Quelques pas dans la neige

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Plier sa tente de la même façon tous les jours, savoir qu’il va falloir faire un feu pour faire cuire son repas du soir, marcher sur de longues routes de bitume durant des heures lorsque le passage par les chemins n’est pas possible, raconter son histoire à chacune des personnes rencontrées, supporter le froid, l’inconfort, la privation, le manque de ses proches… Et oui il arrive par moment que dans ce voyage à pied surviennent ces moments de lassitude et de « routine » qui ne sont pas facile à vivre chaque jour seul. Mais cela ne se limite pas qu’à cela et va plus loin encore : le fait de passer de lieux en lieux, de personnes en personnes, de paysages en paysages, tout ça offre la capacité à sonder et comprendre directement le type de personnalité à qui l’on a affaire, quel sorte de lieu cet endroit est. Conséquence, la sensation d’unique et de surprise s’en trouve parfois très réduite voir même par moment carrément annihilé. Je me rappelle durant les deux premières années à quel point je trouvais chaque rencontres tellement belles, tellement écrites, uniques. Elles le sont toujours bien sûr mais elles ont quelque peu perdu en magie de ce qu’elle ont gagné en exigence.

L’expérience de vie apporte une connaissance sur « l’alchimie » de chaque chose et je considère que le voyage à pied en est parfois un cour accéléré de cet apprentissage. Je remarque souvent que ma partie favorite pour toute nouvelle chose inconnue se révèle être la première énergie de celle-ci ou encore la première impression. Une fois ce moment passé mon esprit a soudainement envie de se rendre ailleurs, de marcher jusqu’à la prochaine montagne puis encore la suivante, de rencontrer une nouvelle personnalité et encore une autre. Je ne suis rassasié alors que dans ce mouvement, à la vue de la toupie de ma vie tourner à la vitesse de mes pas tout en gardant cet équilibre si beau à mes yeux. J’essaye de garder en tête que cette toupie finira comme toute bonne chose à s’arrêter et que le maintien de ce bel équilibre devra alors se faire d’une façon bien différente.

La lassitude de ces moments ne doit être perçue que comme un signal informant qu’il faut alors découvrir d’autre petits chemins parallèles à celui suivi en ce moment. Savoir interpréter et comprendre en bien toute lassitude est une voie menant à certes de plus en plus d’exigences dans nos vies, mais à une compréhension de soi-même de plus en plus grande. Savoir ce que l’on veut, savoir quel type de personnes nous sont bénéfiques, savoir quel type d’expériences notre esprit a besoin pour son développement.

J’appelle mes « deux irréductibles » deux bonheurs dans cette longue marche dont la lassitude n’a absolument aucune emprise et qui font office d’étoile du berger lorsqu’une mauvaise journée me fait sentir un peu égaré : le premier est le plus puissant d’entre tous, celui dont sa vibration me fait sentir à la fois faible mais incroyablement vivant, dont son intensité est la fois sa force et sa faiblesse. Il s’appelle la peur de l’inconnue, l’aventure dans l’avancée aveugle, le risque, cette loterie des sens comportant cette part d’incertitude et qui me force à me concentrer sur mes instincts. Il n’y jamais de déception pour ce ressenti car sa composition chimique est trop aléatoire et complexe pour arriver à la comprendre ou l’anticiper.

Le deuxième est son opposé total, il est le liant, canalisant et mettant en forme la matière première que je reçois du premier bonheur. Il est la paix, l’équilibre parfait que le corps et l’esprit, d’un accord commun entre eux, me font parvenir à travers ce sentiment d’ivresse du moment présent. Ce bonheur je le ressens lors d’une marche sur une longue crête sans fin, je le ressens en haut d’une montagne après une interminable montée à transpirer corps et âme, je le ressens lorsque tous mes sens sont soudainement mis en branle par l’adrénaline que la marche libère. Je ne peux imaginer ma vie sans ces deux ressentis d’une telle vitalité.

La frontière de la Bulgarie passée, je me rends compte qu’il me faut traverser la longue vallée traversant la chaine de montagnes séparatrice. Voulant à tout prix éviter la grosse route, je trouve des chemins parallèles à celle-ci qui me font suivre une large rivière. La pluie et le vent glacial ne me lâchent pas de la matinée et j’arrive bien fatigué de l’autre côté. Aaaaaa la Grèce !! Enfin je l’ai devant moi ! Ma traversée des pays de l’est se termine après tous ces mois de marche à travers ceux-ci. Un nouveau chapitre s’ouvre désormais.

Le premier village que je rencontre est presque désert, c’est vrai que je ne suis pas dans la région la plus peuplé du pays… J’arrive à obtenir trois litres d’eau et décide de camper malgré l’heure pas du tout tardive. Les rafales de vent ne s’arrêtent qu’au petit matin.

Le temps est bien meilleur durant la matinée, je rencontre mes premiers champs d’oliviers, j’entends parler dans la rue d’un village les premières conversations en grec, je retrouve une plus grande normalité des maisons comparé à la Bulgarie, je goute à de la bonne féta, au café grec.

L’alphabet grec fait place à l’alphabet cyrillique de la Bulgarie ; il y a quelques similitudes mais cela reste du chinois pour moi. Les infrastructures touristiques dans ce nord du pays semblent être pour la plupart abandonnées. La carte de la Grèce que je dispose est assez imprécise et il me faut faire avec avant d’en trouver une bien meilleure. Je marche donc sur une route de campagne qui me mène au grand lac Kerkini, un des joyaux de cette région qui est la Macédoine. J’en ai le souffle coupé à la vue de l’énergie qui s’en découle. Le jour est en train de décliner tandis que les eaux du lac sont agités de la vie ornithologique régnant de partout autour. Il y a des pélicans, des hérons, des cormorans ainsi que des dizaines d’autres m’étant totalement inconnus. Quelques barques de pêcheurs sont présentes sur le lac et semblent faire partie intégrante du décor. Plusieurs cabanes sommaires surement construites par ces derniers sont disposées près du rivage. A l’intérieur de l’une d’elle je trouve un lit de camp ainsi que quelques kilos de pommes dans un panier. Il ne m’en faut pas plus pour me décider à rester pour la nuit. J’observe encore longtemps le spectacle du lac avant de me faire chauffer mes pâtes sur un petit feu construit à l’abri du vent.

La nuit est très froide et entrecoupée d’un combat acharné avec une chauve-souris et un petit mulot ayant décidé de revendiquer le droit d’appartenance du logis. Un porridge miel-pommes avalé et j’arrive à l’aube au village de Tithotopos paraissant encore endormi. J’aimerai atteindre l’autre côté d’un massif de petites montagnes ; un pépé m’indique de suivre une piste bien incertaine. Mais j’ai tout mon temps, même celui de me perdre. Je grimpe plusieurs kilomètres sur de beaux et déserts chemins de terre. Ceux-ci ne font que de se séparer mais je semble prendre la bonne direction à chaque fois. La vue sur la vallée est époustouflante, surtout avec ce beau soleil faisant scintiller la neige sur les arbres. Après quatre heures d’efforts je débouche sur une route goudronnée. Les quelques maisons du hameau de Pontokerasia m’apparaissent un peu après. Je marche encore quatre kilomètres avant de planter ma tente près de quelques ruches abandonnées. Il semble n’y avoir pas un chat sur des kilomètres à la ronde, la montagne à ma droite prend des teintes orangées me rappelant la « ruska » finlandaise, ce passage de l’automne très soudain dans ces régions nordiques. Je lis un livre d’une traite sans m’arrêter de la soirée. Les saisons froides sont souvent pour moi des périodes de lecture assez intenses.

J’évite toutes les routes le lendemain en trouvant des longues pistes passant par-dessus les petites collines. Je prends un pied d’enfer en ne sentant pas les kilomètres défiler sous mes pieds. J’arrive à la modeste ville de Kilkis au soir. Une église est construite sur un mont de cent-cinquante mètres au milieu de la ville. Je grimpe en haut et campe derrière l’édifice, devant un large panorama rendu intense par les dernières lumières du jour. Le vent se lève au milieu de la nuit et je bataille une bonne demi-heure en caleçon dehors à essayer de maintenir les sardines dans un sol de sable et de gravillons.

La journée se passe sur une longue route bien chiante. Une belle distraction vient cependant mettre un peu de rire dans cette monotonie d’asphalte : des nuages entiers de milliers d’oiseaux mouvant d’un champ à l’autre et semblant énerver particulièrement les paysans du coin. C’est donc durant la moitié du jour que j’entends assez régulièrement de gros coups de fusil tirés dans l’intention de faire déguerpir les volatiles jusqu’au champ voisin.

Ma tente est érigée sous quelques arbres à deux-cent mètres d’une route bruyante. Activités de la soirée : lecture et couture.

Mon podomètre vient tout juste de m’indiquer avoir marché douze kilomètres que j’entends des bruits que je connais bien. Dans un champ délimité par des barrières et filets, se trouve deux équipes d’airsoft s’affrontant dans un terrain fait de vieilles voitures, de murs de palettes, de tôles ou encore de tranchés creusées. J’ai passé une grande partie de mon enfance et adolescence à jouer avec ces répliques d’armes tirant de ces petites billes de plastique. Ce sport génial avait vite été pour moi une passion qui me faisait revenir le dimanche soir bien épuisé, tout crottés de boue et avec des marques de tir de billes un peu partout sur le corps, mais avec un contentement intense de toute ces sensations ressentis.

– Hey you !! Come to play with us !!! J’entends de la part d’un des joueurs m’ayant aperçus marcher.

On ne me fait pas répéter une deuxième fois ce genre de proposition. Quinze minutes plus tard je me retrouve muni d’un gilet tactique ainsi que d’un beau G36 C à la main. La dizaine de personnes faisant partie de ce club vont de quinze à cinquante-cinq ans. Je m’éclate avec eux pendant une heure à faire différents scénarios et à suer sur le terrain en essayant d’éviter les rafales de billes autour de moi.

Après la partie nous prenons le café tous ensemble tout en discutant de nos vies. Je ne tarde pas ensuite à reprendre la marche car j’ai bien l’intention de rejoindre la ville de Thessalonique ce soir.

A l’approche de l’agglomération je galère pas mal en essayant d’éviter de suivre les grosses voies mais cela un peu en vain. Je pénètre petit à petit dans la ville ou j’arrive au centre vers vingt heures. Les trente-huit kilomètres de la journée m’ont rendu un peu ivre de fatigue et je chante à vive voix des chansons au beau milieu des rues sous les regards un peu incrédules des gens. Ma marraine vivant à Athènes avec sa famille, le frère de son mari m’avait proposé de m’héberger le temps qu’il faudra à Thessalonique. Je me rends donc à l’appartement de Pantelis où j’ai droit à un vrai comité d’accueil par ce dernier et sa cousine Maria habitant chez lui pour quelques semaines.

Les jours suivant passent à une vitesse assez surprenante : partis au début pour ne rester qu’une petite semaine je me surprend à être encore en leur compagnie après plus de dix jours. Avec ces deux personnes je découvre cette ville bordée par le bord de mer, la culture grec à travers leurs musiques, leur nourritures, leur mentalités ainsi que la situation de la crise actuelle. Ce dernier point est sans doute la chose qui frappe le plus à l’entrée dans ce pays. Tout le monde en parle, tout le monde la subit, et tout le monde semble parfaitement connaître le sujet. En fait le grec semble cultiver trois passions : Le café, la musique du pays puis la politique. L’un n’allant rarement sans l’autre.

Pantelis travaille pour l’armée en tant que médecin tandis que Maria est archéologue, ayant même fait des chantiers de fouilles sous-marines. Travaillant la journée nous nous retrouvons chaque soir autour d’un bon repas, sortons en ville, rencontrons des nombreux amis. Une belle amitié ne tarde pas à se construire entre nous. Au bout de deux semaines je dois leur faire mes adieux car un beau cadeau de noël arrive de France dans quelques jours : ma famille que je n’ai pas vue depuis plus de sept mois ! Je mets donc en pause ma marche puis me rends à Athènes en train. Une fois dans cette gigantesque capitale je retrouve tout d’abord ma marraine Anne-Lucie et sa petite famille vivant là-bas. Une nouvelle petite née du nom de Athéna a vu le jour il y a quelques semaines et je suis vraiment heureux de pouvoir la voir et la prendre dans mes bras.

Et enfin mon père et mes deux sœurs débarquent de l’aéroport pour de belles retrouvailles. Sept mois de séparation ne sont pas grand-chose en fin de compte… Mais sept mois de voyage nomade sont parfois capable de transformer cela en une durée bien plus longue…

Ayant planifié un petit road trip de quelques jours dans le Péloponnèse, nous filons en voiture visiter Nauplie, le théâtre d’Epidaure, Corinthe ainsi que les côtes et les îles du golf Saronique. A l’inverse de l’été l’hiver en Grèce est totalement vide de touristes. Nous pouvons déambuler dans les formidables rues de ces villages authentiques sans à redouter de croiser une armée de chinois photographiant le moindre pavé blanc (rhoooo le stéréotype !!).

Une fois de retour à Athènes nous y passons trois jours tout en terminant par fêter noël avec la famille de ma marraine. L’heure de leur départ arrive vite et alors qu’ils partent pour l’aéroport je les serrent dans mes bras en leur disant à dans neuf ou dix mois. Dire que la prochaine fois que je les verrais sera lorsque j’arriverais au point de départ de cette longue marche…

Je reste une semaine de plus dans la capitale car Barbara, une amie rencontré lorsque je traversais l’Estonie il y a deux ans, m’avait informé qu’elle serait à Athènes à cette période. Venue dans son camion aménagé garé en face de la mer, elle projette de travailler dans des squats et camps de réfugiés. Elle me fait donc découvrir ce milieu puis me fait rencontrer d’autres volontaires avec qui nous fêtons comme il se doit le passage de l’année 2017.

Les muscles de mes jambes ne tardent pas à me faire comprendre leur formidable envie de reprendre la marche, l’esprit aussi cela dit. Je quitte Athènes début janvier mais retarde encore d’une semaine la reprise afin d’aller rendre visite à Sevim en Bulgarie, cette charmante bulgare rencontrée lors de mon séjour à Sofia… Train-bus-métro-lits chaud-nourritures excessives-alcool-internet-moments sous la couette, c’est quand même avec un grand plaisir que j’arrive enfin à Thessalonique après en tout cinq semaines de « vacance ». L’hiver est là et pas un simple petit. Une grosse vague de froid a commencé à arriver il y a quelques jours et la neige tombe en gros flocons un peu de partout en Grèce.

Je quitte la ville aussi vite que mes pas le permettent. Je ne désire que de retrouver la sensation de fatigue physique non ressenti depuis quelques temps. La nuit arrive alors que je suis encore dans une banlieue d’une petite ville voisine. Je campe au beau milieu d’un champ entouré d’une part par une zone industrielle et de l’autre par un regroupement de maisons un peu craignos. J’ai récemment inventé une utilité fantastique au mode « led rouge » de ma lampe frontale : Celui d’être tout à fait invisible à la vue des autres au loin tout en conservant une visibilité de mon environnement très acceptable. Car c’est un des problèmes lorsque je campe autour des habitations, le moindre éclairage à l’intérieur de ma toile de tente la fait paraitre aussi lumineuse qu’un panneau d’affichage.

Il vente et neige dès le matin et je grelotte de froid tout en faisant mon sac à dos. A cause de ce vent glacial mes pas me portent sur vingt-sept kilomètres sans pouvoir m’arrêter. Il n’y a pas beaucoup de monde sur les petites routes que j’emprunte, le peu de voitures que je croise s’arrêtent pratiquement une fois sur deux pour me demander dans des gestuels marrants la raison de ma présence sous cette neige avec un gros sac. Il faudra décidément que j’apprenne en grec la traduction de « je marche pour le plaisir ».

Le soir arrive alors que je dépasse un village sans grande vie dans celui-ci. J’installe mon campement à l’abri des regards cette fois-ci et me désole de ne pas pouvoir faire de feu pour me cuire un repas chaud… Il n’y a pratiquement pas de forêts en Grèce ! Et encore moins de bouleau, cet arbre qui me sert tant pour allumer mes feux grâce à son écorce que je lui prélève. Heureusement qu’il m’en reste assez en réserve pour au moins deux mois.

Je repart au matin toujours sous le vent et la neige. Alors que je déambule dans un village un groupe de personnes m’invite dans le café où ils semblent être assis depuis trois jours. Je n’ai pas encore trop appris de phrases et mots et grec et il n’est pas facile de me faire comprendre. Je peux au moins profiter d’un moment au chaud ainsi que d’une boisson chaude. J’évite ensuite les routes par les chemins et pistes traversant les vergers et champs agricoles. C’est calme et reposant, je me contente d’avancer tout emmitouflé de mes couches de polaires, gore tex ainsi que de ma cagoule. Seule mes pensées sont au chaud et voyagent dans ma tête aussi vite que le permet ma liberté. Il est bon de se réintégrer dans l’échelle de son espace temps et distance.

J’aperçois tout l’après-midi des loutres, des renards, des oies. Leurs empreintes dans la neige sont de partout et sont d’autant des livres ouverts que je prends un grand plaisir à essayer de déchiffrer. Marcher en hiver possède des charmes dont j’en avais oublié la sonorité.

Je ne m’arrête encore pas de la journée et érige ma maison d’un kilos cinq-cent dans un verger de kiwis. Le temps s’est enfin calmé et je réussi ce soir à faire un petit feu dans mon réchaud à bois pour cuire deux cent grammes de pâtes. Un peu de beurre et de blue cheese ajoutés et c’est un vrai festin que je mange tout heureux dans ma tente devant un film sur mon ordinateur. Qui a dit que la luxure était une affaire de grandes maisons et de grosses voitures ?

Mon matelas thermarest en mousse isolante ne l’est plus du tout après près de quatre cent nuits dormi dessus depuis la Lettonie où je l’avais acheté. Toute la nuit je sens un froid pénétrant venant du sol qui me réveille à plusieurs reprises. Un petit rire glacé me prend lorsqu’à quatre heure du matin j’éclaire mon thermomètre indiquant moins douze degrés.

Toute la journée je suis une route longeant un long et magnifique lac donnant des allures de fjord norvégienne à la vallée autour ; à défaut de ne voir aucune maison j’aperçois un petit monastère un peu en hauteur. Un prêtre orthodoxe me remplit mes deux bouteilles mais me remballe directement lorsque je lui demande un coin de pelouse pour planter ma tente dans leur grande propriété. Comble d’ironie il me fait comprendre que c’est la saison de reproduction des loups, que ces derniers sont très agressifs en ce moment et bien entendu qu’ils sont en grand nombre dans les montagnes environnantes ! God bless you ! Je campe deux kilomètres plus loin, fais un bon feu devant le clair de lune, hurle comme un loup pendant dix minutes puis pars me coucher l’esprit bien apaisé et l’estomac bien rempli. La nuit est bien plus chaude que celle d’hier, à peine moins huit degrés. Mais je décolle tard à cause d’une envie de grasse matinée que les rayons du soleil sur ma tente ont grandement influencé.

La vue sur le lac reste visible toute la journée, je grimpe une route secondaire sur de longs lacets interminables. Le village de Daski est perché sur une colline et ne semble animé que par les aboiements des chiens et les bruits de tronçonneuse d’une maison au milieu. Je le traverse en espérant voir une petite épicerie ouverte mais je trouve porte close. Je dégotte heureusement la gérante, une petite vieille toute ridée mais adorable. Elle me rouvre son magasin, je lui prends des noisettes, un bout de fromage, des pâtes, des biscuits et du chocolat. Elle m’offre en prime un gros croissant fourré au chocolat.

Je quitte enfin la route pour m’engager vers un sentier qui doit normalement me conduire pendant trois-quatre jours au prochain village à travers une voie de montagne. Il y a quinze centimètres de neige mais cela passe largement. Je campe sur un mont surplombant le village ; le vent se lève et bouscule mon pauvre abri toute la nuit.

Les températures sont maintenant presque au positif à l’aube, et il pleut des cordes ! Je patiente bien au chaud dans mon sac de couchage toute la matinée avant que cela se calme. Mais la neige s’est transformée en une grosse soupe pâteuse qui me fait abandonner le passage par la montagne.

Je redescend jusqu’au village puis prends la route fermée aux voitures. J’ai au moins le privilège de l’avoir pour moi. Des raccourcis par des chemins moins enneigés me font bien plaisir. Je me retrouve à la nuit tombante sur une magnifique hauteur offrant un panorama incroyable sur l’autre côté de la vallée que je ne voyais pas encore. Le lac semble filer sur encore bien quinze à vingt kilomètres et le soleil couchant embrase tout cet ensemble de calme et de beauté. Je ne rate pas une miette de ce spectacle puis pars établir mon campement et construire mon feu. Je passe ensuite trois heures à écouter de la musiques dans mes écouteurs.

Surprise au réveil, des traces bien fraiches de loups à moins de vingt-cinq mètres de mon campement. Mais avec le rêve érotique que la nuit m’a apporté ce canidé aurait tout aussi bien pu venir me renifler le visage que je ne me serais pas réveillé pour autant.

La piste me ramène à la route d’hier que j’avais laissé ; elle est toute glissante et je peine beaucoup à atteindre dix kilomètres plus loin le village de Velvendo. J’achète quatre belles oranges à un marchand ambulant puis les dégustes sur la place du village sous les rayons du soleil. J’occupe cette pause à essayer de me planifier mon itinéraire pour la Grèce. J’ai deux bonnes cartes au 1 :200 ème que j’avais acheté à Thessalonique. Ce n’est pas suffisant pour les montagnes mais convient parfaitement pour les pistes et routes secondaires. Je me dirige droit à l’ouest, en direction de la frontière albanaise. Je voulais au départ faire un large détour par le sud mais je trouve désormais bien plus simple de rester au nord.

Je retrouve après le village un terrain plat où un dédale de petits chemins m’emmène en moins de deux heures à Servia. En quittant cette petite ville un homme sur la route m’offre un sac remplit de pommes et de beignets aux fromages. C’est un vrai délice.

La neige est de retour au beau milieu de la nuit et je m’empresse de partir au début du jour avant que cela ne devienne trop intense. Je n’ai pas d’autre choix cette fois que de marcher sur la grosse route pas du tout marante. De partout dans le pays il semble y avoir des petites chapelles disposés à l’entrée des villages ou parfois le long des routes. L’intérieur ne dépasse jamais les quatre mètres carré mais elles se révèlent vraiment parfaite pour une pause à l’abri. C’est juste un peu dérangeant de devoir manger en se sentant fixé par des dizaines de regards de portraits d’icônes disposés partout à l’intérieur. Une autre curiosité grec du même genre consiste en des monuments de la même forme de chapelle mais en version boite au lettre ; ceux-ci sont disposés à la mémoire de chaque accidenté de la route. On en trouve de très basiques comme des complexes avec pleins de détails.

A seize heure j’arrive à Livadero, un beau village de montagne devenu tout blanc. En allant voir la belle église un prêtre m’aperçoit puis vient à ma rencontre en compagnie de cinq jeunes. Tout souriant et parlant un anglais excellent il me fait visiter l’intérieur de l’église ayant été rénové il y a quelques années.

Nikolor a de longs cheveux, une grande barbe noire, des yeux pétillants et une aura de « bon vivant » émanant tout autour de lui. Il m’invite à boire un thé dans son lieu de vie situé juste en face de l’édifice religieux.

– Really !!? Tu vas vraiment marcher avec ton sac à dos jusqu’en France ??? Je me souviens bien avoir marché plus de dix kilomètres d’un seul coup mais alors pour me rappeler quand…

En plus d’être le prêtre du village depuis six ans, Nikolor parait avoir construit un véritable cercle de confiance autour de tous les jeunes du village.

– Ils viennent chaque jours après leurs cours, on parle de tout, de sexe, d’histoire, de banalités, de religion, de politique… dit-il en se faisant offrir une cigarette par ce groupe de jeunes rebelles souriants.

Il me parle de sa vie de prêtre, de ces deux années dans un monastère au sud de Thessalonique, de sa famille. Je trouve en cette personne une véritable âme ouverte sur un nombre incalculable de sujets. La soirée avance et des gens arrivent et repartent à tout moment. Je rencontre le maire, les habitants, une relève de jeunes plus âgés qui me posent une tonne de questions. J’en ai le vertige de toutes ces informations et échanges qui défilent. On se mange un festin de souvlakis, ces brochettes de porc grillées si célèbres en Grèce.

Vers onze heure tout le monde s’en retourne en se souhaitant bonne nuit. La douche chaude est la cerise sur le gâteau de cette soirée. Je reste à parler encore une heure avec ce prêtre si unique puis il me fait m’installer sur un gros tapis moelleux à côté du chauffage. Je m’endors directement d’un sommeil lourd.

Nikolor donne sa messe de sept heures jusqu’à dix heures du matin ; je reste au chaud à faire une lessive à la main tout en renfilant directement mes habits mouillés sur moi ; c’est la petite technique secrète du marcheur qui marche tellement bien !

Des jeunes reviennent alors que nous sommes en train de prendre le déjeuner. Un maigrichon au grand sourire me tend un énorme pot de miel de plus d’un kilos cinq-cents que sa famille a produit. C’est du poids en plus mais je ne peux qu’accepter ce beau cadeau.

Je pars vers midi, chargé encore de pain offert, de bonbons, de thé… La neige tombe toujours à gros flocons et cela ne semble pas vouloir s’arrêter avant un bon moment. Je dois encore abandonner à l’idée de prendre par les chemins de montagne autour… La petite route traverse une forêt en zigzaguant à travers les collines. Encore une fois il n’y a pas une seule voiture. Je marche dans un blanc total pendant trois heures. En redescendant de la pluie-neige arrive et me fait arriver tout mouillé à Loutro. Les gens me regardent avec de gros yeux éberlués et bourrés d’incompréhension.

Je me pose trente minutes dans une mini église afin de manger un peu ; mais comme la nuit arrive assez tôt et je me dépêche de reprendre la marche histoire d’avaler une dizaine de kilomètres. Je galère la dernière heure dans un chemin enneigé qui me fait avancer bien lentement. L’obscurité gagne tandis que j’aperçois un gros hangar où les centaines de bottes de foin stockés à l’intérieur me font me conforter à l’idée d’une nuit de luxure. Le vent est horrible mais je me trouve une délicieuse place « full confort ». Deux heures plus tard, un gros tracteur arrive avec trois paysans dessus qui ne semblent pas trop surpris de voir un randonneur dormir sur leur foin. Ils me disent revenir dans une heure pour me chercher et me faire dormir au chaud. Deux heures plus tard ils ne sont toujours pas revenus et je suis comme un con tout habillé en train de sautiller dans la nuit froide, mon sac à dos remballé pour rien.

Quelques poules nomades me servent de réveil matin, je pars sous une pluie verglacée pas agréable du tout en guise de début de journée. Je retourne sur la route quelques kilomètres plus loin et m’évertue de prendre sur moi jusqu’à l’arrivée à Deskati.

Une heure dans un bar au chaud me permet de me sécher un peu. Un groupe de personnes arrive d’un coup dans le café accompagné d’un prêtre. La serveuse me demande, par respect pour ce dernier, de ne pas quitter les lieux avant au moins quinze minutes. Et bien on ne rigole pas avec la religion en Grèce ! Je me fais offrir par cette charmante serveuse une grosse portion de riz cuit, du pain ainsi que plusieurs loukoums fondants.

Je marche deux heures trente sur cette nationale étant complétement déserte. La neige revient et d’épais flocons ne tardent pas à tomber en masse autour de moi. Vers seize heure trente je tombe sur un petit carré de béton de quatre mètres carré construit à moins de dix mètres de la route ; après un petit ménage à l’intérieur je m’y installe à peu près confortablement. C’est pas le quatre étoiles mais je me sens tellement bien à l’abri, au chaud et au sec dans un moelleux sac de couchage, dégustant des loukoums, regardant un petit film sur l’ordinateur, tout cela en voyant l’énorme tombée de neige qui ne s’arrête pas. Il n’y jamais eu de vraies recettes pour le bonheur, tout est souvent une question de pleins de petites choses uniques et simples qui en forme une grande complexe et belle.

Ma famille m’a apporté des journaux de France que je lis à la lampe frontale ce soir. Le pôle sud n’a jamais été aussi chaud, Donald Trump se fous de l’urgence climatique, les attentats de Berlin et le nombre de victimes, la vente de sous-marins nucléaire à l’Australie… Et après on me reproche de fuir la réalité… J’ai toujours considéré un savoir utile que lorsque celui possède ces deux critères : une utilité réel pour la vie dans la nature, ainsi que celle permettant une avancée en soi-même. Tout le reste m’apparait comme d’importance moindre et mon cerveau fait complètement la tête (rhoooo le jeu de mot !) lorsqu’il s’agit d’apprendre ces informations éphémères dans l’échelle de l’homme et non issu d’une vérité originelle. Mais trêve de réflexions un peu trop personnelles et un poil prétentieuses ! C’est l’heure de dormir et d’écrire le récit de la journée sur mon carnet moleskine.

Les déblayeuses ont bien fait leur boulot au matin ; la neige a duré toute la nuit et il y a près de quatre-vingt centimètres d’épaisseur sur le sol. C’est un vrai décor d’hiver désormais.

Je marche quinze bornes la musique dans les oreilles ; alors que je passe dans un village, un homme derrière un gros kiosque me fait signe de venir, m’offre du café en sachets et une bouteille d’eau. Je suis presque sûr désormais que les kit de survie de l’armé grec comporte une dose non négligeable de café en poudre !

Après deux heures à suer sur de longs lacets de routes je décide de quitter cette dernière et de prendre un raccourci à travers les petites montagnes à l’ouest. J’interpelle un pépé alors que je prends un chemin incertain ; il me dit que le déblayage s’arrête dans dix kilomètres et que après il y aura plus d’un mètre de neige et que ce n’est pas une bonne idée du tout. Enfin c’est ce que j’arrive à comprendre car sa très charmante et jeune voisine choisi précisément ce moment afin d’aller observer de son balcon ce qu’il se passe dehors, cela vêtu d’une simple nuisette ne cachant pas grand-chose… J’en reste tout troublé de cette si belle apparition pour les quatre derniers kilomètres de la journée. Les maisons disparaissent et la nuit arrive tandis que je suis en recherche d’un abri. Je ne désire absolument pas camper dans cette épaisseur de neige.

Une étable dans un petit bâtiment de béton tombe à pic. Sortir de la piste déneigée est un sacré effort, même pour quatre-vingt mètres. J’arrive à ouvrir une porte en bois qui me mène dans un espace assez restreint dont je suppose être la chambre à coucher des moutons en été. J’étale tout mon barda, m’aménage comme toujours une place bien douillette puis fends avec mon gros couteau un tas de petit bois bien sec que je trouve autour de moi. La lumière de mon modeste feu amène une fantastique touche de chaleur dans mon palace de cette nuit. La nuit est bercée par des sons des rongeurs, maître des lieux quatre saisons.

Comme mon pépé me l’avait bien annoncé, la déblayage de la piste s’arrête au hameau de Emilianos. Le chemin continu à travers une longue descente jusqu’à une rivière puis remonte la montagne ensuite pour arriver à un deuxième hameau dont j’espère qu’après la neige sera déblayé. Juste cinq kilomètres à traverser…

Je m’engage dans la neige et commence les grandes enjambés qui me font m’enfoncer de près de quatre-vingt centimètres à chaque pas. Je suis complètement épuisé au bout de dix minutes et constate que j’ai avancé de deux cents mètres. Mais je prends mon rythme petit à petit et persévère ; pour rendre cela moins insupportable que cela ne l’est déjà j’essaye de déterminer si marcher dans cette neige est plus chiant que exténuant, ou l’inverse… On s’occupe l’esprit comme on peut.

La nature autour par contre est vraiment belle, pleine d’un silence n’étant troublé que par cette sorte de chênes nain faisant tomber par moment des paquets de neige de leurs branches. Les empreintes d’animaux sont très variés, certaines ne s’enfoncent que de quelques millimètres ; que je les envies à ce moment-là de cette capacité qu’ils possèdent à pouvoir se mouvoir de la sorte si librement…

Tout en pestant un peu de mon idiotie à vouloir toujours chercher la partie compliqué, je ne peux m’empêchant de sentir une partie de moi n’attendant que la nuit de ce soir, où bien blottis et crevé je repenserais à ces moments de difficulté avec une joie et une fierté indescriptible de cette journée.

Deux heures trente plus tard et j’arrive enfin à la rivière promise. Il fait plutôt chaud, à peine moins deux degrés, et je m’autorise une petite pause pour grignoter du pain et des sardines.

Fini la descente voici la montée maintenant ! Il ne me faut qu’une heure trente abominable pour atteindre tout heureux les quelques maisons figées que compose Sitaras. Une petite route est dégagée et je revis littéralement de pouvoir marcher de nouveau normalement. Mais ma joie est de courte durée car trois kilomètres plus loin la route dégagée ne l’est que pour la direction où je ne veux pas me rendre. Totalement désespéré de devoir de nouveau marcher dans cette horreur de neige je serre les dents et m’engage sur la piste montante. Trois heures d’efforts plus tard la nuit tombe et il ne me reste bientôt qu’un kilomètre à avancer ; j’aperçois même les lumières du village qui me nargue. A bout de force, titubant, tremblant des jambes et glacé des pieds je parcours cette interminable distance et pose enfin les pieds sur le bitume de la rue principale de Kipourio. Un homme est en train de construire à la truelle un bonhomme de neige avec une fillette d’une dizaine d’années. Bonne pioche c’est le maire du village et il parle anglais !

Après avoir compris où j’avais commencé cette journée, il me fait signe de le suivre à travers les ruelles toute banche de son petit village de montagne. On arrive devant une salle municipale qu’il m’ouvre puis s’empresse de m’installer sur une estrade. Andreas s’en va ensuite dix minutes puis revient avec deux gros radiateurs ainsi qu’une part énorme de flanc cuisiné par sa mère. Je suis le français le plus heureux de Grèce ce soir !

J’observe mes cartes tout en changeant mes plans à cause de toute cette neige.

Andreas vient me chercher au matin afin de m’offrir un café dans le bar du village. Il fait partit de ceux qui déblayent la neige des routes et passe de ce fait quelques coups de téléphone pour me faire savoir l’état des routes de mon prochain itinéraire.

– Dans ce village et de ceux que tu vas traverser, quatre-vingt pour cent des habitants partent pour la ville durant l’hiver… Et on voit ce genre d’hiver tous les quatre ou cinq ans… Apparemment même en Crête la neige est tombé dans les villes ! me dit-il avant de me souhaiter bonne chance.

Je marche treize kilomètres jusqu’au village de Krania. Un homme d’une cinquantaine d’années m’aborde directement en anglais alors que je me dirige vers l’épicerie pour me ravitailler en biscuits.

Après quinze minutes de causette Siergios m’invite à rester chez lui jusqu’au lendemain. J’accepte volontiers car je suis bien fatigué et ne me suis pas trop arrêté depuis Thessalonique. Nous achetons de quoi nous faire de bons repas puis il m’emmène dans sa maison familiale dans lequel il vit désormais seul. Les murs regorgent de photos et souvenirs d’un autre temps ; Sergio semble vivre ici un peu en ermite à la vue de l’état des deux seules pièces utilisés. Nous mangeons un gros lunch fait de féta, de pain, poivrons, beurre, tomates et oignons. Sergio m’explique avoir passé une dizaine d’années en Amérique puis étant retourné en Grèce après avoir rencontré sa femme. Il me relate leur séparation, les nombreux problèmes de santé de son fils, la crise du pays. Je ne tarde pas à comprendre qu’il semble légèrement dérangé dans sa tête, surtout vis-à-vis de son obstination à vouloir absolument me parler des complots politiques de la Grèce et de l’europe. Après deux heures à l’entendre parler sans s’arrêter (c’est long deux heures !) je lui fais bien comprendre mon envie de changer de sujet. Et cela semble l’encourager encore plus !

Mais au fil de la journée j’arrive à supporter cette étrange personne et commence même à l’apprécier, cela après avoir compris les quelques techniques à utiliser sur lui afin de mettre en mode « pause »  sa partie « théorie du complot ». A défaut d’être un bon orateur il se révèle être un très bon cuisinier pour le repas du soir que nous dévorons sous des airs de Georges Brassens que mon ordinateur laisse résonner dans la pièce.

Je pars le lendemain matin après bien entendu un exposé détaillé sur la conspiration de l’armée sur le gouvernement actuel.

Je commence à utiliser un peu plus mon tout premier smartphone que j’ai pu obtenir lorsque ma famille est venue. Avec une batterie de 5000 Mah je peux utiliser la fonction GPS sans trop avoir à m’inquiéter de tomber en rade après une journée à l’utiliser. Ayant télécharger le mois dernier les cartes topographiques hors ligne de la partie du pays qui m’intéresse je peux désormais les utiliser comme bon me semble sans avoir à utiliser le réseau internet. Cela ne vaut pas la précision, d’informations qu’une vraie carte papier au 1/25 000 ème peut offrir mais cela reste très convenable.

J’arrive au pied des montagnes du parc national de Pindos. Alors que je suis à la recherche de bois et de cordes afin de construire des raquettes pour m’y aventurer, un homme dans le village m’aborde puis me déconseille vraiment d’y aller, ce dernier semblant être un montagnard connaissant le terrain. A ma grande surprise je l’écoute et ne fonce pas tête baissé comme j’avais l’intention de le faire. Je poursuis donc sur la route qui débouche après une longue montée sur un fantastique plateau à 1550 mètres. Les montagnes d’un blanc éclatant encerclent ce dernier. L’environnement autour est constitué de dunes de neige qu’un vent violent arrive à faire paraître comme d’autant de paysages de déserts. Je marche deux heures dans cette belle immensité de blanc. Une piste que je croyais non praticable semble avoir été un peu damée par le passage de tracteurs assez récemment. Le vent soufflant ne va pas tarder à la recouvrir et je décide de m’y engager dès le lendemain. Cela me permettra au moins de longer l’immense lac du parc de Pindos. Mais avant je rejoins la petite station de ski de Metsovo située à un kilomètre en avant de la route. Le patron du bar s’y trouvant est bien sympa, m’offre un thé, me dis la météo puis m’autorise même à dormir dans la terrasse protégée de son établissement.

Je décolle à huit heure du matin, revient sur mes pas puis prends cette belle piste déserte. Les rafales de vents sont très violentes et vraiment glaciales ; ce même vent a commencé à recouvrir le passage en l’obstruant à certains moments par des petites dunes de neige. La nature est de partout sous formes de montagnes, grands lacs à moitié gelés, sculptures venteuses sur la neige, forêts… et d’animaux ! ou du moins leurs traces très récentes : Je reconnais l’empreinte en forme de Y caractéristique du lièvre, le renards à peu près pareille que celles du chien mais comme compressé verticalement. Et surtout absolument de partout celles du loup aussi presque la même que le chien mais dont la façon de marcher tout droit sans détours, la consistance de leurs déjections, la façon qu’ils ont, lorsqu’ils sont plusieurs, de marcher dans le pas de l’autre, cela ne fait aucun doutes qu’ils sévissent nombreux dans les alentours. Tous les deux kilomètres voir moins parfois je découvre des restes de festins de lièvres que ces canidés ont réussi à attraper. Des flaques de sang absorbées par la neige, des intestins et même une pate coupé nette fraiche de quelques heures tout au plus ! Je reste assez intimidé bien que sachant que je ne cours pratiquement aucun risques. Quelques fermes à moitié recouvertes se dessinent par moment, l’été dans cette endroit doit réellement être paradisiaque.

Au bout de dix-neuf kilomètres je quitte ce grand plateau puis descend en lacets à travers une forêt de résineux. C’est agréable de voir la neige disparaître au fur et à mesure. Une heure trente plus tard je retrouve une route d’asphalte; le paysage est désormais composé d’un enchevêtrement de petites montagnes brumeuses. J’arrive à Grevenidi, un village fantôme où je ne trouve pas âme qui vive. C’est bien dommage car il ne me reste qu’une boite de sardines et deux-cent grammes de pates pour tenir jusqu’à demain soir.

Je poursuis encore deux heures sur cette route si belle qui me laisse apercevoir par moment quelques toits de pierres des maisons traditionnelles. Cette région de la Zagorie est assez réputé dans le nord du pays comme étant des mieux préservées au niveau de la nature ainsi que pour la conservation de l’architecture des petits villages. Je pose mon sac au trente-cinquième kilomètres de la journée.

Une tombée de neige soudaine me surprends alors que je suis en train de plier ma tente au matin. Trente minutes plus tard c’est de la pluie. Et bien il faudrait savoir !

La route serpente autour d’un grand nombre de collines fumantes d’humidité. J’atteins un village peuplé de quelques silhouettes autour d’un café. Celui-ci fait épicerie et je me régale de petits gâteaux.

Je marche encore tout l’après-midi ; la ville de Ioannina, la capitale de la région de l’Epire, se rapproche en terme de distance. Je passe plusieurs cols et montagnes où la neige sévit en hauteur. J’aperçois enfin la ville en contrebas, aux abords d’un long lac ovale situé au pied de hautes montagnes toute blanche. Une vieille route suivant de belles gorges m’amène au village de Longades. Un père et son fils sont en train de souder des barres d’acier dans le jardin de leur maison ; je leur demande si il serait possible de me rajouter deux centimètres de métal sur le bout de la ferrure de mon bâton, celui-ci ayant presque trois centimètres ces huit derniers mois. Ils acceptent en rigolant de ma demande. Je repars dix minutes plus tard avec une ferrure toute rallongée qui n’aura aucun mal à tenir jusqu’à la fin du voyage.

La pluie ne s’arrête pas et j’arrive à trouver refuge dans l’abri à cochon d’une ferme déserte. L’orage arrive et je ronronne de bonheur dans mon sac de couchage tout en entendant l’averse se défouler à l’extérieur.

J’arrive progressivement dans la ville le lendemain ; elle n’est pas grande du tout et cela me convient très bien. Je retrouve internet afin de contacter mon couchsurfing censé m’héberger pendant quelques jours. Celui-ci a annulé à la dernière minute à cause d’une urgence familiale ! Moi qui rêvais d’une belle rencontre aussi bien qu’une douche chaude… Un peu blasé j’envoi d’autres demandes, erre dans la ville puis pars planter ma tente dans un terrain vague à la nuit tombante. Bon… journée vraiment nulle.

Alors que je me décide à quitter Ioannina au matin afin de rejoindre au plus vite l’Albanie, je reçois un message d’un couchsurfing étant d’accord pour m’héberger. J’arrive à l’adresse, me fais hurler dessus par un chien en guise de bonjour puis fais enfin la connaissance de Fotinis, Anna et Vasiliki, trois étudiantes vivant en colocation ensemble depuis cette année. La douche promise et le lavage de mes vêtements sont une première joie d’une séries de pleins d’autres que mon séjour ici va m’apporter. Les premières présentations faites, ces trois charmantes grecs m’emmènent manger à la cafétéria de leur université. Je retrouve là une ambiance étudiante que j’avais effleuré lors de mes deux ans de BTS, il me semble il y a tellement longtemps… Nous partons ensuite dans la vieille ville, rencontrer leurs amis, boire un café, faire un billard ainsi qu’un dixit dans un bar-jeux de société. De retour à leur appartement nous nous montrons des photos de nos vies, se racontons nos problèmes et joies du moment. J’ai l’impression de faire soudain parti de leur cercle d’amis alors que cela ne fait que quelques heures que nous nous connaissons.

-So ! On a beau avoir nos examens demain s’en est qu’une autre bonne raison pour sortir faire la fête ce soir !! annonce Fotinis.

Deux heures plus tard nous arrivons dans leur bar favori, rempli à ras bord de jeunes dansant de la bonne musique. Passer de la marche solitaire à cela est plutôt troublant mais je suis heureux de pouvoir me laisser aller de la sorte avec cette joyeuse compagnie.

Une gueule de bois plus tard et je passe une partie de la journée suivante à déambuler dans les rues pavés de cette Ioannina, à flâner le long du lac et à visiter la citadelle s’érigeant près du rivage. Je pars le lendemain après-midi, après une promesse de revoir tous ces beaux sourires un jour futur.

Prochaine destination, l’Albanie !!! J’en suis tout excité à la simple énonciation de ce magnifique mot résonnant à mes oreilles comme une terre fantastique remplit de stéréotypes que j’espère bien briser à coup de pas après l’autre. Ces deux mois et demi en Grèce ont été fantastique mais ils m’ont aussi montré à quel point j’avais désormais besoin d’un dépaysement plus « imposant » dans l’environnement dans lequel je marche.

J’abats du kilomètres durant le reste de la journée tout en m’éloignant de la ville pour prendre dans les campagnes montagneuses. Les trois jours suivant sont calmes et beaux : je reste seul à marcher sur des pistes et routes passant par une région paisible faite de belle nature et villages typiques.

J’arrive au soir du trente janvier aux abords de la frontière albanaise. De grosses montagnes enneigées en déterminent la limite naturelle. Je ne tiens pas en place et passe en vitesse de pointe, à savoir six kilomètre à l’heure. Mon dernier souvenir de la Grèce consiste en un chien errant se prenant un formidable coup de ferrure de mon bâton en plein dans la mâchoire, cela pour avoir essayé de me chopper la jambe.

Le garde-frontière ne semble pas comprendre lorsque je lui annonce que je m’en vais pour traverser son pays seulement à pied. Il finit par décrocher un sourire et m’apprend la traduction de Merci, Bonjour et Au revoir.

Je débarque enfin en Albanie le sourire aux lèvres et le cœur battant de cette frénésie de la nouveauté et de l’inconnu. Mais il n’y pas que cela : j’attends aussi quelqu’un que je n’ai pas vu depuis très longtemps…

To be continued

Jérôme

Les fins de journées donnent aux paysages des couleurs fantastiques

Les fins de journées donnent aux paysages des couleurs fantastiques

Je dors dans une petite cabane de pêcheur près du lac Kerkini. Des dizaines d'espèces d'oiseaux de toutes tailles vivent autour de celui-ci

Je dors dans une petite cabane de pêcheur près du lac Kerkini. Des dizaines d’espèces d’oiseaux de toutes tailles vivent autour de celui-ci

Une nuit bien froide mais au sec de l'humidité matinale

Une nuit bien froide mais au sec de l’humidité matinale

Le nord de la Grêce a vraiment du charme

Le nord de la Grêce a vraiment du charme

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Alors que je marche en pleine campagne je rencontre cette équipe d'airsoft qui m'invite à joue quelques parties avec eux

Alors que je marche en pleine campagne je rencontre cette équipe d’airsoft qui m’invite à jouer quelques parties avec eux

J'arrive à la ville de Thessalonique où je reste deux semaines

J’arrive à la ville de Thessalonique où je reste deux semaines

Je retrouve la mer

Je retrouve la mer

Je passe ces deux semaines en compagnie de Maria et Pantelis

Je passe ces deux semaines en compagnie de Maria et Pantelis

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La tour blanche, une ancienne prison devenue maintenant l'emblème de la ville

La tour blanche, une ancienne prison devenue maintenant l’emblème de la ville

Pantelis et Maria, encore merci pour tous ces moments partagés

Pantelis et Maria, encore merci pour tous ces moments partagés

Je fais ensuite une pause dans ma marche et me rends en train à Athènes afin de retrouver ma maraine qui y vit ainsi que ma famille venu de france pour célèbrer noël avec moi

Je fais ensuite une pause dans ma marche et me rends en train à Athènes afin de retrouver ma maraine qui y vit ainsi que ma famille venu de france pour célèbrer noël avec moi

Ma maraine Anne-lucie vivant en grêce depuis de nombreuses années en compagnie de son mari et de ses jeunes enfants

Ma maraine Anne-lucie vivant en grêce depuis de nombreuses années en compagnie de son mari et de ses jeunes enfants

Je retrouve Artemis !

Je retrouve Artemis !

Et ma famille arrive enfin pour une semaine

Et ma famille arrive enfin pour une semaine

Nous partons pour quelques jours dans le Péloponèse, à visiter de nombreux lieux

Nous partons pour quelques jours dans le Péloponèse, à visiter de nombreux lieux

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La famille Gazelle !

La famille Gazelle !

Une fois ma famille partit je reste encore une semaine afin de retrouve Barbara, une voyageuse rencontrée lors de ma traversée de l'estonie

Une fois ma famille partit je reste encore une semaine afin de retrouve Barbara, une voyageuse rencontrée lors de ma traversée de l’estonie

Etant donné qu'elle travaille dans des camps et squats de réfugiés, elle me fait découvrir tout cela

Etant donné qu’elle travaille dans des camps et squats de réfugiés, elle me fait découvrir tout cela

Puis viens le temps de reprendre la marche de Thessalonique

Puis viens le temps de reprendre la marche de Thessalonique

La neige et le froid ne tardent pas à me tomber dessus

La neige et le froid ne tardent pas à me tomber dessus

Mon troisième hiver sous la tente... Heureusement que c'est le dernier hahaha !

Mon troisième hiver sous la tente… Heureusement que c’est le dernier hahaha !

Je passe par des pistes et petites routes toutes enneigées

Je passe par des pistes et petites routes toutes enneigées

Une nuit à -12 degrés. Les températures remontent progressivement heureusement

Une nuit à -12 degrés. Les températures remontent progressivement heureusement

27

Ces petits monuments sont placés le long des routes afin de commémorer les accidentés de la route

Ces petits monuments sont placés le long des routes afin de commémorer les accidentés de la route

Pas mal de vent sur les hauteurs

Pas mal de vent sur les hauteurs

Les petits villages de montagnes

Les petits villages de montagnes

La chose positive est que les voitures se font presque absente des routes de montagnes

La chose positive est que les voitures se font presque absente des routes de montagnes

"You shall not pass"

« You shall not pass »

33

Des crottes de loups !

Des crottes de loups !

Bivouacs hivernaux

Bivouacs hivernaux

Des paysages splendides le soir et le tout dans une belle solitude

Des paysages splendides le soir et le tout dans une belle solitude

Impossible de me lasser des pâtes-oignons-ail-cube or-blue cheese-beurre

Impossible de me lasser des pâtes-oignons-ail-cube or-blue cheese-beurre

38

Les petites églises le long des routes sont vaiment parfaites pour passer mes pauses à l'abri du vent et de la neige

Les petites églises le long des routes sont vaiment parfaites pour passer mes pauses à l’abri du vent et de la neige

40

Je rencontre le prêtre Nikanor qui m'invite à dormir chez lui et à m'offrir une soirée en compagnie de tous les jeunes du village

Je rencontre le prêtre Nikanor qui m’invite à dormir chez lui et à m’offrir une soirée en compagnie de tous les jeunes du village

La neige revient et ne s'arrête pas pendant presque trois jours d'affillés

La neige revient et ne s’arrête pas pendant presque trois jours d’affillés

J'évite de dormir dans ma tente humide du matin au soir, je me débrouille pour trouver chaque soir un abri en dur. Cette nuit c'est au sec dans cet abri à foin

J’évite de dormir dans ma tente humide du matin au soir, je me débrouille pour trouver chaque soir un abri en dur. Cette nuit c’est au sec dans cet abri à foin

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Je traverse de nombreux villages sous la neige

Je traverse de nombreux villages sous la neige

Un abri de béton pour une nuit

Un abri de béton pour une nuit

Une grange déserte pour une autre

Une grange déserte pour une autre

Voulant prendre un raccourci je galère dans 80 centimètres de neige horrible pendant plus de sept heures. Le tout pour faire cinq kilomètres !

Voulant prendre un raccourci je galère dans 80 centimètres de neige horrible pendant plus de sept heures. Le tout pour faire moins de dix kilomètres !

J'arrive totalent exténué a un petit village où je rencontre le maire qui m'emmène passer la nuit dans une salle communale

J’arrive totalent exténué a un petit village où je rencontre le maire qui m’emmène passer la nuit dans une salle communale

Ce gentil maire m'ammène deux gros radiateurs et une énorme part de gateau que sa mère a préparé

Ce gentil maire m’ammène deux gros radiateurs et une énorme part de gateau que sa mère a préparé

Les routes déblayées ne sont pas nombreuses et je n'ai pas trop le choix quand à la direction à prendre

Les routes déblayées ne sont pas nombreuses et je n’ai pas trop le choix quand à la direction à prendre

Je rencontre Siergios, qui m'invite à passer une nuit au chaud dans sa maison

Je rencontre Siergios, qui m’invite à passer une nuit au chaud dans sa maison

53

Le beau temps arrive enfin

Le beau temps arrive enfin

La neige n'est aucunement un obstacle pour les chevaux

La neige n’est aucunement un obstacle pour les chevaux

J'arrive sur un large plateau à 1400 mètres

J’arrive sur un large plateau à 1400 mètres

La plupart des petites routes sont fermées à cause de l'enneigement

La plupart des petites routes sont fermées à cause de l’enneigement

Je pars pour une vingtaine de kilomètres sur cette piste traversant le parc national de Pindos

Je pars pour une vingtaine de kilomètres sur cette piste traversant le parc national de Pindos

Malgré le vent glacial, je ne suis absolument pas déçu des paysages

Malgré le vent glacial, je ne suis absolument pas déçu des paysages

C'est l'histoire d'un lièvre (reconnaissable grace à ces empeintes en forme de Y)

C’est l’histoire d’un lièvre (reconnaissable grace à ces empeintes en forme de Y)

Et d'un loup qui à faim !

Et d’un loup qui à faim !

Un bon festin ! Je retrouve ce genre de reste presque tout les kilomètres, entourée d'une multitudes d'empreintes de loups

Un bon festin ! Je retrouve ce genre de reste presque tout les kilomètres, entourée d’une multitudes d’empreintes de loups

Je trouve même une patte de lèvre à moitié mangée !

Je trouve même une patte de lièvre à moitié mangée !

Un immense lac se trouve au sud du parc national

Un immense lac se trouve au sud du parc national

Je retrouve des pistes bien plus faciles et basses

Je retrouve des pistes bien plus faciles et basses

La région de Zagoria, sauvage et très célèbres pour ces nombreux villages authentiques et les gorges de Vikos

La région de Zagoria, sauvage et très célèbre pour ces nombreux villages authentiques et les gorges de Vikos

Pâtes aux sardines ! Jour de fête !

Pâtes aux sardines ! Jour de fête !

Je redescend progressivement vers une petite ville

Je redescend progressivement vers une petite ville

Mon nouveau gadget : Un smartphone d'une grande capacité de batterie avec un gps particulièrement génial

Mon nouveau gadget : Un smartphone d’une grande capacité de batterie avec un gps particulièrement génial

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Un père et son fils me rajoutent un centimètre de métal sur la ferrure de mon bâton de marche

Un père et son fils me rajoutent deux centimètres de métal sur la ferrure de mon bâton de marche

De quoi tenir pour les trois derniers milliers de kilomètres jusqu'en France !

De quoi tenir pour les trois derniers milliers de kilomètres jusqu’en France !

73

J'arrive fatigué et puant (surtout puant!) à la ville de Ioannina

J’arrive fatigué et puant (surtout puant!) à la ville de Ioannina

Je reste trois jours dans une collocation de charmantes étudiantes vraiment adorables

Je reste trois jours dans une collocation de charmantes étudiantes vraiment adorables

Je repars bien reposé et propre pour les derniers jours de marche en Grêce

Je repars bien reposé et propre pour les derniers jours de marche en Grêce

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Et à cinq kilomètres se trouve la bordure de l'Albanie, ainsi qu'une belle surprise qui arrive... To be continued...

Et à cinq kilomètres se trouve la bordure de l’Albanie, ainsi qu’une belle surprise qui arrive… To be continued…

Une réflexion au sujet de « Quelques pas dans la neige »

  1. j’attendais impatiemment ton récit de Grèce et suis enfin rassurée car j’avais peur que le froid te paralyse! Tu es vraiment débrouillard et courageux, un vrai rangers! Je suis très fière de toi et j’espère que ta mère suit tes exploits sans avoir à recourir à internet! Comment? Je laisse la question en suspens!
    Maintenant c’est l’Albanie que tu découvres, de nombreux albanais ont fui leur pays à cause des mafieux, tu n’as pas grand chose à leur donner, ils te laisseront tranquilles, ce n’est pas la ferrure de ton bâton qui les désarmera mais ton sourire franc et jovial, par contre les chiens errants et les loups auront tort de s’y frotter. Nous avons apprécié cette rencontre avec toi dans notre studio à Zografou et le regard admiratif d’Artémis. Toi qui aimes philosopher je te recopie ce passage de Marion Muller-Colard pris dans son livre « l’intranquillité » parlant des rencontres imprévues « la digue du prévisible se rompt dans le séisme d’une rencontre. C’est l’étranger qui vient introduire l’étrange dans notre vie, c’est la victoire de l’autre, l’accueil du désordre, le consentement au trouble. C’est accepter, en somme, de n’être plus fixé sur rien. » René Char a écrit « confort est crime, m’a dit la source en son rocher »

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