accompagna sur la route quelques heures et nous finissons par planter nos tentes au milieu d’une forêt. Nous discutons assez tard et je ne vous cache pas qu’il a été assez dure de m’endormir après qu’il m’est eu expliqué les techniques de chasse des animaux dangereux de Scandinavie !

Au matin il reprit le stop en direction de l’Est ; Pour ma part je marchai en direction de Karasjok, la capitale du Finmark. Trois jours plus tard et je débarquai dans cette petite ville sous des aires d’Indochine et de Queen ! Je visita le parc Sami, un espace culturel dédié aux Sames où était installé des musées, des reproductions d’habitats et une boutique d’artisanat locale. Vraiment très intéressant et je finis par acheter quelques cadeaux de souvenirs pour mes proches.

Mon sac devenant bien lourd, j’envoi un colis de 2 kilos pour la France. C’est dingue toutes les choses inutiles que l’on peut accumuler au fil des mois !

En sortant du supermarché je fis la connaissance de Martin, un norvégien de 63 ans, faisant quelques jours d’itinérance en vélo. Cette personne avait quelques chose de puissant en lui, ce qu’il dégageait diffusait une sorte d’aura apaisante tout autour de lui. Nous parlons philosophie sur le sujet qui est le temps et après une discussion vraiment passionnante nous décidons d’aller déjeuner ensemble. Ce fut un moment vraiment géniale, nous parlons de tout et n’importe quoi et nous finissons par nous dire adieux, chacun sachant que nous nous reverrons jamais et que seul a compté ce moment.

Le lendemain, trois heures plus tard, j’entrais en Finlande par le village de Karigasniemi. Le retour aux euros enfin !! Quelques courses pour les prochains jours puis un déjeuner sur une table de pique-nique en finissant un Jean Christophe Grangé (thriller). Un peu déçu par la fin du livre, j’ai quand même bien transpiré de frisons lorsque j’ai appris que le psy était le coupable !!

Lire en voyageant à pied contient beaucoup d’équilibre pour moi ; L’effort physique combiné à cet évasion de l’esprit à travers les pages procure un sentiment de bien-être intérieur vraiment intense.

L’automne en Finlande à quelques chose de vraiment particulier ; A partir de début septembre jusqu’à octobre c’est la «Ruska » : Les forêts changent radicalement de couleurs et passent aux superbes teintes automnales. Rouge, orange, jaune, roux, cuivre, les contrastes spectaculaires captivent inlassablement. C’est certainement l’une des meilleurs périodes pour visiter le pays.

Bien que cela reste du goudron, la route durant les prochains jours se révéla vraiment magnifique ; Elle s’étirait sur des distances phénoménales à travers les lacs scintillants et les bois de bouleaux.

Je rencontra ces jours ci beaucoup de voyageurs en vélo dont leur principale destination était le Cap Nord !

En ce vendredi 13 septembre ma petite sœur Julie fêtait ces 18 ans ! Je ne manqua pas de l’appeler pour le lui souhaiter ! Quand je pense que dans moins de 20 jours je serais auprès d’eux…

J’arrivais en milieu de journée à Inari. C’était un village assez touristique mais très joli. Je fis quelques courses puis rencontre Miko, un photographe finlandais. Celui-ci me dit qu’il avait rencontré François deux jours avant !

Il me demande alors si il serait possible de faire un shooting photo. J’accepte et passe un moment bien marrant à taper des poses, à faire semblant de marcher…

Je quitte ensuite Inari et prend ensuite une route de terre où aucun village ne sera présent sur les 200 prochains kilomètres.

Quelques heures plus tard je campe près d’une petite rivière et décide d’y rester une journée. A presque 35 kilomètres par jour j’en avais oublié de laisser reposer mon corps ! J’en profite pour me décrasser de la tête aux pied puis de me faire une méga lessive grave à mon nouveau savon ! ( Cela faisait une semaine que je me lavais avec 1 cm cube  !)

Et c’est aussi la reprise des livres de Games of Thrones !!! Fan de la série, ces livres sont tout simplement magique !!!

Ces 6 jours passés dans ce désert de forêts et de lacs furent vraiment inoubliable ! La route de terre s’étirait par moment en ligne droite sur des dizaines de kilomètres et marcher au milieu de cette immensité était phénoménale !! Beaucoup d’oiseaux étaient présent et je fus même surpris par un aigle (enfin je crois) au détour d’un virage !

Bien sûr par moments c’était bien déconcertant de marcher dans cet océan de forêts, mais je sortais alors l’harmonica ou je chantais et cela disparaissait !

La nuit arrive très vite maintenant et je dois sortir ma lampe torche à 19h30.

Enfin un village se présenta à moi et ce fus une belle joie de renouer avec la circulation et la civilisation !

Je continua assez tard et dépassa la barre des 4O kilomètres, il y a des jours comme ça où l’abatage des kilomètres devient le seul but !

Le lendemain, j’arrive à Kittilä, un village touristique assez prisé en hiver à cause de ces nombreuses stations de ski. Quelques courses, un passage à la bibliothèque afin de remplir ma liseuse de paroles de chansons puis je repartais.

La route fut chiante, blasante et interminable… Je suivais la direction de Rovaniemi, la célèbre ville du père noël, et pour cela je devais suivre un fleuve le long d’une route où la circulation était très présente.

Les journées des prochains jours ne furent donc pas incroyables mais chaque soir j’arrivais à trouver des sortes de jolis abris en rondins de bois pour les pécheurs, qui était installé environ tous les 15 kilomètres le long du fleuve. C’était très agréable et cela m’évitait de planter ma tente.

Un petit problème qui a vite commencé à devenir très dur fut le froid qui arrivait à toute allure.

Mon duvet était conçus pour que l’on puisse dormir à -15 degrés mais avec l’usure des boules de plumes s’était formé à l’intérieur et laissait passer le froid comme une passoire !

Les températures approchaient le zéro la nuit et je n’arrivais pas à dormir plus de 6 h…Premier achat une fois rentré en France, un sac de couchage en synthétique ne nécessitant pas deux semaines de séchage comme l’actuel !!

J’étais même obligé de passer les pauses de midi emmitouflé dans mon duvet !

Après avoir passé la ligne imaginaire du cercle polaire, j’arrive à Rovaniemi quelques heures après. Cela faisait depuis Lillehammer que je n’étais pas venus dans une ville de cette taille. Bien que assez industriel sur les abords, le centre-ville était vraiment joli d’aspect. Le village du père Noel était situé à une dizaine de kilomètres, je décidai de ne pas m’y rendre étant donné que ça sentait bien l’attrape pigeon !

Je rencontra une américaine d’un certain âge et parcourons le centre commercial quelques temps. Je ne cherchais pas grand-chose mais c’était bien marrant !

Je finis par trouver un magasin de photos où j’ai pu y imprimer plusieurs photos à envoyer en cartes postales à chacune de nos rencontres.

Une belle piste cyclable s’offrit à moi et je la suivit tranquillement. Une grosse envie d’abatage de kilomètres me prit et je marcha jusqu’à atteindre les 44 kilomètres !

C’est marrant comme une fois seul on se rend compte que l’on n’est soumis à aucune « autorité », et que cette liberté de choix s’offrant à nous nous permet d’endurer des choses pas forcément agréable si l’on était à plusieurs.

Je m’explique : Lorsque par exemple je marchais avec François et que je commençais à être bien fatigué et je demandais simplement à ce que l’on s’arrête, si jamais celui-ci n’était pas forcément d’accord et voulait continuer cela me donnait en quelques sortes un justificatif à pouvoir « pester » contre tout et n’importe quoi. Etre seul c’est s’assumer entièrement, c’est accepter le fait de pouvoir s’en référer qu’à soi-même et à avoir personne à ces côtés pour lui en vouloir…

Durant les derniers kilomètres cette absence de « pouvoir pester » me renvoyait par l’intense activité physique à un sentiment d’être complétement vivant et en osmose avec moi-même. J’avais juste envie de ne plus sentir mes muscles, d’être ivre de fatigue, de me vider de toute mon énergie pour ensuite refaire le plein…

C’est pour des moments comme ça que j’aime la marche.

Epuisé, je me trouve un coin vraiment sympas dans un grand parc près d’un lac.

Mais alors que j’étais en train de faire cuire mes petites coquillettes aux brown cheese, un gars nommé Pasi arriva et l’on fit connaissance. Il ne parlait pas très bien anglais mais je réussi quand même à lui raconter mon voyage. Il décida de faire un grand feu et quelques minutes après de belles flammes chargé d’une chaleur bienveillante dansaient au milieu de la nuit. Le froid était très intense et cela me rappelait un épisode en Ecosse où nous nous étions tous blotti autour du feu afin de se garder au chaud.

Pasi partis chez lui et revint dix minutes après accompagné de son beau chien. Nous passons le reste de la soirée à trinquer des bières et à refaire le monde en Français, Finnois et Anglais.

Il m’offrit avant de partir de la bonne confiture maison, des concombres puis selon lui « le meilleur bacon du monde ». Il me dit alors bonne nuit en m’informant qu’il repassera demain matin afin de me dire adieu.

Le froid de cette nuit fut horrible et à mon réveil je constata qu’il avait gelé absolument partout. Même ma bouteille d’eau !!

Pasi ne vint pas et après quelques temps à l’attendre je décida de repartir.

Un vent glacial s’installa au fil des jours suivant et je passai chacune de mes pauses à grelotter en position fœtus ! C’était bien trippant en y repensant^^

Ma dernière étape était la ville de Kemi, situé sur la côte de la mer baltique, à la limite de la frontière suédoise.

Les derniers jours furent très dures et c’est épuisé et à bout de force que la ville m’apparut en ce vendredi 27 septembre 2013.

Fin du compteur : 6357 kilomètres depuis la France !

J’entra progressivement dans la ville puis chercha un moyen de me rendre en France. Un avion partait de Stockolm pour Paris deux jours après et je pris le billet. Une compagnie de cars faisait les aller-retour jusqu’à Stockolm et le prochain était le lendemain à 17h.

Fatigué à n’en plus pouvoir je trouva une auberge de jeunesse et dormis jusqu’au lendemain !

Tout se passa rapidement ensuite : 12 heures de bus, 2 h d’avion (où une jolie suédoise s’est endormi sur mon épaule !) et 2h30 de train jusqu’à Lyon…

La suite fut une longue succession de retrouvailles dans l’amitié de ces amis et l’amour de sa famille….

Jérôme

 

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Etendues sauvages

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Finis l’aller retour du Cap Nord, place aux nouveaux chemins maintenant !

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Campement au matin

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To be or not to be ?

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Les lacs et rivières font partie intégrante de la Finlande

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Welcome in Finland !

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Les couleurs de la « ruska », l’automne Finlandais s’étalant sur seulement quelques semaines

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Et le soleil se couchant de plus en plus tôt, winter is comming !!

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Un voyageur Italien se rendant au Cap Nord en vélo

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Petite pause de la journée au soleil

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Un petit hameau dont j’ai trouvé la fresque bien marrante

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L’intérieur de ma ptite maison

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Des pistes s’étalant toutes droites sur plusieurs kilomètres

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Reprise du goudron

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De nombreux abris destinés aux pêcheurs étaient installés le long de la rivière. Parfait pour la nuit !

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Chanter en marchant, un nouveau passe temps ^^

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Des paysages restant magnifiques

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Le froid commence à devenir vraiment dur à supporter

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Après deux grosses journées de transport, me voici à Paris en train d’attendre mon train pour Lyon.

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