Voila déjà quelques temps que l’on n’a pas postés de nouvelles… Comme je vous l’avais informé, les connections sur internet se sont fait assez rare ces derniers temps.
Mais je vais m’efforcer de vous relater la suite de nos aventures en une série de plusieurs récits que je posterais au fur et à mesure des prochaines semaines.
Nous nous étions donc arrêté le 6 juin 2013 où nous avions tout juste découvert un chemin balisé censé aller jusqu’au Cap Nord. Un peu réticent au début, nous avons finalement pris la décision de changer notre itinéraire et d’aller marcher sur ce sentier inconnu.
Pour le rejoindre, Frode nous avait indiqué sur notre carte l’endroit où nous pourrions le trouver.
C’est donc tout content d’un tel changement que nous prenons une petite route en direction d’Elga. Quelques kilomètres plus loin, un sentier qui d’après la carte évitait la route, se présenta à nous.
Nous le prenons car pour vous dire franchement, le bitume on en avait plein le c .. !
En suivant ce sentier serpentant à travers une très belle forêt, je réalisais à quel point la marche en pleine nature était agréable. Nous continuons tranquillement pendant quelques heures sans pour autant ne pas s’égarer à certains moments à cause d’un balisage quelque peu incertain.
En fin de soirée nous atterrissons dans une sorte de propriété de plusieurs vieilles maisons en rondins situé au beau milieu de la forêt. Nous trouvons un peu à l’écart une sorte de mobile home en bois où se trouvais à l’intérieur lits et table. Comme il n’y avait personne aux alentours nous décidons d’y rester pour la nuit. Après un bon bain dans le lac d’à côté je commence à préparer le repas sur le réchaud à bois. Mais alors que j’étais en pleine cuisine voila que une voiture arrivant par le chemin se pointe. En sort un couple qui vient nous voir quelques minutes plus tard.
C’était à priori les propriétaires des lieux venant simplement faire un tour dans leur maison de campagne. Ils ont été certes un peu surpris en nous voyant tout installé dans leur mobile home mais après avoir discuté avec eux ils nous autorisèrent à rester pour la nuit.
C’est donc le lendemain bien reposé que nous repartons sous un beau soleil. Nous arrivons au bout de quelques temps devant un immense lac que le chemin devait suivre jusqu’au village. Bien que le sentier semblait par moment disparaître pour réapparaître quelques kilomètres après, le bonheur était présent et le fait de marcher prenait tout son sens.
Nous tombons en milieu de journée devant une sorte de refuge en rondins, ouvert à tout les randonneurs ; A l’intérieur se trouvait lits, poêle à bois, outils de coupe, ustensiles de cuisine et un livre d’or. Nous prenons sur la plage d’à côté une bonne pause puis étrennons notre fameuse canne à pèche ! Bon résultat une cuillère perdu et la bobine emmêlé à laquelle François passa plus de 1h30 à en venir à bout, mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron et c’est donc en pêchant que l’on deviendra pêcheur !
L’aprem se passa plutôt bien, le sentier inexistant nous obligea à utiliser quelques fois la boussole mais nous finissons par arriver au village d’Elga en fin de soirée, et sous la pluie.
Nous commençons à demander l’hospitalité à quelques personnes puis faisons connaissance d’une femme bien sympa qui nous indiqua un abri derrière une école où nous pourrions y passer la nuit. Nous lui parlons de la voie E1 allant jusqu’au Cap Nord ; Elle regarda sur internet pour y trouver quelques informations et nous indiqua précisément où elle se trouvait.
L’abri était en fait une sorte de petite cabane à trois murs et un toit. La pluie sembla se calmer et après un repas un peu léger, nous nous endormons tranquillement.
Le lendemain, un beau soleil était présent ; Nous nous rendons au petit shop du coin et comme nous ne savions pas exactement combien de temps durera le chemin sans rencontrer un village, nous décidons de prendre de la nourriture pour 4 bons jours, à savoir 2 kg de porridge, 500 gr de pate, 1 kg de semoule, 500 grs de raisins secs, 0.5 L d’huile de soja, 1 kg de browncheese + un gros pain. Sa va être frugal mais au moins on sera léger !
Après avoir attendu que ma batterie d’appareil photo soit finie de charger dans le magasin, nous prenons le chemin après avoir déjeuner. Nous marchions dans une forêt de résineux, mais à force de monter, les montagnes se faisaient sentir de plus en plus.
Un peu plus tard nous atteignons un tout petit hameau où une personne nous indiqua que la voie E1-Sicilia Nord Cap se trouvait à 500 mètres de là. Et nous la trouvons ; Le balisage, un T rouge peint sur les pierres ou les arbres, était présent tout les 100 mètres environ afin de nous guider. Nous prenons donc ce fameux sentier puis le suivons toute la journée. Les paysages étaient à couper le souffle : S’étendais devant nous à tous moments d’immenses étendus de landes, de pierriers où les petits lacs d’altitude se faisaient nombreux ; Et à l’horizon, de magnifiques montagnes et pics bordés de neige se tenaient immobiles, nous regardant marcher à notre allure de petite fourmi.
Dans ces moments là, oublié la fatigue, oublié la faim, oublié le poids du sac… Seul compte l’instant présent.
Nous redescendons le plateau puis entrons dans une sorte de petite jungle constituée de rivières, d’arbustes et de marécages. Le site étant une réserve naturelle protégée, il disposait de quelques aménagements pour les randonnées telles que des cabanes de rondins permettant de passer la nuit gratuitement, de petits ponts lorsqu’il fallait traverser des rivières où encore des planches disposées à même le sol afin d’éviter de s’enfoncer dans les zones humides. En début de soirée nous rencontrons trois norvégiens étant venu se faire quatre jours de pèche en mode coupé du monde. Ceux-ci, bien cool, nous ont même indiqué un raccourci afin d’éviter de futurs marais.
Nous finissons par nous arrêter prés d’une rivière et plantons nos nouvelles tentes pour la première fois depuis l’Ecosse. Un bon feu, des petites pâtes et un gros dodo.
Le lendemain, nous partons en fin de matinée car la pluie s’étant invité en pleine nuit, ne s’est pas arrêté avant.
Comme hier le bonheur de marcher à travers cette nature sauvage se passa de mots.
Quelques averses viennent troubler la journée mais heureusement nous trouvons une autre cabane en rondins pour nous protéger lors de notre pause.
Quelques heures plus tard nous franchissons la frontière Suédoise ! Enfin, pour juste deux jours car le sentier repasse normalement en Norvège après. En soirée nous arrivons à un immense refuge nommé Skedbrostugan, qui en plus était ouvert et vide !
A l’intérieur se trouvait deux chambres équipé de 4 lits chacune, une grande salle contenant des tables et une cuisine puis une sorte de petit magasin de nourriture dont le système d’achat se basait tout par la confiance : Les prix était affichés et lorsque l’on voulait acheter quelque chose il suffisait de mettre l’argent dans une petite boite. Bien sur la nuit aussi était payante mais bon il n’y avait personne pour contrôler et les lits semblaient vraiment très moelleux. Après nous être installé je fonce au lac pour me faire un pti lavage et une bonne lessive.
La nuit à été bien reposante et après 250 gr de bouillie d’avoine chacun, nous quittons ce beau refuge.
Nous repassons quelques temps après la frontière Norvégienne puis continuons de marcher à travers cette fois une plus grande variété de paysages : De l’étendue à perte de vue, aux labyrinthes de marécages, en passant par des forêts-prairies entrecoupées par de beaux lacs et rivières (Où il faut souvent déchausser pour les traverser), on peut dire que nos yeux, à force de regarder toutes ces merveilles, ne trouvait pas beaucoup de repos.
Après plusieurs heures nous arrivons à un petit hameau de maisons rustiques. Pas un chat à l’horizon ; Nous faisons une rapide inspection des lieux et trouvons une petite maisonnette en rondins ouverte. A l’intérieur, des lits, une table et une petite cuisine à gaz. Ne voyant personne nous décidons une fois de plus de se dire : «Roooo c’est juste pour une petite nuit ! ».
Une bonne soirée et une bonne nuit après nous reprenons notre beau chemin. Finis la jungle, place à des côtés plus montagneux. Jusqu’en milieu de journée nous monter progressivement à travers un pierrier nous menant à une bonne altitude d’environ 1500 mètres. Les paysages aux alentours se révélèrent fantastiques ; Il était même possible de voir au loin notre parcours de ces deux derniers jours. Alors que nous étions arrivés en haut de la montagne, un vent glacial nous fit grelotter ; La neige encore présente autour de nous nous informa que la température ne devait pas trop dépasser les 5 degrés. Heureusement ces montagnes étant assez fréquentées en période d’hiver, une cabine d’urgence se trouvait installée pas loin. Ce genre d’abri se retrouve un peu de partout en Norvége et Suède : En forme de triangle et solidement harnaché au sol à l’aide de gros câbles métallique, l’intérieur est des plus basique, à savoir deux banquettes en bois pour dormir, une petite table devant une fenêtre, un poêle avec une réserve de bois, une trousse à pharmacie ainsi que un téléphone d’urgence alimenté par panneaux solaires.
Un abri de ce genre est souvent utilisé l’hiver pour ceux qui pratique le ski de randonné et qui veulent soit passer une pause à l’abri, soit s’abriter en cas de tempête ou encore, dormir une nuit avant de reprendre le lendemain.
Glacé, nous mangeons à l’intérieur et entamons la descente à travers la neige et les pierriers.
Au programme : un soleil radieux, de beaux paysages, une descente un peu techniques par moment et une vue imprenable sur une multitude de lacs en contrebas.
Après avoir retraverser la frontière Suédoise, nous grimpons une autre montagne plus petite puis faisons une petite pause pêche ; Pour changer nous n’attrapons rien mais bon, c’était pas grave. Nous redescendons au fur et à mesure la vallée à travers beaucoup de marécages, et pour cause, nos chaussures, bien trop usées après plus de 3500 kilomètres, prenaient l’eau très rapidement ; Il s’imposait vite de devoir les changer surtout si nous devons continuer dans se genre de conditions dans les prochains mois.
Le chemin balisé ne tarda pas à se diviser, et quelques temps après nous étions au beau milieu d’une grosse végétation où le sol humide rendait difficile la progression. Plus de chemin, juste le balisage étant devenu des poteaux avec une croix rouge cloué sur le haut. Malheureusement la piste s’arrêta d’une façon assez originale :
Un gros lac nous faisait face et une flèche indiquait que nous devions le traverser ! Mais nous ne tardons pas vite à comprendre que la piste suivie depuis quelques temps était en fait destiné aux motoneiges, et que celles-ci en hiver pouvaient aisément traverser le lac gelé. Donc là pas le choix là il fallait suivre son rivage jusqu’à la route que l’on apercevait de l’autre côté. Après une bonne heure à traverser rivières, marécages et forêts dense, nous mettons pieds sur une belle route d’asphaltes.
Même après simplement quatre jours en pleine nature cela fait toujours bizarre de retrouver la civilisation…
D’après les informations que nous avions collectées sur la E1, le chemin faisait que traverser la route et repartait directement dans les montagnes. Le truc c’est qu’il ne nous restait pas grand-chose à bouffer. Un autres problème majeur était celui de nos chaussures : Les semelles étant lisse depuis déjà quelques temps, elles commençaient à se décoller assez sérieusement, ce qui ne pouvait plus tenir encore très longtemps.
Nous décidons donc de rallier un village situé à environ 20 kms à l’est, en Suède : Funäsdalen.
Malgré une bonne fatigue de la journée nous marchons encore 2h avant de commencer à chercher un abri pour la nuit. Il y avait bien des maisons mais les alentours étant entouré de domaines skiables, la plupart des constructions étaient habité qu’en plein hiver.
Nous trouvons en fin de compte une maison déserte où un sauna avait été construit à l’extérieur ; Celui-ci étant ouvert et après s’être encore dit « Roooo c’est juste pour une nuit », nous nous installons à l’intérieur. Des prises étant présentes, nous en profitons pour recharger quelques appareils puis allumons notre ordinateur. Un bruit bizarre se fit entendre à l’intérieur de ce dernier, suivi d’une impossibilité totale de l’allumer… Après quelques minutes passées à le supplier de remarcher, à nettoyer l’intérieur, et à l’insulter, rien n’y fait c’est toujours la panne.
Un peu blasé nous allons nous coucher.
Au réveil, après avoir avalé un bon porridge, nous reprenons la route. Heureusement la route était agréable et le temps ensoleillé. C’est donc après une bonne pause décrassage auprès d’une rivière et 10 kms marché que nous arrivons à Funäsdalen, un gros village de station.
Ce qui était vraiment géniale, c’est que dans ce village, se trouvait un réparateur d’ordi, un supermarché, un office de tourisme, trois magasins de rando puis une boutique d’appareil photo (François avait l’attention d’acheter un appareil). Vraiment absolument tout se qu’il nous fallait !
En premier lieu les chaussures : Nous visitons successivement les trois magasins en essayant à chaque fois les paires proposées. Nous décidons finalement de les acheter demain.
Le reste des boutiques étant fermé et ouvrant le lendemain, nous nous éloignons du village et trouvons une sorte de cabane de pêcheur ouvert pour tous, construite près d’un magnifique lac.
Nous rencontrons se soir là Peter et sa femme, deux voyageurs en caravane parcourant l’Europe. Comme il s’était installé à 100 mètres de notre abri, nous discutons avec eux une partie de la soirée.
La nuit ce jour là avait plutôt bien commencé mais alors que nous nous glissions dans nos sacs de couchage, un des plus gros prédateurs de Scandinavie, bêtes redoutables rusé et assoiffé de sang, nous pris en chasse. La lutte fut sans merci, à peine nous en tuons un que dix prenaient la relève. Au bout de plusieurs heures de combat acharnées, la fatigue se faisait sentir, et la bataille étant perdu d’avance, nous décidons à contrecœur de battre en retraite !
Cette créature, d’une ruse et cruauté sans pareille, du nom scientifique Culicidae, est plus connu sous le nom de Moustiques. Apparaissant en Scandinavie de début juin jusqu’à fin Août, ces petits insectes sont bien différents de ceux que l’on trouve communément en France. D’une taille impressionnante et d’un nombre incalculable ils sont présents absolument 24h sur 24 avec un seul objectif en tête pour leurs deux jours d’espérance de vie : Rendre la vie des humains la plus désagréable possible ! Et absolument tout les coups sont permis : Lorsque l’on mange, l’on fait une sieste, l’on monte la tente, l’on fait la cuisine, l’on marche…. Pas une seconde ces putains d’insectes nous foutent la paix ! Et apparemment, plus nous monterons au Nord et plus ils deviendront nombreux et agressifs !
Et c’est donc cette nuit que nous sommes obligés de monter la tente sous la pluie afin de bénéficier de la moustiquaire intégré.
Le lendemain après un petit déjeuné passé ont compagnie de Peter et sa femme, nous repartons au village. Nous déposons notre ordinateur au réparateur et ce dernier nous dit de revenir le lendemain. Après cela nous allons acheter nos chaussures. La vendeuse, très gentille, nous fait bénéficier d’une très bonne réduction. Et voilà donc que nous sortons du magasin avec des Meindl Vacuum pour moi et des Meindl Kansas pour François.
Nous passons le reste de la journée à rechercher des informations sur un ordi libre à l’office de tourisme. La E1 allant jusqu’au Cap Nord semblait de plus en plus avoir été tracé un peu vite, et nous décidons de ne pas forcément respecter l’itinéraire de celle-ci ; Nous essayerons donc de chercher des sentiers au fur et à mesure que nous avancerons. Après plusieurs heures de recherches sur Internet nous trouvons plusieurs chemins de trek allant de 4 jours à 1 mois de marche, tout cela reparti sur au milieu des nombreuses réserves naturelle jalonnant la frontière Suéde-Norvège.
Notre prochaine étape serait donc la Kungsleden Sutra, un circuit de 4-5 de marche à travers la montagne. Pour rejoindre le chemin nous devrons nous rendre à Ramundberget, un petit village à environ 25 kilomètres au Nord de Funäsdalen.
Nous revenons à notre abri de pêcheur ce soir là. Après quelques heures de coutures acharnées sur mon tee short, caleçon et chaussettes, nous montons les tentes et nous endormons.
Le lendemain nous filons directement à la boutique du réparateur ; La sentence tombe : L’ordinateur est mort, problème de carte mère apparemment. Bon, la chose positive c’est que sa fera 1.5 kg en moins.
Sa fait un peu bizarre d’abandonner cet ordinateur : Après avoir regardé des films bien blotti dans nos duvets alors qu’il faisait -5 degrés dehors, à passer des heures à écrire des récits et mettre à jour le site internet, à montrer à nos hôtes des photos de notre voyage… On s’en était attaché quand même…
En dernière étape nous nous rendons à la boutique photo où François y trouva un appareil photo. Le vendeur, après avoir offert une belle réduction pour l’appareil, vient même à nous offrir deux belles pochettes étanches.
Après quelques courses pour tenir 5-6 jours, nous quittons Funäsdalen pour de bon.
Comme nous voulions abandonner nos anciennes chaussures d’une façon un peu plus digne d’une poubelle, nous les avions conservées dans nos sacs à dos. Jvous dis pas le poids de celui là !!
Au soir venu nous demander l’hospitalité à une famille qui nous installe dans leur annexe de maison où se trouvait salle de bain, cuisine, chambre et salon. Une bonne douche et un bon repas après, nous filons au lit.
En disant au revoir le lendemain à la famille, nous discutons beaucoup avec Stephan, le mari de Karina qui nous avait reçus hier soir. Il nous donna pas mal d’informations concernant les montagnes et nous propose même de garder nos chaussures. Avec un petit pincement au cœur pour nos fidèles amies, nous lui laissons avec plaisir. Après 3655 kilomètres d’usure, on va dire que l’heure de la retraite avait sonné pour elles !
Nous reprenons la route et une heure après nous sommes rattrapés par Stephan s’inquiétant de nous voir partir ainsi sans cartes. Il insiste pour nous en offrir une mais nous refusons en lui faisant comprendre qu’il nous faudra la jeter dans quelques jours. Nous prenons quand même des photos de sa carte.
C’est donc après lui avoir fais la promesse de lui envoyer un sms une fois sorti des montagnes que nous lui disons adieu.
Nous arrivons en fin de matinée à Ramundberget où la route goudronnée prenait fin.
Nous mangeons un morceau sur une table de pique nique puis trouvons le sentier de la Kungsleden Sutra.
C’est toujours un joli moment d’entrer en pleine nature avec simplement son sac à dos…
Jérôme