Partie 3 – Un peu d’océan

Irlande

Et voici le troisième et dernier récit de notre traversé de l’Irlande.

Après avoir parcouru et admiré à travers la Western Way les fabuleux sentiers du Connemara, et par la Sligo Way, la très belle région de Sligo, nous avons pris la direction de Derry, en Irlande du nord, pour suivre par la suite l’océan jusqu’à Larne, où un ferry nous emmènera en Ecosse.

C’est donc après nous être éloigné des alentours de Sligo, que nous marchons encore et toujours sur des sentiers, arpentant les collines et traversant les forêts.

Les rencontres que nous faisons sont comme à chaque fois uniques et surprenante, et de plus en plus au fur et à mesure de la marche nous apprenons à connaître le pays à travers ses personnes qui nous accueillent tous les soirs.

Durant ces quelques jours, nous sommes reçus notamment par un couple, qui, après nous avoir installé dans leur salon, nous ont tout bonnement laissé pour quelques heures, seul dans leur maison. Il est incroyable de voir une telle confiance s’installer simplement au bout de quelques minutes d’échange.

Nous entrons en Irlande du nord début février par le village de Beleek. Finis les Euros à partir de là ! Nous retirons donc nos premiers Pounds.

Le changement entre l’Irlande du sud et du nord se voit au fil des jours : Les croyances religieuses différent, de nouveaux supermarchés apparaissent, les opinions des gens sont différentes, les panneaux de circulation changes de formes. Mais bon, à travers tout cela, l’accueil et les rencontres ne changent pas ! Pour citer quelques unes qui nous ont bien marqué : Nous étions tranquillement assis sur un banc au centre d’un village, en train de manger notre casse croûte de midi (avec en dessert une bonne tarte à la rhubarbe et pommes, on était dimanche quand même !), quand une femme nous accosta  en nous demandant où nous allions. Nous lui répondons que nous suivons la Ulster Way, un chemin de randonnée.

Après avoir repris la route, quelques kilomètres après, la femme que l’on avait rencontré arrive en voiture et nous offre une carte détaillé de la Ulster Way qu’elle avait acheté spécialement pour nous. Ce genre de petites intentions, lorsque l’on ne s’y attend pas, sont absolument incroyables. Je tiens même à souligner que c’est même lorsque l’on s’y attend le moins qu’elle sont les plus touchante.

Une fois, alors que nous étions reçus dans une ferme, on nous logea dans un hangar avec des moutons, et durant la soirée, nos hôtes étaient plutôt distant avec nous. Le lendemain matin, alors que nous allions partir en disant un bref au revoir, on nous invita à entrer dans la maison et on nous servit un pti déj digne des plus grand !

Le moment que l’on a passé avec eux, du fait que l’on ne s’y attendait absolument pas, a été vraiment génial…

A quelques jours de la cote, le temps commence à changer : Beau temps, pluie, vent glacial, grêle. Tout cela chaque jour, par averses évidement. Du coup, durant la marche cela devient vite très pénible car à chaque fois que le temps se met à changer nous devons soit mettre nos ponchos soit les enlever. Mais bon il en faut plus pour nous décourager !

Le jour avant d’arriver à Derry, nous sommes reçu le soir par Bernadette, son mari Jon et ses enfants. Bernadette, une artiste peintre, nous fit découvrir ses toiles dans son atelier. Elle nous installa par la suite dans son grand salon. On nous invita à manger avec eux un bon plat chinois, et la soirée passé avec eux fut très agréable, notamment lorsque Jon nous montra sa pièce à lui, qui, en plus de posséder un véritable bar au centre, chaque partie de cette chambre était recouvert de vieilles reliques, pièces de collection où autres trouvailles marantes.

Une véritable famille d’artiste !

Le lendemain après une bonne nuit réparatrice et un bon breakfast, nous repartons sur la route et atteignons Derry en fin d’après midi.

Il faut savoir que un conflit s’est vu naître entre les habitants de l’Irlande du Sud et du Nord quand à l’appellation de cette ville. En effet, après la destruction complète de la ville vers les années 1600 dans un incendie déclenché en rébellion contre la présence anglaise ; une nouvelle ville fortifiée fut bâtie. Celle-ci fut rebaptisée Londonderry afin de remercier la Corporation de Londres qui contribua financièrement à la reconstruction des murs.

Dés lors, une bonne partie des habitants d’Irlande du Sud se refusèrent à l’appeler telle qu’elle, car pour eux ils n’ont aucun compte à rendre à l’Angleterre. C’est pourquoi il faut faire assez attention, lorsque l’on rencontre un Irlandais, à ne pas dire Londonderry si il est du Sud où Derry si il est du Nord !

Nous visitons la ville durant les quelques heures qui nous restait avant la tombé de la nuit, et, une fois cette dernière tombé, nous continuons à marcher dans les rues du très beau centre ville. Vers 19h nous commençons à chercher un abri car la vie d’un pigeon voyageur est bien belle, mais bon, chaque jour nous n’avons aucune idée de l’endroit où nous allons dormir !

Ne trouvons aucun endroit acceptable, nous décidons de nous éloigner de la ville afin d’avoir plus de chance d’y trouver un abri.

Pendant plus de 2 h, nous marchons, ne trouvant absolument aucun coin pour dormir.

Et, alors que nous inspections les abords d’un hôpital il me semble me rappeler, nous apercevons une sorte d’avancé de toit formant une sorte de préau, convenant parfaitement pour la nuit. Sitôt installé, je me rend compte que notre abri avait beau être au froid, un peu sale, un halogène nous éclairant, et à la vue du premier passant du lendemain, il n’en restait pas moins que nous l’apprécions vraiment beaucoup et que pour rien au monde nous aurions échangé notre place.

Il y a des moments comme cela où le simple fait de galérer énormément pour trouver quelque chose et lorsque cette chose vient à nous, le bonheur est là, dans toute sa simplicité.

Et dans ce cas la, le bonheur pour nous était tout simplement de se trouver dans nos sacs de couchage, les jambes endolori par tant de marche, la fatigue nous piquant les yeux et partageant un paquet de gâteaux. Comme dirait un très bonne ami à nous : « le bonheur c’est en ptite monnaie, pas en grosses coupures »

Le lendemain, reposé, nous suivons une route nationale qui allait nous mener directement à l’océan.

Marché sur une grosse route n’est vraiment pas agréable, le danger de se faire heurter est là, le bruit des voitures est assourdissant et le bitume abîme nos semelles et nos pieds. Mais bon il faisait beau et cela suffisait à nous donner le moral.

Alors que midi approchait, une camionnette s’arrête à côté de nous et un bonhomme en sort pour nous offrir un sac de viennoiseries artisanales.

Cet homme, Freddy, nous avait aperçu sur la route et était passé à la pâtisserie d’un village pour nous acheter à manger.

Des intentions comme cela, c’est comme l’histoire de la carte de la Ulster Way, sa te touche tellement fort que tu n’arrive pas à trouver les mots pour remercier.

Recevoir… c’est tellement difficile par moment. A certains moments on se sent impuissant du fait de ne pas pouvoir rendre la pareille de ce que l’on nous offre. Mais l’on a vite compris que la meilleure façon de faire face à cela  c’était de tout simplement d’accepter avec le sourire, de raconter nos aventures, de les faire rire avec notre anglais à la noix ou encore de parler avec eux de leur pays ou du notre.

 

Après être sortis de la grande route, nous empruntons des petits chemins de campagne, et vers 17h nous sonnons à une maison dans le village de Bolea. Graham et sa femme Doreen, l’un retraité de la police et l’autre assistante médicale, nous ont permis de nous installer dans leur garage. Ils nous invitèrent par la suite à prendre le thé chez eux et à prendre une bonne douche. Après cela, Graham nous fit spécialement et pour la première fois un tajine marocain absolument délicieux. Le tout arrosé d’un bon vin australien.

Après se bon repas, nous nous sommes installé dans leur salon pour discuter. Comme ils disposaient d’une guitare, François nous joua quelques morceaux de sa composition.

Avant de partir nous coucher, on eu droit à deux surprises de la part de Graham : La première, ce fut une petite radio dynamo qui nous sert maintenant tout les midis, et la deuxième, le prêt de sa tondeuse afin de nous raser nos cheveux. Que demander de plus ?

C’est donc après une séance coiffure dans le garage que nous nous endormons en se remémorant les bons moments de la soirée.

 

Le lendemain, nous arrivons tant bien que mal à Portrush, un magnifique village au bord de l’océan. Après plusieurs refus de la part des maisons aux alentours, nous demandons à une église, et Chris, un ami du pasteur, nous invita à venir chez lui. Il nous logea dans une chambre avec de bons lits et nous passons une bonne soirée en sa compagnie.

Cette personne là, a été la dernière à nous accueillir en Irlande.

A partir de ce moment nous décidons de suivre l’océan sur un chemin côtier nous menant directement à Larne, notre point d’arrivé de l’Irlande.

Quand on parle de l’Irlande, on entend principalement qu’il faut aller voir telle ou telle chose. Et une chose que l’on a souvent entendu, c’est qu’il ne faut absolument pas louper la Chaussé du Géant ou plutôt Giant Causeway. Et cela tombe bien car c’est précisément sur notre chemin !

Nous arrivons sur le site dans l’après midi. Les récifs et falaises aux alentours sont à couper le souffle ! Les photos que j’ai prise, sont pour la plupart raté car le temps se jour la n’était pas fameux du tout (brouillard, vent et pluie par intermittence) ; mais essayé d’imaginer un océan déchaîné déversant sa colère sur des multitudes de piques de rocher surgissant de l’eau; et tout autour, des falaises dressées telle des remparts infranchissables, formant des formes complexes que seul le temps et la force de l’océan ont pu les ériger.

Nous suivons peu à peu le sentier puis arrivons enfin à la vue de la chaussée du Géant. En gros il s’agit d’un agencement d’environ 40 000 pierres de basalte jointes les unes aux autres en colonnes. Cette forme particulière est la cause d’une éruption qui a eu lieu il y a 60 millions d’années. Ces pierres sont toutes de tailles différentes mais possèdent la particularité d’être toutes hexagonales, donnant quelques sorte un aspect pavé de l’ensemble. Une légende, bien sur a été associé à ce phénomène : il s’agirait selon les habitants d’une guerre de clans entre géants ; un chef de clan irlandais aurait construit la chaussé pour aller défier son homologue Ecossais. Mais quand celui-ci vit la stature imposante de son rival, il prit peur, et essaya d’imaginer une ruse pour l’éloigner. Il demanda alors à son épouse de le déguiser en nouveau né. Celle-ci présenta le chérubin au chef du clan Ecossais lors de son arrivée sur l’île. Voyant la taille de l’enfant et imaginant celle du père, le géant Ecossais prit peur et fit demi tour vers l’Ecosse en prenant soin de détruire une partie de la chaussé qui reliait les deux contrées.

Après la visite de cela nous avons vite repris la route car je ne vous l’avais pas encore dit mais notre ferry, partant le 10 février à 20 h précise, il nous restait donc deux jours et demi pour atteindre Larne, soit plus de cent kilomètres à marcher. Il ne fallait donc pas traîner du tout.

Nous avons donc suivi le sentier côtier jusqu’à la tombé de la nuit. Comme il pleuvait et que nous ne trouvions pas d’abris nous avons donc planté la tente dans un coin d’herbe, près des falaises.

Le lendemain levée 6h 30 et pliage de la tente sous la pluie, le froid et le noir !

Nous marchons toute la journée sous le déluge et pour aller plus vite encore, nous avons décidé de prendre les routes plutôt que le chemin côtier, ce dernier, bien que magnifique, nous faisait faire trop de détour.

Nous arrivons au village de Cushendum à la nuit tombante après 38 kilomètres marché. Mais se n’était pas assez, et décidons de continuer en coupant à travers une montagne pour aller plus vite. Quelle erreur avons-nous fait en prenant cette décision….

La nuit était tombé depuis quelques heures lorsque l’on pénétra dans une forêt, cette dernière étant censé nous faire traverser la montagne par son sommet. Facile me diriez vous ?

Assez confiant, bien que très fatigué des kilomètres parcourus durant la journée, nous suivons donc le sentier à travers la forêt. Au bout de quelques temps, le chemin se divise en deux ; un peu moins rassuré nous essayons celui qui se rapproche le plus de la direction à suivre mais 500 mètres plus loin, le sentier se divise cette fois en 3 ! Ne voulant pas nous perdre, nous rebroussons chemin et prenons l’autre direction. Mais cela recommence encore ! A chaque fois que nous empruntions un sentier, il se divisait en plusieurs autres quelques temps après.

Durant les heures qui suivirent, nous essayons chacun de tous les chemins qui venaient à nous, si bien que un moment, notre sens de l’orientation nous fit défaut et nous avons dut admettre que nous étions quelques peu perdu. Tout à coup la forêt paraissait bien plus sombre et les arbres semblaient se resserrer autour de nous, telle un piège se refermant…

Dans une situation comme celle la, il aurait été préférable de faire demi tour et de se trouver un abris pour la nuit afin attendre le jour pour mieux s’orienter. Mais voila, malgré le fait que nous étions perdu en pleine nuit dans une forêt, nous ne voulions pas forcément admettre que nous étions égaré et avons voulu à tout pris trouver la sortie à ce labyrinthe sauvage. Quand à la question de faire demi tour c’était hors de question car nous devions prendre le bateau le lendemain soir à Larne qui était encore a 40 kilomètres de marche.

La fatigue, la faim, les jambes et les pieds qui n’en peuvent plus, la panique, la peur, le froid, la pluie, tout cela en même temps était très difficile à supporter…François, d’un naturel plus calme et confiant, à mieux réussi à supporter cette épreuve. Pour ma part, tout mon organisme était passé en zone orange et je sentais de plus en plus le pétage de câble arrivé.

Après avoir suivi un nouveau sentier serpentant sur les hauteurs, mais dans la mauvaise direction, nous débouchons sur une petite route goudronnée et bien sur, notre carte ne la répertoriait pas…

Nous la suivons, et elle nous mena jusqu’à une sorte de centre touristique fermé pour l’hiver.

Nous réussissons à trouver un abri sous une sorte de préau et malgré le fait que nous étions toujours perdu nous décidons de nous y installer pour le reste de la nuit.

Je regarde mon podomètre : 49 kilomètres.

Le lendemain matin, le destin nous envoya un homme qui passait par la et il nous assura qu’il était préférable de rebrousser chemin et de rejoindre Larne par la route.

La montagne nous ayant vaincu, nous faisons donc demi tour et réussissons tant bien que mal à rejoindre Cushendum, le village que nous avions atteint hier soir…

La fatigue des derniers jours nous envahissait, mais il restait beaucoup de kilomètres à faire pour prendre notre ferry avant se soir.

Le temps était encore pire que hier : pluie, vent et froid toujours, mais en plus fort.

C’est donc toute la journée que nous marchons sur une route longeant l’océan assez dangereuse, et dans ces conditions, chaque minute semble des heures et chaque heure des jours…

Les bornes kilométriques nous servait de repaire : 20 miles, 15 miles, 12 miles, 7 miles, 2.5 miles et sa y est, nous apercevons enfin Larne !!! Notre bateau part à 20 h, il est 19 heures et le podomètre indique 39 kilomètres…Soit plus de 88 kilomètres en 2 jours.

Nous trouvons le terminal des ferrys, et après avoir acheté nos billets pour Carnryan, en Ecosse, nous nous laissons tomber sur les siéges, fatigué à n’en plus pouvoir…

Cette sensation de sentir son corps à bout de souffle est merveilleuse.

Le Ferry démarre, mais nous sommes trop crevé pour monter sur le ponton pour voir l’île s’éloigner peu à peu.

Nous n’oublierons jamais ce pays qui nous a tant donné. Que ce soit par les rencontres que l’on a faite, toutes uniques les unes des autres, ou par les paysages fabuleux que l’on a traversé, l’Irlande à su nous accueillir comme il se doit.

Mais je vous dois une explication : Pourquoi fallait-il absolument que l’on prenne le ferry ce jour précis à cette heure précise alors que des ferry, il en part trois par jour ?? La réponse à cette question se trouvera dans le prochain récit de nos aventures en Ecosse.

D’ici la, on vous dit à bientôt !

Jérôme

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Les pubs, uniques en leur genre à chaque fois

 

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Les courses dans les grandes surfaces : Un grand moment à chaque fois !

 

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Parfois on dort au chaud

 

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La très belle ville de Derry

 

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Le paysage devient de plus en plus plat, mais reste magnifique

 

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Les abris sont plus ou moins confortables à chaque fois

 

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Séance tonte de cheveux

 

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Visite de la ville de Portrush

 

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Un très beau château que l’on a visité en toute inégalité

 

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La chaussée du géant

 

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C’est assez difficile à voir sur la photo, mais cette agencement de pierres hexagonales s’étale sur plusieurs centaines de mètres comme cela

 

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Les récifs sont impressionnants, tant par leur formes que par leurs nombres

 

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Un sentier qui suit les falaises

 

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L’arrivée à Larne de nuit, épuisé comme jamais!

 

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