Be happy en Estonie

 

wq_0

 

De retour en Europe… Cela ne faisait que un mois que j’en étais sortis mais mes premiers pas en Estonie m’ont donné comme une petite impression de « retour à la maison ». Et comme toujours cette sensation d’inconnu lorsque l’on passe une frontière.

J’arrivais donc à Narva, la troisième plus grande ville d’Estonie ; Bon pour une première immersion du pays c’est un peu raté car près de 95 % de la population est russophone, la plupart étant issue de l’immigration provenant de l’U.R.S.S. La première chose que je devais faire c’est aller récupérer ma nouvelle carte bleue qui avait été « théoriquement » envoyé à la poste restante de la ville.

Huit kilomètres après et trois bureaux de poste visités et je décidais de reporter mes recherches au lendemain car il n’y avait aucune trace de ma carte !

Un couchsurfing m’attendait et en m’y rendant deux silhouettes de marcheurs m’attirèrent ; Un sac à dos, des habits pas forcément de toute fraicheur, l’allure d’un voyageur amène toujours au cœur une bouffée d’inconnu et de liberté ; Un jour mon ancien compagnon de marche François avait soulevé l’idée que le voyageur possédait sa propre culture ; C’est complétement vrai ; En guise de frontières et de terres il possède le monde, les chemins et les forêts, en guise de culture et de tradition c’est l’inconnu, les surprises, les rencontres et chaque « petit trucs » de débrouille ; Il n’a rien à donner si ce n’est sa joie, son art , ces histoires et ces questions, il ne dépend de rien si ce n’est de la bonté des gens et des signes de la vie, il ne réfléchit jamais à long termes si ce n’est de savoir où dormir le soir, c’est une étoile filante, un oiseau en vol, une comète traversant les âges et les lieux sans jamais s’arrêter, laissant derrière lui une trainée de rêve et d’amour. Il parsème sur son chemin des blessures de larmes d’adieux dont les cicatrices en resteront éternels, il a le pouvoir d’offrir son sourire et son aide et il possède en fin de journée la secrète joie de n’avoir nuis à personne. En étant voyageur, voir passer une ombre portant un sac à dos s’est comme entendre parler sa langue natale dans une rue à l’étranger, on est attiré, on ne peut s’empêcher d’aller à sa rencontre et de nouer un contact.

C’est donc comme cela que je rencontrais Christina et Naemi, deux jeunes allemandes qui venaient de passer un mois en Russie en mode vagabondes ; De même que moi elles venaient de passer la frontière et avait prévu de rentrer en stop jusqu’à leur pays ; On se fit ensemble un bon pique-nique dans un parc en discutant de nos aventures. Ces deux filles étaient meilleurs amis et c’était leur premier grand voyage ensemble, elles paraissaient très heureuse de leur mutuelle entente durant ce mois malgré un lot d’imprévus et de surprises assez fascinants. Nous nous quittons comme nous nous étions rencontré, en coup de vent après une intense accolade…

Je parvins devant l’appartement de mes couchsurfeurs qui arrivèrent en vélos quelques minutes après.

« Et bien ça c’est du randonneur dis donc ! »

Xavier, un français de 30 ans vivait avec Valeriia, une jolie ukrénoise de 22 ans qu’il avait épousé il y a pas longtemps ; Celle-ci, en plus de parler déjà cinq langues, étudiait le français et le parlait déjà presque parfaitement. Xavier était un ingénieur dont son travail lui permettait de changer de places assez souvent, ce qui lui permettait de voyager assez souvent .

Après m’être fais installé dans une belle chambre rien que pour moi, Valeriia me fit très bien comprendre que je devais absolument rendre visite à leur douche ! A oui déjà cinq jours sans me laver c’est vrai que je ne devais pas sentir la rose ! Nous passons la soirée devant un bon repas puis discutons voyages.

Le lendemain j’apprends avec grand bonheur que ma carte bleu n’a pas été envoyé à Narva mais à Tallinn, la capitale de l’Estonie situé à plus de 200 kilomètres de là où je me trouvais… Je partis donc dès le lendemain en auto- stop afin d’aller la chercher ; Quelques voitures et camions plus tard j’arrivais enfin à la ville, puis après avoir trouvé le bureau de poste centrale je me fis entendre dire qu’il n’avait absolument rien pour moi et que je devrais revenir dans quelques jours… O cauchemar de l’acheminent de lettres et paquets…

Je passais la journée un peu fatigué de ce fichu problème mais disons que cela m’a permis de pouvoir visiter cette belle capitale dont sa vieille ville moyenâgeuse est vraiment exceptionnelle.

Etant déjà sans argent depuis déjà deux semaines je m’en fis envoyer de mon compte par western union que je pus retirer quelques minutes après. Après avoir refait le voyage de retour jusqu’à Narva je passais quelques jours dans l’appartement de Xavier où je passais une bonne partis de mon temps à écrire le récit de la Russie et à faire de bons pti plats pour mes deux gentils hôtes.

Je repartis enfin sur les routes en ce 9 septembre ; J’avais dans les grandes lignes prévus de rejoindre le début d’un grand sentier de randonnée qui traversait l’Estonie à travers les forêts et campagnes du nord au sud sur 370 kilomètres ; J’étais bien content d’avoir réussi à trouver cet itinéraire car cela faisait quelques temps que je n’avais pas marché sur plusieurs jours en pleine nature.

Pour ce faire il me fallait rejoindre le petit village d’Oandu qui était à environ à 150 kilomètres à l’ouest. Les premiers jours furent difficiles : une grosse route longeant la mer baltique, de la pluie et quelques mésaventures dans une zone industrielle où je me suis bien égaré en pensant pouvoir éviter la route…

Un soir, en allant à la rencontre d’une ferme pour aller y demander de l’eau, je vis deux personnes en sortir et venir à moi ; Je leur dis bonjour et leur fis ma requête… Pas de réponse…. J’essaye en russe et là un grand sourire de leur part me fis comprendre que je dormirais au chaud cette nuit.

On me fis entrer à l’intérieur où toute la famille était présente : Le grand père Victor et sa femme Maria, leur fils Victor et un oncle du nom de Nicolai ; Personne ne parlait anglais si ce n’est le fils de 30 ans qui semblait posséder un répertoire de maximum cinquante mots ! Mon faible russe me permettait de tenir peut être deux minutes de conversation mais après cela c’était les mimes, les dessins et la musique qui prenaient le relais !

La mère de famille m’apporta un immense bol remplis d’une grosse purée de pomme de terre aux champignons de la forêt ; Après une journée de marche, la vue d’une telle chose arrive à vous faire battre le cœur.

Au fil de la soirée la situation me parut de plus en plus bizarre, ils n’étaient pas méchants mais le débit de boisson avalé de leur part dépassais la troisième bouteilles de vodka en moins de trois heures ; Ils me parlaient en russe croyant que je les comprenaient, me faisait visiter la maison en s’embarquant dans des explications passionnées que je ne saisissais pas, m’offrais des bières que je me daignais à refuser… Minuit passais et j’essayais de leur faire comprendre que j’étais très fatigué et que j’aimerais bien aller dormir ; Il m’emmenèrent enfin dans une pièce adjacente ou un vieux canapé sentant le whisky y était entreposé ; Je m’installais puis m’endormis aussitôt. Je fus réveillé à peine trente minutes plus tard par le grand père complétement saoul qui semblait avoir décidé de venir passer la nuit avec moi en me racontant son charabia… Le fils arriva puis essaya de le virer sans grand succès… J’y réussi au bout de plusieurs tentatives et retournais dans mon sac de couchage. Mais il revint à la charge et au début polis et gentil avec lui je commençais à vraiment m’énerver et le chassais à chaque fois qu’il revenait ; Au final je comptais neuf intrusions-squattage au cour de la nuit et je me réveillais le lendemain bien énervé. Je pris le pti dej avec eux et m’aperçus que en guise de thé ou café ils en étaient à encore à la vodka et à la bière… Je leurs fis mes adieux et partis assez tôt, bien fatigué de cette nuit au milieu de cette gentille famille d’alcooliques ! Je quittais enfin la grande route et put suivre sur quelques jours la mer à travers de magnifiques petites pistes de campagne longeant de grandes falaises et passant par de jolis petits villages. L’Estonie semble être un savant mélange entre la Russie et la Finlande.

Le soleil décline de plus en plus vite au fur et à mesure que les jours avancent ; Cet astre couchant agit sur moi comme un appel au moment présent, une dose de morphine contre toute bousculade du temps, une prise de conscience de la beauté de l’acte de mettre un pas devant l’autre , il réveille en moi chaque jour l’envie de continuer plus loin, que ce soit sur les chemins ou en moi-même. Il devient alors mon petit rendez-vous de la journée, marcher en sa compagnie jusqu’à son extinction complète, vivre à chaque fois ce moment comme étant le dernier.

« Mais tu vas bien prendre une bière avec nous ! »

Priit, un joyeux bonhomme vivait avec sa femme et recevait amis et famille ce soir-là ; Je lui est simplement demandé de l’eau, il m’a simplement invité chez lui…

Depuis quelques jours je m’interrogeais sur la capacité des gens à arriver à subvenir à leurs besoins dans ce pays ou le salaire moyen ne dépasse pas les 650 euros et où le coût de la vie reste assez cher ; Priit me répondis :

« C’est certes pour certaines familles assez difficile car pour te donner un exemple une infirmière ne gagne pas plus de 400 euros par mois alors que à moins de cent kilomètres en Finlande son salaire en est de 3000… Il y a d’ailleurs beaucoup de personnes qui travaillent là-bas la semaine et retournent en Estonie le week end ; Le travail non déclaré est aussi très pratiqué »

Il me posait ensuite des questions sur la France car l’image de notre beau pays semble refléter aux yeux des russes et des pays baltes deux choses : Le problème de l’immigration et le fameux buzz Gérard Depardieu !

Nous passons ensuite au repas qui fut fabuleux : Saumon venant d’être fumé au fumoir, poissons en marinade ou encore frit, patates, tomates, concombres, pain noir et en dessert un gâteau qui a réussi de m’achever !

La bonne ambiance était là, je me faisait apprendre de nouvelles phrases et mots en Estonien ainsi que beaucoup de conseils et histoires sur ce beau pays qui m’était encore inconnu il y a de cela quelques mois. La langue est étonnamment proche du Finlandais car elle fait partie de la famille des langues finno-ougriennes comprenant aussi le finnois et le hongrois.

Je dormis dans une belle maisonnette de rondins sur un lit plus que moelleux et partis le lendemain matin après un bon pti dej, de profonds remerciements et de beaux adieux.

Aujourd’hui ma petite sœur Julie fêtait ces vingt ans, c’est son deuxième anniversaire où son grand frère manque à l’appel… La liberté à plusieurs prix et ne pas pouvoir être auprès de ces proches lors de moments importants en est un que je dois payer…

Je marchais toujours sur des petites routes et j’atteignis en fin de journée une intersection que j’avais repéré. Les nuits commencent à se faire assez froide, pas plus de cinq degré cette nuit-là… Le lendemain comme je me devais de retourner à Tallinn une deuxième fois afin de récupérer ma carte bleue, je m’y rendais une nouvelle fois en stop ;

Deuxième visites du bureau de poste centrale, deuxième fois que je ressent le trac lorsque la réceptionniste tape mon nom sur son ordinateur, deuxième fois que je m’entend dire « désolé on a rien pour vous, essayé de revenir dans deux ou trois jours » ; Bon c’est donc officiel ma carte bleue a décidé de visiter l’Estonie à sa façon et ne compte plus revenir…

Tout problème à une solution et je me dis que je trouverais bien une adresse dans les prochains mois auquel il serait plus facile de me faire envoyer une lettre contenant une nouvelle carte (mon banquier va être fous !).

Je fis donc une visite un peu plus approfondis de la ville, m’achetais quelques nouvelles babioles telle que un porte carte étanche et des pastilles purifiante pour l’eau  puis retournais en train (ras le cul du stop) à l’endroit où je m’étais arrêté ce matin.

Le jour d’après, après avoir rejoint la côte, je suivis de longues plages de sables totalement désertes que une multitude de gros rochers polis dispersés sur la surface de la mer rendaient cela en un spectacle fabuleux.

Le silence de ces journées et la quiétude des routes me faisaient du bien, la suite du voyage se présentait à moi comme un doux murmure à l’inconnu, l’hiver arrivait à grand pas et cela allait être mon premier que j’allais affronter seul ; C’est bizarre à expliquer mais je l’attend comme une épreuve, un niveau à franchir, un moment auquel je vais devoir me construire un moral et un mental d’une dureté d’acier, un temps hors du temps où un nouveau stade se trouve peut être… D’après mes estimations je serais en Pologne vers décembre et janvier, je ne pouvais arriver dans un pays plus froid en hiver…

Il y a quelque chose de très profond et instinctif que de vivre dehors en toute saisons : On arrive à connaître les dangers et les bonheurs de chacune d’elles, on remarque leurs petits détails fantastiques qui les composent et que l’on ne voyais pas avant, on les attend chaque année comme des amis de longues dates que l’on ne rencontre qu’une fois par an. L’esprit même s’adapte à ces saisons, il semble savoir exactement à quel moment les coups durs arriveront, il se fait des réserves de joie et fluide positif pour mieux nous les offrir lors de ces épreuves.

Le soir j’atteignis Oandu où se trouvait le début de ce long itinéraire traversant le pays ; L’Estonie semble être un pays merveilleux au niveau de la randonnée, elle dispose d’un site internet très bien fais où se trouve répertorié tous les chemins, refuges gratuit, zone de camping, réserves naturelles et autres informations très utiles.

Comme à l’accoutumé je n’achetais pas de cartes précise, j’avais celle du pays sur lequel j’avais tracé au jugé l’itinéraire. Apparemment tous les quinze ou vingt kilomètres allait se trouver des coins de camping où était disposés tables, abris, réserve de bois pour le feu et même parfois des refuges gratuits ; Randonnée de luxe donc !

Je passais la soirée auprès d’un grand feu en chantant de nouvelles chansons et en écrivant de belles pensées.

Un beau ciel bleu et la vue d’un petit écureuil sautant d’arbre en arbre me tirèrent hors de mon « lit ». Un chocolat chaud, une douche à la fraiche dans la rivière et j’étais partis pour une journée à travers de magnifiques forêts de pins où les champignons poussaient un peu de partout. J’arrivais en milieu d’après-midi à une zone de camping où se trouvait comme promis abri de bois et tables de rondins. Bien que la nuit ne tombait pas avant plusieurs heures je décrétais l’arrêt puis vaquais à quelques occupations telle que couture, lessive et balle de contact.

Au début de soirée il arriva sur un vélo une jeune maman qui avait décidé de traverser son pays pendant sa semaine de vacance. C’était son premier jour et elle me confia même que c’était la toute première fois qu’elle partait de la sorte en abandonnant pour quelques jours sa famille. C’était marrant car son mari l’appelait toute les 10 minutes, cela même jusqu’à 23 h ! Ne connaissant pas trop l’art du camping elle était partit avec pratiquement aucun équipement adapté, surtout avec les nuits fraiches du moment. Elle passait une bonne partie de la soirée à monter sa tente et j’ai eu froid pour elle en avance lorsqu’elle m’annonça qu’elle n’avait pas pris de matelas de sol… La pauvre fut gelé absolument toute la nuit, le froid remontant par le sol… Je la retrouvais le lendemain dès cinq heures du matin en train d’essayer de se réchauffer devant le feu. Bon pour ma part j’avais dormis comme un bébé sous mon abri mais je m’abstins de lui dire !

Alors que l’on prenais le pti déj arrivèrent deux jeunes randonneurs, un petit couple d’amoureux Allemand qui partait pour une semaine marcher à travers les forêts d’Estonie. Eux aussi étaient bien marrant, suréquipé au niveau de leurs sacs ils portaient sur eux de quoi faire une expédition en arctique ! L’on discuta tous ensemble un petit moment et chacun partirent à leur tour. Je restais seul tranquillement quelques instants et commençais à lentement plier mes affaires lorsque une petite silhouette passa près de moi :

« Hi, where do you come from ?”

– From France

“ A non mais c’est pas vrai je viens spécialement dans ce patelin perdu pour rencontrer des locaux et voilà que je tombe sur un Français !!! »

Barbara m’a tout de suite plu : Jolie blonde de 24 ans originaire de Nantes, elle était partit depuis trois mois en vélo et avait comme fabuleux projet de rejoindre l’Australie en utilisant train, vélo et bateau ; A travers l’Europe, la Russie, la Mongolie et la chine elle s’était donnée environ neuf mois de voyage.  Elle dormait principalement en couchsurfing ou en auberge de jeunesse ; Elle s’était posé dans le village d’à côté et partais pour une petite ballade pour cette journée. Nous discutons quelques temps puis décidons de nous rejoindre le soir à la zone de camping où je comptais m’arrêter.

La marche de la journée fut super sympas, les collines et forêts me firent découvrir de nouveaux muscles que je n’avais pas utilisé depuis longtemps ! Je trouvais le lieu de campement situé dans les bois à côté d’un joli ruisseau. En attendant Barbara je sciais du bois, le fendais et préparais une soupe avec quelques champignons, oignons et une patate trouvé dans la rivière (??). Au téléphone elle me dit qu’elle allait arriver sous peu mais vers 21h,la nuit étant tombé, toujours pas de Barbara ! Celle-ci, sur son vélo avec ces bagages essayait tant bien que mal de trouver le sentier qui menait au campement mais n’ayant qu’une mini lampe dynamo elle semblait s’être égaré dans les villages des alentours ; On s’appelait toute les 10 minutes, je criais dans la nuit afin qu’elle puisse entendre ma voix d’où elle était, elle faisais de même, bref comme on dis chez moi « C’était la merde ! » ; Enfin sa voix retentie de plus en plus proche et j’accourus à sa rencontre ; Je la trouvais enfin, on se tombais dans les bras et je la fit rejoindre le campement où un grand feu s’occupa de la réchauffer après ce moment bien intense !

« T’imagine même pas comme ça a été énorme, j’ai grave galéré mais ça valait vraiment le coup de venir !! Un jour je me remémorerais l’Estonie et je me rappellerais de cette folle soirée auquel je me suis aventuré dans la nuit afin de rejoindre un Français dans la forêt, guidé par des cris et des sons d’harmonica !»

Une soupe chaude, des bonnes pates à la tomate et bananes – chocolat blanc au feu en dessert ; Le bonheur n’a pas de recette précise…

Au fil de la soirée nous parlons de nos aventures, de nos vies, de nos rêves ; Nous nous endormons sous notre toit de rondins sur un matelas de mousse vers 4 h du matin, après avoir utilisé le reste de ma batterie de ma tablette à regarder le dernier épisode de game of throne qu’elle n’avait pas pu encore regarder ! Moment surréaliste où nous nous sentions comme dans une maison au chaud alors que le froid et la forêt nous entourait.

Le lendemain matin, je pus voir un peu mieux son vélo et son chargement ; Les sacoches se limitaient au minimum et je fus vraiment impressionné de cette légèreté :

« Je me dis que lorsque le jour viendra où je devrais arrêter le vélo je n’aurais pas de mal à tout transférer dans un sac à dos »  me dit Barbara.

Le moment arriva où il nous fallait reprendre nos chemins…  C’était fou comme je m’étais attaché à ce petit bout de femme… J’avais eu l’impression que je la connaissais depuis l’enfance, que c’était simplement une amie que je revoyais après des années d’absence… Une rencontre en voyage c’est souvent arriver à créer une vie d’amitié en moins de quarante-huit heures.

On se dit adieux, mon cœur battait, tremblait, il savait qu’il allait bientôt se retrouver de nouveau seul… Je lui dis des belles choses, elle m’en dit des encore plus belles et on se quitta…

Je marchais toute la journée dans une triste joie que m’avais procuré cette rencontre… Dans ce genre de moment la solitude pèse très fort et la nostalgie arrive. A force de ressentir ces sentiments j’en arrive à comprendre que la seul façon de les accepter et de vivre avec eux en ami c’est tout simplement de les connaître, de voir ce qu’ils signifient vraiment et de les recevoir non pas en larmes mais en doux sourires ; Qu’est ce qu’est vraiment la nostalgie au juste : Simplement une manière désespérer d’apprécier un moment vécu auquel l’on aurait pas saisi la beauté et la magie et celui-ci lors de son déroulement ; C’est aussi espérer que ce moment revienne alors qu’il ne le sera jamais…

Je retrouvais le sourire lors d’une petite rencontre d’une famille dans la forêt qui me donnèrent un petit cour en direct sur les champignons.

J’étais partis pour marcher 35 kilomètres aujourd’hui mais à peine en avais-je parcouru la moitié que je tombais sur une belle surprise : Près d’un lac où une zone de camping était installé, se trouvait Barbara qui semblait attendre quelque chose :

« Heeee je savais bien que tu allais passer par là, j’espérais juste que je n’arrivais pas trop tard ! »

Pris par le destin je m’inclinais et posais le sac à dos. La soirée fut aussi belle que la précédente, je lui appris à fendre du bois et à allumer un feu assez facilement, on se refis un bon pti repas rustique, on chanta autour du feu, on se raconta des histoires…Dans mon mode de vie c’était ce genre de moments qui en constitue les trésors.

Une phrase venant de sa part me marqua et m’inspirais beaucoup pour la suite : « Tu vois, dans une action ce n’est pas la technicité qu’il faut viser et qui est belle, c’est la beauté et la grâce qu’elle dégage qui rend celle-là magnifique »

Le lendemain on se fit cette fois des aux revoir en se disant « A dans quelques années ! » comme deux amis se disant à la semaine prochaine…

Je repris mon chemin balisé qui me mena dans ma première grande tourbière :  Il faut savoir que les marécages et tourbières couvrent un cinquième de l’Estonie ; La flore et la faune de ces marais sont vraiment uniques, il y a même de nombreuses espèces animales et végétales qui sont adaptées pour vivre là et là seulement.La plupart des tourbières estoniennes ont une couche de tourbe épaisse d’environ 3 – 6 mètres. Le record est au sud de l’Estonie, où une couche de tourbe épaisse de 17 mètres a été découverte récemment ! Un sentier de planches était construit et permettait de traverser cette immense étendue sur plus de cinq kilomètres ; Je n’avais encore jamais rien vu de tel : Un paysage de toundra à perte de vue s’offrait à moi, de minuscules lacs ressortaient de partout et donnaient un sentiment d’autre monde se situant par-dessous tant ceux-ci étaient transparents, les couleurs automnales apportaient à ces dessins uns touche d’artiste fabuleuse, j’avais l’impression d’un coup de changer de planète, de me retrouver au milieu d’un décor de carte postale ; Le vent soufflait fort mais le silence et la quiétude y régnais en maître ; Je marchais en silence, les idées, rêves et pensées tourbillonnant en moi, volatiles et sauvages, impossible de réussir à les conserver sans avoir à s’arrêter et les coucher sur papier.

Depuis quelques mois déjà je conserve sur moi à tout moment un petit carnet ainsi que un stylo ; Le voyage sans écriture ne peut exister pour moi et bien que je relate chaque jour mon récit de la journée sur mon carnet de voyage, j’ai remarqué que attendre le soir était même trop tard. A chaque instant de la journée des pensées me sont offertes, elles sont des offrandes de la vie, une douce récompense pour avoir confiance en elle ; Leurs alchimies est faite par la seule force de l’effort combiné à une profonde paix intérieur, cette dernière se composant de simplicité et de liberté ; Rien ne se perd rien ne se crée tous se transforme !

Au centre de la tourbière était construit une immense tour en rondins afin d’offrir une vue sur l’ensemble. Une fois en haut ( 25 mètres d’escalier avec un sac de 25 kilos c’est épuisant ) je restais une bonne heure à observer ce paysage à 360 degrés.

Après être sortis de la tourbière je traversais de belles forêts slalomant à travers de nombreux lacs scintillants ; J’atterri ensuite devant une sorte de grande steppe que le sentier me faisait traverser au coucher de soleil ; Je plantais ma tente près d’un joli lac où une famille de russe vint passer la soirée à côté de mon campement ; Ils m’apportèrent alors que je leur avait à peine parlé, un grande assiette de viandes et légumes grillés… Je les remercia chaleureusement mais ils comprirent que j’avais envie d’être seul se soir. Une belle rencontre comme je venais de vivre se méritait d’être digéré…

En fait si il y a une chose que j’apprends de jour en jour c’est qu’il faut toujours éviter d’en faire « trop » ; Trop d’isolement, trop de rencontres, trop d’aventures, trop lire, trop manger… Tous ces « trop » ne mène que à des murs et il devient impossible d’apprécier chacune de ces choses car le simple fait qu’elles soient « trop nombreuses » leur enlève ce côté qu’elles ont de magiques et uniques.

La veille au soir, Barbara m’a raconté un conte vraiment joli ; Durant cette journée je l’ai repensé et réécris en y ajoutant ma touche ; Cette histoire j’aimerais vous la faire partager :

 

Le couturier chinois

 

Il était une fois dans les temps ancien un couturier chinois réputé pour être le meilleur de tout le pays. Tous les personnes importantes venait à lui afin de se faire confectionner les robes et costumes les plus beaux. Son entreprise était sa fierté et son talent ne cessait de grandir. Un jour l’empereur, connu pour être un homme sage et juste, lui demanda de faire pour son épouse la plus belle de toute les robes qu’il est cousu jusqu’à maintenant.

« Le temps n’a aucune importance pour moi, prend en autant qu’il te sera nécessaire pour me produire l’ouvrage » dit le roi.

Le couturier chinois, voyant cette occasion de montrer à tout le royaume son talent, pris cela comme le défi de sa vie. Il envoya chercher au confins du monde les plus beaux tissus, les soies les plus fines et les pierres les plus rares. Pendant plus de six mois il resta dans son atelier, cousant la plus délicate et magnifique de toutes les robes ; Quand il eut finis il ne put s’empêcher de sourire tant il était content de soi. Il fit envelopper son ouvrage dans une belle protection en soie puis il se rendit au palais dans son carrosse personnelle. Il fit querir l’empereur et son épouse puis fut reçu sur le champs ; « Majesté, voici la robe que vous m’avez demandé, je peux vous affirmer sans exagérer qu’il n’existe en aucun lieux de ce monde travail plus délicat et magnifique que ce que je vous apporte »

L’empereur examina la robe, la montra à son épouse puis lui dis calmement :  « Je suis désolé pour toi mais cette robe ne nous conviens pas du tout et je ne te cache pas que je suis très déçu »

Le couturier chinois, surpris et furieux par cette réaction, s’en retourna dans son atelier. Malheureusement pour lui tout la population avait été mis au courant du refus de l’empereur et plus personne n’osait maintenant lui confier le moindre gilet. Le couturier chinois perdit donc toute sa renommée et sombra en lui-même. Quelques mois plus tard il entendit l’histoire d’un marchand comme quoi le plus grand couturier du monde vivait à des centaines et des centaines de lieux d’ici ; On disait qu’il habitait le haut d’une montagne dans un palais fait d’or et de diamants et que jamais personne ne l’avait aperçu ; Son art était d’après lui d’une beauté si exquis qu’il était impossible de regarder ces réalisations sans sentir son cœur s’emballer.

Le couturier chinois vis là la chance de regagner sa renommée et le lendemain il partait à cheval en direction de ce mystérieux couturier. Son intention était de le trouver afin qu’il lui apprenne le moindre de ces secrets.

Pendant plusieurs semaines il voyagea de village en village, se faisant indiquer la direction de cette montagne. Les mois passèrent et sa détermination ne vacillait pas. Il se perdit de nombreuses fois mais son esprit était tellement concentré sur son objectif que rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Enfin il arriva au pied de la montagne. Il commença l’ascension par un faible sentier mais une grosse tempête de neige vint le surprendre et lui et son cheval arrivèrent à demi mort de fatigue devant une petite cabane en bois. Un vieil homme le recueillis, le nourris et après que le couturier chinois eu retrouvé toutes ces forces il raconta au vieil homme son histoire et lui demanda de lui dire où se trouvait le mystérieux couturier. Celui-ci lui dit ne pas connaître l’endroit où il vivait. Le couturier chinois s’énerva, le traita de menteur et partis à pied de la cabane en direction du sommet de la montagne ; Pendant plusieurs heures il grimpa, tomba à plusieurs reprise mais se releva. Mais tant était grande sa volonté il ne put atteindre le sommet car le froid était trop intense. Il retourna chez le vieil homme et se décida à ne jamais revenir chez lui avant d’avoir trouvé ce qu’il cherchait ; Il retenterais tous les jours mais n’abandonnerait jamais. Le vieil homme accepta de l’héberger de nouveau après qu’il eut essayé, en vain, de le dissuader de ce projet fou.

Le couturier chinois eu du mal à trouver le sommeil durant la nuit, il se leva avec l’intention de repartir à l’assaut  dès l’instant. En croyant tomber sur l’écurie où son cheval était installé, il se trompa et découvrit une vaste pièce qu’il n’avait alors jamais aperçu ; Il alluma une bougie et se révéla alors à ces yeux un atelier de couture où de magnifiques tissus et pierreries étaient stockés. Des ouvrages merveilleux et d’une finesse fabuleuse pendaient sur des mannequins en bois. Il comprit alors que le vieil homme était en fait le mystérieux couturier. Ce dernier ayant été réveillé par le bruit arriva dernière lui :

 « Tu as donc découvert qui j’étais…  Vois-tu je te connais très bien et il se trouve j’ai souvent eu la chance de voir par moi-même la finesse de ton travail. Ton talent n’est en aucun cas inférieur au miens c’est juste qu’il manque quelque chose ; Si tu le veux vraiment je peux te montrer la voix qui te l’apprendra ». Le couturier chinois accepta avec joie et écouta avec soin :

«  La seul chose que tu devras faire sera de revenir chez toi par le même chemin que tu as pris pour venir ici, la seul différence c’est que tu devras le faire sans ton cheval et sans le moindre argent ; Une fois arrivé tu devras découdre entièrement la robe que tu as fabriqué puis la refaire ensuite à son identique» 

-  Mais c’est tout bonnement impossible de revenir sans mon cheval et mon argent ! Comment vais-je faire pour dormir et manger ? Et puis pourquoi découdre et recoudre la robe que j’ai mis si longtemps à fabriquer ? Qu’est-ce que cela peut bien m’apporter de faire une telle chose ?

« Cela tu le découvrira sur le chemin… »

Le couturier chinois abandonna donc tous ces biens et partis en direction de chez lui. Il ne portait qu’un faible baluchon et les premiers jours fut très durs pour lui : Comme il avait froid et faim il fut forcé d’aller demander l’hospitalité dans les fermes des villages ; A sa grande surprise il fut accueillis tous les jours et découvris à travers chaque personne rencontré un monde qu’il n’avait jusqu’à alors jamais soupçonné : Les gens ne lui offrais pas simplement qu’un lit et une soupe, ils lui donnaient en plus de la générosité, de l’amour, une ouverture d’esprit face à sa vie d’avant ; Ils arrivèrent à briser à coup de sourires, d’écoute, de simplicité et d’encouragements toutes les barrières que sa vie avait érigé autour de lui.

Au fil des mois il vécut des aventures et mésaventures formidables, rencontra des personnes qui le marquèrent à jamais et appris à se connaitre dans ce dénouement et cette simplicité de vie.

Il arriva enfin chez lui… Tout était à la même place que lorsqu’il était partis, cela lui semblait tellement loin à présent. Son métier de couturier lui tenait toujours à cœur et il décida de faire comme le vieil homme lui avait dit de faire. Pendant six longs mois il décousu la robe, fil par fil, joyaux après joyaux. Quand il eut terminé il refit exactement le même ouvrage et cela lui pris encore six mois supplémentaires.

La robe finis il l’a mis dans son baluchon et partis pour le palais à pied. Il demanda aux gardes à voir le roi et on le pria de revenir dans quelques jours. Il revint trois jours plus tard et fut reçu de la même manière que la dernière fois.

Le roi, avec un léger sourire, lui dit que cette robe était une des choses les plus belles qu’il lui a été permis de voir de toute sa vie.  

 

Cette histoire afin de relater la vie d’un homme qui a découvert que la persévérance ne valait rien sans l’humilité, que les moments les plus beaux sont ceux que l’on vis en étant simple et démunis de toute carapace, que plus on tombe bas et plus on monte haut.

 

De ma vie je n’ai rencontré que trois personnes étant capable d’autant d’humilité et de persévérance ; Et j’ai eu la merveilleuse chance de vivre, marcher et d’apprendre à leur côté durant ce voyage :

Le premier avait le don d’écouter le vent, les fleurs et les rivières ; Il voyait plus d’humanité dans l’âme d’un oiseau que dans celle d’un humain et son amour pour la nature était sans limite. Il n’écrivait pas, lisait encore moins ; Il avait cette capacité à saisir la totalité du moment présent d’une façon la plus naturelle possible.

Le deuxième semblait connaitre la montagne comme une mère connait son enfant, Il possédait une force physique et mentale absolument fascinante qui lui donnait une capacité à survivre dans n’importe quelle situation. Il détestait avoir froid mais avait traversé toute la Norvège en pleine hiver en dormant essentiellement sous la tente. Sa générosité n’avait pour barrière que son portefeuille et ses réserves d’énergie.

Le troisième arrivait à lire chaque humain aussi librement que dans un livre ; Sa persévérance et sa confiance dans la vie m’a fasciné et continu à m’inspirer, il voyait le bien dans chaque chose et chaque défaut comme une qualité. Je l’ai connu en camarade, eu en ami, aimé comme un frère, haï de tout mon cœur et je l’ai retrouvé alors que une profonde paix s’était installé entre nous deux.

Ces trois personnes ont toute une place dans mon cœur, ce sont des sortes de guide spirituelle que la vie à eu la bonté de mettre sur mon chemin ; Les expériences passées avec eux font passer la forme de nos relations à intemporelle.

Le lendemain sans m’en compte je me trompais de chemin en suivant un autre balisage et m’en rendis compte sept kilomètres après ; c’est donc sept nouveaux kilomètres que je dut remarcher en sens inverse ! Ça m’apprendra à ne pas surveiller la boussole !

J’arrivais enfin à Aegvidu, un village dans lequel je pu me ravitailler pour quelques jours de bonne nourriture.

Je campais pas loin puis décidais de rester tranquille le lendemain ; Un centre de nature et informations était situé au village et je m’y rendis et restais une bonne partis de la journée à utiliser le wifi et à apprendre quelques trucs sur les tourbières environnante.

Le soir, sous la pluie, je marchais quelques kilomètres et arrivais à une petite zone de camping où je trouvais un petit abri ; Au cours de la soirée je vis arriver mes deux petits Allemands rencontrés à Vosu qui venaient de marcher plus de 35 kilomètres sous la pluie !

La nuit bien froide me força à vite démarrer le matin et je passais la journée entière sous une fine pluie à travers des petites pistes de sable traversant les forêts. Je retrouvais mes Allemands le soir et on passa ensemble une agréable soirée autour du feu.

Réveil dans un froid impressionnant car bien qu’il ne devait faire pas plus de 2-3 degré, l’humidité excessive de l’environnement arrivait à faire transpercer de sa morsure toute les couches de vêtements !

Thé brulant, quelques biscuits et je fis mes adieux à mes deux randonneurs car ils s’en retournaient dans leur pays aujourd’hui ; C’est marrant la relation que j’ai eu avec ces deux personnes… Ils sont restés assez distant avec moi, préférant passer du temps entre eux deux ; Mais en même temps on s’étaient bien habitué à se revoir de temps en temps…

Je traversais une autre tourbière aussi impressionnante que la précédente… Le lendemain je tombais par surprise dans une forêt où une sorte d’énorme camp d’hommes des bois avait été construit : Des huttes en rondins, des fours à pains en argile, des canots creusés dans des gros troncs, des grande tables, et une multitude d’autre constructions qui me laissèrent en admiration. 300 photos techniques plus tard je repartais les idées et rêves pleins la tête.

Les trois jours suivant ne comportent rien de particulier pour le lecteur lisant ces lignes ; Tourbières, chemin de forêts, campement le soir, apparitions de quelques cigognes, baignade dans des petits lacs (au soleil), café le matin, cacao le midi et thé le soir en lisant auprès du feu, marche en silence, c’est dure à réussir à expliquer la joie ressenti de vivre dans la nature en toute simplicité ; Ce bonheur est perceptible d’une façon étrange, on le sent flottant autour de nous, insaisissable ; Le vivre seul est fascinant et triste à la fois, on ne peut le partager certes mais sa consistance est bien plus « palpable » ; Il se vit dans toute sa pureté, la solitude agissant comme une caisse de résonnance à travers soi. En étant nomade on se rend compte alors de son extrême éphémèrité et cela le rend alors encore plus beau.

Quelques heures avant d’atteindre le village de Vandra, je traversais une tourbière vraiment spéciale : C’était une sorte de labyrinthe à travers de mini lacs et marécages ; Il y avait une énergie qui se dégageait de tout cela, quelques chose de puissant, de sauvage, de libre… La nature avait conservé ici toute sa forme et sa beauté, l’homme ne passait que en visiteur…

Arrivé au village je trainais quelques temps à la bibliothèque pour répondre à quelques mails et deux trois autres conneries puis me ravitaillais car je partais pour les prochains jours dans le grand parc national de Soomaa, un des plus beaux et célèbre du pays dont sa traduction veut littéralement dire « La terre des marécages »

Je m’enfonça dès le lendemain dans des campagnes fantastiques en traversant de profondes et belles forêts bordées de soleil ; Le soir j’arrivais devant mon premier refuge, une grande maison de bois construite à côté d’une rivière ; L’intérieur était immense, un dortoir au premier étage, une cuisine avec un authentique four à bois en fonte et une grande salle centrale. Je fis ma tambouille tranquillement (c’est la fête, chili con carne !) me fabriquais une bougie en faisant fondre tous les ptis bouts de cire que je trouvais dans la maison puis lut quelques passages de Robinson Crusoé de Daniel Defoe.

La nuit, dans ce refuge ressemblant à ceux de films d’horreur, un grincement répété et des petits pas me fis dresser les poils ; Cela allait et venait, tournait autour de moi, grinçait… Embuscade à la lampe torche et découverte du coupable : Une jolie petite souris qui se dandinait sur la table et tentant désespérément d’atteindre ma réserve à biscuits !  Je lui en sacrifiais quelques-uns mais la gourmande revint toute la nuit pour me réclamer du rab…

Grosse douche à l’ancienne le lendemain après m’être fais chauffé trois litres d’eau sur le feu !

Le cuir de mes chaussure à presque gelé cette nuit et il m’a fallu exactement trois kilomètres de marche pour ressentir mes pieds ; Et on est qu’en automne…

Je fus un peu déçu de la journée, mon balisage suivait une longue piste qui certes passait dans le parc nationale mais qui traversait celui-ci à la manière d’une autoroute… Je trouvais le soir une grange ou un lit de foin me servit de matelas.

Cette soirée la nature paraissait à la fois immobile en étant incroyablement vivante… C’est tellement beau une journée qui s’achève.

Au matin, les araignées avaient travaillées toute la nuit afin de tisser leur toile en un labyrinthe complexe autour de chaque brins d’herbe du champ. En regardant attentivement on pouvait voir que le soleil levant faisait scintiller cette ensemble d’une façon imperceptible et magnifique.

Je partis sur ma piste et aperçus mes premiers sangliers à 20 mètres devant moi, qui s’enfuirent à mon approche. Ces gros porcs, cousin du cochon ou du phacochère, se font souvent entendre la nuit et laissent à leurs passages des mottes de terre totalement ravagées.

Décidé à ne pas rester sur cette route je bifurquais et pris des petits sentiers qui d’après la carte que j’avais photographié, allaient me faire traverser une bonne partie du parc. Bien sur le sentier disparu et je me mis à suivre un petit fleuve à travers une jungle de roseaux et d’arbustes ; Le travail des castors présents autour était impressionnant : De partout des arbres tombés sous leurs coups de dents jonchaient le sol et leurs maisons flottante m’apparaissait au détour de petits virages.

Durant plusieurs heures je m’épuisait dans cette brousse mais j’étais heureux d’être égaré de la sorte ; Je savais que la sortie se trouvait en suivant le fleuve et j’y arrivais enfin tout fatigué. Je débouchais dans un grand champ puis arrivais devant une petite route à sens unique. Un sentier de planches formant une boucle de quelques kilomètres partait de là et m’emmena au centre de l’immense tourbière du parc. Le soleil se couchait au-dessus de ce décors sans mots et j’en profitais pour me baigner dans un des petits lacs. J’écrivais quelques temps… Le voyage à pied m’offre ce que la stabilité, le confort et la sécurité ne m’offrait plus : l’inspiration.

Entre l’hiver et le printemps ce parc national à la particularité d’avoir une « cinquième saisons » ; la fonte des neige occasionne une montée des eaux de plusieurs rivières et fleuves qui finissent par se rencontrer en sens opposé et inonde alors sur plusieurs mètres de haut des centaines de kilomètres carré de nature. Les personnes habitant dans les environs se déplacent alors en bateaux et canoé.

Je trouvais une petite cabane de bois destiné aux randonneurs ce soir-là ; Je fis une grande lessive de mes semelles intérieur dont l’odeur contaminait mes chaussettes ; Un grand feu et une petite « grille – étendage » s’occupa de les faire sécher en moins de deux heures.

Je mangeais mon riz en silence dans cette nuit glacial, la nuit envoyant à chaque instant des bruits de canard et de sangliers faisant leurs tâches nocturne.

Réveillé à cause du froid intense de la nuit vers 4 h du matin je me dis qu’il sera plus que nécessaire que je me procure un nouveau sac de couchage lorsque les températures atteignerons les négatives.

Le matin fut très agréable, je marchais dans de beaux chemins, j’observais la forêt qui se réveillait lentement, fumant de vapeur d’humidité le long des rivières ; Des biches m’offrirent un sourire dans mon bonheur et je rejoignais mon balisage que j’avais quitté hier.

A ma pause je décidais d’aller rejoindre pour ce soir une cabane de forêt qui était situé à une trentaine de bornes. Il était déjà seize heure passé et la nuit tombait dans moins de trois heures ce qui voulait dire que j’allais arriver pas avant 23 h.. et sous la nuit… Je partais sans attendre et suivait mes balises de peinture rouge qui m’emmenaient heure après heure dans un dédale de chemins. La nuit s’installa puis je fus forcé de continuer à la lampe. La forêt me paraissait de plus en mystérieuse et inquiétante, l’ombre d’un gros rocher ou d’une grosse branche me renvoyais celle d’un ours ou d’un sanglier, chaque cris ou bruissement du vent me faisait retourner ; Je chantais tout mon répertoire de chansons puis le répéta ; Cela me fis un bien fous ! La fatigue me prenait mais je me jurais de ne pas m’arrêter avant d’avoir trouvé ce refuge. Deux petits scintillements dans la nuit, une silhouette gigantesque et j’aperçus à une trentaine de mètres de moi un élan surprit par ma torche; Je criais aussi fort que je pouvais et je pense que celui-ci eu plus peur que moi-même !

Une heure plus tard une autre lumière dans la nuit vint me surprendre, je criais de nouveau mais réalisais que cette lueur était en fait un feu de camp. J’avais enfin atteint la cabane et en arrivant près de cette dernière je fis la rencontre de Taavi et Jaana, un couple d’estoniens qui passais le week end dans le parc national. Les pauvres avaient été un peu terrorisé par mon entrée un peu brutal mais quelques minutes plus tard nous étions tous autour du feu, eux me partageant leur barbecue et moi jouant quelques mélodies d’harmonica. Mes deux amis se révélèrent être des ronfleurs de compétition et les boules quies ne furent pas de trop pour cette nuit !

J’arrivais le lendemain au village de Kilingi –Nomme où je restais l’après-midi dans un petit café, à boire des bons chocolat chaud et à faire du tris de photos.

Je campais le soir près d’un grand refuge payant où je fis la rencontre de Tarvo, un homme vraiment touchant qui me raconta sa vie très profondément.

«  Par moment ça fait du bien de pouvoir se confier à un étranger car de son œil extérieur il peut donner un avis ou proposer une solution que l’on avait pas vu avant »

Il était en plein divorce et attendait cette nuit sa nouvelle femme qui était dans la même situation que lui.

Je partis en milieu de journée en ayant enfin retrouvé mon chemin après avoir tourné en rond autour du village pendant une heure. Un homme sur un quad fit demi-tour après m’avoir dépassé… Il avait 25 ans, venait d’avoir un petit bébé et détestait son job de mécanicien…Il rêvait de liberté mais il me dis que la venue de son fils lui procurait un sentiment bien plus fort que le besoin de cette dernière…

Pour pimenter un peu la journée je m’amusais à prendre des raccourcis à travers les forêts, armé de ma carte et ma boussole ; Traverser des petites rivières, corriger l’azimut, avoir un petit coup de stress, se sentir perdu puis enfin trouver la piste que l’on cherchais ; L’orientation possède ce petit quelque chose qui vous fais sentir vivant, qui vous rappelle que entre le passé et le futur il existe un endroit qui s’appelle le moment présent.

J’avais l’intention de rejoindre une petite hutte dans la forêt où je comptais y rester quelques nuits afin de me reposer et de profiter de mes derniers jours en Estonie.

Celle-ci était situé dans une petite forêt, à quelques kilomètres d’un village. Perché sur une petite colline, d’une surface de trois mètres par trois mètres, de forme carré où le feu se faisait au centre, j’en tombais amoureux immédiatement. L’intérieur était simple : Trois banquettes, quelques outils et un seau d’eau. Je vécu trois jours à l’intérieur ; Je coupais mon bois, faisais bouillir mon eau venant de la rivière, jouait de la musique et lisait. Cette immobilité me procurait un bonheur différent de la marche et je m’interrogeais beaucoup sur celle-là…

Le thé et le feu devenait de gentils compagnons, ils me tenaient compagnie et je buvais leurs paroles en alimentant la conversation.

Je flânais dans la forêt…En pleine nature, les faux semblants n’existent plus, de même que le mensonge et le paraître. Tout est vrai, authentique ; Les instincts enfouis ressurgissent en nous et chaque arbre, chaque rivière, chaque minuscule détails, chaque apparitions d’animaux, tout cela devient à nos yeux des œuvres d’art, des cadeaux sans prix, des mystères sans réponses.

Je quittais ma demeure en la remerciant de son hospitalité ; J’avais passé ces quelques jours dans une profonde paix intérieur que absolument rien n’avait perturbé.. Un aperçu d’un nouveau « genre » de bonheur m’avait été offert et m’offrait de nouveaux horizons que j’avais l’intention d’explorer.

J’atteignis une seconde fois la mer baltique sur sa côte ouest, planta le tente près de la plage et arrivais le lendemain à la frontière Lettonne que je franchis.

Entrer dans un pays par sa frontière constitue la moindre des politesse ; Cela consiste à y pénétrer humblement, en demandant la permission… On y accède alors en ami et non pas en conquérant.

En fait arriver dans un pays par la gare ou l’aéroport de celui-ci, c’est un peu comme s’introduire dans la maison d’un inconnus par la cheminée en lui demandant impunément où se trouve le frigo.

 

Jérôme

 

wq_1

Pause sur une falaise devant la mer Baltique

Pause sur une falaise devant la mer Baltique

Marche au soleil couchant

Marche au soleil couchant

La nuit arrive de plus en plus rapidement

La nuit arrive de plus en plus rapidement

wq_6 wq_7 wq_8 wq_9

La ville de Tallinn

La ville de Tallinn

wq_11 Des bords de mer magnfiques bordés de petit rochers

wq_13 wq_14 wq_15

Marche le long des plages

Marche le long des plages

Good mushrooms !

Good mushrooms !

Rencontre et soirées dans la forêt avec Barbara

Rencontre et soirées dans la forêt avec Barbara

Un exemple de zone de camping présent sur la randonnée

Un exemple de zone de camping présent sur la randonnée

Bon voyage Barbara

Bon voyage Barbara

Et c'est repartis

Et c’est repartis

En voilà un qui a l'air content

En voilà un qui a l’air content

Fascinantes tourbières

Fascinantes tourbières

wq_24

Du haut d'une tour d'observation

Du haut d’une tour d’observation

wq_26

Le sentier de planches zigzaguant dans ce labyrinthe de marécages

Le sentier de planches zigzaguant dans ce labyrinthe de marécages

wq_28 wq_29

Pas con !

Pas con !

Pti déj du matin dans le froid

Pti déj du matin dans le froid

Odieux tag de ma part

Odieux tag de ma part

Campement avec mes gentils Allemands

Campement avec mes gentils Allemands

wq_34 wq_35

Un paysage de toundra africaine

Un paysage de toundra africaine

wq_37 wq_38 wq_39 wq_40

Jolies campagnes

Jolies campagnes

To pomme or not to pomme ? De partout les pommiers m'offraient mes desserts et gouter

To pomme or not to pomme ? De partout les pommiers m’offraient mes desserts et gouter

wq_43

Storm is comming

Storm is comming

wq_45 wq_46

wq_47

Les castors n’ont pas l’air d’aimé les balisages sur les arbres

Nuit dans un petit refuge dans les bois

wq_49

Le foin y'a que sa de vrai !

Le foin y’a que sa de vrai !

Nuit dans la grange

Nuit dans la grange

Bisons en semi liberté

Bisons en semi liberté

Sacré ébéniste ces castors !

Sacré ébéniste ces castors !

Chocolat chaud et croque monsieur pour la pause

Chocolat chaud et croque monsieur pour la pause

Egaré mais pas perdu !

Egaré mais pas perdu !

wq_56 wq_57 wq_58

Et baignade dans les petits lacs (c'est froid)

Et baignade dans les petits lacs (c’est froid)

Une tour d'observation pour la tourbière

Une tour d’observation pour la tourbière

Système pour sécher mes chaussettes et semelles

Système pour sécher mes chaussettes et semelles

La nature qui se lève

La nature qui se lève

wq_63

Et on y va pour 30 bornes supplémentaire à 16 h...

Et on y va pour 30 bornes supplémentaire à 16 h…

Douce récompense après une rude marche dans la nuit

Douce récompense après une rude marche dans la nuit

squattage d'internet dans un café

squattage d’internet dans un café

Trois jours passés en solitaire dans cette cabane

Trois jours passés en solitaire dans cette cabane

L'intérieur magique

L’intérieur magique

A table !

A table !

Lettonie me voilà !

Lettonie me voilà !

 

 

6 réflexions au sujet de « Be happy en Estonie »

  1. Trop bon récit;
    Cela ma bien pris 2 heures à le lire mais ce n’était pas trop, ta réflexion sur le « trop » bien que genial n’était donc pas applicable.Elle n’était d’ailleurs pas la seule pensée qui etais inspirante.
    Des fabuleuses descriptions de paysages, Fruits d’une observation profonde et de longues heures de lectures.
    Woow Super rencontres aussi, il y en a une qui m’a fait battre le coeur…enfin en tout cas à lire c’est genial, puis ce qui est en rapport avec douche et nourriture m’a bien fait marré et puis quelles photos !(en effet le tag est odieux ! -_- c’est absurde que « celui qui le présise » et « lauter de l’act vandale » soit le même… :-D ), Tien-tien j’aie vue que Monsieur est passé au chocolat blanc maintenant ^_^ .
    En tout cas l’Estonie avec ces chemins de rando donne vraiment envie d’aller voir et puis le mode de voyage.

    Bravos á toi et n’attrape pas froid ^^ !

    Francois

  2. Salut Boyscout!
    Bon je sais pas si t’as recu mon mail donc je te met un commentaire ici. Je suis arrivee au Vietnam hier, et il fait super chaud mouhahah! Merci pour tes articles ils sont au top. Les dessins sont sur le site web si tu les veux, et puis j’ai plein de trucs a te dire/raconter, donc si t’es dispo pour un skype un de ces quatres tu me fait signe je m’arrangerais.
    Bon courage a toi!

    • Yop miss désolé j’ai été pas mal occupé ces dernières semaines notamment avec l’arrivée de l’hiver ! Jviens d’arriver à Vilnius aujourd’hui et je pense y rester une bonne semaine; Je serais sur Skype (jerome gazelle) assez souvent donc t’a vite intérêt a te connecter ! bizzzz prend pas chaud ^^

  3. bonjour jerome.j’ai essayer de t’appeler ce matin,mais probleme de connection.je sus content d’avoir de tes nouvelles.cela faisait longtemps.ton retour en europe ce passe bien.tu as fait de belles rencotres.je te souhaite de continuer comme cela.bon courage et a bientot.

  4. Salut Jerome,
    On est avec ta petite soeur ce WE et on va lire ton récit……
    Ton aventure est magnifique…et elle donne envie….
    Bravo encore et merci de nous faire voyager, nous, enfermés dans nos pauvres vies…..
    On t’écrit ce WE encore…..
    Ton grand oncle Bernard

    • Merci Bernard pour ton message ! Julie m’a dit qu’elle allait vous rendre visite, c’est assez dure de garder le contact avec tous le monde en ce moment mais je serais heureux de faire un Skype ensemble un de ces jours. Bonne continuation et fêtes de noêl !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>